Eglise Saint-André à Saint-André-le-Désert : Différence entre versions

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'''L’église paroissiale Saint-André''' est située à [[Saint-André-le-Désert]], dans le département de la Saône-et-Loire, en Bourgogne-Franche-Comté. C'est un édifice roman dont la construction remonte au milieu du XIIe siècle. Elle est à l’époque à la collation du prieur de Saint-André-le-Désert où l’abbaye de Moustier-Saint-Jean, l’une des premières de Bourgogne, possédait alors une dépendance. De cet édifice, il ne reste aujourd’hui que le clocher, le transept, l’abside et les absidioles. Les parties romanes sont particulièrement remarquables du fait de leur décoration. L’abside est notamment ornée d’arcatures sur colonnettes avec bases et chapiteaux sculptés de grande qualité. A l’extérieur, sa corniche est ornée de modillons sculptés. Dans les siècles qui suivent sa construction, l’église ne semble pas subir de modifications majeures, et ce jusqu’au XIXe siècle. Seul le beffroi du clocher est vraisemblablement ajouté à la fin du Moyen-Age. Après la Révolution, l’église est vendue en tant que bien national. Elle est rachetée en 1808 par la commune. De 1825 à 1828, l’église est entièrement restaurée afin de pouvoir accueillir de nouveau les fidèles. Entre 1885 et 1889, le projet de son agrandissement est concrétisé. La nef est alors entièrement reconstruite. L’église a depuis été complètement restaurée.
 
'''L’église paroissiale Saint-André''' est située à [[Saint-André-le-Désert]], dans le département de la Saône-et-Loire, en Bourgogne-Franche-Comté. C'est un édifice roman dont la construction remonte au milieu du XIIe siècle. Elle est à l’époque à la collation du prieur de Saint-André-le-Désert où l’abbaye de Moustier-Saint-Jean, l’une des premières de Bourgogne, possédait alors une dépendance. De cet édifice, il ne reste aujourd’hui que le clocher, le transept, l’abside et les absidioles. Les parties romanes sont particulièrement remarquables du fait de leur décoration. L’abside est notamment ornée d’arcatures sur colonnettes avec bases et chapiteaux sculptés de grande qualité. A l’extérieur, sa corniche est ornée de modillons sculptés. Dans les siècles qui suivent sa construction, l’église ne semble pas subir de modifications majeures, et ce jusqu’au XIXe siècle. Seul le beffroi du clocher est vraisemblablement ajouté à la fin du Moyen-Age. Après la Révolution, l’église est vendue en tant que bien national. Elle est rachetée en 1808 par la commune. De 1825 à 1828, l’église est entièrement restaurée afin de pouvoir accueillir de nouveau les fidèles. Entre 1885 et 1889, le projet de son agrandissement est concrétisé. La nef est alors entièrement reconstruite. L’église a depuis été complètement restaurée.
 
