Eglise Saint-Vincent à Sologny : Différence entre versions
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+ | Le village de Sologny a des origines très anciennes. On a ainsi retrouvé des matériaux de l’Aurignacien moyen (Paléolithique supérieur) et de l’époque gallo-romaine sur le territoire de la commune (Grotte des Furtins ). Par ailleurs, de nombreuses sépultures mérovingiennes ont également été mises au jour dans différents hameaux de la commune, tout comme des maçonneries antiques et des tuiles romaines . La première mention de Sologny date du IXe siècle (864-873), dans la charte 407 du chapitre de Saint-Vincent de Mâcon : In villa Soloniaco . La localité est par la suite citée de nombreuses fois du IXe au XIIe siècle, dans les cartulaires de Cluny et de Saint-Vincent de Mâcon. Tenu par des vassaux laïques de Cluny et desservi par les moines , c’est un territoire historiquement très disputé entre les abbés de Cluny, les évêques de Mâcon et les seigneurs de Berzé. Au Moyen-Age, le village vit donc dans l’instabilité et la tension. Au XVe siècle, le toponyme se fixe sur Sologny (avec toutefois quelques variations d’orthographe). | ||
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+ | L’église Saint-Vincent est un bon exemple de l’instabilité du territoire. Trois édifices se sont ainsi succédé à l’emplacement de l’église actuelle, et l’architecture de cette dernière soulève quelques questionnements. Un premier édifice est déjà mentionné au IXe siècle dans la charte 407 de Saint-Vincent de Mâcon : Ecclesiam Sancti-Vincentii… in villa… Suliniaco . Ce texte nous apprend que l’évêque Bernold a accordé au prêtre Grunrin de construire une église au village de Sologny , à la collation du collation chapitre cathédral de Saint-Vincent de Mâcon. Celle-ci doit être dédiée à saint Vincent et érigée en paroisse peu après. | ||
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+ | Au Xe siècle (943-952), un deuxième édifice est cité dans une charte de Saint-Vincent de Mâcon : In pago Matiscensi… ecclesiam Sancti-Vicentii in Sologniaco villa . A cette époque, l’évêque Maimbod inaugure une nouvelle église venant remplacer la précédente, détruite par une montée d’eau subite. Au XIIe siècle, un troisième édifice est vraisemblablement construit, de style roman, dont il reste aujourd’hui la travée de chœur (bien plus haute que d’ordinaire dans les édifices romans) et l’abside . Le clocher est quant à lui construit un peu après au cours du même siècle, à un emplacement assez inhabituel : il flanque la travée de chœur au sud. | ||
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+ | Cette configuration architecturale est inédite dans la région, et semble être une persistance carolingienne . A cette époque, il était usuel de trouver des transepts massifs et affirmés, flanqués de deux tours l’une en face de l’autre, semblables à de larges tours de guet. On retrouve notamment cette persistance carolingienne dans l’église Saint-Pierre à Champagne (Ardèche) et dans l’église Saint-Theudère à Saint-Chef (Isère). Pour ces deux exemples, le transept est haut et massif, flanqué de deux larges tours. Ce sont par ailleurs des édifices majeurs : église-forteresse pour Champagne, et église abbatiale pour Saint-Chef. Leur construction a donc été influencée par les luttes de pouvoir entre les autorités locales. | ||
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+ | Or, on sait que le territoire de Sologny était très disputé. La logique voudrait donc que la construction d’un édifice cultuel ait été l’occasion de la réaffirmation de l’autorité et du pouvoir des évêques sur la région. L’architecture choisie serait donc plus imposante qu’humble. On peut alors imaginer que pour la reconstruction du XIIe siècle, on ait envisagé de reprendre à l’identique le plan de l’édifice précédent, de type carolingien, mais que pour une raison inconnue (manque de moyens, volonté ecclésiastique…) le projet n’ait pas été terminé ou ait été simplifié. Le massif architectural que l’on voit aujourd’hui encore au-dessus de la travée de chœur serait donc l’espace devant à l’origine relier les deux tours. Cette théorie expliquerait la position du clocher, mais également son profil barlong massif de tour de guet, alors que les églises romanes de la région ont pour la plupart des clochers carrés plus modestes. | ||
