Ancienne église Saint-Germain à Fuissé : Différence entre versions
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− | La localité de Fuissé est mentionnée dès le IXe siècle, dans des chartes du chapitre de Saint-Vincent de Mâcon. On la trouve d’abord sous l’appellation ''In pago Matisconense, in agro Fusciacense''<ref>Rigault, Jean, ''Dictionnaire topographique du département de la Saône-et-Loire'', 2008.</ref>, dans la première moitié du IXe siècle. Au Xe siècle, Fuissé est cité à de nombreuses reprises dans le cartulaire. Le village aurait cependant des origines beaucoup plus ancienne, puisqu’il se trouve sur le tracé d’un ancien chemin celte, le ''Molard Galli''<ref>Document de l’Association Villages en Vie</ref>. La source du Romanin serait à l’origine du développement du village. Dès l’époque carolingienne, Fuissé prend une importance certaine dans l’organisation territoriale de la région. L’activité du village est essentiellement de nature viticole : le bourg est bordé de vignes. | + | La localité de Fuissé est mentionnée dès le IXe siècle, dans des chartes du chapitre de Saint-Vincent de Mâcon. On la trouve d’abord sous l’appellation ''In pago Matisconense, in agro Fusciacense''<ref>Rigault, Jean, ''Dictionnaire topographique du département de la Saône-et-Loire'', 2008.</ref>, dans la première moitié du IXe siècle. Au Xe siècle, Fuissé est cité à de nombreuses reprises dans le cartulaire. Le village aurait cependant des origines beaucoup plus ancienne, puisqu’il se trouve sur le tracé d’un ancien chemin celte, le ''Molard Galli''<ref>Document de l’Association Villages en Vie</ref>. La source du Romanin serait à l’origine du développement du village. Dès l’époque carolingienne, Fuissé prend une importance certaine dans l’organisation territoriale de la région. L’activité du village est essentiellement de nature viticole: le bourg est bordé de vignes. |
− | Fuissé étant un centre de peuplement relativement ancien et le chef-lieu d’un ''ager'' important<ref>Oursel : référence à l’ouvrage de Mgr Rameau.</ref>, il devait y avoir une chapelle dès le Xe siècle. L’église actuelle semble cependant plutôt dater du XIIe siècle. L’église est alors à la collation du chapitre de Saint-Paul à Lyon. Dédiée à saint Germain d’Auxerre<ref>Saint Germain (vers 380-448) : fonctionnaire de l’empire romain, il devient le 6ème évêque d’Auxerre en 418. Il est reconnu pour avoir été l’évangélisateur de l’Auxerrois et de la Bretagne insulaire. Il est fêté le 31 Juillet.</ref>, il s’agit à sa fondation d’une église paroissiale romane de taille modeste, semblable à celles que l’on trouve dans les villages voisins : une nef unique, suivie d’une travée sous un clocher carré et d’une abside semi-circulaire, qu’entourait le cimetière du village. De cette construction, il ne reste | + | Fuissé étant un centre de peuplement relativement ancien et le chef-lieu d’un ''ager'' important<ref>Oursel : référence à l’ouvrage de Mgr Rameau.</ref>, il devait y avoir une chapelle dès le Xe siècle. L’église actuelle semble cependant plutôt dater du XIIe siècle. L’église est alors à la collation du chapitre de Saint-Paul à Lyon. Dédiée à saint Germain d’Auxerre<ref>Saint Germain (vers 380-448) : fonctionnaire de l’empire romain, il devient le 6ème évêque d’Auxerre en 418. Il est reconnu pour avoir été l’évangélisateur de l’Auxerrois et de la Bretagne insulaire. Il est fêté le 31 Juillet.</ref>, il s’agit à sa fondation d’une église paroissiale romane de taille modeste, semblable à celles que l’on trouve dans les villages voisins : une nef unique, suivie d’une travée sous un clocher carré et d’une abside semi-circulaire, qu’entourait le cimetière du village. De cette construction, il ne reste aujourd'hui que la travée sous clocher, le niveau inférieur de ce dernier, et une partie de la nef (on y distingue encore des traces d’ouvertures anciennes). |
