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Sommaire
Les Conscrits :
La tradition des conscrits, fêtés encore de nos jours pour les fêtes des classes, remonte au XVIIe siècle, avec le recrutement des milices. La conscription est ensuite officialisée en 1798, avec le général Jourdan qui édicte l'appel de tous les jeunes hommes de 20 à 25 ans.
Repères chronologiques
Sous l'Ancien Régime :
- 1690 : première forme de conscription pour le recrutement des milices (troupes auxiliaires provinciales). Le contingent national fixé est réparti entre les provinces et les paroisses. Liste des célibataires entre 18 et 40 ans est dressée ; tirage au sort dans chaque village, les célibataires tirent d’un chapeau des billets blancs ou noirs. Le noir condamne à l’incorporation. Prélèvement en hommes : 1 sur 10 à 1 sur 20 selon les régions. Service relativement doux. Noblesse, bourgeoisie, clergé, domestiques, artisans des villes se font exempter. Dans les villages, l’annonce du tirage provoque mariages ou fuites. Insoumission avant tirage, désertion après, achats de remplaçants, montrent l’impopularité du tirage.[1]
- Avant 1789 : l’Ancien Régime reconnaissait un système de recrutement mixte : engagement volontaire pour les troupes régulières, ébauche de conscription pour les troupes auxiliaires provinciales.
Les colonels possèdent leur régiment ; le roi ne fournit aucun homme. D’où la nécessité pur les officiers, sous peine de sanctions, de recruter par le système du ‘Racolage’. Tous les moyens sont bons pour faire signer un engagement.[2]
Après la Révolution Française
- 1798 : le général Jourdan décide, pour remplacer la vieille armée de métier, que tous les hommes de 20 à 25 ans peuvent être appelés au service de la Nation. La Loi Jourdan institutionnalise la conscription, et marque le début de l’armée contemporaine fondée sur le contingent.[3] - 1802 : une loi instaure la possibilité de remplacement, rassurant la bourgeoisie. - 1804 : une autre loi réglemente les exemptions (en particulier pour les séminaristes) et institue un tirage au sort inspiré de celui de la milice.[4] - Jusqu’en 1810 : les contingents demandés au pays sont faibles. - A partir de 1814 : (les contingents demandés) augmentent brusquement et le mécontentement populaire s’accroît au même rythme.[5] - 1814-1815 : conscription à ce point détestée par tous que la première décision de Louis XVIII est de la supprimer.[6] - 1815 : à la fin de l’Empire, insoumis et déserteurs représentent 10% de l’effectif de l’armée. [7] (A partir de 1815), pendant 3 ans, l’armée française n’a recours qu’aux engagements volontaires.[8] - 1816 : début des fichiers de conscription de Matour.[9] - 1818 : le général Gouvion Saint-Cyr fait voter une loi réintroduisant la conscription, qui, avec des modifications de détail, reste la base jusqu’en 1872.[10] La loi de 1818 prévoit :
- le tirage au sort
- l’exemption de ceux qui peuvent payer un remplaçant
- un service militaire de 7 ans pour ceux que le tirage a désigné.
Heureuse conséquence de la paix, le contingent demandé est faible, et contribue à mieux faire accepter cette nouvelle conscription.[11] - 1872 : nouvelle loi, après la défaite face à la Prusse : abolition du remplacement et première forme de service universel. Tirage au sort maintenu, mais bons numéros donnant service réduit à 1 an, et mauvais numéros pour service de 5 ans.[12] la loi de 1872 prévoit des exemptions : ecclésiastiques, enseignants, chargés de famille ; les bacheliers peuvent n’accomplir qu’un an, à condition de payer leur équipement (1 500 Francs) : c’est le volontariat. - 1903 : suppression du tirage au sort et des exemptions. Tous sont astreints à un service de 2 ans après accord du conseil de révision.[13] - 1905 ( ?) : suppression du tirage au sort, et exemptions.[14] - 1966 : suppression du conseil de révision au chef-lieu de canton, favorisant dans certaines régions la disparition des festivités des conscrits. Si la fête des conscrits existe encore dans les campagnes, elle a perdu son caractère militaire pour n’être plus qu’un ‘rite de passage’ entre adolescence et âge adulte.[15] - 2000 : « le service militaire fait place à l’Armée de Métier. » in « Les conscrits, l’appropriation sociale d’une contrainte», panneau d’exposition de la Maison du Patrimoine de Matour, de Gérard THELIER, 2000