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+ | Ce qu’il advient de l’église au cours des siècles suivants est incertain, puisque peu de documents ont été conservés à son sujet. Néanmoins, l’architecture de l’édifice apporte de nombreuses informations sur son évolution. Vers 1308, la Parrochia de Solengniaco est citée. C’est visiblement de cette époque (XIVe siècle) que datent les peintures murales de l’abside. On y reconnaît notamment un Christ en Majesté dans une mandorle, entouré du tétramorphe (symboles des quatre évangélistes). D’autres registres plus ou moins conservés sont également visibles . | ||
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+ | En 1675, une visite pastorale rapporte que la nef est « non-vitrée et le chœur pavé de grandes tombes » . Au XVIIe siècle, une première restauration est réalisée, peut-être à la suite de cette visite. La nef est remaniée (voire reconstruite) et l’édifice entièrement enduit d’un badigeon blanc . Au XVIIIe siècle, plusieurs réparations sont faites. En 1752, le beffroi du clocher est construit afin d’accueillir la cloche offerte par la veuve d’Aymé Gabriel Michon de Pierreclau. En 1776, un plan de l’église est dressé par l’architecte Barjaud en vue d’une rénovation, sur lequel il indique les parties abîmées. Vers 1780, des travaux sont donc réalisés. Le mur sud de la nef est reconstruit , de larges baies sont percées dans le mur nord, et les chapelles latérales sont construites. C’est à cette occasion qu’a lieu le « blanchissage » de l’église : deux badigeons clairs viennent recouvrir les murs . | ||
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+ | Au XIXe siècle, l’église de Sologny fait l’objet de plusieurs restaurations. En 1817, une reconnaissance de travaux est rédigée. Elle fait état de réparations exécutées par François Lardet, charpentier à Saint-Sorlin . En août 1836, Mr Corceret, ancien architecte à Mâcon et résident de Bussières, établit un devis pour des travaux futurs. Ceux-ci sont réalisés et terminés en 1838. Ils permettent la construction d’une nouvelle sacristie au nord de la travée de chœur , ainsi que la réparation des voûtes du chœur et de la chapelle nord, qui étaient prêtes à s’effondrer. En 1851, une nouvelle restauration a lieu. Elle comprend la reprise de la façade et de son portail, la réfection de l’accès latéral, et la pose d’un décor sur plâtre. L’intérieur de l’édifice est recouvert de plusieurs couches de badigeon . La tribune qui couvre la première travée de la nef date peut-être aussi de ces travaux. En 1876, l’architecte Pinchard (Mâcon) est chargé de réaliser les plans et le devis estimatif pour la réfection et l’ameublement de la sacristie. Ces travaux sont réalisés pour un prix de 1300 francs . | ||
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+ | Au cours du XXe siècle, l’église de Sologny est régulièrement entretenue. Le siècle commence cependant mal, puisque l’édifice est dans un état désastreux, le plafond de la nef s’étant notamment en partie effondré. En réaction, elle est inscrite au titre des Monuments Historiques en 1930. A la suite de cette protection, des travaux sont réalisés entre 1931 et 1934 grâce notamment aux subventions de l’état. Ils concernent notamment la toiture de l’édifice : on remplace les laves par des tuiles. Un décor au pochoir sur plâtre est réalisé sur tout l’intérieur de l’église. | ||
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+ | Ces ornements ne seront cependant pas conservés très longtemps. De 1989 à 1993, une restauration globale de l’édifice a en effet lieu. Elle porte sur les maçonneries et les charpentes, et prévoit notamment le retour d’une couverture en laves et la suppression du plafond de la nef masquant la charpente. Ce sont des travaux importants, et la commune obtient pour les réaliser une subvention de 100 000 francs de la part de la Sauvegarde de l’Art français. C’est à cette occasion que sont découvertes les peintures murales du chœur : un ensemble gothique sur l’abside (XIVe siècle) et deux litres funéraires (XVIIe et XVIIIe siècles) sur la travée de chœur. | ||