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+ | L’église de Fuissé est mentionnée pour la première fois dans le pouillé (registre ecclésiastique) de 1412, sous l’appellation ''Ecclesia Fussiaci''. Un premier curé est attesté au siècle précédent, nommé Théobald, auquel succède une longue liste de desservants répertoriés par Monseigneur Rameau<ref>Rameau (Mgr), ''Les paroisses de l’ancien diocèse de Mâcon.''</ref>. Peu d’informations nous sont parvenues concernant l’évolution de l’église au Moyen Age. On ne sait par exemple pas si l’édifice subit des dommages lors des guerres successives<ref>Conflit opposant Armagnacs et Bourguignons au XVe siècle, guerres de Religion au XVIe…</ref>, mais cela paraît probable. | ||
En 1610, une chapelle dédiée à Notre-Dame de Pitié se trouve tout à côté de l’église, dans l’enceinte même du cimetière. En 1668, Michel de Colbert, évêque de Mâcon, rend visite à la paroisse de Fuissé. Son rapport nous apprend que le village comprend alors 70 foyers, soit près de 450 habitants<ref>Document de l’Association Villages en Vie</ref>. En 1757 le père Claude Nonain<ref>Ibidem</ref>, curé de la paroisse, dresse la description de son église. Il mentionne alors que « le clocher carré est assez élevé, et couvert d’un toit octogone à laves ». Il fait également référence à la chapelle attenante, à l’époque toujours debout. En 1768, la nef est visiblement remaniée et notamment ouverte au sud d’une petite porte plein cintre à clef et impostes saillantes. Une inscription gravée au milieu d’un cœur donne la date de sa construction : le 12 Mars 1768. | En 1610, une chapelle dédiée à Notre-Dame de Pitié se trouve tout à côté de l’église, dans l’enceinte même du cimetière. En 1668, Michel de Colbert, évêque de Mâcon, rend visite à la paroisse de Fuissé. Son rapport nous apprend que le village comprend alors 70 foyers, soit près de 450 habitants<ref>Document de l’Association Villages en Vie</ref>. En 1757 le père Claude Nonain<ref>Ibidem</ref>, curé de la paroisse, dresse la description de son église. Il mentionne alors que « le clocher carré est assez élevé, et couvert d’un toit octogone à laves ». Il fait également référence à la chapelle attenante, à l’époque toujours debout. En 1768, la nef est visiblement remaniée et notamment ouverte au sud d’une petite porte plein cintre à clef et impostes saillantes. Une inscription gravée au milieu d’un cœur donne la date de sa construction : le 12 Mars 1768. | ||
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A la Révolution, le Père Nonain (neveu du précédent), curé en place, est signataire de la Constitution civile du clergé. Cela ne l’empêchera pas d’être emprisonné et remplacé successivement par deux prêtres assermentés<ref>Ibidem</ref>. En 1797, il reprend officieusement sa charge de curé, mais n’est reconnu comme tel qu’en 1801 lorsque le régime concordataire est mis en place. Si l’église n’est pas détruite par les révolutionnaires, elle est cependant pillée de ses biens et de son mobilier, si bien qu’au retour du curé, il lui est difficile de célébrer l’office et d’accueillir les fidèles. L’église n’est en tout cas pas vendue comme bien national, grâce à la mobilisation de la population qui s’y oppose fermement. | A la Révolution, le Père Nonain (neveu du précédent), curé en place, est signataire de la Constitution civile du clergé. Cela ne l’empêchera pas d’être emprisonné et remplacé successivement par deux prêtres assermentés<ref>Ibidem</ref>. En 1797, il reprend officieusement sa charge de curé, mais n’est reconnu comme tel qu’en 1801 lorsque le régime concordataire est mis en place. Si l’église n’est pas détruite par les révolutionnaires, elle est cependant pillée de ses biens et de son mobilier, si bien qu’au retour du curé, il lui est difficile de célébrer l’office et d’accueillir les fidèles. L’église n’est en tout cas pas vendue comme bien national, grâce à la mobilisation de la population qui s’y oppose fermement. | ||