Le tirage au sort :
« Brassage culturel, social, régional inouï, qui a sans doute contribué à long terme à créer les conditions mentales de l’exode rural. Dans les villages ruraux, les groupes traditionnels de jeunesse (avant mariage) déclinent. Leurs prérogatives sont souvent reprises par le groupe fortement soudé (et renouvelé chaque année) des conscrits… La conscription et ses à-côtés vont apparaître comme l’équivalent laïc d’un sacrement religieux, véritable ‘rite de passage’ comme la communion ou le baptême. … événement important qui n’était guère souligné jusqu’alors : le passage de l’adolescence à l’âge adulte. … ‘laïcisation’ des traditions populaires en France. » p. 9, 10, in « Les Conscrits », de Michel BOZON Le tirage au sort des conscrits (récit). p. 246 à 253, in « La vie quotidienne des paysans bourguignons au temps de Lamartine », d’Henri VINCENOT Origines du tirage au sort de miliciens situées à la fin du XVIIe siècle, début XVIIIe. En 1733, prohibition de l’envoi de volontaires (souvent les infirmes d’esprit), tirage au sort obligatoire. Rituels et ‘huchements’ (cris sauvages), bouteilles accrochées au plafond de l’auberge. Arrêt du tirage au sort après 1914-1918. p. 21 à 23, in « Le Mâconnais traditionnaliste et populaire, pélerinages et légendes sacrées », de Gabriel JEANTON, 1920 « Les jeunes gens se présentent par ordre alphabétique et tirent leur numéro enfermé dans un étui de bois. Le sous-préfet, à l’aide d’une baguette de laiton, extrayait le numéro, le proclamait, puis le passait au préfet qui le donnait au conscrit. … on savait qu’en temps ordinaire, on prenait les hommes jusqu’au numéro 120, mais en temps de guerre on remontait beaucoup plus haut. » p. 27, 28, in « Les Conscrits », de Michel BOZON
Les rituels :
User du surnaturel pour échapper au recrutement : le tirage a donné naissance à des rites spécifiques. Par exemple, dans la Haute-Saône, avec la conjuration, dans le Morvan où le conscrit cache sur lui un morceau de la délivrance de sa mère, et en Lozère (tête de serpent). p. 58, in « La sorcellerie autrefois », de brigitte ROCHELANDET « Certains firent appel au surnaturel pour éviter le mauvais numéro : formules magiques glissées dans la poche, portes-bonheur étranges. Assurance-retour du conscrit : la bouteille de vin pendue au plafond de l’auberge. Portant le nom du conscrit et l’année de la Classe, la boutielle dûment câchetée attendra parfois 7 ans pour être bue. Vers 1895, l’instituteur Eugène GOYAT décrit les conscrits de Matour avec ‘leurs affublements de tabliers blancs. Ils portent des coqs’. Cocardes, écharpes, drapeau, Canne-major, tambour, font également partie du décorum. » in « Les conscrits, l’appropriation sociale d’une contrainte », panneau d’exposition de la Maison du Patrimoine de Matour, de Gérard THELIER, 2000
Les conscrites :
« Les jeunes filles devront attendre le début du XXe siècle pour intégrer cette association masculine, qui leur réserve d’ailleurs à l’époque plus de devoirs que de droits. … Après la Grande Guerre, la tradition inclue les conscrites. »
in « Les conscrits, l’appropriation sociale d’une contrainte », panneau d’exposition de la Maison du Patrimoine de Matour, de Gérard THELIER, 2000- ↑ p. 16, in « Les Conscrits », de Michel BOZON
- ↑ p. 15, 16, in « Les Conscrits », de Michel BOZON
- ↑ p. 9, in « Les Conscrits », de Michel BOZON
- ↑ p. 18, 19, in « Les Conscrits », de Michel BOZON
- ↑ p. 140, in « Bourgogne », chapitre Ethnologie par Madeleine BLONDEL, collectif, ed. Christine BONNETON
- ↑ p. 18, 19, in « Les Conscrits », de Michel BOZON
- ↑ in « Le Conscrit de 1813 », de Erckmann Chatrian
- ↑ p. 140, in « Bourgogne », chapitre Ethnologie par Madeleine BLONDEL, collectif, ed. Christine BONNETON
- ↑ in Archives Municipales de Matour, Balisage Barbara MONTORIO
- ↑ p. 18, 19, in « Les Conscrits », de Michel BOZON
- ↑ p. 140, in « Bourgogne », chapitre Ethnologie par Madeleine BLONDEL, collectif, ed. Christine BONNETON
- ↑ p. 9, in « Les Conscrits », de Michel BOZON
- ↑ p. 140, in « Bourgogne », chapitre Ethnologie par Madeleine BLONDEL, collectif, ed. Christine BONNETON
- ↑ p. 9, in « Les Conscrits », de Michel BOZON
- ↑ p. 141, in « Bourgogne », chapitre Ethnologie par Madeleine BLONDEL, collectif, ed. Christine BONNETON