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+ | De 1995 à 2001, la restauration et la mise en valeur de ces peintures est organisée par l’association PACoB (Patrimoine Ambiances et Couleurs de Bourgogne). Le dégagement et la restauration des peintures sont effectués par des bénévoles sous la forme de plusieurs stages Rempart, sous la direction de Françoise Gaston et Laurence Blondaux , restauratrice professionnelle . Depuis, l’église et son décor sont régulièrement entretenus. La dernière rénovation date de 2016 et a porté sur la toiture de laves. | ||
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=== Description architecturale === | === Description architecturale === | ||
Version du 11 décembre 2019 à 11:34
L’église Saint-Vincent se trouve dans la commune de Sologny, dans le département de la Saône-et-Loire en Bourgogne-Franche-Comté. C'est une église paroissiale romane. Située sur un territoire historiquement très disputé entre les seigneurs de Berzé, les évêques de Mâcon et les abbés de Cluny, l’église a été construite en différentes phases. Un premier édifice est attesté dès le IXe siècle, suivi d’un deuxième au Xe siècle, puis un troisième, dont les vestiges demeurent encore aujourd’hui. De cette église du XIIe siècle, il reste le chœur et l’abside. Le clocher, construit peu après au cours du même siècle, est inhabituellement situé sur le côté du chœur. Le clocher a l’apparence d’une tour de guet. Son niveau supérieur a été ajouté en 1752, lorsque la cloche fut offerte. La nef est, quant à elle, une construction moderne, probablement du XVIIe siècle. Son mur sud est reconstruit au XVIIIe, au moment de la construction des chapelles latérales. L’église a été rénovée plusieurs fois aux XIXe et XXe siècles. Ces restaurations ont permis la découverte et la mise en valeur du décor de l’église. Deux litres funéraires sont ainsi visibles dans le chœur, ainsi que des peintures murales dans l’abside, représentant le Christ dans une mandorle entouré du tétramorphe. Ce décor daterait du XIVe siècle. L’église est inscrite à l’inventaire des Monuments Historiques depuis 1930.
Adresse | Chemin des Vignes, 71960 Sologny |
Coordonnées GPS | 46°21'36.5"N 4°40'59.3"E |
Paroisse de rattachement | Paroisse Saint Vincent en Val Lamartinien |
Protection Monuments Historiques | Inscrite en 1930 |
Sommaire
- 1 Historique
- 2 Description architecturale
- 3 Inventaire décor et mobilier
- 4 Rénovations / Etat
- 5 Actualités
- 6 Visite
- 7 Association engagée
- 8 Iconographie ancienne et récente
- 9 Plans cadastraux
- 10 Bibliographie
- 11 Sources
- 12 Propriétaire / Contact
- 13 Patrimoine local et/ou folklore
- 14 Notes et références
Historique
Le village de Sologny a des origines très anciennes. On a ainsi retrouvé des matériaux de l’Aurignacien moyen (Paléolithique supérieur) et de l’époque gallo-romaine sur le territoire de la commune (Grotte des Furtins ). Par ailleurs, de nombreuses sépultures mérovingiennes ont également été mises au jour dans différents hameaux de la commune, tout comme des maçonneries antiques et des tuiles romaines . La première mention de Sologny date du IXe siècle (864-873), dans la charte 407 du chapitre de Saint-Vincent de Mâcon : In villa Soloniaco . La localité est par la suite citée de nombreuses fois du IXe au XIIe siècle, dans les cartulaires de Cluny et de Saint-Vincent de Mâcon. Tenu par des vassaux laïques de Cluny et desservi par les moines , c’est un territoire historiquement très disputé entre les abbés de Cluny, les évêques de Mâcon et les seigneurs de Berzé. Au Moyen-Age, le village vit donc dans l’instabilité et la tension. Au XVe siècle, le toponyme se fixe sur Sologny (avec toutefois quelques variations d’orthographe).