− | A la fin de la période révolutionnaire, l’édifice est en bien mauvais état. La nécessité de réaliser des travaux avait déjà été mentionnée à la fin du XVIIIe siècle, mais | + | A la fin de la période révolutionnaire, l’édifice est en bien mauvais état. La nécessité de réaliser des travaux avait déjà été mentionnée à la fin du XVIIIe siècle, mais rien n'avait été fait, faute de moyens. En 1807, un compte-rendu du conseil municipal énumère les nombreuses réparations plus ou moins urgentes, notamment au niveau de la toiture. Ces travaux ne seront encore une fois pas réalisés, la commune n’ayant pas obtenu d’aide pour leur financement. |
Un véritable projet de restauration n’est avancé qu’à partir de 1818. Un état des lieux rend compte d’un édifice devenu trop exigu pour la population de près de 600 habitants, dont la charpente tombe en morceaux et dont l’intérieur est extrêmement humide. Un premier devis est établi en 1821 par l’architecte Roch (fils), de Mâcon. Il prévoit notamment l’agrandissement et la restauration de la nef, ainsi que l’exhaussement du clocher, pour 6831.01 francs<ref>Oursel</ref>. Un devis supplémentaire chiffré à 464.52 francs vient s’ajouter en 1822, afin de réaliser le portail de la façade et d’autres petits ajouts (enduits…). | Un véritable projet de restauration n’est avancé qu’à partir de 1818. Un état des lieux rend compte d’un édifice devenu trop exigu pour la population de près de 600 habitants, dont la charpente tombe en morceaux et dont l’intérieur est extrêmement humide. Un premier devis est établi en 1821 par l’architecte Roch (fils), de Mâcon. Il prévoit notamment l’agrandissement et la restauration de la nef, ainsi que l’exhaussement du clocher, pour 6831.01 francs<ref>Oursel</ref>. Un devis supplémentaire chiffré à 464.52 francs vient s’ajouter en 1822, afin de réaliser le portail de la façade et d’autres petits ajouts (enduits…). | ||
− | L’entrepreneur Orleat se charge de la réalisation des travaux. La nef est donc remaniée et agrandie en largeur et en longueur, en réutilisant la maçonnerie d’origine complétée par des remplois du mur du cimetière. Le clocher est entièrement restauré et voit son niveau supérieur ajouté. En 1825, l’abside semi-circulaire de l’église s’écroule, fragilisée par les travaux et l’usure du temps. Un chœur à chevet plat vient la remplacer et s’adosser directement à la maison voisine, appartenant à la famille Chapuis. Il est financé par Mr Ange Vitallis<ref>Document de l’association.</ref>, propriétaire du château éponyme. L’église ferme dès lors un ensemble de bâtiments en forme de U, avec au | + | L’entrepreneur Orleat se charge de la réalisation des travaux. La nef est donc remaniée et agrandie en largeur et en longueur, en réutilisant la maçonnerie d’origine complétée par des remplois tirés du mur du cimetière. Le clocher est entièrement restauré et voit son niveau supérieur ajouté. En 1825, l’abside semi-circulaire de l’église s’écroule, fragilisée par les travaux et l’usure du temps. Un chœur à chevet plat vient la remplacer et s’adosser directement à la maison voisine, appartenant à la famille Chapuis. Il est financé par Mr Ange Vitallis<ref>Document de l’association.</ref>, propriétaire du château éponyme. L’église ferme dès lors un ensemble de bâtiments en forme de U, avec au centre le cimetière donnant sur la place à l’ouest. |
