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Eglise Saint-Pierre à Meulin (Dompierre-les-Ormes)

23 octets supprimés, 13 mars 2020 à 10:59
Historique
« L’étymologie du nom Meulin dévoile une partie de son histoire antique. En effet, d’après Mario Rossi, Meulin est un dérivé du gaulois Mediolanon qui désigne un centre sacré. Les études linguistiques conduisent à mettre en évidence une voie sacrée qui partait de Chenay-le-Châtel, puis gagnait Artaix, Saint-Martin-du-Lac, Saint-Martin-la-Vallée, Semur, Vareilles, Bois-Sainte-Marie pour aboutir à l’extrémité nord-orientale du Brionnais, à Meulin. Là se serait trouvé un sanctuaire commun à plusieurs tribus gauloises, telles que les Eduens et les Ségusiaves.<ref>Nicolier, Anelise, « Meulin », ''La construction d’un paysage monumental religieux en Brionnais à l’époque romane'', thèse de doctorat, Tomes 1,2 et 3, 2015.</ref>»
Dans la première moitié du XXe siècle, des vases de l’époque gallo-romaine, des monnaies et différents objets de cette époque l’époque gallo-romaine ont été mis au jour sur le territoire du hameau<ref>Article Wikipays-Meulin cite la page 53 de « Nouvelles découvertes gallo-romaines, article de M. BONNEFOY et R. PERRAUD, Revue La Physiophile n°45, juillet 1956.</ref>. A la période du haut Moyen Age, Meulin est cité dans des chartes de l’abbaye de Cluny comme chef-lieu d’un ''ager'' (structure territoriale de l’habitat), tantôt situé dans le ''pagus'' de Mâcon, tantôt dans celui d’Autun <ref>Nicolier, Anelise.</ref>: ''In pago Augustodunensi, in agro Mediolanensi'' <ref>Rigault, Jean, ''Dictionnaire topographique du département de la Saône-et-Loire'', 2008.</ref>(881), I''n pago Matisconense, in agro Meolanense'' (909). Au fil des siècles, le village se développe et prospère grâce aux activités agricoles et artisanales. Au XVIIIe siècle, le toponyme se fixe sur ''Meulin''. En 1965, le village de Meulin est rattaché à la commune de [[Dompierre-les-Ormes]] (par arrêté du 7 Février), dont il devient un hameau. Aujourd’hui, Meulin compte environ 75 habitants, et est un hameau purement résidentiel (dont une bonne part de retraités et de résidences secondaires)<ref>Présentation de Mr Grizard.</ref>. L’activité économique y est faible, et majoritairement axée sur l’agriculture (quelques exploitations demeurent), ainsi que sur la zone industrielle installée en 2018.
Une chapelle primitive est déjà mentionnée à Meulin à la fin du Xe siècle, dans une charte de l’abbaye de Cluny : ''Capellam in honore beati Petri in pago Augustidunensi, in villa Molinis''<ref>Rigault</ref>. L’édifice actuel date vraisemblablement plutôt d’une reconstruction du début du XIe siècle, en tout cas en partie (grand arc et travée sous clocher). A cette époque, l’édifice est à la collation du doyen de Mazille, et le centre de la paroisse de Meulin. L’église est placée sous le vocable de Saint-Pierre<ref>Selon Anelise Nicolier, on retrouve l’église sous des vocables très variés au fil des siècles : Saint-Symphorien dans une charte du XIe, Saint-Paul à la fin du XVIIe, Saint-Pierre en 1774, puis Saint-Pierre et Saint-Paul…</ref>. Au XIIe siècle, l’église elle est visiblement en partie reconstruite : la nef, dont les murs font près d’un mètre d’épaisseur, semble remonter à cette époque-là. L’édifice suit alors un plan relativement simple : nef unique, travée droite et abside. Cette dernière n’est remplacée par le chœur actuel à fond plat que dans la période gothique, peut-être au XIIIe siècle. Ces datations sont cependant assez hypothétiques, puisque l’édifice ne laisse observer que peu de marques de construction. La nef, la travée droite et son clocher appartiennent au style roman.
Au XVIIe siècle, plusieurs visites pastorales<ref>Nicolier, Anelise.</ref> nous renseignent sur l’état et les caractéristiques principales de l’édifice, bien qu’elles s’attachent surtout à en décrire le mobilier. En 1671, une visite est faite sous l’épiscopat de Gabriel de Roquette. L’église est dite obscure et dépavée. Plusieurs visites effectuées par l’archiprêtre de Bois-Sainte-Marie se succèdent ensuite : en 1681, en 1690 (le « pavé est un peu inégal », le « chœur est mal blanchi », et la nef n’est « ni blanche ni lambrissée », il manque des vitraux aux baies ; le clocher et la couverture sont en bon état), en 1691 (« l’église est en assez bon état, n’y manquant rien qu’un lambris et étant un peu obscure »), et en 1693. En 1696, un mémoire donné par le curé mentionne que « le pavé de l’église n’est pas bien uni, la nef n’est ni lambrissée ni blanchie ».