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Le village de [[Saint-André-le-Désert]] est une zone de peuplement aux origines lointaines. Ainsi, des monnaies romaines remontant aux années 280 ont été retrouvées sur le territoire de la commune, aux Jean-Prost. De même, un vaste cimetière mérovingien (VIe-VIIe siècles) de plus de 200 sépultures<ref>Fiche Wikipays de la commune, cite « Cimetières mérovingiens », de H.GAILLARD de SEMAINVILLE, 1980, pp. 54-55.</ref> a été découvert au XIXe siècle au nord-est de Mazilly, au lieu-dit ''En Paradis''<ref>Alain Guerreau, prospectus de présentation de l’église.</ref>. C’est visiblement à l’époque de fonctionnement de ce cimetière qu’un prieuré de l’abbaye de Saint-Jean-Réome<ref>Ibidem</ref> (Moutiers-Saint-Jean, au nord-est de Semur-en-Auxois) est fondé à l’emplacement de l’église actuelle du village. Ce prieuré est situé ''in villa Crosiago'' (Crosiat, nom disparu), ''in agro Catgiacensi'' (dans le canton de Chigy). Il possède alors de nombreux domaines, notamment dans la vallée de la Grosne et dans les monts du Mâconnais<ref>Ibidem</ref>. A la fin du Xe siècle, la localité est désignée en tant que ''Vinea al Desert''<ref>Rigault, Jean, Dictionnaire topographique du département de la Saône-et-Loire, 2008.</ref> dans une charte de l’abbaye de Cluny. A la fin du XIIe siècle, un prévôt royal s’installe à Saint-André. La prévôté de Saint-André-le-Désert subsiste jusqu’à la Révolution. A cette époque, le village prend le nom de Bourg-Désert.
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L’''Ecclesia Sancti-Andrea''<ref>L’église est dès son origine sous la protection de saint André apôtre, frère de saint Pierre.</ref>  est déjà mentionnée au début du Xe siècle dans une charte de l’abbaye de Cluny<ref>Rigault</ref>. Néanmoins, l’édifice actuel correspond visiblement en partie à une reconstruction romane du XIIe siècle. De cette construction, il reste aujourd’hui le transept, le clocher ainsi que l’abside et ses absidioles. La forte épaisseur des murs (plus d’1.25m) et l’usage du plein cintre soutiennent une datation assez peu tardive, mais le bel appareillage et la qualité du décor ne permettent pas de remonter avant 1150 environ<ref>Guerreau</ref>. L’église est à la collation du prieur de Saint-André.
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En 1262, la ''Parrochia Sancti-Andree de Deserto''<ref>Rigault</ref> est citée dans une charte de Cluny. L’église Saint-André en est le centre. Les dîmes de la paroisse sont partagées entre le curé, l’évêque et le seigneur de Chigy<ref>Oursel, Fiche d'inventaire départemental</ref>. Par la suite, le village et son église sont mentionnés de nombreuses fois dans divers actes, mais ce qu’il advient de l’édifice au fil des siècles est assez incertain. On sait que peu après sa construction, le clocher s’est partiellement effondré, puisque la moitié sud-est a été reconstruite<ref>On distingue deux types d’appareillage, distinction qui explique la différence de facture des chapiteaux de la travée sous clocher. - Alain Guerreau</ref>. A la fin du Moyen-Age, c’est l’étage supérieur du clocher qui est ajouté. Plus court que les autres, ses multiples baies donnent au clocher l’aspect d’une tour de guet, ce qui est vraisemblablement sa fonction à cette époque.
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En 1675, une visite pastorale fait état d’une église non-lambrissée, qui ne possède pas de chaire à prêcher<ref>Oursel</ref>. Une seconde visite, effectuée en 1746 par l’évêque de Mâcon Henri-Constance de Lort de Sérignan de Valras, décrit l’édifice plus en détail et signale deux autels, un dédié à Notre-Dame, et l’autre à saint Jean-Baptiste. En 1798, l’église est vendue comme bien national à Denis Guyonnet, habitant de la commune, pour 53 0000 livres<ref>Ibidem</ref>. En 1808, la commune est autorisée par décret à racheter l’édifice, pour 1200 francs. Tout le mobilier ancien semble alors voir disparu.
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De 1820 à 1825, la commune engage des travaux sur l’église Saint-André, afin de la rendre au culte. Ces travaux prévoient la restauration complète de l’édifice, ainsi que la construction d’un nouveau presbytère. Ils sont réalisés à partir des plans et des relevés de l’architecte Vaillant, de Mâcon. Les travaux sont adjugés à François Lorton, maçon à Saint-André-le-Désert, et coûtent au total près de 18000 francs. En 1857, quelques réparations sont effectuées sur l’édifice, en même temps que la clôture de la maison d’école. Ces travaux sont confiés à Claude Pallot, maçon de la commune.
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En 1864, le curé et la commune avancent le projet de reconstruire l’église du village. Ils souhaitent ainsi assainir et surtout agrandir leur lieu de culte, qu’ils décrivent comme insuffisant pour accueillir tous les fidèles. L’architecte Berthier visite donc l’édifice et établit un devis pour sa reconstruction, accepté en 1869. Cependant, la guerre de 1870 empêche le déroulement des travaux. Cette année-là, seules deux cloches sont achetées à Oronce Reynaud, fondeur, et viennent compléter les quelques achats de mobilier effectués au cours du siècle.
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En 1878, le projet de reconstruction de l’église est relancé, mais n’est pas entièrement concrétisé, faute de moyens. En 1885, l’architecte Adrien Pinchard, de Mâcon, dresse les plans du nouveau projet. Seule la nef est reconstruite, ce qui permet d’agrandir l’édifice, notamment grâce à l’ajout de bas-côtés. Dans les années qui suivent, une restauration intérieure générale de l’édifice est réalisée, en particulier sur les vestiges romans. Les travaux sont réceptionnés en 1889, pour un coût total de 26 000 francs, pris en charge par la Fabrique, la commune et une subvention du Ministère de l’Instruction et des Cultes.
  
