Eglise Saint-Antoine à Laizé : Différence entre versions
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Version du 18 décembre 2019 à 10:01
L’église Saint-Antoine à Laizé, anciennement Saint-Sulpice, est située dans le département de la Saône-et-Loire en Bourgogne-Franche-Comté. C’est une église paroissiale romane qui est le résultat de constructions successives, dont témoignent aujourd’hui les styles très différents visibles à l’intérieur comme à l’extérieur de l’édifice. Les parties les plus anciennes de l’église sont l’abside et le clocher, qui dateraient d’avant 1030. La construction du clocher directement au-dessus de l’abside en fait une exception régionale, et ce caractère singulier est renforcé par l’étage supérieur transformé en galerie d’observation au XVe siècle. Le reste de l’édifice pourrait dater de la seconde moitié du XIe siècle ou du XIIe, mais a été fortement remanié aux XVe, XVIIIe et XIXe siècles, lui donnant ainsi son apparence néo-classique. Les premières phases de construction pourraient être imputées à l’instabilité du territoire à l’époque romane, lors de laquelle la noblesse locale et le clergé se disputent les lieux. L’église est ainsi rattachée au Xe siècle au doyenné clunisien installé dans le village. A l’intérieur, les stalles gothiques en bois situées sur les côtés du chœur sont classées, tout comme le bénitier roman se trouvant à l’entrée de l’église. L'édifice est lui-même inscrit au titre des Monuments Historiques depuis 1926.
Adresse | Rue de l’église, 71870 Laizé |
Coordonnées GPS | 46°23'42.3"N 4°48'18.6"E |
Paroisse de rattachement | Paroisse Saint-Vincent-de-Paul |
Protection Monuments Historiques | Inscrite en 1926 |
Sommaire
- 1 Historique
- 2 Description architecturale
- 3 Inventaire décor et mobilier[10]
- 4 Rénovations [12] / Etat
- 5 Actualités
- 6 Visites
- 7 Association engagée
- 8 Iconographie ancienne et récente
- 9 Plans cadastraux
- 10 Bibliographie
- 11 Sources
- 12 Propriétaire / Contact
- 13 Patrimoine local et/ou folklore
- 14 Notes et références
Historique
L’ancienneté de la zone de peuplement correspondant à Laizé est attestée par la présence de nombreux vestiges gallo-romains : ateliers de sidérurgistes, fours de potiers, restes de constructions, inscription funéraire du deuxième siècle[1]. Par ailleurs, l’ancienne voie romaine reliant Mâcon à Autun traverse le village selon un axe sud-nord. Laizé est mentionné pour la première fois sous le nom de villa Lasiaco[2] vers 920 dans une charte de Cluny (C138) : l’abbaye reçoit à ce moment-là une partie du clos. L’église Saint-Antoine, alors sous le vocable de Saint-Sulpice, est également mentionnée dans une charte (C768), comme partie intégrante d’un ensemble de 10 manses et de 13 serfs donné par le comte Létaud de Mâcon à l’abbé Odilon en 950. Du milieu du Xe siècle jusqu’au début du XIe se succèdent ensuite les chartes, montrant ainsi l’importance du lieu et la convoitise qu’il suscite. Elles rendent compte de dons successifs du même domaine à l’abbé Odilon. Ces terres sont alors vraisemblablement usurpées plusieurs fois et récupérées par l’abbé, qui tente d’en faire un ensemble fort et pérenne.
L’historique de l’église est comme souvent assez incertain. Si les analyses archéologiques permettent de faire remonter l’abside et le clocher à la fin du Xe siècle ou au tout début du XIe, les reprises successives de l’architecture laissent penser que le village a connu de nombreuses péripéties à cette époque. Au Xe siècle, Cluny installe à Laizé un doyenné, qui prend par la suite une grande importance au sein de son organisation. L’église serait alors construite sur l’emplacement d’un édifice antérieur. Située sur la pente nord-ouest d’un éperon calcaire près de la Mouge, l’église est de ce fait orientée au sud-est[3]. Le doyenné se trouve quant à lui à 80 mètres à l’est de cet emplacement. Les moines demeurent à Laizé pendant plusieurs siècles, et laissent leur empreinte sur le paysage local, notamment avec le Château de la Tour et son tinailler. L’église quant à elle continue d’être celle du village, tout en étant liée au doyenné.
