Eglise Saint-Vincent à Saint-Vincent-des-Prés : Différence entre versions

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'''L’église paroissiale Saint-Vincent''' est située à [[Saint-Vincent-des-Prés]], dans le département de la Saône-et-Loire, en Bourgogne-Franche-Comté. Elle est entièrement romane. Un premier édifice est mentionné dès le milieu du Xe siècle dans une charte de Saint-Vincent de Mâcon. Les vestiges de l’abside de cette chapelle, désaxés par rapport à l’abside actuelle, ont été retrouvés en 1994 lors de fouilles archéologiques. L’édifice actuel a probablement été reconstruit dans la seconde moitié du XIe siècle. A cette époque, l'église est en effet restituée au chapitre de Saint-Vincent de Mâcon, après avoir été usurpée par une famille seigneuriale locale au Xe siècle. Au XIIe siècle, une réfection extérieure assez importante a lieu. Elle concerne la façade, le clocher et l’abside.  L’architecture de l’église suit un plan roman simple, qui lui donne une apparence trapue. Il mêle cependant des éléments architecturaux de périodes différentes qui constituent un assemblage remarquable. Peu remaniée au fil des siècles, l’église est restaurée plusieurs fois aux XIXe et XXe siècles, sans grande modification à l’exception du déplacement du cimetière et de l’ajout de la sacristie. Des restaurations ayant eu lieu de 1993 à 1996 ont mis au jour des baies, fresques et inscriptions. L’église est classée Monument Historique depuis 1913.
 
'''L’église paroissiale Saint-Vincent''' est située à [[Saint-Vincent-des-Prés]], dans le département de la Saône-et-Loire, en Bourgogne-Franche-Comté. Elle est entièrement romane. Un premier édifice est mentionné dès le milieu du Xe siècle dans une charte de Saint-Vincent de Mâcon. Les vestiges de l’abside de cette chapelle, désaxés par rapport à l’abside actuelle, ont été retrouvés en 1994 lors de fouilles archéologiques. L’édifice actuel a probablement été reconstruit dans la seconde moitié du XIe siècle. A cette époque, l'église est en effet restituée au chapitre de Saint-Vincent de Mâcon, après avoir été usurpée par une famille seigneuriale locale au Xe siècle. Au XIIe siècle, une réfection extérieure assez importante a lieu. Elle concerne la façade, le clocher et l’abside.  L’architecture de l’église suit un plan roman simple, qui lui donne une apparence trapue. Il mêle cependant des éléments architecturaux de périodes différentes qui constituent un assemblage remarquable. Peu remaniée au fil des siècles, l’église est restaurée plusieurs fois aux XIXe et XXe siècles, sans grande modification à l’exception du déplacement du cimetière et de l’ajout de la sacristie. Des restaurations ayant eu lieu de 1993 à 1996 ont mis au jour des baies, fresques et inscriptions. L’église est classée Monument Historique depuis 1913.
 