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L’église est depuis régulièrement entretenue et a fait l’objet de plusieurs campagnes de restauration, notamment en 1987 pour l’intérieur.
  
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=== Description architecturale ===
 
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GLOSSAIRE : [http://www.bourgogneromane.com/glossaire.htm Bourgogne Romane]
 
GLOSSAIRE : [http://www.bourgogneromane.com/glossaire.htm Bourgogne Romane]
 
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L’église Saint-André associe un bloc oriental roman (chevet) et une construction moderne à l’ouest (nef). L’édifice suit un plan simple : nef avec bas-côtés, transept, abside et absidioles.
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Selon Alain Guerreau :
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« La partie ancienne est construite en moellons de grès, matériau local, à l’exception des voûtes des bras du transept (refaites en briques creuses) et des chapiteaux, en calcaire blanc. L’essentiel est en petit appareil, on ne trouve le moyen appareil que dans les parties structurantes (piles et arcs de la croisée, chaînages d’angle, encadrements de fenêtres, contreforts de l’abside principale). Les murs sont très épais, plus de 1,25m. Toutes les surfaces intérieures ont été grattées, faisant disparaître tout le décor ancien ; à l’extérieur subsistent quelques plaques d’enduits, en mauvais état. »
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[[Fichier:SaintAndréLeDésertPlan.jpg|thumb|left|400px|Plan de l'église Saint-André, par Alain Guerreau (©). En rouge, les parties romanes encore en place. En rose, la nef romane détruite au XIXe siècle.]]
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La façade de l’église est ouverte d’un vaste portail relativement simple, au tympan nu dont l’arc retombe sur de fines colonnes. Ce portail est encadré par deux petites fenêtres rectangulaires (sur les faces des bas-côtés) et surmonté d’un large oculus, lui-même coiffé d’une fente rectangulaire. Une petite croix de pierre domine la pointe du pignon. Le vaisseau central de la nef est éclairé par cinq oculi de chaque côté, en hauteur, tandis que les bas-côtés sont chacun ouverts par cinq larges baies plein cintre. Au sud, une petite porte d’accès est percée dans le mur du collatéral. Le transept est percé d’une baie par face, de même type que celles de la nef. Au sud, le bras du transept est en partie accolé à une construction moderne (sacristie).
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Le clocher de l’église est de plan carré. Il comporte une souche aveugle délimitée par un cordon de pierre, ainsi que trois niveaux. Sa face ouest n’est ouverte qu’au beffroi. Le premier étage est muni de baies géminées avec retombée médiane sur pilastres cannelés, à l’exception de sa face est, nue. Le deuxième niveau est ouvert par des baies géminées qui retombent cette fois-ci sur des colonnettes aux chapiteaux sculptés. Le troisième et dernier niveau, moins haut que les précédents, comporte de simples ouvertures en plein cintre (deux à l’ouest, trois à l’est, au nord et au sud) et donne au clocher l’allure d’une tour de guet. Ce dernier est couvert d’une courte pyramide à quatre pans.
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A l’est, l’abside et les absidioles viennent s’appuyer contre le transept et complètent l’édifice. L’abside est épaulée par deux contreforts plats dont la base est élargie et qui se terminent en glacis. Ces contreforts encadrent les deux larges baies plein cintre qui éclairent l’abside, similaires à celles des absidioles (une chacune). L’abside est ceinte d’une corniche à double boudin soutenue par des modillons, dont certains sont sculptés. Cette corniche supporte une toiture en laves, semblable à celle des bras du transept. Le clocher, la nef et ses collatéraux sont couverts de tuiles.
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A l’intérieur, l’église est dallée. Le vaisseau central de la nef <ref>Description de la nef romane par Alain Guerreau : « L’ancienne nef était un vaisseau unique, plafonné, un peu plus court que la nef actuelle, éclairé par trois fenêtres au nord et au sud. Le portail était sans doute encadré par deux colonnes. Le sol de l’église était environ 80cm plus bas qu'aujourd'hui. On passait de cette nef au transept par trois arcs, un grand au milieu (conservé) et deux plus petits de chaque côté (disparus). » </ref> (longue de cinq travées) est voûté d’ogives reposant sur des culots. Il communique avec les bas-côtés via de grandes arcades en plein cintre qui retombent sur des colonnes cylindriques avec chapiteaux en pierre blanche. Les collatéraux sont pour leur part plafonnées, chaque travée étant délimitée par une fine poutre transversale. A l’est, la travée sous clocher est voûtée d’un berceau plein cintre et encadrée par quatre arcs de même profil,  qui reposent sur des demies-colonnes couronnées de chapiteaux sculptés. Le grand arc repose sur des impostes décorées de deux rangs de billettes, et deux grosses encoches indiquent l’emplacement de l’ancienne poutre de gloire (décrite en 1746)<ref>Alain Guerreau</ref>. Les bras du transept sont voûtés d’arêtes, et celui au sud communique avec la sacristie. L’abside et les absidioles sont voûtées en cul-de-four. L’abside est décorée d’un ensemble de cinq arcatures qui entourent les baies et retombent sur de fines colonnes avec bases et chapiteaux sculptés. Les absidioles abritent les autels latéraux.
  