Suite à ces travaux, le Père Maneveau (curé de 1823 à 1835) s’attache à faire de l’église un lieu de culte agréable et accueillant (bien qu’il la juge encore trop petite). Il rachète ainsi le mobilier nécessaire au culte et fait en sorte que l’édifice soit bien entretenu. En 1834, le cimetière adjacent est déplacé en dehors du bourg, afin de l’agrandir et d’assainir les environs de l’église. En 1844, le Père Glaneur prend sa charge à Fuissé. Il trouve également l’église trop petite et encore humide malgré les travaux. Peu à peu, l’idée de construire une église plus vaste en dehors du bourg fait son chemin. | Suite à ces travaux, le Père Maneveau (curé de 1823 à 1835) s’attache à faire de l’église un lieu de culte agréable et accueillant (bien qu’il la juge encore trop petite). Il rachète ainsi le mobilier nécessaire au culte et fait en sorte que l’édifice soit bien entretenu. En 1834, le cimetière adjacent est déplacé en dehors du bourg, afin de l’agrandir et d’assainir les environs de l’église. En 1844, le Père Glaneur prend sa charge à Fuissé. Il trouve également l’église trop petite et encore humide malgré les travaux. Peu à peu, l’idée de construire une église plus vaste en dehors du bourg fait son chemin. |
Version du 28 octobre 2019 à 11:55
L’ancienne église Saint-Germain est située à Fuissé, dans le département de la Saône-et-Loire, en Bourgogne-Franche-Comté. Elle a probablement été bâtie au XIIe siècle. C’est à l’époque l’église paroissiale du village. L’édifice était à l’origine entouré du cimetière, et flanqué au sud d’une chapelle dédiée à Notre-Dame-de-Pitié, aujourd'hui disparue. De la construction d’origine, l’église conserve des éléments de la nef, sa travée sous clocher, et le niveau inférieur de son clocher. Celui-ci est décoré d’arcatures et bandes lombardes, caractéristique romane que l’on retrouve dans bien d’autres églises des communes voisines. Ce qu’il advient de l’édifice dans les siècles suivants est incertain. On sait cependant que l’église est épargnée au moment de la Révolution, mais tout de même vidée de son mobilier. L’état de l’édifice est néanmoins préoccupant. Au début du XIXe siècle, l’église est tellement endommagée et petite qu’elle ne peut plus accueillir les fidèles. En 1822, des travaux sont réalisés, notamment au niveau de la nef, qui est agrandie. C’est peut-être à ce moment-là que le clocher est doté d’un étage supérieur. En 1825, l’abside s’écroule, fragilisée par l’usure et les travaux. Le nouveau chevet plat vient s’adosser à la maison voisine. L’église étant toujours trop petite, la construction d’un nouvel édifice est décidée en 1868, et finalisée en 1872. L’église romane est désacralisée la même année et vendue afin de participer aux frais des travaux. Elle est dès lors utilisée comme grange, jusqu'à sa reconversion en 2019.
Adresse | Au Bourg (Place Saint-Germain), 71960 Fuissé |
Coordonnées GPS | 46°16'46.1"N 4°44'41.9"E |
Paroisse de rattachement | / |
Protection Monuments Historiques |
Sommaire
- 1 Historique
- 2 Description architecturale
- 3 Inventaire décor et mobilier
- 4 Rénovations / Etat
- 5 Actualités
- 6 Visite
- 7 Association engagée
- 8 Iconographie ancienne et récente
- 9 Plans cadastraux
- 10 Bibliographie
- 11 Sources
- 12 Propriétaire / Contact
- 13 Patrimoine local et/ou folklore
- 14 Notes et références
Historique
La localité de Fuissé est mentionnée dès le IXe siècle, dans des chartes du chapitre de Saint-Vincent de Mâcon. On la trouve d’abord sous l’appellation In pago Matisconense, in agro Fusciacense[1], dans la première moitié du IXe siècle. Au Xe siècle, Fuissé est cité à de nombreuses reprises dans le cartulaire. Le village aurait cependant des origines beaucoup plus ancienne, puisqu’il se trouve sur le tracé d’un ancien chemin celte, le Molard Galli[2]. La source du Romanin serait à l’origine du développement du village. Dès l’époque carolingienne, Fuissé prend une importance certaine dans l’organisation territoriale de la région. L’activité du village est essentiellement de nature viticole: le bourg est bordé de vignes.