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Le village de [[Saint-Vincent-des-Prés]] a des origines très anciennes. De la monnaie romaine ainsi que des sépultures anciennes ont ainsi été retrouvées sur le territoire de la commune. La première mention des lieux est faite dans la charte 70 du chapitre de Saint-Vincent de Mâcon, dans la seconde moitié du Xe siècle : ''In pago Matisenci… capellam Sancti-Vincentii de Prato''<ref>Rigault, Jean, ''Dictionnaire topographique du département de la Saône-et-Loire'', 2008.</ref>. Dès cette époque, il y a donc une chapelle au centre du groupe d’habitat, qui dépend du chapitre. Au même moment, le domaine de Bézornay se constitue, et deviendra au siècle suivant un important doyenné clunisien.
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Au milieu du XIe siècle, entre 1063 et 1072, l’église de Saint-Vincent-des-Prés est rendue au chapitre de Saint-Vincent par Hugues de Vendenesse, dont la famille avait usurpé les biens des chanoines quelques temps auparavant<ref>Virey, Jean, ''Les églises romanes de l’ancien diocèse de Mâcon''.</ref>. C’est à cette époque qu’est construite l’église actuelle, entièrement romane, composée d’une nef avec bas-côtés, suivie d’un transept non-saillant et d’une abside. Au XIIe siècle, la construction primitive semble avoir été terminée, ou au moins restaurée : réfection de l’extérieur et notamment de la façade, reprise du clocher et de l’abside. L’édifice est dès lors dédié à saint Vincent, à la collation du chapitre de Saint-Vincent de Mâcon, et le centre de la paroisse de Saint-Vincent-des-Prés.
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[[Fichier:SaintVincentDesPrésEglisePlan.jpg|thumb|right|400px|Plan de la construction romane ©Alain Guerreau]]
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Dans les siècles qui suivent, l’église est visiblement peu remaniée. Elle fait vraisemblablement l’objet d’une décoration au XVe siècle, comme le suggèrent les vestiges de peintures murales découverts dans le transept nord. L’édifice est également couvert en lauzes à une date inconnue, et les baies sont agrandies. Au XIXe siècle, l’église est restaurée plusieurs fois, sans pour autant que son plan d’origine ne soit durement altéré. Vers 1823, des travaux d’entretien sont réalisés sous la direction de l’architecte Vaillant. De 1836 à 1837<ref>Oursel, Anne-Marie et Raymond, Fiche d’inventaire départemental.</ref>, une rénovation générale de l’édifice est menée par l’entrepreneur Jean Quarré, de la Vineuse, sur les plans de l’architecte Loron (fils). Le devis final s’élève à 1237.44 francs, et comprend la réfection des enduits (nef, chapelles, chœur), des badigeons et de la couverture du clocher, ainsi que la pose d’une croix de 28 kilos. C’est vraisemblablement de cette époque que date le décor de l’abside. En 1883, le cimetière qui entourait jusqu'alors l’église est déplacé en dehors du bourg, afin d’assainir les abords de l’église et le centre du village. C’est peut-être à cette époque qu’est construite la sacristie qui flanque le transept au sud. Elle n’apparaît en tout cas pas sur le cadastre de 1841.
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[[Fichier:SaintVincentDesPrésEglisePlanFouilles.jpg|thumb|left|Modélisation des découvertes de F. Henrion - Via la Pastorale du tourisme 71]]
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Au début du XXe siècle, la commune prend conscience de la valeur patrimoniale et architecturale de l’église Saint-Vincent. En 1913, l’édifice est donc classé Monument Historique, et probablement restauré dans la foulée. En 1933, la mise en lumière de l’édifice est réalisée. Entre 1941 et 1944, les couvertures de l’église sont refaites. Entre 1993 et 1996, une restauration générale de l’église est menée sous la direction des Monuments Historiques. Ces travaux permettent notamment de mettre au jour la baie axiale de l’abside jusqu'alors murée et l’inscription d’un des chapiteaux, ainsi que de restaurer les peintures murales. En 1994, des fouilles archéologiques sont menées par Fabrice Henrion, à l’occasion de drainages périphériques. Les bases de l’abside d’un édifice primitif sont alors découvertes, désaxées par rapport à l’abside actuelle. Fabrice Henrion avance donc l’hypothèse d’un édifice primitif en bois (qui correspondrait à la chapelle mentionnée dans la charte 70 du cartulaire de Saint-Vincent), de taille modeste, dont l’abside était épaulée au sud et qui se prolonge à l'ouest par un mur récupéré. Seules les zones à l'Est de l'église conservent des témoignages de cette occupation antérieure<ref>Henrion, Fabrice, Responsable des fouilles.</ref>.
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En 1999, c’est au tour du tabernacle du XVIIe siècle d’être entièrement restauré et remis en place sur le maître-autel, dans l’abside. Depuis cette époque, l’église est régulièrement entretenue et mise en valeur. En 2010, les plans de l’édifice ont été dressés par une équipe d’étudiants japonais du Kyoto Institute of Technology, sous la direction du professeur Masatsugu Nishida.
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'''Anecdote :'''
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Une légende raconte qu'à l'origine, la construction de l’église avait commencé sur la colline du "Châtelot" qui domine le village. Or chaque nuit, les pierres disposées le jour disparaissaient. La situation ne pouvant continuer, un des bâtisseurs jeta un marteau du haut de la colline et il fut décidé que l'église serait édifiée là où il retomberait. C'est ainsi qu'elle s'élève à l'emplacement où on la voit aujourd'hui<ref>Panneau des sites clunisiens installé sur place </ref>.
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=== Description architecturale ===
 