C’est probablement ce lien qui motive la profonde réfection de l’église au XVe siècle. Laizé vit alors une période quelque peu chaotique, comme en témoigne en 1471 l’incendie du château et des autres bâtiments du doyenné[4]. Il se peut que l’église ait elle aussi été endommagée à ce moment-là. Toujours est-il que de grands travaux sont entrepris, notamment au niveau du clocher, qui est fortifié avec l’ajout d’une galerie d’observation au beffroi. Il semble donc qu’une menace réelle plane sur le village et sa population, qui a besoin de pouvoir organiser sa défense. C’est peut-être à ce moment-là que l’église prend le vocable de Saint-Antoine[5]. C’est en tout cas ce qu’avance Monseigneur Rameau[6], qui identifie le premier curé de l’église sous le nom de Guillaume Nobelot, en 1454.
En 1675 et 1693, l’église est visitée par l’archiprêtre de Vérizet[7], qui dresse un constat assez mitigé du bâtiment, qui n’est alors pas dans un état catastrophique, mais qui ne possède pas non plus d’ornements ni de traits remarquables. Aux XVIe et XVIIe siècles, seul le mobilier et les cloches semblent avoir évolué. En 1750, le hourd du clocher est mis en place, puis rénové en 1832[8]. Le XIXe siècle est beaucoup plus riche en rénovations. Le constat alarmant de l’architecte Fleury Falconnet de Lyon présente en 1834 une église « dans un état déplorable », « une des plus pitoyables églises du département ». Ce jugement entraîne alors une vague de rénovations et de modifications importantes dans les années 1840. Au début du XXe siècle, seules la charpente (1912) et la couverture (1913) de l’église nécessitent restauration, ainsi que le clocher (1928). Depuis les années 70, l’église Saint-Antoine est fréquemment rénovée et entretenue par la commune et l’association en charge de sa sauvegarde.
Description architecturale
GLOSSAIRE : Bourgogne Romane
L’architecture de l’église Saint-Antoine est pleine d’incohérences, tant au niveau de son plan que dans l’exécution du bâti. Si elle est pleinement intégrée dans le paysage roman mâconnais, il en ressort tout de même une singularité indéniable. Selon Alain Guerreau, les nombreuses bizarreries de l’édifice pourraient être imputées aux luttes de pouvoir pour la possession des terres environnantes, qui créent à cette époque une instabilité certaine. Son architecture est donc le fruit de multiples ajouts au fil des siècles. En revanche, son orientation originale au sud-est n’est probablement qu’une conséquence directe de la topographie des lieux.
L’église Saint-Antoine est à l’origine composée d’une nef unique, d’une travée de chœur et d’une abside voûtée d’une coupole sur trompes et surmontée d’un clocher fortifié.
La nef, d’abord non plafonnée, a été agrandie du côté nord par l’ajout d’un bas-côté au XIXe siècle, afin d’accommoder la population grandissante de fidèles. La nef est partagée en trois vaisseaux par quatre colonnes en pierre de Saint-Martin-Belle-Roche (deux de chaque côté), introduites à cette époque. Le mur gouttereau sud comporte aujourd’hui encore sa structure d’origine, où l’on distingue une adjonction probablement romane. Il est flanqué de contreforts massifs modernes, dans la continuité de la sacristie ajoutée fin XIXe. Deux grandes fenêtres sont ajoutées au XIXe siècle de chaque côté nord et sud. Le chœur accueille le maître-autel depuis le XVIIIe siècle (il était auparavant dans l’abside) et est surélevé d’une marche par rapport à la nef, sur laquelle il s’ouvre par un arc triomphal en plein cintre porté par deux colonnes. Il est séparé de l’abside depuis le XVIIIe siècle par une cloison en bois sur laquelle est adossé le maître-autel.
L’abside est donc à l’intérieur cachée derrière d’imposantes boiseries, flanquées de stalles gothiques sculptées placées le long des murs nord et sud de la travée de chœur (elles sont classées aux Monuments Historiques en 1903). On accède à l’abside par une porte à droite de l’autel, qui donne sur l’ouverture en arc brisé. On y trouve une voûte en coupole sur trompes qui permet de supporter le clocher, directement bâti au-dessus. A l’extérieur, l’abside est couverte d’un toit en laves. Elle est décorée d’arcatures lombardes dont les retombées sont sculptées de têtes humaines. Ces bandes entourent trois petites baies romanes en plein cintre, très étroites, étroites à l’extérieur mais fortement ébrasées à l’intérieur.
