Eglise Saint-Pierre et Saint-Paul à Chânes : Différence entre versions
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=== Historique === | === Historique === | ||
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+ | Le village de Chânes a des origines très anciennes. Son nom pourrait ainsi venir du gaulois ''Cassanos'', signifiant chêne<ref>Document de l’Académie de Mâcon.</ref>. Une autre hypothèse rapproche Chânes (Chasne, précédemment) de l’ancien mot « chasn », signifiant « fort »<ref>Document de l’APREC.</ref>. Le village de Chânes aurait donc été un lieu fortifié à une époque lointaine. Située sur les premières hauteurs du Beaujolais, la commune est traversée par l’Artois, petit affluent de la Saône. L’activité principale de la commune est de nature viticole, avec notamment une des principales usines de mise en bouteille de la région. | ||
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+ | L’église Saint-Pierre et Saint-Paul domine le bourg de Chânes. Elle est située à l’emplacement d’un édifice primitif possiblement déjà présent au IXe siècle. Celui-ci est mentionné en 950 et est à la collation du chapitre de Saint-Vincent de Mâcon. Dans la seconde moitié du Xe siècle, l’édifice primitif est vraisemblablement reconstruit. De cette nouvelle église, il ne reste aujourd’hui que la mur de façade, et une partie de la nef, remaniée par la suite. | ||
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+ | Vers 1100, l’église est de nouveau mentionnée dans une charte, sous l’appellation ''Ecclesia de Quercu''<ref>Rigault, Jean, ''Dictionnaire topographique du département de Saône-et-Loire'', « Chânes », p°146, Paris, 2008.</ref>. Vers la fin du XIe siècle, l’église est en effet rendue à Bérard<ref>Bérard de Châtillon, évêque de Mâcon de 1097 à 1123.</ref>, évêque de Mâcon, par les de Chintré<ref>Oursel, Anne-Marie et Raymond, ''Notice d’inventaire départemental'', 1972.</ref>, après avoir visiblement été usurpée à une date inconnue. C’est peut-être ce qui motive la reconstruction partielle de l’édifice, dans la première moitié du XIIe siècle, afin de réaffirmer l’autorité des chanoines sur ces terres. C’est en tout cas de cette période que datent le reste de la nef, la travée sous clocher et l’abside. | ||
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+ | Ce qu’il advient de l’église au cours des siècles suivants est encore assez flou. Certains éléments architecturaux laissent penser à un premier remaniement vers le XVe siècle, notamment le portail principal. D’autres rénovations ou reprises ont probablement lieu après cela, notamment au niveau des baies, bien plus larges qu’à l’origine. Les chapelles sont, elles, édifiées aux XVIIe et XIXe siècles. La tourelle d’escalier est de date inconnue, peut-être du XVIIe ou du XVIIIe siècle. Toujours est-il qu’au début du XIXe siècle, un rapport de l’architecte Vaillant<ref>Ibidem</ref>, de Mâcon, décrit un édifice dans un état de délabrement avancé. Il suggère alors une série de travaux urgents, notamment au niveau des toitures. Ceux-ci seront menés par l’architecte Berthier, et s’étaleront de 1847 à 1852, date à laquelle la reconstruction du clocher est terminée, à l’identique et sur les bases du clocher roman d’origine. | ||
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+ | Un projet de reconstruction de la nef est alors avancé, mais heureusement abandonné faute de moyens. En 1868, une seconde vague de travaux est nécessaire afin de réparer et solidifier la base romane du clocher, abîmée par le poids de la nouvelle construction. Au cours du XXe siècle, l’église est de nouveau plusieurs fois rénovée. Elle est désormais régulièrement entretenue et a fait l’objet d’importants travaux en 2008 et 2017. | ||
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=== Description architecturale === | === Description architecturale === | ||
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− | === Inventaire décor et mobilier === | + | L’église de Chânes suit un plan relativement simple, en forme de croix latine : une nef unique rectangulaire, une travée sous clocher encadrée par quatre arcs plein cintre et flanquée de deux chapelles, et une abside. Elle est orientée vers l’est. |
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+ | [[Fichier:ChânesEglisePlan1.jpg|thumb |left | 300px | Plan de Jean Virey, 1935.]] | ||
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+ | *'''Longueur totale :''' 23m | ||
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+ | *'''Longueur de la nef :''' 14.50m | ||