=== Description architecturale ===
  
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Bien orientée à l’est, l’église Saint-Vincent se compose d’une nef avec bas-côtés étroits, suivie d’un transept de même largeur et d’une abside semi-circulaire. Le transept est flanqué de la sacristie au sud et supporte le haut clocher carré. C’est un édifice impressionnant, d’apparence solide et archaïque, un bel exemple de l’art roman qui n’a subi que peu de modifications.
  
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La façade de l’église est séparée en trois parties verticales par des contreforts plats, et en deux parties horizontales par un cordon de pierre. La partie centrale basse est ouverte par une petite porte en plein cintre dont la moulure de l’arc est composée d’un biseau et d’un filet<ref>Virey</ref>. La partie centrale haute de la façade est décorée d’une large bande lombarde qui se termine par un rang d’arcatures irrégulières, le long du pignon. Un gros oculus muni d’une rosace est ouvert au centre de la bande.
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Les murs des collatéraux sont flanqués de contreforts plats entourant trois baies plein cintre agrandies à l’époque moderne. Les contreforts sont repris sur le haut des murs gouttereaux de la nef, entre des arcatures de même type que celles de la façade, mais qui alternent arcatures étroites et allongées. Au sud, juste au-dessus de la toiture du bas-côté, on aperçoit l’arc de baies hautes primitives, aujourd'hui murées. Une porte d’accès latéral est également percée en-dessous de la baie est du collatéral sud.
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Le transept suit la nef à l’est. Non-saillant, les croisillons sont toutefois légèrement plus haut que les toitures des bas-côtés. Ces croisillons sont chacun percés d’une baie plein cintre allongée, dont celle au sud est partiellement obturée par la sacristie attenante. Deux contreforts plats épaulent les murs nord et sud du transept, tandis que la face est du croisillon sud est ouverte d’une baie ancienne ébrasée.
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Le clocher carré s’élance au-dessus de la croisée du transept. Il est composé de trois niveaux séparés du soubassement par un cordon de pierre. Les quatre faces du clocher sont similaires, avec aux angles des dosserets qui montent jusqu'à la toiture. Le premier niveau est orné de trois hautes arcades en plein cintre par face, ainsi que de l’accès au clocher à l’ouest. Le deuxième niveau comporte une baie plein cintre, sauf à l’ouest où le mur est nu. Le troisième niveau comporte une baie géminée par face, à retombée médiane sur double colonnette aux chapiteaux sculptés. Le clocher est coiffé d’une courte pyramide à quatre pans surmontée d’une croix.
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L’abside complète l’édifice à l’est. Elle est ouverte de trois baies plein cintre inscrites dans un décor de bandes lombardes. Seule celle au nord est d’origine, les autres ont été remaniées. Les bandes lombardes sont formées par de fines colonnes engagées aux chapiteaux sculptés, et leurs arcatures retombent sur des culots. Une corniche en pierre plate fait le tour de l’édifice et supporte la toiture de laves (seule la sacristie est couverte de tuiles).
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A l’intérieur, on retrouve l’atmosphère intime et chaleureuse des édifices romans. L’église est entièrement dallée et son niveau ne varie qu’à hauteur du chœur, surélevé de deux marches. La nef comporte trois travées, dont les deux premières sont délimitées par de fines colonnes à chapiteaux sculptés. La dernière travée, ainsi que le transept, sont marqués par de grosse piles cylindriques. C’est là vraisemblablement une tentative de rattraper la poussée engendrée par le poids du clocher, qui est moindre au niveau de la première travée (qui ne nécessite donc pas de piles massives). Cette configuration est à rapprocher de celle visible dans l’église de [[Farges-les-Mâcon]]. Le vaisseau central de la nef est voûté d’un berceau plein cintre articulé d’arcs doubleaux qui reposent sur des pilastres en hauteur du mur. Les collatéraux s’ouvrent via de larges arcades et sont voûtés d’arêtes qui retombent sur des doubleaux reposant sur des pilastres avec impostes.
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La croisée du transept est quant à elle voûtée d’une coupole sur trompes reposant sur quatre grosses piles rondes, afin de pourvoir supporter le poids du clocher. Les croisillons sont, eux, voûtés d’arêtes. Au croisillon nord, une arcade cintrée est ornée de peintures murales. Au croisillon sud, une arcade semblable est plaquée sur le mur est, tandis que le mur sud communique avec la sacristie. La croisée est encadrée par quatre arcs épais en plein cintre, et on distingue une ancienne baie ébrasée murée au-dessus de celui menant vers l’abside. Celle-ci est voûtée en cul-de-four et est décorée de peintures modernes en trompe-l’œil.
  