Avant son plafonnement, la nef devait par ailleurs être éclairée par une série de petites fenêtres, qui subsistent encore aujourd’hui mais donnent désormais sur les combles. Au-dessus du portail principal (ajouté tardivement au XVIIIe siècle), trois fenêtres sont percées, deux au même niveau et de même taille, une plus importante et un peu surélevée. Sur la façade opposée, deux fenêtres sont visibles, une ouverte au niveau supérieur, et une autre bouchée, à un niveau intermédiaire, accolée à une porte donnant sur le clocher. Il s’agit là probablement de l’accès du doyenné, notamment grâce à un petit escalier latéral menant à l’étage du clocher où se trouve l’ouverture.
Le clocher est fin, de plan carré. Sa position, directement au-dessus de l’abside, en fait le seul exemple de cette configuration dans toute la région[9]. Il est encastré dans le pignon de l’église, et est composé de quatre niveaux. Les deux premiers sont aveugles, décorés de bandes lombardes. Le troisième est percé de baies géminées avec colonnettes, et décoré de bandes lombardes. Le beffroi est la partie fortifiée du clocher. Il s’agit d’un étage surélevé composé d’une galerie en bois supportée par un hourd. Cette galerie d’observation est surmontée d’une flèche en bois à huit pans. En 2014, la toiture a été refaite en essentes de bois, fendues artisanalement, et a ainsi retrouvé l’apparence qu’elle avait avant le XXe siècle.
Plans ©CEP
Toute utilisation des plans à titre de documentation ou de restauration de l'édifice est autorisée. Toute autre utilisation à titre commercial ou à titre de publication est soumise à l'autorisation stricte du CEP, agissant comme maître d'ouvrage et propriétaire des droits.
Inventaire décor et mobilier[10]
- Arcatures lombardes du clocher et de l’abside
- Modillons de l’abside, sculptés de têtes humaines
- Bénitier roman du XIIe siècle, près du portail principal, décoré de guirlandes d’oves et sur pilastre cannelé; classé en 1903
- Autre bénitier en marbre foncé (possiblement du XVIIIe siècle)
- Cuve baptismale en calcaire blanc (marbre), sur pied octogonal, à droite en entrant par le portail principal (probablement du XVIe ou XVIIe siècle)
- Christ en croix (bois clair) au-dessus du maître-hôtel
- Statues en plâtre polychrome
Quatre Evangélistes dans le chœur (posés sur le dessus des stalles)
Le Sacré-Cœur et Notre-Dame de Lourdes (autels latéraux)
Saint-Antoine l’ermite (saint patron de l’église), Saint-Joseph, Sainte-Thérèse de Lisieux, le Curé d’Ars, Saint-Jean-Baptiste baptisant le Christ, Sainte-Anne (patronne de Blany) avec Marie enfant
- Stalles gothiques en bois de chêne, dans le chœur, XVe (arrivées au XVIIIe selon la légende) : sculptées de miséricordes avec têtes d’hommes et d’animaux et motifs floraux. Classées en 1903, elles seraient arrivées de Cluny au XVIIIe siècle
- Peintures murales de l’abside, des XVIe et XVIIe siècles
- Cloche refondue et baptisée en 1850, 500kg (refonte d’une cloche précédente de 387.5kg, elle-même remplaçant quatre petites cloches présentes au 17e)[11]
- Colonnes en pierre de Saint-Martin-Belle-Roche
- Chaire en bois du XIXe sans couronnement (restaurée récemment)
- Pierres tombales visibles dans le dallage à l’avant de la nef, dont une avec l’inscription : « Michel Rolet notaire royal décédé en 1747 »
- Lustres modernes en fer forgé, reproduction d’un modèle du XVIIIe
Rénovations [12] / Etat
- XVe : fortification du clocher, fermeture de l’abside
- XVIIIe : stalles gothiques installées, transformation du chœur en sanctuaire, porte principale ouverte
- 1832 : réfection du clocher
- 1840 : élargissement de la nef côté Nord, nombreux remaniements qui donne un aspect néo-classique à l’église
- 1871 : restauration du hourd du clocher
- 1879 : construction d’une sacristie côté Sud
- 1928 : réparation du clocher : couverture en ardoise, car les essentes coupées mécaniquement n’ont pas résisté[13]
- 1988-1990: restauration générale, œuvre de la mairie (propriétaire) pour l’extérieur, et de l’Association Saint-Antoine de Laizé-Blany pour l’intérieur : réouverture des baies romanes découvertes dans le mur sud de la nef
- 2011 : restauration de l’abside : rénovation de la coupole sur trompes et des fresques, pose de dalles au sol
- 2012-2014 : réparation du clocher suite à une tempête qui l’a endommagé : rétablissement du toit en essentes de bois, fendues artisanalement (après 100 ans de toiture en ardoise) ; rénovation de la charpente
L’église est en bon état général, régulièrement entretenue et mise en valeur.