 
=== Inventaire décor et mobilier<ref>En partie réalisé grâce à la Fiche édifice de la Pastorale du Tourisme</ref>===
 
=== Inventaire décor et mobilier<ref>En partie réalisé grâce à la Fiche édifice de la Pastorale du Tourisme</ref>===
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Version actuelle datée du 28 septembre 2020 à 20:08

L’église paroissiale Saint-André est située à Saint-André-le-Désert, dans le département de la Saône-et-Loire, en Bourgogne-Franche-Comté. C'est un édifice roman dont la construction remonte au milieu du XIIe siècle. Elle est à l’époque à la collation du prieur de Saint-André-le-Désert où l’abbaye de Moustier-Saint-Jean, l’une des premières de Bourgogne, possédait alors une dépendance. De cet édifice, il ne reste aujourd’hui que le clocher, le transept, l’abside et les absidioles. Les parties romanes sont particulièrement remarquables du fait de leur décoration. L’abside est notamment ornée d’arcatures sur colonnettes avec bases et chapiteaux sculptés de grande qualité. A l’extérieur, sa corniche est ornée de modillons sculptés. Dans les siècles qui suivent sa construction, l’église ne semble pas subir de modifications majeures, et ce jusqu’au XIXe siècle. Seul le beffroi du clocher est vraisemblablement ajouté à la fin du Moyen-Age. Après la Révolution, l’église est vendue en tant que bien national. Elle est rachetée en 1808 par la commune. De 1825 à 1828, l’église est entièrement restaurée afin de pouvoir accueillir de nouveau les fidèles. Entre 1885 et 1889, le projet de son agrandissement est concrétisé. La nef est alors entièrement reconstruite. L’église a depuis été complètement restaurée.