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+ | *'''Largeur de l’abside :''' 4.50m | ||
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+ | *'''Largeur de la nef :''' 6.35m | ||
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+ | La façade ouest de l’église est la partie la plus ancienne de l’édifice (Xe siècle). Il s’agit d’un mur droit sans contreforts, terminé par un haut pignon et réhaussé à l’époque moderne. Au-dessus du portail gothique avec arc en tiers-point s’ouvre une petite baie romane, reconstituée lors des rénovations de 2008<ref>Document de l’APREC.</ref> et remplaçant un ancien oculus moderne. Elle est au centre du décor roman composé de bandes et arcatures lombardes de facture ancienne, et est soulignée par une frise en dents de scie. La façade est à rapprocher de celle de l’église de Clessé ou de celle de l’abbatiale de Tournus. | ||
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+ | Les murs gouttereaux de la nef sont ouverts de deux baies plein cintre chacun, qui sont assez larges et modernes. Sur le gouttereau sud, des traces d’une porte et de baies anciennes sont encore visibles, et la corniche est supportée par des modillons nus, non-présents sur le gouttereau nord. La travée qui suit la nef montre trois parties bien distinctes : la partie romane, sous le clocher, et les deux petites chapelles rajoutées sur les côtés qui donnent à l’église sa forme de croix latine. Au-dessus des toitures des chapelles, les baies romanes (murées) qui éclairaient autrefois la travée sous clocher sont encore discernables. L’abside semi-circulaire termine l’édifice. Elle est flanquée de deux contreforts en forme de colonnes engagées à chapiteaux sculptés. Sa corniche est soutenue par des modillons nus, et des traces d’ouverture ancienne sont encore visibles. | ||
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+ | La chapelle nord est par ailleurs flanquée d’une tourelle d’escaliers circulaire, qui permet l’accès au clocher. Ce-dernier est octogonal, sur trois niveaux. Ses faces est et ouest sont plus larges que les autres, ce qui lui donne un profil transversal allongé. Si sa base est romane, la « tour » en elle-même date du XIXe siècle. Il s’agit d’un pastiche roman, vraisemblablement reproduit à l’identique de l’original, avec une flèche moderne. Son apparence le rapproche du clocher de Clessé, ou du clocher de l’eau bénite à Cluny. Le premier niveau est aveugle, seulement décoré de bandes lombardes. Le deuxième est ouvert sur ses faces est et ouest de baies géminées sur colonnettes à chapiteaux sculptés. Celles-ci sont surmontées d’une archivolte retombant elle-même sur des colonnettes à chapiteaux sculptés. Les autres faces de cet étage sont simplement ouvertes d’une baie plein cintre chacun, encadrée par de semblables colonnettes. Le troisième et dernier niveau est ouvert sur ses faces est et ouest de baies trigéminées, et de baies géminées sur ses autres faces. Elles comportent toutes le même décor de colonnettes avec chapiteaux sculptés. | ||
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+ | La nef est couverte de lauzes, tout comme la base du clocher et l’abside. Le clocher est couvert d’ardoise, tandis que la toiture de la tourelle d’escalier, des chapelles et de la sacristie est faite de tuiles. | ||
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+ | De l’intérieur de l’église se dégage une atmosphère sobre et chaleureuse. La nef, après avoir été longtemps plafonnée, a vu sa charpente être dégagée en 2008. Une passerelle d’accès au clocher a été installée, afin de remplacer la plafond disparu. A l’est, la nef se termine par un impressionnant arc triomphal plein cintre à double rouleau, retombant sur des colonnes engagées aux chapiteaux sculptés. Il mène à la travée sous clocher, en forme de rectangle allongé. Elle est voûtée d’une coupole sur trompes et encadrée par quatre arcs plein cintre. Les chapelles qui la flanquent sont ouvertes d’une large baie plein cintre chacune. La chapelle nord, dédiée à la Vierge de l’Apocalypse, est voûtée en croisée d’ogives. La chapelle sud, dédiée à saint Joseph, est voûtée d’arêtes. | ||
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+ | La travée sous clocher s’ouvre sur l’abside via un arc en plein cintre à double rouleau. Celui-ci retombe, comme l’arc triomphal, sur des colonnes avec chapiteaux sculptés. L’abside, voûtée en cul-de-four, est éclairée par trois larges baies. Elles sont encadrées par un ensemble de cinq arcatures : trois grandes au centre, deux plus petites aux extrémités. Ces arcatures reposent sur des colonnettes avec chapiteaux sculptés de motifs végétaux. A gauche de l’abside se trouve l’accès à la sacristie moderne. | ||