Actualités
L’émission Des Racines et Des Ailes sur France 3 a consacré une émission à la Bourgogne, dans laquelle figure l’église de Laizé, diffusée le 21 Février 2018. Elle s’intitule « Mon village en Bourgogne » et est accessible sur Youtube
Visites
L’église est ouverte tous les jours d’avril à octobre, et pour les Journées du Patrimoine.
Le reste de l’année, elle peut se visiter sur rendez-vous, à prendre auprès de la mairie.
L’église est accessible aux personnes à mobilité réduite, l’entrée se faisant par la porte latérale.
Association engagée
L’association Saint-Antoine de Laizé-Blany s’occupe de la sauvegarde et de la mise en valeur de l’église.
Iconographie ancienne et récente
Crédit Photos: CEP
Plans cadastraux
Bibliographie
- BAUDRAS-CHARDIGNY, Albert, Histoire de l’église de Laizé, Association Saint-Antoine de Laizé-Blany, 2007.
- CAYOT, Fabrice, « La fortification des églises romanes en Bourgogne », In : Chastels et maisons fortes III, Actes des Journées d’études de Castellologie de Bourgogne (2008-2009), CECAB, 2010.
- GUERREAU, Alain, Notes d’observation sur l’église de Laizé, 2017, 4p.
- MAGIEN, Emile, Les églises romanes de la Bourgogne du Sud, Lescuyer, Lyon, 1979, 31p.
- SAPIN, Christian, Bourgogne Romane, Dijon, Faton, 2006, 311p.
- STEEVES, Monique, L’église Saint-Antoine de Laizé et son bien curieux clocher, Association Saint-Antoine-Blany.
- VIREY, Jean, Les églises romanes de l’ancien diocèse de Mâcon-Cluny et sa région, Mâcon, Protat, 1935, 474p
- Fiche édifice du Pôle Art Roman de l’Académie de Mâcon
Sources
- Mgr Rameau, Les paroisses de l’ancien diocèse de Mâcon, Académie de Mâcon, 1900.
- Oursel, Anne-Marie, « Fiche d’inventaire départemental », 1976 (Archives départementales de Saône-et-Loire)
- Fiche édifice de la Pastorale du Tourisme
- Bourgogne Romane, Fiche édifice sur Laizé
- Mairie, Présentation de l'église Saint-Antoine
- Plans réalisés par les étudiants Hongrois accueillis en 2017 au C.E.P de Saint-Christophe-en-Brionnais,
- Documentaire de France 3, émission Des Racines et Des Ailes, 2018: Lien Youtube
- Cadastre actuel
Propriétaire / Contact
Commune de Laizé
03 85 36 91 53
mairie.laize@wanadoo.fr
Patrimoine local et/ou folklore
- Château de Laizé / Doyenné
- Château de Blany
- Sur la commune: fours à pain, colombier, lavoirs…
Notes et références
- ↑ Guerreau, Alain, Notes d’observation sur l’église de Laizé, 2017.
- ↑ La forme la plus proche du nom actuel, Laisey, apparaît en 1435.
- ↑ Guerreau
- ↑ Fascicule de la mairie
- ↑ Oursel, Anne-Marie et Raymond, Fiche d’inventaire départemental : rapport des propos de Mgr Rameau
- ↑ Rameau, Les paroisses de l’ancien diocèse de Mâcon
- ↑ Oursel
- ↑ Fascicule de présentation (basé sur rapport de datation des bois du clocher, remis en 2014)
- ↑ Guerreau
- ↑ Inventaire réalisé à partir des documents de l'Académie de Mâcon,de l'association, de la pastorale du tourisme, d'Oursel et de Guerreau
- ↑ Fascicule de l'association
- ↑ Liste en majorité tirée de l'inventaire d'Oursel
- ↑ Fascicule de l'association