L’église Saint-Vincent est un bon exemple de l’instabilité du territoire. Trois édifices se sont ainsi succédé à l’emplacement de l’église actuelle, et l’architecture de cette dernière soulève quelques questionnements. Un premier édifice est déjà mentionné au IXe siècle dans la charte 407 de Saint-Vincent de Mâcon : Ecclesiam Sancti-Vincentii… in villa… Suliniaco . Ce texte nous apprend que l’évêque Bernold a accordé au prêtre Grunrin de construire une église au village de Sologny , à la collation du collation chapitre cathédral de Saint-Vincent de Mâcon. Celle-ci doit être dédiée à saint Vincent et érigée en paroisse peu après.
Au Xe siècle (943-952), un deuxième édifice est cité dans une charte de Saint-Vincent de Mâcon : In pago Matiscensi… ecclesiam Sancti-Vicentii in Sologniaco villa . A cette époque, l’évêque Maimbod inaugure une nouvelle église venant remplacer la précédente, détruite par une montée d’eau subite. Au XIIe siècle, un troisième édifice est vraisemblablement construit, de style roman, dont il reste aujourd’hui la travée de chœur (bien plus haute que d’ordinaire dans les édifices romans) et l’abside . Le clocher est quant à lui construit un peu après au cours du même siècle, à un emplacement assez inhabituel : il flanque la travée de chœur au sud.
Cette configuration architecturale est inédite dans la région, et semble être une persistance carolingienne . A cette époque, il était usuel de trouver des transepts massifs et affirmés, flanqués de deux tours l’une en face de l’autre, semblables à de larges tours de guet. On retrouve notamment cette persistance carolingienne dans l’église Saint-Pierre à Champagne (Ardèche) et dans l’église Saint-Theudère à Saint-Chef (Isère). Pour ces deux exemples, le transept est haut et massif, flanqué de deux larges tours. Ce sont par ailleurs des édifices majeurs : église-forteresse pour Champagne, et église abbatiale pour Saint-Chef. Leur construction a donc été influencée par les luttes de pouvoir entre les autorités locales.
Or, on sait que le territoire de Sologny était très disputé. La logique voudrait donc que la construction d’un édifice cultuel ait été l’occasion de la réaffirmation de l’autorité et du pouvoir des évêques sur la région. L’architecture choisie serait donc plus imposante qu’humble. On peut alors imaginer que pour la reconstruction du XIIe siècle, on ait envisagé de reprendre à l’identique le plan de l’édifice précédent, de type carolingien, mais que pour une raison inconnue (manque de moyens, volonté ecclésiastique…) le projet n’ait pas été terminé ou ait été simplifié. Le massif architectural que l’on voit aujourd’hui encore au-dessus de la travée de chœur serait donc l’espace devant à l’origine relier les deux tours. Cette théorie expliquerait la position du clocher, mais également son profil barlong massif de tour de guet, alors que les églises romanes de la région ont pour la plupart des clochers carrés plus modestes.
Ce qu’il advient de l’église au cours des siècles suivants est incertain, puisque peu de documents ont été conservés à son sujet. Néanmoins, l’architecture de l’édifice apporte de nombreuses informations sur son évolution. Vers 1308, la Parrochia de Solengniaco est citée. C’est visiblement de cette époque (XIVe siècle) que datent les peintures murales de l’abside. On y reconnaît notamment un Christ en Majesté dans une mandorle, entouré du tétramorphe (symboles des quatre évangélistes). D’autres registres plus ou moins conservés sont également visibles .
