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Eglise Saint-Donat à Saint-Point

3 octets supprimés, 10 décembre 2019 à 16:36
Historique
=== Historique ===
Le village de [[Saint-Point]] s’étend sur une zone déjà habitée à l’époque gallo-romaine. Des pièces de monnaies de cette époque ont notamment été retrouvées sur le territoire de la commune. La première mention de la localité n’est cependant faite que vers 939, dans la charte 505 de l’abbaye de Cluny : ''In pago Matisconensi, in agro Ticiacense, in villa Sancti-Poncii''<ref>Rigault, Jean, ''Dictionnaire topographique du département de la Saône-et-Loire'', 2008.</ref>. Le toponyme de Saint-Point n’est cité de la sorte qu’en 1478. Il est alors définitivement adopté, à l’exception d’un bref changement lors de la période révolutionnaire (Mont-Brillant, puis Point). Le village tient son nom de saint Ponce, diacre de l’évêque saint Cyprien, évêque de Carthage saint Cyprien au IIIe siècle. La commune de Saint-Point offre des paysages variés (vallée, bocages, forêts…). Son activité principale est l’élevage, avec une vingtaine d’exploitations<ref>Site de la mairie.</ref> éparpillées autour du bourg.
A l’écart du bourg, l’église Saint-Donat domine le reste du village. Bien qu’elle soit d’ordinaire (mais sans preuve concrète) datée du XIe ou XIIe siècle, son architecture suggère cependant une construction plus fragmentée, et des racines plus anciennes. Au début du Xe siècle, la mention du village sous le nom de ''Sancti-Poncii'' suggère la présence d’un premier édifice cultuel placé sous le patronage de Saint-Ponce, qui aurait donné son toponyme au lieu. A cette époque, une place forte est vraisemblablement déjà présente à l’emplacement du château actuel de Saint-Point. En parallèle, on sait que les moines de Cluny ont dès cette époque des possessions sur le territoire de la commune, et qu’au XIe siècle, Saint-Point devient une obédience clunisienne<ref>Virey, Jean, Les églises romanes de l’ancien diocèse de Mâcon. Il cite également le travail de Léonce Lex.</ref>.
Il est donc probable que dès le Xe siècle (voire la fin du IXe siècle), cette église primitive ait été soit construite afin de servir à la fois de chapelle castrale, et à la fois de lieu de culte pour les villageois. Avec l’augmentation de la population et l’implication des moines, on peut penser que l’église est devenue le centre de la paroisse à partir du XIe ou le XIIe siècle, tout en gardant ses fonctions de chapelle castrale. Elle est dès lors à la collation de l’évêque de Mâcon. Forte de ce nouveau statut, l’église connaît alors probablement une première phase de restauration ou de remaniement.
Plusieurs indices architecturaux suggèrent qu’il ne s’agirait bien là que d’une restauration et non d’une constructionreconstruction, les bases architecturales de l’édifice primitif étant conservées. Tout d’abord, la structure même de l’église rappelle les constructions de l’époque carolingienne et appuie une datation du Xe siècle au plus tard : petite nef rectangulaire avec collatéraux de même niveau que délimitent de grosses piles rectangulaires. Ces-dernières n’ont pas d’utilité concrète, puisque l’édifice ne semble pas avoir été voûté, et sont un exemple unique dans la région<ref>En 1898, Léonce Lex s’interroge quant à leur utilité et ne trouve pas de raison architecturale à leur présence.</ref>. Elles rappellent cependant l’église de [http://www.bourgogneromane.com/edifices/perrecy.htm Perrecy-les-Forges] (toutefois bien plus vaste) ainsi que l’église Saint-Nazaire à [http://www.bourgogneromane.com/edifices/bourbonlancy.htm Bourbon-Lancy].
Par ailleurs, la forte épaisseur des murs (notamment au niveau de l’abside) et la présence d’opus d’''opus spicatum '' (appareil en épi) dans la maçonnerie suggèrent également une construction à la jonction entre les structures carolingiennes et le premier art roman. Le décor d’arcatures en partie coupé de l’abside rappelle également les ornements des édifices de cette période. Ainsi, les trois dernières travées de la nef, le transept et les absides et absidioles pourraient bien faire partie de l’édifice du Xe siècle.