 
=== Inventaire décor et mobilier ===
 
=== Inventaire décor et mobilier ===
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Construite en 993, elle servait de chapelle au doyenné clunisien adjacent.
 
Construite en 993, elle servait de chapelle au doyenné clunisien adjacent.

Version actuelle datée du 28 septembre 2020 à 19:55

L’église paroissiale Saint-Vincent est située à Saint-Vincent-des-Prés, dans le département de la Saône-et-Loire, en Bourgogne-Franche-Comté. Elle est entièrement romane. Un premier édifice est mentionné dès le milieu du Xe siècle dans une charte de Saint-Vincent de Mâcon. Les vestiges de l’abside de cette chapelle, désaxés par rapport à l’abside actuelle, ont été retrouvés en 1994 lors de fouilles archéologiques. L’édifice actuel a probablement été reconstruit dans la seconde moitié du XIe siècle. A cette époque, l'église est en effet restituée au chapitre de Saint-Vincent de Mâcon, après avoir été usurpée par une famille seigneuriale locale au Xe siècle. Au XIIe siècle, une réfection extérieure assez importante a lieu. Elle concerne la façade, le clocher et l’abside. L’architecture de l’église suit un plan roman simple, qui lui donne une apparence trapue. Il mêle cependant des éléments architecturaux de périodes différentes qui constituent un assemblage remarquable. Peu remaniée au fil des siècles, l’église est restaurée plusieurs fois aux XIXe et XXe siècles, sans grande modification à l’exception du déplacement du cimetière et de l’ajout de la sacristie. Des restaurations ayant eu lieu de 1993 à 1996 ont mis au jour des baies, fresques et inscriptions. L’église est classée Monument Historique depuis 1913.

Eglise Saint-Vincent(©CEP)

Beschreibung der Kirche (deutsch) 1, 2, 3, 4

Description of the church (english) 1, 2, 3, 4

Adresse Au Bourg, 71250 Saint-Vincent-des-Prés
Coordonnées GPS 46°28'27.8"N 4°33'43.1"E
Paroisse de rattachement Paroisse de Cluny Saint Benoît
Protection Monuments Historiques Classée en 1913

Historique

Le village de Saint-Vincent-des-Prés a des origines très anciennes. De la monnaie romaine ainsi que des sépultures anciennes ont ainsi été retrouvées sur le territoire de la commune. La première mention des lieux est faite dans la charte 70 du chapitre de Saint-Vincent de Mâcon, dans la seconde moitié du Xe siècle : In pago Matisenci… capellam Sancti-Vincentii de Prato[1]. Dès cette époque, il y a donc une chapelle au centre du groupe d’habitat, qui dépend du chapitre. Au même moment, le domaine de Bézornay se constitue, et deviendra au siècle suivant un important doyenné clunisien.