Eglise Saint-André (©CEP)

Beschreibung der Kirche (deutsch) 1, 2, 3, 4

Description of the church (english) 1, 2, 3, 4

Adresse Au Bourg, 71220 Saint-André-le-Désert
Coordonnées GPS 46°29'41.1"N 4°31'49.0"E
Paroisse de rattachement Paroisse de Cluny Saint Benoît
Protection Monuments Historiques /

Historique

Le village de Saint-André-le-Désert est une zone de peuplement aux origines lointaines. Ainsi, des monnaies romaines remontant aux années 280 ont été retrouvées sur le territoire de la commune, aux Jean-Prost. De même, un vaste cimetière mérovingien (VIe-VIIe siècles) de plus de 200 sépultures[1] a été découvert au XIXe siècle au nord-est de Mazilly, au lieu-dit En Paradis[2]. C’est visiblement à l’époque de fonctionnement de ce cimetière qu’un prieuré de l’abbaye de Saint-Jean-Réome[3] (Moutiers-Saint-Jean, au nord-est de Semur-en-Auxois) est fondé à l’emplacement de l’église actuelle du village. Ce prieuré est situé in villa Crosiago (Crosiat, nom disparu), in agro Catgiacensi (dans le canton de Chigy). Il possède alors de nombreux domaines, notamment dans la vallée de la Grosne et dans les monts du Mâconnais[4]. A la fin du Xe siècle, la localité est désignée en tant que Vinea al Desert[5] dans une charte de l’abbaye de Cluny. A la fin du XIIe siècle, un prévôt royal s’installe à Saint-André. La prévôté de Saint-André-le-Désert subsiste jusqu’à la Révolution. A cette époque, le village prend le nom de Bourg-Désert.

L’Ecclesia Sancti-Andrea[6] est déjà mentionnée au début du Xe siècle dans une charte de l’abbaye de Cluny[7]. Néanmoins, l’édifice actuel correspond visiblement en partie à une reconstruction romane du XIIe siècle. De cette construction, il reste aujourd’hui le transept, le clocher ainsi que l’abside et ses absidioles. La forte épaisseur des murs (plus d’1.25m) et l’usage du plein cintre soutiennent une datation assez peu tardive, mais le bel appareillage et la qualité du décor ne permettent pas de remonter avant 1150 environ[8]. L’église est à la collation du prieur de Saint-André.

En 1262, la Parrochia Sancti-Andree de Deserto[9] est citée dans une charte de Cluny. L’église Saint-André en est le centre. Les dîmes de la paroisse sont partagées entre le curé, l’évêque et le seigneur de Chigy[10]. Par la suite, le village et son église sont mentionnés de nombreuses fois dans divers actes, mais ce qu’il advient de l’édifice au fil des siècles est assez incertain. On sait que peu après sa construction, le clocher s’est partiellement effondré, puisque la moitié sud-est a été reconstruite[11]. A la fin du Moyen-Age, c’est l’étage supérieur du clocher qui est ajouté. Plus court que les autres, ses multiples baies donnent au clocher l’aspect d’une tour de guet, ce qui est vraisemblablement sa fonction à cette époque.

En 1675, une visite pastorale fait état d’une église non-lambrissée, qui ne possède pas de chaire à prêcher[12]. Une seconde visite, effectuée en 1746 par l’évêque de Mâcon Henri-Constance de Lort de Sérignan de Valras, décrit l’édifice plus en détail et signale deux autels, un dédié à Notre-Dame, et l’autre à saint Jean-Baptiste. En 1798, l’église est vendue comme bien national à Denis Guyonnet, habitant de la commune, pour 53 0000 livres[13]. En 1808, la commune est autorisée par décret à racheter l’édifice, pour 1200 francs. Tout le mobilier ancien semble alors voir disparu.

De 1820 à 1825, la commune engage des travaux sur l’église Saint-André, afin de la rendre au culte. Ces travaux prévoient la restauration complète de l’édifice, ainsi que la construction d’un nouveau presbytère. Ils sont réalisés à partir des plans et des relevés de l’architecte Vaillant, de Mâcon. Les travaux sont adjugés à François Lorton, maçon à Saint-André-le-Désert, et coûtent au total près de 18000 francs. En 1857, quelques réparations sont effectuées sur l’édifice, en même temps que la clôture de la maison d’école. Ces travaux sont confiés à Claude Pallot, maçon de la commune.

En 1864, le curé et la commune avancent le projet de reconstruire l’église du village. Ils souhaitent ainsi assainir et surtout agrandir leur lieu de culte, qu’ils décrivent comme insuffisant pour accueillir tous les fidèles. L’architecte Berthier visite donc l’édifice et établit un devis pour sa reconstruction, accepté en 1869. Cependant, la guerre de 1870 empêche le déroulement des travaux. Cette année-là, seules deux cloches sont achetées à Oronce Reynaud, fondeur, et viennent compléter les quelques achats de mobilier effectués au cours du siècle.