Le clocher, de style roman, semble cependant postérieur. Il pourrait appartenir aux restaurations et remaniements qui sont vraisemblablement menés au XIe ou XIIe siècle, lorsque l’église devient paroissiale. Les deux niveaux de la tour semblent avoir été construits séparément. Le niveau inférieur est très simple, sans style particulier. L’étage supérieur est cependant plus abouti et démontre une forte influence brionnaise. Selon Jean Virey, la pyramide en pierre daterait plutôt du XIIIe siècle.
A la fin du Moyen Age, la chapelle qui se trouve au sud du transept est construite. Elle est dédiée à sainte Catherine et sert de chapelle seigneuriale. A l’époque, elle possède son propre autel. En dessous du dallage, un caveau accueille les sépultures des seigneurs des lieux. Lors de sa fondation, elle est vraisemblablement richement décorée, comme le suggèrent les vestiges de peintures murales et de litres funéraires qui subsistent encore aujourd’hui, et sur lesquels on distingue encore les armoiries des familles seigneuriales locales. En 1675, une visite pastorale fait mention de cette chapelle, des messes qui y sont fondées et de leurs revenus<ref>Pour la transcription de cette visite, voir l’ouvrage de Léonce Lex.</ref>. Cette visite fait également état des absidioles et des chapelles qu’elles abritent. Au nord, l’autel est dédié à saint Jean. Au sud, la chapelle est dédiée à Notre-Dame-de-Pitié<ref>Aujourd’hui : au sud, chapelle de la Sainte-Vierge ; au nord, chapelle de saint Amable.</ref>. C’est peut-être également au XVIIe siècle que l’église change de vocable, pour passer sous le patronat de saint Donat<ref>Virey</ref>.
En 1746, une visite de l’évêque apporte de nouveau quelques informations sur l’édifice, notamment le fait qu’elle ne comporte pas de sacristie et n’a qu’une chapelle en dehors des absidioles (celle dédiée à sainte Catherine). Un projet de réparation de l’édifice est établi<ref>Sauteur</ref>. De 1760 à 1765, une vaste restauration de l’église est donc entreprise. Elle prévoit : la reprise du beffroi, une restauration intérieure globale (le chœur notamment, auquel on ajoute un décor stuqué qui a depuis disparu, mais aussi les piliers de la nef qui sont renforcés), la reprise de la façade (ancienne) et de la porte latérale, et probablement l’élargissement des fenêtres de l’édifice, toutes similaires. Ces travaux sont financés par Claude-Gabriel-Amédée de Rochefort d’Ally, marquis de StSaint-Point. Ses armes apparaissent au linteau latéral. La chapelle nord date visiblement de cette campagne de travaux. A cette époque, elle est sûrement construite afin de servir de sacristie, ce qui expliquerait ses dimensions restreintes.
Ce qu’il advient de l’église à la fin du XVIIIe siècle est plus incertain. En 1784, on sait qu’un nouveau presbytère est construit, grâce au financement de la population<ref>Léonce Lex</ref>. Au moment de la Révolution, la cure est vendue comme bien nationale national et acquise par Vincent Génillon<ref>Ce dernier se lance alors dans le trafic de biens ecclésiastiques et est en partie à l’origine de la destruction de l’abbaye de Cluny.</ref>, ancien curé de Saint-Point. On ne sait si l’église est endommagée lors de cette période de troubles. Il semble néanmoins que les quatre cloches mentionnées au siècle précédent lors de la visite de l’évêque (que l’on prévoyait alors d’installer dans le beffroi rénové) aient été enlevées et refondues, puisque deux nouvelles cloches sont installées au début du XIXe siècle, en 1810 et en 1824.
Le XIXe siècle est pour l’église de Saint-Point, et plus largement pour le village, indissociable du destin d’[https://fr.wikipedia.org/wiki/Alphonse_de_Lamartine Alphonse de Lamartine]. En 1820, le château voisin de l’église est donné au poète par son père, à l’occasion de son mariage avec Mary Ann Birch. Le couple s’y installe et fait rénover les lieux. En 1829, le poète qui vient tout juste de rentrer à l’Académie française perd sa mère, Alix de Lamartine. Il fait alors construire son tombeau familial<ref>Description dans l’inventaire.</ref> près de l’entrée de l’église, afin d’y être enterré auprès de ses proches.