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+ | === Inventaire décor et mobilier<ref>Inventaire établi avec les documents de la pastorale du tourisme et de l’APREC.</ref> === | ||
+ | * Décor de la façade : bandes et arcatures lombardes assez irrégulières (dont la facture atteste de l’ancienneté de la façade) autour d’une baie romane plein cintre, soulignées par une frise en dents de scie. C’est un décor typique du premier art roman en Mâconnais. | ||
+ | * Chapiteaux romans de la travée sous clocher, XIIe siècle : de type clunisien, ils présentent des motifs végétaux | ||
+ | * Décor du clocher : chapiteaux sculptés des baies, bandes lombardes du premier niveau. | ||
+ | * Décor de la voûte de l’abside : peinture murale datée de 1873 qui représente « le Christ donnant sa mission à l’apôtre Pierre et à Saint Paul ». Réalisée par [https://fr.wikipedia.org/wiki/%C3%89douard_Krug Edouard Krug] (peintre d’origine normande installé à Mâcon en 1867). | ||
+ | * Traces de litre funéraire, sur le gouttereau sud à l’extérieur, qui comprenait notamment un écusson portant les armoiries des Damas et des La Chambre. | ||
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+ | * Maître-autel moderne, avec antependium (devant de l’autel) orné de statues : le Christ et les Evangélistes | ||
+ | * Autels des chapelles, en bois | ||
+ | * Vierge à l’Enfant en bois, sur une colonnette du XVe siècle<ref>Document de la Pastorale du tourisme</ref> avec sur le socle les symboles des quatre Evangélistes : un ange (Mathieu), un taureau (Luc), un lion (Marc), un aigle (Jean) | ||
+ | * Statues : | ||
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+ | Jeanne d’Arc et le Curé d’Ars de chaque côté de l’arc triomphal | ||
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+ | Saint Joseph, chapelle sud sur l’autel | ||
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+ | La Vierge de l’Apocalypse, chapelle nord sur l’autel | ||
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+ | Autres statues, en plâtre | ||
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+ | * Tableau du XIXe siècle, copie de la « Vierge à la grappe », par Pierre Mignard : dans la chapelle dédiée à la sainte Vierge | ||
+ | * Cloche fondue en 1689 | ||
+ | * Vitraux modernes : | ||
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+ | Dans l’abside : saint Lazare, le Bon Pasteur, saint Antoine de Padoue ; signés par [https://fr.wikipedia.org/wiki/Louis-Victor_Gesta Louis-Victor Gesta], peintre-verrier à Toulouse au XIXe siècle | ||
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+ | Dans la nef, vitraux de 1926 | ||
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+ | * Chaire à prêcher, en bois | ||
+ | * Morceau de sépulture gravé, entreposé jusqu’en 2017 dans le clocher | ||
+ | * Bénitier encastré du milieu du XIXe siècle, réalisation et don d’Antoine Perret | ||
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=== Rénovations / Etat === | === Rénovations / Etat === | ||
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+ | '''Rénovations :''' | ||
+ | * XIXe siècle : | ||
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+ | 1847-1852 : restauration générale, reconstruction du clocher, nouveau plafonnement de la nef (premier plafond en plâtre posé au XIVe siècle). | ||
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+ | 1868 : restauration des soubassements du clocher | ||
+ | * XXe siècle : | ||
+ | 1924 : reprise des couvertures | ||
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+ | Vers 1950 : plafonds restaurés. | ||
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+ | 1987 : réfection du clocher | ||
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+ | 1996 : réparation du clocheton | ||
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+ | 1999 : reprise des toitures de la chapelle sud et de la base du clocher | ||
+ | *XXIe siècle : | ||
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+ | 2002 : restauration de la peinture murale de l’abside, par Laurence Blondeaux, assistée d’Edwige Bussi et de Marine Nicolas. | ||
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+ | 2003 : restauration du tableau « La Vierge à la grappe » par Caroline Stil. | ||
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+ | 2008 : rénovation extérieure complète, plafond de la nef démonté et charpente laissée apparente, construction de la passerelle d’accès au clocher, dégagement de la baie romane de la façade. | ||