Fuissé étant un centre de peuplement relativement ancien et le chef-lieu d’un ager important[3], il devait y avoir une chapelle dès le Xe siècle. L’église actuelle semble cependant plutôt dater du XIIe siècle. L’église est alors à la collation du chapitre de Saint-Paul à Lyon. Dédiée à saint Germain d’Auxerre[4], il s’agit à sa fondation d’une église paroissiale romane de taille modeste, semblable à celles que l’on trouve dans les villages voisins : une nef unique, suivie d’une travée sous un clocher carré et d’une abside semi-circulaire, qu’entourait le cimetière du village. De cette construction, il ne reste aujourd'hui que la travée sous clocher, le niveau inférieur de ce dernier, et une partie de la nef (on y distingue encore des traces d’ouvertures anciennes).
L’église de Fuissé est mentionnée pour la première fois dans le pouillé (registre ecclésiastique) de 1412, sous l’appellation Ecclesia Fussiaci. Un premier curé est attesté au siècle précédent, nommé Théobald, auquel succède une longue liste de desservants répertoriés par Monseigneur Rameau[5]. Peu d’informations nous sont parvenues concernant l’évolution de l’église au Moyen Age. On ne sait par exemple pas si l’édifice subit des dommages lors des guerres successives[6], mais cela paraît probable.
En 1610, une chapelle dédiée à Notre-Dame de Pitié se trouve tout à côté de l’église, dans l’enceinte même du cimetière. En 1668, Michel de Colbert, évêque de Mâcon, rend visite à la paroisse de Fuissé. Son rapport nous apprend que le village comprend alors 70 foyers, soit près de 450 habitants[7]. En 1757 le père Claude Nonain[8], curé de la paroisse, dresse la description de son église. Il mentionne alors que « le clocher carré est assez élevé, et couvert d’un toit octogone à laves ». Il fait également référence à la chapelle attenante, à l’époque toujours debout. En 1768, la nef est visiblement remaniée et notamment ouverte au sud d’une petite porte plein cintre à clef et impostes saillantes. Une inscription gravée au milieu d’un cœur donne la date de sa construction : le 12 Mars 1768.
A la Révolution, le Père Nonain (neveu du précédent), curé en place, est signataire de la Constitution civile du clergé. Cela ne l’empêchera pas d’être emprisonné et remplacé successivement par deux prêtres assermentés[9]. En 1797, il reprend officieusement sa charge de curé, mais n’est reconnu comme tel qu’en 1801 lorsque le régime concordataire est mis en place. Si l’église n’est pas détruite par les révolutionnaires, elle est cependant pillée de ses biens et de son mobilier, si bien qu’au retour du curé, il lui est difficile de célébrer l’office et d’accueillir les fidèles. L’église n’est en tout cas pas vendue comme bien national, grâce à la mobilisation de la population qui s’y oppose fermement.
A la fin de la période révolutionnaire, l’édifice est en bien mauvais état. La nécessité de réaliser des travaux avait déjà été mentionnée à la fin du XVIIIe siècle, mais rien n'avait été fait, faute de moyens. En 1807, un compte-rendu du conseil municipal énumère les nombreuses réparations plus ou moins urgentes, notamment au niveau de la toiture. Ces travaux ne seront encore une fois pas réalisés, la commune n’ayant pas obtenu d’aide pour leur financement.