En 1675, une visite pastorale rapporte que la nef est « non-vitrée et le chœur pavé de grandes tombes » . Au XVIIe siècle, une première restauration est réalisée, peut-être à la suite de cette visite. La nef est remaniée (voire reconstruite) et l’édifice entièrement enduit d’un badigeon blanc . Au XVIIIe siècle, plusieurs réparations sont faites. En 1752, le beffroi du clocher est construit afin d’accueillir la cloche offerte par la veuve d’Aymé Gabriel Michon de Pierreclau. En 1776, un plan de l’église est dressé par l’architecte Barjaud en vue d’une rénovation, sur lequel il indique les parties abîmées. Vers 1780, des travaux sont donc réalisés. Le mur sud de la nef est reconstruit , de larges baies sont percées dans le mur nord, et les chapelles latérales sont construites. C’est à cette occasion qu’a lieu le « blanchissage » de l’église : deux badigeons clairs viennent recouvrir les murs .
Au XIXe siècle, l’église de Sologny fait l’objet de plusieurs restaurations. En 1817, une reconnaissance de travaux est rédigée. Elle fait état de réparations exécutées par François Lardet, charpentier à Saint-Sorlin . En août 1836, Mr Corceret, ancien architecte à Mâcon et résident de Bussières, établit un devis pour des travaux futurs. Ceux-ci sont réalisés et terminés en 1838. Ils permettent la construction d’une nouvelle sacristie au nord de la travée de chœur , ainsi que la réparation des voûtes du chœur et de la chapelle nord, qui étaient prêtes à s’effondrer. En 1851, une nouvelle restauration a lieu. Elle comprend la reprise de la façade et de son portail, la réfection de l’accès latéral, et la pose d’un décor sur plâtre. L’intérieur de l’édifice est recouvert de plusieurs couches de badigeon . La tribune qui couvre la première travée de la nef date peut-être aussi de ces travaux. En 1876, l’architecte Pinchard (Mâcon) est chargé de réaliser les plans et le devis estimatif pour la réfection et l’ameublement de la sacristie. Ces travaux sont réalisés pour un prix de 1300 francs .
Au cours du XXe siècle, l’église de Sologny est régulièrement entretenue. Le siècle commence cependant mal, puisque l’édifice est dans un état désastreux, le plafond de la nef s’étant notamment en partie effondré. En réaction, elle est inscrite au titre des Monuments Historiques en 1930. A la suite de cette protection, des travaux sont réalisés entre 1931 et 1934 grâce notamment aux subventions de l’état. Ils concernent notamment la toiture de l’édifice : on remplace les laves par des tuiles. Un décor au pochoir sur plâtre est réalisé sur tout l’intérieur de l’église.
Ces ornements ne seront cependant pas conservés très longtemps. De 1989 à 1993, une restauration globale de l’édifice a en effet lieu. Elle porte sur les maçonneries et les charpentes, et prévoit notamment le retour d’une couverture en laves et la suppression du plafond de la nef masquant la charpente. Ce sont des travaux importants, et la commune obtient pour les réaliser une subvention de 100 000 francs de la part de la Sauvegarde de l’Art français. C’est à cette occasion que sont découvertes les peintures murales du chœur : un ensemble gothique sur l’abside (XIVe siècle) et deux litres funéraires (XVIIe et XVIIIe siècles) sur la travée de chœur.
De 1995 à 2001, la restauration et la mise en valeur de ces peintures est organisée par l’association PACoB (Patrimoine Ambiances et Couleurs de Bourgogne). Le dégagement et la restauration des peintures sont effectués par des bénévoles sous la forme de plusieurs stages Rempart, sous la direction de Françoise Gaston et Laurence Blondaux , restauratrice professionnelle . Depuis, l’église et son décor sont régulièrement entretenus. La dernière rénovation date de 2016 et a porté sur la toiture de laves.
Description architecturale
GLOSSAIRE : Bourgogne Romane
L’église Saint-Vincent est orientée à l’est et majoritairement bâtie en moellons calcaire. Elle se compose d’une nef unique rectangulaire dont la dernière travée est flanquée de deux chapelles formant transept, d’une travée de chœur (plus haute que la nef) flanquée au sud du clocher, et d’une abside.