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+ | Mai- à Juillet 2017 <ref>Document de l’APREC sur les travaux de 2017.</ref>: intervention sur les toitures de la sacristie et des chapelles (charpente et couverture) ; réparation du plancher du beffroi ; vérification du système de sonnerie du glas ; reconstruction de la baie d’accès au clocher ; remplacement des ardoises du clocher, vérification du paratonnerre. | ||
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+ | '''Etat :''' | ||
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+ | L’église de Chânes est en bon état, et fait l’objet d’un soin attentif. Elle a notamment été primée en 2009 au concours « Les Rubans du Patrimoine », pour les rénovations terminées l’année précédente. | ||
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+ | La commune et l’Association pour la restauration de l’église de Chânes prévoient la restauration complète de l’édifice, estimée à plus de 796 000 euros et planifiée en plusieurs tranches. | ||
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=== Actualités === | === Actualités === | ||
+ | Pour suivre l’actualité de l’église, consulter le [http://www.chanes.fr/ site internet de la commune]. | ||
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=== Visite === | === Visite === | ||
+ | L’église est ouverte en journée, libre de visite. | ||
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+ | Elle n’est pour l’instant pas accessible aux personnes à mobilité réduite (il y a deux grosses marches pour accéder à la nef, en contrebas). | ||
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=== Association engagée === | === Association engagée === | ||
'''L’Association Pour la Restauration de l’Eglise de Chânes''' (APREC) s’occupe depuis 1995 de l’entretien, de la restauration et de la mise en valeur de l’édifice. | '''L’Association Pour la Restauration de l’Eglise de Chânes''' (APREC) s’occupe depuis 1995 de l’entretien, de la restauration et de la mise en valeur de l’édifice. | ||
− | Adresse : Mairie de Chânes, 81 montée du village, 71570 Chânes | + | '''Adresse :''' Mairie de Chânes, 81 montée du village, 71570 Chânes |
− | Mail : APREC71@gmail.com | + | '''Mail :''' APREC71@gmail.com |
=== Iconographie ancienne et récente === | === Iconographie ancienne et récente === | ||
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− | [[Fichier:ChânesCadastre actuel.jpg|thumb|center| Cadastre actuel, [https://www.cadastre.gouv.fr/scpc/accueil.do cadastre.gouv]]] | + | [[Fichier:ChânesCadastre actuel.jpg|thumb|400px|center| Cadastre actuel, [https://www.cadastre.gouv.fr/scpc/accueil.do cadastre.gouv]]] |
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=== Bibliographie === | === Bibliographie === | ||
* RIGAULT, Jean, ''Dictionnaire topographique du département de Saône-et-Loire'', Paris, 2008. | * RIGAULT, Jean, ''Dictionnaire topographique du département de Saône-et-Loire'', Paris, 2008. |
Version actuelle datée du 18 décembre 2019 à 10:08
L’église Saint-Pierre et Saint-Paul est située à Chânes, dans le département de la Saône-et-Loire, en Bourgogne-Franche-Comté. Elle se trouve sur un lieu de culte ancien. Vers 1100, une charte de Saint-Vincent de Mâcon atteste sa présence depuis déjà de nombreuses années, et confirme son statut d’église paroissiale. L’édifice actuel est en partie roman. La façade date vraisemblablement de la seconde moitié du Xe siècle, et est le vestige d’un premier édifice. Le reste de l’église date de la première moitié du XIIe siècle. Au XVe siècle, le portail est ajouté. Les chapelles formant les bras du transept sont édifiées aux XVIIe et XIXe siècles. Vers 1852, c’est le clocher qui est reconstruit. De forme octogonale, il s’agit d’un pastiche roman, reposant sur les bases de l’original. En dehors de ces additions, l’église a gardé son plan d’origine, typiquement roman : nef unique, travée sous clocher et abside. Le décor de la façade, constitué d’arcatures et bandes lombardes, est typique du premier art roman en Mâconnais. Les chapiteaux des colonnes encadrant la travée sous clocher sont également romans, du XIIe siècle, sculptés de motifs végétaux et de type clunisien. Au XIXe siècle, l’église est rénovée plusieurs fois, sans pour autant altérer grandement son architecture. C’est de cette suite de restaurations que date le décor de la voûte de l’abside. Il est réalisé par Edouard Krug en 1873 et représente le Christ confiant sa mission à saint Pierre et saint Paul.