Un véritable projet de restauration n’est avancé qu’à partir de 1818. Un état des lieux rend compte d’un édifice devenu trop exigu pour la population de près de 600 habitants, dont la charpente tombe en morceaux et dont l’intérieur est extrêmement humide. Un premier devis est établi en 1821 par l’architecte Roch (fils), de Mâcon. Il prévoit notamment l’agrandissement et la restauration de la nef, ainsi que l’exhaussement du clocher, pour 6831.01 francs[10]. Un devis supplémentaire chiffré à 464.52 francs vient s’ajouter en 1822, afin de réaliser le portail de la façade et d’autres petits ajouts (enduits…).
L’entrepreneur Orleat se charge de la réalisation des travaux. La nef est donc remaniée et agrandie en largeur et en longueur, en réutilisant la maçonnerie d’origine complétée par des remplois tirés du mur du cimetière. Le clocher est entièrement restauré et voit son niveau supérieur ajouté. En 1825, l’abside semi-circulaire de l’église s’écroule, fragilisée par les travaux et l’usure du temps. Un chœur à chevet plat vient la remplacer et s’adosser directement à la maison voisine, appartenant à la famille Chapuis. Il est financé par Mr Ange Vitallis[11], propriétaire du château éponyme. L’église ferme dès lors un ensemble de bâtiments en forme de U, avec au centre le cimetière donnant sur la place à l’ouest.
Suite à ces travaux, le Père Maneveau (curé de 1823 à 1835) s’attache à faire de l’église un lieu de culte agréable et accueillant (bien qu’il la juge encore trop petite). Il rachète ainsi le mobilier nécessaire au culte et fait en sorte que l’édifice soit bien entretenu. En 1834, le cimetière adjacent est déplacé en dehors du bourg, afin de l’agrandir et d’assainir les environs de l’église. En 1844, le Père Glaneur prend sa charge à Fuissé. Il trouve également l’église trop petite et encore humide malgré les travaux. Peu à peu, l’idée de construire une église plus vaste en dehors du bourg fait son chemin.
Bien qu’une partie de la population souhaite conserver l’ancienne petite église, le projet de construction est finalement adopté en 1867. Un devis estimatif est réalisé par l’architecte Berthier, de Mâcon, et chiffré à 92 500 francs. Il est cependant revu à la baisse, puisque le coût total n’est au final que d’environ 65 000 francs. Le financement des travaux est rendu possible grâce au leg de Monsieur Jean Pardon (propriétaire rentier à Fuissé qui n’avait pas d’héritier[12]) qui s’élève alors à 24 000 francs, sous condition d’être utilisé pour la construction de la nouvelle église exclusivement.
En août 1868, les travaux peuvent commencer et sont menés par l’entrepreneur Louis Dury de Charnay-lès-Mâcon. Le reste du financement est assuré par la fabrique (10 000 francs), un recours de l’état (6000 francs) et la commune (sur emprunt). L’ancienne église est alors vendue pour contribuer à la construction, à hauteur de 3000 francs. La nouvelle église Saint-Germain est finie et consacrée en 1872. L’ancienne église romane est donc désacralisée la même année.
L’édifice est par la suite utilisé comme grange et chais de vigneron. En 2018, l’église est rachetée par la Maison Auvigue afin d’être reconvertie en boutique et lieu de vinification. Elle devrait être inaugurée à la fin de l’année 2019. Les propriétaires ont engagé une restauration globale de l’édifice respectant au maximum les vestiges de la construction d’origine.
Description architecturale
GLOSSAIRE : Bourgogne Romane
L’ancienne église Saint-Germain est orientée à l’est et suit un plan simple, constitué d’une nef unique rectangulaire, suivie d’une travée sous clocher et d’un chœur à fond plat.