Au milieu du XIe siècle, entre 1063 et 1072, l’église de Saint-Vincent-des-Prés est rendue au chapitre de Saint-Vincent par Hugues de Vendenesse, dont la famille avait usurpé les biens des chanoines quelques temps auparavant[2]. C’est à cette époque qu’est construite l’église actuelle, entièrement romane, composée d’une nef avec bas-côtés, suivie d’un transept non-saillant et d’une abside. Au XIIe siècle, la construction primitive semble avoir été terminée, ou au moins restaurée : réfection de l’extérieur et notamment de la façade, reprise du clocher et de l’abside. L’édifice est dès lors dédié à saint Vincent, à la collation du chapitre de Saint-Vincent de Mâcon, et le centre de la paroisse de Saint-Vincent-des-Prés.

Plan de la construction romane ©Alain Guerreau

Dans les siècles qui suivent, l’église est visiblement peu remaniée. Elle fait vraisemblablement l’objet d’une décoration au XVe siècle, comme le suggèrent les vestiges de peintures murales découverts dans le transept nord. L’édifice est également couvert en lauzes à une date inconnue, et les baies sont agrandies. Au XIXe siècle, l’église est restaurée plusieurs fois, sans pour autant que son plan d’origine ne soit durement altéré. Vers 1823, des travaux d’entretien sont réalisés sous la direction de l’architecte Vaillant. De 1836 à 1837[3], une rénovation générale de l’édifice est menée par l’entrepreneur Jean Quarré, de la Vineuse, sur les plans de l’architecte Loron (fils). Le devis final s’élève à 1237.44 francs, et comprend la réfection des enduits (nef, chapelles, chœur), des badigeons et de la couverture du clocher, ainsi que la pose d’une croix de 28 kilos. C’est vraisemblablement de cette époque que date le décor de l’abside. En 1883, le cimetière qui entourait jusqu'alors l’église est déplacé en dehors du bourg, afin d’assainir les abords de l’église et le centre du village. C’est peut-être à cette époque qu’est construite la sacristie qui flanque le transept au sud. Elle n’apparaît en tout cas pas sur le cadastre de 1841.

Modélisation des découvertes de F. Henrion - Via la Pastorale du tourisme 71

Au début du XXe siècle, la commune prend conscience de la valeur patrimoniale et architecturale de l’église Saint-Vincent. En 1913, l’édifice est donc classé Monument Historique, et probablement restauré dans la foulée. En 1933, la mise en lumière de l’édifice est réalisée. Entre 1941 et 1944, les couvertures de l’église sont refaites. Entre 1993 et 1996, une restauration générale de l’église est menée sous la direction des Monuments Historiques. Ces travaux permettent notamment de mettre au jour la baie axiale de l’abside jusqu'alors murée et l’inscription d’un des chapiteaux, ainsi que de restaurer les peintures murales. En 1994, des fouilles archéologiques sont menées par Fabrice Henrion, à l’occasion de drainages périphériques. Les bases de l’abside d’un édifice primitif sont alors découvertes, désaxées par rapport à l’abside actuelle. Fabrice Henrion avance donc l’hypothèse d’un édifice primitif en bois (qui correspondrait à la chapelle mentionnée dans la charte 70 du cartulaire de Saint-Vincent), de taille modeste, dont l’abside était épaulée au sud et qui se prolonge à l'ouest par un mur récupéré. Seules les zones à l'Est de l'église conservent des témoignages de cette occupation antérieure[4].

En 1999, c’est au tour du tabernacle du XVIIe siècle d’être entièrement restauré et remis en place sur le maître-autel, dans l’abside. Depuis cette époque, l’église est régulièrement entretenue et mise en valeur. En 2010, les plans de l’édifice ont été dressés par une équipe d’étudiants japonais du Kyoto Institute of Technology, sous la direction du professeur Masatsugu Nishida.

Anecdote :

Une légende raconte qu'à l'origine, la construction de l’église avait commencé sur la colline du "Châtelot" qui domine le village. Or chaque nuit, les pierres disposées le jour disparaissaient. La situation ne pouvant continuer, un des bâtisseurs jeta un marteau du haut de la colline et il fut décidé que l'église serait édifiée là où il retomberait. C'est ainsi qu'elle s'élève à l'emplacement où on la voit aujourd'hui[5].