Adresse | Le Village, 71570 Chânes |
Coordonnées GPS | 46°15'08.8"N 4°45'19.6"E |
Paroisse de rattachement | Paroisse Notre Dame des Vignes en Sud Mâconnais |
Protection Monuments Historiques |
Sommaire
- 1 Historique
- 2 Description architecturale
- 3 Inventaire décor et mobilier[8]
- 4 Rénovations / Etat
- 5 Actualités
- 6 Visite
- 7 Association engagée
- 8 Iconographie ancienne et récente
- 9 Plans cadastraux
- 10 Bibliographie
- 11 Sources
- 12 Propriétaire / Contact
- 13 Patrimoine local et/ou folklore
- 14 Notes et références
Historique
Le village de Chânes a des origines très anciennes. Son nom pourrait ainsi venir du gaulois Cassanos, signifiant chêne[1]. Une autre hypothèse rapproche Chânes (Chasne, précédemment) de l’ancien mot « chasn », signifiant « fort »[2]. Le village de Chânes aurait donc été un lieu fortifié à une époque lointaine. Située sur les premières hauteurs du Beaujolais, la commune est traversée par l’Artois, petit affluent de la Saône. L’activité principale de la commune est de nature viticole, avec notamment une des principales usines de mise en bouteille de la région.
L’église Saint-Pierre et Saint-Paul domine le bourg de Chânes. Elle est située à l’emplacement d’un édifice primitif possiblement déjà présent au IXe siècle. Celui-ci est mentionné en 950 et est à la collation du chapitre de Saint-Vincent de Mâcon. Dans la seconde moitié du Xe siècle, l’édifice primitif est vraisemblablement reconstruit. De cette nouvelle église, il ne reste aujourd’hui que la mur de façade, et une partie de la nef, remaniée par la suite.
Vers 1100, l’église est de nouveau mentionnée dans une charte, sous l’appellation Ecclesia de Quercu[3]. Vers la fin du XIe siècle, l’église est en effet rendue à Bérard[4], évêque de Mâcon, par les de Chintré[5], après avoir visiblement été usurpée à une date inconnue. C’est peut-être ce qui motive la reconstruction partielle de l’édifice, dans la première moitié du XIIe siècle, afin de réaffirmer l’autorité des chanoines sur ces terres. C’est en tout cas de cette période que datent le reste de la nef, la travée sous clocher et l’abside.
Ce qu’il advient de l’église au cours des siècles suivants est encore assez flou. Certains éléments architecturaux laissent penser à un premier remaniement vers le XVe siècle, notamment le portail principal. D’autres rénovations ou reprises ont probablement lieu après cela, notamment au niveau des baies, bien plus larges qu’à l’origine. Les chapelles sont, elles, édifiées aux XVIIe et XIXe siècles. La tourelle d’escalier est de date inconnue, peut-être du XVIIe ou du XVIIIe siècle. Toujours est-il qu’au début du XIXe siècle, un rapport de l’architecte Vaillant[6], de Mâcon, décrit un édifice dans un état de délabrement avancé. Il suggère alors une série de travaux urgents, notamment au niveau des toitures. Ceux-ci seront menés par l’architecte Berthier, et s’étaleront de 1847 à 1852, date à laquelle la reconstruction du clocher est terminée, à l’identique et sur les bases du clocher roman d’origine.