La façade occidentale de l’édifice est relativement simple. On distingue dans la maçonnerie des marques de reprise et des pierres en remploi. Elle est ouverte d’un portail plein cintre du XIXe siècle, avec fronton triangulaire nu et linteau supporté par des pilastres. Il est surmonté d’un oculus moderne à l’extrémité du pignon. Le mur gouttereau nord est ouvert d’une baie plein cintre moderne à l’est, d’une toute récente ouverture médiane rectangulaire permettant un accès sur le chemin adjacent, et de deux fenêtres rectangulaires à l’ouest (il y en avait déjà une au siècle dernier). Le gouttereau sud est quant à lui constitutif du bâtiment accolé à l’ancienne église. On y distingue encore deux baies plein cintre murées, de facture ancienne et taille modeste, ainsi qu’une ancienne ouverture donnant sur le cimetière aujourd'hui disparu. Leur niveau rend compte du changement de niveau de l’église, qui devait à l’origine se trouver en contrebas de la rue adjacente. La petite porte ancienne, bien que murée, est à impostes et clé saillantes. Cette dernière est gravée de la date du 12 Mars 1768, qui doit être celle de sa construction. A l’extrémité ouest du gouttereau sud sont également percées deux grandes ouvertures rectangulaires modernes, qui font communiquer les deux bâtiments.
La travée sous clocher romane est ouverte au nord d’une baie plein cintre (qui a vraisemblablement remplacé à l’époque moderne une baie romane plus petite), encadrée par deux larges contreforts de soutien. La travée est encastrée au sud dans le bâtiment adjacent, avec lequel elle communique via une grande ouverture rectangulaire, au-dessus de laquelle une petite baie romane ébrasée est encore visible. Le clocher de l’édifice est de plan carré, sur deux niveaux, dont seul le premier est roman. Ce dernier est aveugle, seulement décoré de bandes et arcatures lombardes très régulières. Le niveau supérieur comporte une baie plein cintre sur chaque face (ces baies sont désormais bouchées). Le clocher est surmonté d’une courte pyramide à quatre pans. Celle-ci est désormais couverte de tuiles, comme le reste de l’édifice.
Le chœur à chevet plat, reconstruit au début du XIXe siècle, complète l’édifice à l’est. Il est directement accolé à la maison voisine. Au nord, il est percé d’une porte rectangulaire surmontée d’une ouverture en demi-cercle. Cette ouverture est probablement le vestige de la large baie plein cintre d’origine, coupée et en partie murée après la désaffectation de l’église. Au sud, le chœur donne sur une petite cour, formée par l’encastrement des différents bâtiments.
L’intérieur de l’ancienne église porte la marque des différents remaniements qu’elle a connus. L’édifice étant encore en travaux, il est pour l’instant difficile de décrire son apparence intérieure. Cependant, plusieurs indices laissent entrevoir les aspects successifs de l’édifice. Deux larges baies murées sont par exemple visibles sur le gouttereau sud. L’arc triomphal en cintre brisé est, lui, surmonté de l’ancien accès au clocher. Le pignon est laisse par ailleurs entrevoir l’élargissement de la nef réalisé au XIXe siècle, grâce à une rupture assez claire dans la maçonnerie. L’arc triomphal est par ailleurs encadré par deux structures plein cintre, qui pourraient être les vestiges de chapelles latérales. La travée sous clocher est voûtée d’une coupole sur trompes, et recouverte d’une fresque ancienne bleutée, dans laquelle on distingue des motifs végétaux. Elle est encadrée par quatre arcs brisés, dont celui menant au chœur est muré. Le chœur, séparé du reste de l’édifice par une petite porte, est voûté d’arêtes.
Inventaire décor et mobilier
- Fresque de la coupole sur trompes :
Peinture bleue, on y distingue des motifs végétaux.
- Décor de la voûte du chœur :
Fleurs et encadrement dorés.
- Décor du clocher :
Ornement de bandes et arcatures lombardes. Elles sont très régulières et finement taillées, ce qui indique une datation romane assez avancée, au XIIe siècle.
- Ouverture au sud de la nef :
Date du percement de la porte (et probablement de travaux plus larges) gravée au milieu d’un cœur, qui forme la clé saillante de la petite porte.