Description architecturale

GLOSSAIRE : Bourgogne Romane

Bien orientée à l’est, l’église Saint-Vincent se compose d’une nef avec bas-côtés étroits, suivie d’un transept de même largeur et d’une abside semi-circulaire. Le transept est flanqué de la sacristie au sud et supporte le haut clocher carré. C’est un édifice impressionnant, d’apparence solide et archaïque, un bel exemple de l’art roman qui n’a subi que peu de modifications.

Plans ©CEP

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La façade de l’église est séparée en trois parties verticales par des contreforts plats, et en deux parties horizontales par un cordon de pierre. La partie centrale basse est ouverte par une petite porte en plein cintre dont la moulure de l’arc est composée d’un biseau et d’un filet[6]. La partie centrale haute de la façade est décorée d’une large bande lombarde qui se termine par un rang d’arcatures irrégulières, le long du pignon. Un gros oculus muni d’une rosace est ouvert au centre de la bande. Les murs des collatéraux sont flanqués de contreforts plats entourant trois baies plein cintre agrandies à l’époque moderne. Les contreforts sont repris sur le haut des murs gouttereaux de la nef, entre des arcatures de même type que celles de la façade, mais qui alternent arcatures étroites et allongées. Au sud, juste au-dessus de la toiture du bas-côté, on aperçoit l’arc de baies hautes primitives, aujourd'hui murées. Une porte d’accès latéral est également percée en-dessous de la baie est du collatéral sud. Le transept suit la nef à l’est. Non-saillant, les croisillons sont toutefois légèrement plus haut que les toitures des bas-côtés. Ces croisillons sont chacun percés d’une baie plein cintre allongée, dont celle au sud est partiellement obturée par la sacristie attenante. Deux contreforts plats épaulent les murs nord et sud du transept, tandis que la face est du croisillon sud est ouverte d’une baie ancienne ébrasée.

Le clocher carré s’élance au-dessus de la croisée du transept. Il est composé de trois niveaux séparés du soubassement par un cordon de pierre. Les quatre faces du clocher sont similaires, avec aux angles des dosserets qui montent jusqu'à la toiture. Le premier niveau est orné de trois hautes arcades en plein cintre par face, ainsi que de l’accès au clocher à l’ouest. Le deuxième niveau comporte une baie plein cintre, sauf à l’ouest où le mur est nu. Le troisième niveau comporte une baie géminée par face, à retombée médiane sur double colonnette aux chapiteaux sculptés. Le clocher est coiffé d’une courte pyramide à quatre pans surmontée d’une croix. L’abside complète l’édifice à l’est. Elle est ouverte de trois baies plein cintre inscrites dans un décor de bandes lombardes. Seule celle au nord est d’origine, les autres ont été remaniées. Les bandes lombardes sont formées par de fines colonnes engagées aux chapiteaux sculptés, et leurs arcatures retombent sur des culots. Une corniche en pierre plate fait le tour de l’édifice et supporte la toiture de laves (seule la sacristie est couverte de tuiles).


A l’intérieur, on retrouve l’atmosphère intime et chaleureuse des édifices romans. L’église est entièrement dallée et son niveau ne varie qu’à hauteur du chœur, surélevé de deux marches. La nef comporte trois travées, dont les deux premières sont délimitées par de fines colonnes à chapiteaux sculptés. La dernière travée, ainsi que le transept, sont marqués par de grosse piles cylindriques. C’est là vraisemblablement une tentative de rattraper la poussée engendrée par le poids du clocher, qui est moindre au niveau de la première travée (qui ne nécessite donc pas de piles massives). Cette configuration est à rapprocher de celle visible dans l’église de Farges-les-Mâcon. Le vaisseau central de la nef est voûté d’un berceau plein cintre articulé d’arcs doubleaux qui reposent sur des pilastres en hauteur du mur. Les collatéraux s’ouvrent via de larges arcades et sont voûtés d’arêtes qui retombent sur des doubleaux reposant sur des pilastres avec impostes.