Un projet de reconstruction de la nef est alors avancé, mais heureusement abandonné faute de moyens. En 1868, une seconde vague de travaux est nécessaire afin de réparer et solidifier la base romane du clocher, abîmée par le poids de la nouvelle construction. Au cours du XXe siècle, l’église est de nouveau plusieurs fois rénovée. Elle est désormais régulièrement entretenue et a fait l’objet d’importants travaux en 2008 et 2017.
Description architecturale
GLOSSAIRE : Bourgogne Romane
L’église de Chânes suit un plan relativement simple, en forme de croix latine : une nef unique rectangulaire, une travée sous clocher encadrée par quatre arcs plein cintre et flanquée de deux chapelles, et une abside. Elle est orientée vers l’est.
- Longueur totale : 23m
- Longueur de la nef : 14.50m
- Largeur de l’abside : 4.50m
- Largeur de la nef : 6.35m
La façade ouest de l’église est la partie la plus ancienne de l’édifice (Xe siècle). Il s’agit d’un mur droit sans contreforts, terminé par un haut pignon et réhaussé à l’époque moderne. Au-dessus du portail gothique avec arc en tiers-point s’ouvre une petite baie romane, reconstituée lors des rénovations de 2008[7] et remplaçant un ancien oculus moderne. Elle est au centre du décor roman composé de bandes et arcatures lombardes de facture ancienne, et est soulignée par une frise en dents de scie. La façade est à rapprocher de celle de l’église de Clessé ou de celle de l’abbatiale de Tournus.
Les murs gouttereaux de la nef sont ouverts de deux baies plein cintre chacun, qui sont assez larges et modernes. Sur le gouttereau sud, des traces d’une porte et de baies anciennes sont encore visibles, et la corniche est supportée par des modillons nus, non-présents sur le gouttereau nord. La travée qui suit la nef montre trois parties bien distinctes : la partie romane, sous le clocher, et les deux petites chapelles rajoutées sur les côtés qui donnent à l’église sa forme de croix latine. Au-dessus des toitures des chapelles, les baies romanes (murées) qui éclairaient autrefois la travée sous clocher sont encore discernables. L’abside semi-circulaire termine l’édifice. Elle est flanquée de deux contreforts en forme de colonnes engagées à chapiteaux sculptés. Sa corniche est soutenue par des modillons nus, et des traces d’ouverture ancienne sont encore visibles.
La chapelle nord est par ailleurs flanquée d’une tourelle d’escaliers circulaire, qui permet l’accès au clocher. Ce-dernier est octogonal, sur trois niveaux. Ses faces est et ouest sont plus larges que les autres, ce qui lui donne un profil transversal allongé. Si sa base est romane, la « tour » en elle-même date du XIXe siècle. Il s’agit d’un pastiche roman, vraisemblablement reproduit à l’identique de l’original, avec une flèche moderne. Son apparence le rapproche du clocher de Clessé, ou du clocher de l’eau bénite à Cluny. Le premier niveau est aveugle, seulement décoré de bandes lombardes. Le deuxième est ouvert sur ses faces est et ouest de baies géminées sur colonnettes à chapiteaux sculptés. Celles-ci sont surmontées d’une archivolte retombant elle-même sur des colonnettes à chapiteaux sculptés. Les autres faces de cet étage sont simplement ouvertes d’une baie plein cintre chacun, encadrée par de semblables colonnettes. Le troisième et dernier niveau est ouvert sur ses faces est et ouest de baies trigéminées, et de baies géminées sur ses autres faces. Elles comportent toutes le même décor de colonnettes avec chapiteaux sculptés.