- Portail de la façade ouest (avec fronton triangulaire)
Mobilier transféré :
- Cuve baptismale (XIIIe-XIVe siècle) :
Cuve monolithique, avec quatre têtes sculptées aux angles, dont une a été détachée et est visible sur la façade de la Bergerie [13](dans la nouvelle église)
- Croix en fer qui surmontait le clocher (dans la nouvelle église)
- Cloches :
-Une des deux cloches a été envoyée à Mâcon lors de la Révolution pour être fondue et récupérer son métal.
-L’autre cloche qui restait a été refondue en 1825, puisque cassée. Sa localisation actuelle est incertaine.
Rénovations / Etat
Rénovations:
XIXe :
1822 : nef agrandie, clocher rehaussé, rénovation globale
1825 : chœur à chevet plat vient remplacer l’abside romane semi-circulaire
1834 : déplacement du cimetière en dehors du bourg
1868 : début de la construction de la nouvelle église
1872 : église désacralisée
XXe :
Entretien restreint, l’église sert de grange/chais de vigneron.
XXIe :
2018-2019 : restauration globale et réhabilitation
Etat:
L’ancienne église est actuellement en travaux.
Actualités
Pour suivre l’actualité de l’église et de sa reconversion, consulter le site internet de la Maison Auvigue ou la page facebook qui lui est dédiée :
Pour suivre l’installation à Fuissé :
Visite
L’ancienne église de Fuissé n’est pas ouverte à la visite.
Il sera cependant possible d’aller l’admirer de plus près lorsque la boutique de la Maison Auvigue sera inaugurée.
Pour plus d’informations, contacter les propriétaires.
Association engagée
L’Association Villages en Vie :
Elle s’attache à sauvegarder et mettre en valeur les patrimoines de Fuissé et de sept autres communes environnantes.
Adresse :
La Grange du Bois
71960 Solutré-Pouilly
Site officiel :
Iconographie ancienne et récente
Crédit Photos: CEP
Plans cadastraux
Bibliographie
- RIGAULT, Jean, Dictionnaire topographique du département de la Saône-et-Loire, 2008.
Sources
- Oursel, Anne-Marie et Raymond, « Fiche d’inventaire départemental », 1974 :
Archives départementales de la Saône-et-Loire
- Fiche édifice de la Bourgogne Romane :
- Document fourni par les propriétaires :
- « Au cœur du village, la vielle église » : document réalisé par l’association Villages en Vie.
- Article du Journal de Saône-et-Loire, du 1er Février 2019, disponible en ligne : L'ancienne église de Fuissé se transforme en caveau
Propriétaire / Contact
Maison Auvigue
03 85 34 17 36
Patrimoine local et/ou folklore
- (Nouvelle) Eglise Saint-Germain à Fuissé :
Edifice néo-gothique construit au XIXe siècle, à l’écart du bourg de Fuissé.
- Fontaine de Romanin :
Fontaine d’origine romaine, elle approvisionne le lavoir communal.
Notes et références
- ↑ Rigault, Jean, Dictionnaire topographique du département de la Saône-et-Loire, 2008.
- ↑ Document de l’Association Villages en Vie
- ↑ Oursel : référence à l’ouvrage de Mgr Rameau.
- ↑ Saint Germain (vers 380-448) : fonctionnaire de l’empire romain, il devient le 6ème évêque d’Auxerre en 418. Il est reconnu pour avoir été l’évangélisateur de l’Auxerrois et de la Bretagne insulaire. Il est fêté le 31 Juillet.
- ↑ Rameau (Mgr), Les paroisses de l’ancien diocèse de Mâcon.
- ↑ Conflit opposant Armagnacs et Bourguignons au XVe siècle, guerres de Religion au XVIe…
- ↑ Document de l’Association Villages en Vie
- ↑ Ibidem
- ↑ Ibidem
- ↑ Oursel
- ↑ Document de l’association.
- ↑ Oursel, fiche inventaire de la nouvelle église.
- ↑ Document de l’Association Villages en Vie.