En 1878, le projet de reconstruction de l’église est relancé, mais n’est pas entièrement concrétisé, faute de moyens. En 1885, l’architecte Adrien Pinchard, de Mâcon, dresse les plans du nouveau projet. Seule la nef est reconstruite, ce qui permet d’agrandir l’édifice, notamment grâce à l’ajout de bas-côtés. Dans les années qui suivent, une restauration intérieure générale de l’édifice est réalisée, en particulier sur les vestiges romans. Les travaux sont réceptionnés en 1889, pour un coût total de 26 000 francs, pris en charge par la Fabrique, la commune et une subvention du Ministère de l’Instruction et des Cultes.

L’église est depuis régulièrement entretenue et a fait l’objet de plusieurs campagnes de restauration, notamment en 1987 pour l’intérieur.

Description architecturale

GLOSSAIRE : Bourgogne Romane

L’église Saint-André associe un bloc oriental roman (chevet) et une construction moderne à l’ouest (nef). L’édifice suit un plan simple : nef avec bas-côtés, transept, abside et absidioles.

Selon Alain Guerreau :

« La partie ancienne est construite en moellons de grès, matériau local, à l’exception des voûtes des bras du transept (refaites en briques creuses) et des chapiteaux, en calcaire blanc. L’essentiel est en petit appareil, on ne trouve le moyen appareil que dans les parties structurantes (piles et arcs de la croisée, chaînages d’angle, encadrements de fenêtres, contreforts de l’abside principale). Les murs sont très épais, plus de 1,25m. Toutes les surfaces intérieures ont été grattées, faisant disparaître tout le décor ancien ; à l’extérieur subsistent quelques plaques d’enduits, en mauvais état. »
Plan de l'église Saint-André, par Alain Guerreau (©). En rouge, les parties romanes encore en place. En rose, la nef romane détruite au XIXe siècle.

La façade de l’église est ouverte d’un vaste portail relativement simple, au tympan nu dont l’arc retombe sur de fines colonnes. Ce portail est encadré par deux petites fenêtres rectangulaires (sur les faces des bas-côtés) et surmonté d’un large oculus, lui-même coiffé d’une fente rectangulaire. Une petite croix de pierre domine la pointe du pignon. Le vaisseau central de la nef est éclairé par cinq oculi de chaque côté, en hauteur, tandis que les bas-côtés sont chacun ouverts par cinq larges baies plein cintre. Au sud, une petite porte d’accès est percée dans le mur du collatéral. Le transept est percé d’une baie par face, de même type que celles de la nef. Au sud, le bras du transept est en partie accolé à une construction moderne (sacristie).

Le clocher de l’église est de plan carré. Il comporte une souche aveugle délimitée par un cordon de pierre, ainsi que trois niveaux. Sa face ouest n’est ouverte qu’au beffroi. Le premier étage est muni de baies géminées avec retombée médiane sur pilastres cannelés, à l’exception de sa face est, nue. Le deuxième niveau est ouvert par des baies géminées qui retombent cette fois-ci sur des colonnettes aux chapiteaux sculptés. Le troisième et dernier niveau, moins haut que les précédents, comporte de simples ouvertures en plein cintre (deux à l’ouest, trois à l’est, au nord et au sud) et donne au clocher l’allure d’une tour de guet. Ce dernier est couvert d’une courte pyramide à quatre pans.

A l’est, l’abside et les absidioles viennent s’appuyer contre le transept et complètent l’édifice. L’abside est épaulée par deux contreforts plats dont la base est élargie et qui se terminent en glacis. Ces contreforts encadrent les deux larges baies plein cintre qui éclairent l’abside, similaires à celles des absidioles (une chacune). L’abside est ceinte d’une corniche à double boudin soutenue par des modillons, dont certains sont sculptés. Cette corniche supporte une toiture en laves, semblable à celle des bras du transept. Le clocher, la nef et ses collatéraux sont couverts de tuiles.