La nef est couverte de lauzes, tout comme la base du clocher et l’abside. Le clocher est couvert d’ardoise, tandis que la toiture de la tourelle d’escalier, des chapelles et de la sacristie est faite de tuiles.
De l’intérieur de l’église se dégage une atmosphère sobre et chaleureuse. La nef, après avoir été longtemps plafonnée, a vu sa charpente être dégagée en 2008. Une passerelle d’accès au clocher a été installée, afin de remplacer la plafond disparu. A l’est, la nef se termine par un impressionnant arc triomphal plein cintre à double rouleau, retombant sur des colonnes engagées aux chapiteaux sculptés. Il mène à la travée sous clocher, en forme de rectangle allongé. Elle est voûtée d’une coupole sur trompes et encadrée par quatre arcs plein cintre. Les chapelles qui la flanquent sont ouvertes d’une large baie plein cintre chacune. La chapelle nord, dédiée à la Vierge de l’Apocalypse, est voûtée en croisée d’ogives. La chapelle sud, dédiée à saint Joseph, est voûtée d’arêtes.
La travée sous clocher s’ouvre sur l’abside via un arc en plein cintre à double rouleau. Celui-ci retombe, comme l’arc triomphal, sur des colonnes avec chapiteaux sculptés. L’abside, voûtée en cul-de-four, est éclairée par trois larges baies. Elles sont encadrées par un ensemble de cinq arcatures : trois grandes au centre, deux plus petites aux extrémités. Ces arcatures reposent sur des colonnettes avec chapiteaux sculptés de motifs végétaux. A gauche de l’abside se trouve l’accès à la sacristie moderne.
Inventaire décor et mobilier[8]
- Décor de la façade : bandes et arcatures lombardes assez irrégulières (dont la facture atteste de l’ancienneté de la façade) autour d’une baie romane plein cintre, soulignées par une frise en dents de scie. C’est un décor typique du premier art roman en Mâconnais.
- Chapiteaux romans de la travée sous clocher, XIIe siècle : de type clunisien, ils présentent des motifs végétaux
- Décor du clocher : chapiteaux sculptés des baies, bandes lombardes du premier niveau.
- Décor de la voûte de l’abside : peinture murale datée de 1873 qui représente « le Christ donnant sa mission à l’apôtre Pierre et à Saint Paul ». Réalisée par Edouard Krug (peintre d’origine normande installé à Mâcon en 1867).
- Traces de litre funéraire, sur le gouttereau sud à l’extérieur, qui comprenait notamment un écusson portant les armoiries des Damas et des La Chambre.
- Maître-autel moderne, avec antependium (devant de l’autel) orné de statues : le Christ et les Evangélistes
- Autels des chapelles, en bois
- Vierge à l’Enfant en bois, sur une colonnette du XVe siècle[9] avec sur le socle les symboles des quatre Evangélistes : un ange (Mathieu), un taureau (Luc), un lion (Marc), un aigle (Jean)
- Statues :
Jeanne d’Arc et le Curé d’Ars de chaque côté de l’arc triomphal
Saint Joseph, chapelle sud sur l’autel
La Vierge de l’Apocalypse, chapelle nord sur l’autel
Autres statues, en plâtre
- Tableau du XIXe siècle, copie de la « Vierge à la grappe », par Pierre Mignard : dans la chapelle dédiée à la sainte Vierge
- Cloche fondue en 1689
- Vitraux modernes :
Dans l’abside : saint Lazare, le Bon Pasteur, saint Antoine de Padoue ; signés par Louis-Victor Gesta, peintre-verrier à Toulouse au XIXe siècle
Dans la nef, vitraux de 1926
- Chaire à prêcher, en bois
- Morceau de sépulture gravé, entreposé jusqu’en 2017 dans le clocher
- Bénitier encastré du milieu du XIXe siècle, réalisation et don d’Antoine Perret
Rénovations / Etat
Rénovations :
- XIXe siècle :
1847-1852 : restauration générale, reconstruction du clocher, nouveau plafonnement de la nef (premier plafond en plâtre posé au XIVe siècle).