En 1840, l’église Saint-Donat connait une restauration globale assez conséquente, en partie financée par le poète. Jugée trop petite, elle est également agrandie vers l’ouest grâce à l’ajout d’une travée à la nef. La nouvelle façade est pensée et payée par Lamartine. Il la veut ainsi avec un portail ogival, dans un style néo-gothique en harmonie avec son tombeau tout proche. Le poète aide également à la construction de la nouvelle cure, en échange de la prise en charge de l’entretien de son tombeau par la commune, à perpétuité. Peu avant sa mort, le poète se retrouve dans une situation financière difficile. Effrayé à l’idée de voir la propriété de son tombeau passer à une famille étrangère, il en fait finalement don à la commune<ref>Sauteur</ref>. Il rend par ailleurs claire sa volonté d’être enterré à Saint-Point<ref>http://mairie.stpoint.free.fr/donnees/pdf/oforets.pdf : Alors que le poète devait officiellement être enterré au Panthéon, sa volonté de rester sur ses terres de Saint-Point a finalement été respectée.</ref>, ce qui est fait lorsqu’il lorsqu'il s’éteint en 1869.
En 1852, la sacristie actuelle est construite, accolée à la chapelle sud. Elle remplace l’ancienne, dès lors visiblement utilisée comme simple chapelle. En 1896, le nouveau cimetière est inauguré en dehors du bourg, alors même que la valeur patrimoniale du site de l’église et de son cimetière a été reconnue par le Ministère des Beaux-Arts<ref>Sauteur</ref>. Sur une des stèles près de l’église, on lit ainsi : « Jean-Baptiste Chuzeville, cultivateur, ancien jardinier de M, . de Lamartine, inhumé le 18 juin 1896, dernier enterré dans le vieux cimetière, en face de la grande porte de l’église. »<ref>Ibidem</ref>.
Au XXe siècle, l’église Saint-Donat fait l’objet d’un soin constant de la part de la commune et de ses habitants. En 1922, une première restauration touche les piliers de la travée sous clocher ainsi que les boiseries intérieures du clocher, et est réalisée sous la direction du Ministère des Beaux-Arts<ref>Ibidem</ref>. En 1948, l’église et son site sont classés Monuments Historiques. Dans les années 1950, plusieurs réparations sont faites ainsi que des aménagements visant à assainir et à moderniser l’édifice (drainage, installation électrique...). En 1969, la rénovation globale de l’église est engagée. Les travaux sont réalisés par l'entreprise Hory, de Dijon, sous la direction de M. Maurice Berry, architecte en chef des Monuments historiques. Ils permettent de mettre au jour et de restaurer les fresques de l’abside, jusqu’alors jusqu'alors masquées par le décor stuqué du XVIIIe siècle. Ces fresques représentant le Christ en Majesté sont datées du XVe siècle. L’artiste-restaurateur, Léon Raffin, décèle également en-dessous de la couche de peinture gothique une fresque probablement romane, au motif similaire, mais dont le contour de la mandorle est différent. Cette peinture primitive pourrait bien dater des remaniements du XIIe siècle.
En 1990, la pyramide en pierre est réparée suite aux dommages causés par la foudre. Un nouveau coq de cuivre est installé. Les travaux sont effectués en juin 1991, pour un prix de 85 000 francs. 24 000 francs sont nécessaires pour la réparation de la sonnerie des cloches. La population des sampognards se mobilise à hauteur de 20 000 francs<ref>Ibidem</ref>. L’édifice est depuis régulièrement entretenu. Le 28 Février 2019, la commune à a rendu hommage au poète lors du 150ème anniversaire de sa mort, en présence des Amis des Antilles (pour célébrer son engagement dans l’abolition de l’esclavage)<ref>Voir [https://www.lejsl.com/edition-macon/2019/06/20/conference-exposition-poemes-un-bel-hommage-a-lamartinel’article du jsl]</ref>.
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