A l’intérieur, l’église est dallée. Le vaisseau central de la nef [14] (longue de cinq travées) est voûté d’ogives reposant sur des culots. Il communique avec les bas-côtés via de grandes arcades en plein cintre qui retombent sur des colonnes cylindriques avec chapiteaux en pierre blanche. Les collatéraux sont pour leur part plafonnées, chaque travée étant délimitée par une fine poutre transversale. A l’est, la travée sous clocher est voûtée d’un berceau plein cintre et encadrée par quatre arcs de même profil, qui reposent sur des demies-colonnes couronnées de chapiteaux sculptés. Le grand arc repose sur des impostes décorées de deux rangs de billettes, et deux grosses encoches indiquent l’emplacement de l’ancienne poutre de gloire (décrite en 1746)[15]. Les bras du transept sont voûtés d’arêtes, et celui au sud communique avec la sacristie. L’abside et les absidioles sont voûtées en cul-de-four. L’abside est décorée d’un ensemble de cinq arcatures qui entourent les baies et retombent sur de fines colonnes avec bases et chapiteaux sculptés. Les absidioles abritent les autels latéraux.

Inventaire décor et mobilier[16]

  • Décor sculpté de l’abside : décor de cinq arcatures sur six colonnettes monolithes avec chapiteaux et bases sculptés (motifs végétaux et animaliers). La baie centrale est particulièrement décorée d’une bordure moulurée, et les colonnettes qui l’entourent sont ouvragées (cannelures et torsade)[17].
  • Chapiteaux sculptés de la travée sous clocher (motifs végétaux et animaliers) : celui au sud-est est en gré, les autres en calcaire blanc, de types dérivés du corinthien[18]. Des traces de peinture sont visibles sur ces chapiteaux.

On voit aussi quelques têtes humaines, des masques vomissant et des lions affrontés[19] sur certains chapiteaux.

  • Baies du clocher : baies géminées avec chapiteaux sculptés ou pilastres cannelés
  • Modillons sculptés de l’abside (la plupart sont du genre « à copeaux », deux comportent une tête animale)
  • Maître-autel en pierre : le devant est sculpté au centre d’une représentation des Pèlerins d’Emmaüs, et sur les côtés de saint Pierre (avec les clefs) et de saint Paul (avec l’épée de son martyr) .
  • Tabernacle (nef): il porte sur son tympan un bas-relief représentant deux oiseaux s’abreuvant dans une coupe et des grappes de raisin .
  • Autels latéraux en pierre (absidioles), dont celui de droite est dédié à la sainte Vierge.
  • Statues :

Notre-Dame de Lourdes (absidiole droite)

Christ (absidiole gauche)

Sainte Marguerite-Marie (gauche de la nef)

Saint Lazare (gauche de la nef)

Saint Joseph (gauche de la nef)

Jeanne d’Arc (droite de la nef)

Curé d’Ars (droite de la nef)

Saint André tenant sa croix (droite de la nef)

Marie-Madeleine en robe de pénitente, tenant un crane (droite de la nef)

Christ en Croix (nef)

Sainte Thérèse de Lisieux (mur de façade)

Vierge Marie (mur de façade)

  • Tableaux :

Christ en croix

Assomption de la Sainte Vierge

Vierge à l’Enfant (collatéral droit)

  • Cuve baptismale (abside)
  • Bénitiers en pierre sur pieds
  • Fonts baptismaux (contre le mur de façade)
  • Vitraux modernes :

-Dans l’abside centrale : au centre, le Bon Pasteur, à droite saint Pierre, et à gauche saint Jean l’Evangéliste.

-Dans l’avant-chœur : saint Jean-Baptiste, et scène de l’Annonciation

-Dans les absidioles : motifs géométriques

-Dans la nef : motifs géométriques

-Vitraux colorés des oculi, dont celui de la façade est orné d’épis de blé et de vigne.

  • Plaque de marbre en mémoire de Louis Duvernois, curé de la paroisse de 1945 à 1973
  • Confessionnal en bois (contre le mur de façade)
  • Deux cloches datant de 1870, de respectivement 800 et 500 kilos. Elles sont l’œuvre du fondeur Oronce Reynaud, de Lyon.