La croisée du transept est quant à elle voûtée d’une coupole sur trompes reposant sur quatre grosses piles rondes, afin de pourvoir supporter le poids du clocher. Les croisillons sont, eux, voûtés d’arêtes. Au croisillon nord, une arcade cintrée est ornée de peintures murales. Au croisillon sud, une arcade semblable est plaquée sur le mur est, tandis que le mur sud communique avec la sacristie. La croisée est encadrée par quatre arcs épais en plein cintre, et on distingue une ancienne baie ébrasée murée au-dessus de celui menant vers l’abside. Celle-ci est voûtée en cul-de-four et est décorée de peintures modernes en trompe-l’œil.

Inventaire décor et mobilier

  • Décor extérieur :

Façade et nef : large bande lombarde qui se termine par des arcatures suivant le contour du pignon

Abside : décor d’arcatures reposant sur quatre fines colonnes engagées avec chapiteaux sculptés de feuilles, et trois culots simples.

Clocher : chapiteaux sculptés de feuillages (niveau supérieur)

  • Décor intérieur :

Chapiteaux des colonnes de la nef[7] : un sculpté de volutes, l’autre de fleurs de lys à cinq pétales. La chapiteau sculpté de lys comporte également en inscription deux lettres grecques, l’Alpha et l’Omega (le début et la fin, symbole du Christ).

Tailloirs sculptés

  • Peintures murales :

Abside : peinture moderne représentant une colombe (symbole de l’Esprit Saint) entourée de nuées sombres sur fond de ciel bleu[8] ; décor de colonnes en trompe-l’œil.

Peinture attribuée au XVe siècle[9] (dans une arcade cintrée, dans la chapelle nord) représentant un personnage auréolé, assis, avec un évangéliaire dans la main gauche (peut-être saint Vincent ou saint Paul).

  • Tabernacle baroque (XVIIe siècle), au-dessus du maître-autel, en bois sculpté et peint. Il se compose de trois pans séparés par des ailerons qui supportent des têtes d’angelots[10]. Sur les pans sont figurés, de gauche à droite : saint Nicolas, l'Ecce Homo, et saint Claude (bénissant un enfant).
  • Maître-autel (en bois peint d’un décor marbré)
  • Niches dans l’abside
  • Autel moderne en pierre (croisée)
  • Statuaire :

Saint Odilon (statuette posée sur le confessionnal)

Saint Antoine de Padoue (statuette posée sur le confessionnal)

Vierge à l’Enfant (croisillon sud)

Saint Joseph et l’Enfant Jésus (croisillon sud)

Le Sacré-Cœur (croisillon sud)

Sainte Thérèse de Lisieux (croisillon sud)

Vierge Marie (représentation de la Vierge Reine, entrée du croisillon sud)

Curé d’Ars (croisillon nord)

Saint Vincent (croisillon nord)

  • Icône de Notre-Dame du perpétuel secours (croisillon sud)
  • Tableau représentant saint Vincent, au-dessus de l’arc triomphal. Le saint tient la palme du martyr de la main gauche et une grappe de raison de la main droite.
  • Bannière en soie peinte sur une face d’un médaillon représentant le Christ apparaissant à sainte Marguerite Marie Alacoque, ainsi que d’une inscription : « Voici le cœur qui a tant aimé les hommes ». Sur l’autre face, représentation du Christ et de la Vierge surmontés de l’inscription : « Notre Dame du Sacré-Cœur priez pour nous ».
  • Chemin de croix (cadres)
  • Grilles extérieures
  • Bénitier encastré
  • Confessionnal en bois (à droite en entrant par la façade ouest)
  • Plaque commémorative des soldats morts au combat (à gauche en entrant par la façade ouest)

Rénovations / Etat

  • Rénovations :

XIXe :

1823 : travaux d’entretien

1836-1837 : restauration générale de l’édifice

1883 : déplacement du cimetière qui bordait l’édifice

XXe :

Vers 1933 : éclairage de l’église

1941-1944 : réfection des couvertures

1993-1996 : restauration générale de l’édifice sous la direction des Monuments Historiques

1994 : fouilles et drainages

1995 : assainissement, restauration intérieure globale

1999 : restauration du tabernacle du XVIIe siècle

XXIe :

Travaux d’entretien et de mise en valeur de l’église

  • Etat :

L’église est en bon état général et est régulièrement entretenue par la commune et ses habitants.