1868 : restauration des soubassements du clocher
- XXe siècle :
1924 : reprise des couvertures
Vers 1950 : plafonds restaurés.
1987 : réfection du clocher
1996 : réparation du clocheton
1999 : reprise des toitures de la chapelle sud et de la base du clocher
- XXIe siècle :
2002 : restauration de la peinture murale de l’abside, par Laurence Blondeaux, assistée d’Edwige Bussi et de Marine Nicolas.
2003 : restauration du tableau « La Vierge à la grappe » par Caroline Stil.
2008 : rénovation extérieure complète, plafond de la nef démonté et charpente laissée apparente, construction de la passerelle d’accès au clocher, dégagement de la baie romane de la façade.
Mai- à Juillet 2017 [10]: intervention sur les toitures de la sacristie et des chapelles (charpente et couverture) ; réparation du plancher du beffroi ; vérification du système de sonnerie du glas ; reconstruction de la baie d’accès au clocher ; remplacement des ardoises du clocher, vérification du paratonnerre.
Etat :
L’église de Chânes est en bon état, et fait l’objet d’un soin attentif. Elle a notamment été primée en 2009 au concours « Les Rubans du Patrimoine », pour les rénovations terminées l’année précédente.
La commune et l’Association pour la restauration de l’église de Chânes prévoient la restauration complète de l’édifice, estimée à plus de 796 000 euros et planifiée en plusieurs tranches.
Actualités
Pour suivre l’actualité de l’église, consulter le site internet de la commune.
Visite
L’église est ouverte en journée, libre de visite.
Elle n’est pour l’instant pas accessible aux personnes à mobilité réduite (il y a deux grosses marches pour accéder à la nef, en contrebas).
Association engagée
L’Association Pour la Restauration de l’Eglise de Chânes (APREC) s’occupe depuis 1995 de l’entretien, de la restauration et de la mise en valeur de l’édifice.
Adresse : Mairie de Chânes, 81 montée du village, 71570 Chânes
Mail : APREC71@gmail.com
Iconographie ancienne et récente
Crédit Photos: CEP
Plans cadastraux
Bibliographie
- RIGAULT, Jean, Dictionnaire topographique du département de Saône-et-Loire, Paris, 2008.
- VIREY, Jean, Les églises romanes de l’ancien diocèse de Mâcon, Protat, Dijon, 1935.
Sources
- Fiche édifice, Pastorale du tourisme 71 :
- Fiche édifice, Bourgogne romane :
- Oursel, Anne-Marie et Raymond, Fiche d’inventaire départemental :
Archives départementales de Saône-et-Loire
- Fiche édifice, Académie de Mâcon, pôle art roman :
- Documents de l’APREC (Association Pour la Restauration de l'Eglise de Chânes) :
-Descriptif des travaux menés de Mai à Juillet 2017
-Document de présentation de l’église
Propriétaire / Contact
Commune de Chânes
03 85 37 12 36
mairie.chanes@wanadoo.fr
Patrimoine local et/ou folklore
- Le Vieux château de Chânes se trouve tout à côté de l’église. Un premier édifice est probablement bâti au Xe siècle, afin d’accueillir une dépendance de Cluny. Il ne reste aujourd’hui que deux corps de logis du XVIIe siècle, avec une tour carrée à clochetons.
- En bas du village se trouve un beau pressoir auprès duquel a été aménagé un espace pique-nique.
Notes et références
- ↑ Document de l’Académie de Mâcon.
- ↑ Document de l’APREC.
- ↑ Rigault, Jean, Dictionnaire topographique du département de Saône-et-Loire, « Chânes », p°146, Paris, 2008.
- ↑ Bérard de Châtillon, évêque de Mâcon de 1097 à 1123.
- ↑ Oursel, Anne-Marie et Raymond, Notice d’inventaire départemental, 1972.
- ↑ Ibidem
- ↑ Document de l’APREC.
- ↑ Inventaire établi avec les documents de la pastorale du tourisme et de l’APREC.
- ↑ Document de la Pastorale du tourisme
- ↑ Document de l’APREC sur les travaux de 2017.