En 1776, des réparations mineures sont effectuées sur l’église, pour la somme de 100 livres environ<ref>Présentation de Mr Grizard.</ref> : toiture, enduits muraux, réparation des chambranles, tableaux, fonts baptismaux…En 1784, un plan et un devis sont dressés par Claude Philibert, avec en adjudicataires Michel Philibert, Sébastien Plassard, Pierre Lapalu. En mai 1786, ce devis est revu et approuvé par Jean Mareus, avec les mêmes adjudicataires. Les travaux concernent le cimetière, le presbytère et surtout l’église (bâtiment et mobilier, et notamment réparation du porche au-devant de la grande porte de l’église). Le clocher est alors dit « très rustique ». En 1787, une ordonnance de l’évêché impose de remplacer les vitraux du chœur par des châssis en verre, et d’effectuer des réparations au clocher (échelles, plancher). A la Révolution, le curé de l’époque, Elzéar Barnaud, prête serment mais continue d’exercer sa charge en cachette. Dénoncé, il est emprisonné pendant quatre mois à Mâcon, malgré le soutien de la population de Meulin. Après cet épisode, il ne récupèrera jamais sa charge, mais continue de à vivre au village.
En 1803, la paroisse de Meulin est rattachée à celle de [[Trivy]]. Ce rapprochement ne convient pas à la population qui demande à redevenir une paroisse à part entière, ou au moins d’être rattachée à Dompierre. En 1808, cette requête est acceptée, toutes les cérémonies se tiennent désormais à [[Dompierre-les-Ormes]]. Dès 1819, Meulin cherche cependant à récupérer un desservant propre, de nombreuses demandes sont formulées par la population<ref>Oursel, Anne-Marie et Raymond, Fiche d’inventaire départemental. </ref>. Vers 1825, des rénovations sont lancées sur l’édifice, probablement pour faire en sorte de pouvoir accueillir de nouveau le culte (assainissement et acquisition de mobilier) et donc plaider la cause de la population. Ces restaurations ne sont pas détaillées, mais un rapport mentionne les matériaux et la main d’œuvre utilisés pour ces travaux. Ils n’ont visiblement pas entraîné de modification majeure de l’église.
En 1847, François Michel, propriétaire à Meulin (lieu-dit les Plassards), lègue à son frère Jean ses biens, à condition que Jean verse 4800 francs à la commune, devant être placés pour financer une rente annuelle visant à financer pour partie apporter une aide aux pauvres mais surtout une partie du salaire d’un desservant. En contrepartie, le curé doit célébrer six messes par an en l’honneur de François Michel et de son épouse<ref>Ibidem</ref>. En 1851, l’église est finalement érigée en chapelle vicariale, et autorisée à avoir son propre desservant. En 1871, l’église est cette fois-ci érigée en succursale. L’Etat prend dès lors en charge la totalité du traitement du desservant. La commune récupère les sommes découlant du don de François Michel. Le curé de l’époque refuse de pratiquer « gratuitement » les messes en l’honneur du couple Michel. En conséquence, Jean Michel assigne en justice la commune de Meulin pour non-respect des clauses testamentaires de son frère. Cette affaire ne sera réglée que des années plus tard. En 1881-1882, des travaux sont réalisés par l’entrepreneur Malatier, de Dompierre, sur les plans de Fourcaud. A cette occasion, la façade est refaite et la nef reprise (construction de la voûte et donc des contreforts, élargissement des baies). C’est peut-être également de ces travaux que date la sacristie, qui n’apparaît pas sur le cadastre de 1834.
Au XXe siècle, l’église est régulièrement entretenue. En 1908, le cimetière est déplacé aux Verchères, après acquisition d’un terrain en ces lieux par la commune, en 1906. Peu de temps après, la paroisse de Meulin est finalement rattachée à La Chapelle, puis de nouveau à Dompierre. Le dernier desservant est Marius Desmurger (né en 1877). En 1950<ref>Présentation de Mr Grizard. </ref>, une nouvelle cloche remplace celle datant du XVIIe siècle. Elle est fondue sous le double parrainage de Mélanie Dumonceau, épouse de Pétrus Thomas (maire), et de Marcel Thomas (frère du maire). En 1956, l’autel est refait, les vitraux sont réparés, et les enduits intérieurs sont repris. En 1983, le dernier office religieux est célébré à Meulin, l’édifice étant jugé dangereux pour les fidèles. En 1997, la commune de Dompierre entreprend néanmoins des travaux assez importants de sur l’église : reprises des enduits extérieurs, réfection de la toiture, rafraichissement intérieur. La facture s’élève à près de 300 000 francs, dont 37 000 sont pris en charge par une subvention du Conseil Régional de Bourgogne. A cette occasion, une demande de classification au titre des Monuments Historiques est formuléeprésentée, mais n’est pas acceptée.
En 2013, l’église est finalement désacralisée, afin de pouvoir envisager sa reconversion et donc sa sauvegarde. En 2016, l’association « Arts, Sites et Traditions de Meulin » signe un bail emphytéotique<ref>https://www.lejsl.com/edition-macon/2018/02/01/dompierre-les-ormes-l-ancienne-eglise-de-meulin-transformee-en-lieu-culturel Article du JSL</ref> avec la mairie, leur lui permettant d’organiser la réhabilitation de l’édifice. Depuis, la chapelle de Meulin fait l’objet de travaux visant à en faire une salle culturelle. L’association organise toute l’année diverses actions afin de récolter des fonds dans ce but.
Bien que l’église ait été désacralisée, elle demeure un lieu de culte des Blancs<ref>Voir à ce sujet l’article de Marie-Aimée Duvernois, « Les Blancs, minorité anti-concordataire : micro­différence religieuse et identité régionale dans le sud de la Bourgogne » : [https://www.persee.fr/doc/assr_0335-5985_1987_num_64_1_2444]</ref>, qui s’y réunissent chaque année à la saint Paul.
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