  • Classement :

L’église est classée Monument Historique depuis 1913.

Actualités

Pour suivre l’actualité de l’édifice, contacter directement la mairie.

Visite

L’église est d’ordinaire ouverte en journée, en tout cas pendant la saison estivale. Pour la visiter, se renseigner auprès de la mairie.

L’église est accessible aux personnes à mobilité réduite, en passant par la petite porte latérale (la porte principale accuse une grosse marche pour accéder à la nef).

Association engagée

  • Les Amis de Saint-Vincent :

Association qui s’occupe de l’animation du village et de la sauvegarde et de la mise en valeur du patrimoine de la commune.

Iconographie ancienne et récente

Collection privée de Monsieur Luc Denis
Collection privée de Monsieur Luc Denis
Collection privée de Monsieur Luc Denis


Crédit Photos: CEP

Plans cadastraux

Cadastre actuel, cadastre.gouv

Bibliographie

  • GUERREAU, Alain, « Vingt et une petites églises romanes du Mâconnais : irrégularités et métrologie. », In : L'innovation technique au Moyen Âge, Actes du VIe Congrès international d'Archéologie Médiévale (1-5 Octobre 1996, Dijon - Mont Beuvray - Chenôve - Le Creusot - Montbard), Caen : Société d'Archéologie Médiévale, 1998. pp. 186-210.
  • HENRION, Fabrice, « Saint-Vincent-des-Prés (Saône-et-Loire). Église Saint-Vincent », In : Archéologie médiévale, tome 25, 1995. p.266.
  • RIGAULT, Jean, Dictionnaire topographique du département de la Saône-et-Loire, 2008.
  • SAPIN, Christian, La Bourgogne préromane : construction, décor et fonction des édifices religieux, Paris, 1986
  • VIREY, Jean, Les églises romanes de l’ancien diocèse de Mâcon, Mâcon, Protat, 1935, 474p.

Sources

  • Oursel, Anne-Marie et Raymond, Fiche d’inventaire départemental, 1917 :

Archives départementales de la Saône-et-Loire

  • Fiche édifice de la Bourgogne Romane :

Saint-Vincent-des-Prés

  • Fiche édifice de la Pastorale du tourisme :

Eglise Saint-Vincent

  • Plans et relevés architecturaux réalisés en 2010 par une équipe d’étudiants japonais du Kyoto Institute of Technology, sous la direction du professeur Masatsugu Nishida.

Propriétaire / Contact

Commune de Saint-Vincent-des-Prés

03 85 59 64 41

mairie.saintvincentdespres@wanadoo.fr

Patrimoine local et/ou folklore

Construite en 993, elle servait de chapelle au doyenné clunisien adjacent.

C’est désormais une propriété privée. Elle se visite lors des Journées du Patrimoine.

Eglise romane du XIIe siècle, peu remaniée au fil des siècles.

Elle est inscrite au titre des Monuments Historiques depuis 2018.

  • Pont des Meursaults : pont médiéval récemment restauré.

©CEP

Notes et références

  1. Rigault, Jean, Dictionnaire topographique du département de la Saône-et-Loire, 2008.
  2. Virey, Jean, Les églises romanes de l’ancien diocèse de Mâcon.
  3. Oursel, Anne-Marie et Raymond, Fiche d’inventaire départemental.
  4. Henrion, Fabrice, Responsable des fouilles.
  5. Panneau des sites clunisiens installé sur place
  6. Virey
  7. Ces chapiteaux rappellent ceux de Saint-Martin-du-Canigou.
  8. Pastorale du tourisme
  9. Sapin
  10. Description d’Oursel. Ce Tabernacle a longtemps été abandonné dans un coin de la nef, avant d’être restauré et réhabilité à la fin du XXe siècle.