La façade occidentale de l’église est très simple, sans style particulier. Elle se compose d’un portail plein cintre à impostes et clef à faible saillie. La clef prend la forme d’une petite croix gravée de la date « 1851 ». Le tympan du portail est vitré. Un petit oculus moderne éclaire la nef et surmonte le portail à mi-hauteur du mur. Le gouttereau nord de la nef est, lui, simplement ouvert de deux larges baies en anse de panier. Le gouttereau sud comporte le même type d’ouvertures, avec en plus une petite porte latérale à l’extrémité est (moderne, similaire au portail principal), dont le linteau est orné d’une croix. Une ancienne stèle funéraire est utilisée en guise de pierre de seuil. La corniche du mur possède quelques médaillons sculptés de têtes humaines et de têtes d’animaux. Deux chapelles de même taille sont accolées à la dernière travée de la nef et forment le transept de l’édifice. Elles sont simplement ouvertes d’une baie axiale chacune, de même type que celles des gouttereaux.
La travée de chœur jouxte directement la nef. Sa structure est atypique : un ensemble bâti de même largeur que la nef, mais plus haut que cette dernière, comme une travée droite à laquelle on aurait adjoint un étage et une toiture à deux pans. Au nord, cette travée est ouverte d’une baie plein cintre ébrasée (époque romane). On distingue également les traces d’une ancienne porte désormais murée (elle devait mener à la sacristie). Deux grands contreforts encadrent ces ouvertures. Une petite meurtrière se trouve en haut du mur, au-niveau des combles. Au sud, la travée de chœur est directement collée au clocher.
Celui-ci est massif, de plan barlong, sur trois niveaux. Son soubassement, qui sert de sacristie, est simplement ouvert d’une petite fenêtre carrée à l’est. Le premier niveau est quasi aveugle, hormis une très fine meurtrière axiale. Le deuxièmes étage est ouvert de baies géminées à retombée médiane sur deux colonnettes installées l’une derrière l’autre (sauf au nord, où il n’y a qu’une baie plein cintre encastrée dans le haut de la travée de chœur). Le dernier niveau, ajouté au XVIIIe siècle, accueille la cloche. Il est plus ramassé, séparé du reste du clocher par un cordon de pierre, et est ouvert de fenêtres rectangulaires. A l’est, l’abside en hémicycle vient compléter l’édifice. Elle est percée de trois petites baies plein cintre ébrasées (époque romane), et épaulée par deux minces contreforts plats (qui sont visiblement plus un élément de décor qu’un réel soutien architectural). Un petit oculus est percé juste au-dessus de la toiture de l’abside, et donne sur la travée de chœur. Tout l’édifice est couvert de laves.
A l’intérieur, la nef a le charme et la chaleur des petites églises romanes rurales. Entièrement dallée, sa première travée est couverte par une tribune en bois dont l’escalier d’accès monte le long du mur sud. La dernière travée communique avec deux chapelles latérales via d’épais arcs allongés. Celle au nord est dédiée à saint Vincent et couverte d’un plafond de bois. Celle au sud est dédiée à la saint Vierge et voûtée d’arêtes. La charpente de la nef a été dégagée et laissée apparente au siècle dernier, ce qui a permis de dégager l’arc triomphal fortement brisé menant à la travée de chœur. Celle-ci est surélevée de deux marches, entièrement carrelée et accueille un autel moderne en bois. Elle est voûtée d’arêtes retombant sur des culots sculptés de masques grimaçants. Au nord, l’ancienne porte d’accès vers la sacristie est murée et surmontée d’un arc de décharge en cintre brisé. Un autre se trouve sur le mur sud, au-dessus de la porte d’accès au soubassement du clocher, qui sert de sacristie. La travée de chœur communique avec l’abside via une arcade doublée en cintre très brisé. L’abside est voûtée d’un cul-de-four brisé couvert de peintures gothiques. Elle abrite le maître-autel.