Rénovations / Etat

  • Rénovations :

XIXe :

1825 : restauration de l’église et construction du presbytère

1857 : travaux d’entretien

1885-1889 : construction de la nef moderne

XXe :

Travaux d’entretien

1987 : l’intérieur de l’église est entièrement rénové

XXIe :

Travaux d’entretien

  • Etat :

L’église Saint-André est en bon état général et est régulièrement entretenue et mise en valeur.

  • Classement :

/

Actualités

Des concerts sont régulièrement organisés dans l’église Saint-André.

Pour suivre l’actualité de l’édifice, se renseigner directement auprès de la mairie.

Visite

L’église est d’ordinaire ouverte aux visites.

L’édifice semble accessible aux personnes à mobilité réduite, auxquelles est également réservée une place de parking près de l’entrée principale.

Association engagée

  • L’association « Loisirs pour tous » organise toute l’année divers événements culturels sur la commune, notamment au sein de l’église.

Iconographie ancienne et récente

Carte postale ancienne. Collection privée
Carte postale ancienne. Collection privée de Monsieur Luc Denis


Crédit Photos: CEP

Plans cadastraux

Bibliographie

  • OURSEL, Raymond, Saint-André-le-Désert, revue « Images de Saône-et-Loire » n° 1, 1969, pp. 17-20.
  • RIGAULT, Jean, Dictionnaire topographique du département de la Saône-et-Loire, 2008.

Sources

  • GUERREAU, Alain, Prospectus de présentation de l’église Saint-André.
  • Oursel, Anne-Marie et Raymond, Fiche d’inventaire départemental, 1973 :

Archives départementales de la Saône-et-Loire

  • Fiche édifice de la Bourgogne Romane :

Saint-André-le-Désert

  • Fiche édifice de la Pastorale du tourisme 71 :

Eglise Saint-André

Propriétaire / Contact

Commune de Saint-André-le-Désert

03 85 59 40 96

mairie.standreledesert@wanadoo.fr

Patrimoine local et/ou folklore

Château fort privé remanié au XIXe siècle et inscrit au titre des Monuments Historiques depuis 1967.

Eglise entièrement romane datant des XIe et XIIe siècles.

Elle est classée Monument Historique depuis 1913.

Construite en 993, elle servait de chapelle au doyenné clunisien adjacent.

C’est désormais une propriété privée. Elle se visite lors des Journées du Patrimoine.

Eglise romane construite au XIIe siècle, puis remaniée par la suite.

Elle abrite un retable en bois doré du XVIIIe siècle, protégé au titre des Monuments Historiques depuis 1980.

Notes et références

  1. Fiche Wikipays de la commune, cite « Cimetières mérovingiens », de H.GAILLARD de SEMAINVILLE, 1980, pp. 54-55.
  2. Alain Guerreau, prospectus de présentation de l’église.
  3. Ibidem
  4. Ibidem
  5. Rigault, Jean, Dictionnaire topographique du département de la Saône-et-Loire, 2008.
  6. L’église est dès son origine sous la protection de saint André apôtre, frère de saint Pierre.
  7. Rigault
  8. Guerreau
  9. Rigault
  10. Oursel, Fiche d'inventaire départemental
  11. On distingue deux types d’appareillage, distinction qui explique la différence de facture des chapiteaux de la travée sous clocher. - Alain Guerreau
  12. Oursel
  13. Ibidem
  14. Description de la nef romane par Alain Guerreau : « L’ancienne nef était un vaisseau unique, plafonné, un peu plus court que la nef actuelle, éclairé par trois fenêtres au nord et au sud. Le portail était sans doute encadré par deux colonnes. Le sol de l’église était environ 80cm plus bas qu'aujourd'hui. On passait de cette nef au transept par trois arcs, un grand au milieu (conservé) et deux plus petits de chaque côté (disparus). »
  15. Alain Guerreau
  16. En partie réalisé grâce à la Fiche édifice de la Pastorale du Tourisme
  17. Alain Guerreau
  18. Ibidem
  19. Bourgogne Romane