Inventaire décor et mobilier
- Décor de l’abside : peintures murales[1].
Description des peintures par Laurence Blondaux [2]:
« Les peintures murales de l’église Saint-Vincent de Sologny, tout à côté de Berzé-la-Ville, sont elles aussi remarquables. Datées du début du XIVe siècle, elles couvrent l’abside et le cul de four de l’église sur plusieurs registres. D’abord des draperies feintes habillent le bas des murs. Une bande de palmettes les sépare du registre suivant où saint Michel, saint Vincent avec un donateur, saint Georges et saint Jean-Baptiste (pratiquement perdu mais suffisamment de détails permettent de reconnaître la peau de bête qui le revêt) occupent l’espace entre les trois baies. Une autre bande décorative sépare ces grands personnages du registre suivant : un cortège apostolique où les apôtres sont assis comme lors de la Cène autour du Christ au centre, avec un autre personnage. La scène centrale est un Couronnement de la Vierge, malheureusement perdu en grande partie mais reconnaissable par la gestuelle. »
Les ébrasements des baies ainsi que l’arc d’entrée dans l’abside sont également ornés d’un décor végétal assez riche.
Des panneaux explicatifs installés dans l’église par l’association PACoB rendent compte de la restauration des peintures et proposent une analyse plus détaillée.
- Litres funéraires (travée de chœur) :
Vers 1617 : litre de René de Rochebaron. On retrouve cette litre funéraire sur les murs de l’Eglise Notre-Dame à Lys (Chissey-les-Mâcon).
1747 : litre d’Aymé Gabriel Michon de Pierreclau. On retrouve la même litre funéraire dans l’Eglise Saint-Paul à Bussières.
- Culots sculptés de la travée de chœur
- Charpente de la nef
- Chapiteaux du clocher
- Modillons sculptés (mur sud de la nef)
- Pierre en remploi (nord de la nef)
- Pierres griffées de la base du clocher. Selon la Pastorale du Tourisme :
« [ce sont] des pierres griffées dites « sauvages » qui se trouvent parfois sur d’autres églises médiévales. De croyance ancestrale la poudre de pierre d’église mélangée à de l’eau était considérée comme pouvant protéger les bêtes, voire les enfants, contre certaines maladies. On affûtait aussi les outils aratoires sur ces pierres pour protéger les récoltes à venir. »
- Niches stuquées des chapelles : elles sont semblables à celles de l’Eglise Saint-Paul à Bussières[3].
- Maître-autel : orné de l’Agneau Pascal ; le socle du Crucifix qui le surmonte est orné d’une représentation du Sacré-Cœur.
- Petit autel moderne (en bois)
- Autels des chapelles :
Au sud, autel de la Vierge : en pierre, orné de boutons de roses et de fleurs de lys. On y lit le monogramme de la Vierge entrelacé d’un cœur.
Au nord, autel de saint Vincent : en marbre, orné des initiales stylisées du saint.
- Chaire à prêcher en bois
- Statues :
Christ en croix, droite de la nef
Vierge à l’Enfant, bois polychrome (chapelle de la Vierge)
Saint Vincent, en habit de diacre (chapelle qui lui est dédiée, au nord). Elle provient de l’atelier Treffort-Magnien, de Chalon-sur-Saône.
Saint Joseph et l’enfant Jésus, XIXe (droite de l’arc triomphal)
Notre-Dame de Lourdes, XIXe (gauche de l’arc triomphal)
De nombreuses statues (XIXe siècle) sont stockées dans le soubassement du clocher, qui sert de sacristie.
- Plaque commémorative des soldats tombés au combat (nef)
- Deux bénitiers encastrés (près de l’entrée occidentale et de l’entrée latérale)
- Tableaux : plusieurs toiles inconnues stockées dans la sacristie (soubassement du clocher)
- Vitraux modernes aux motifs géométriques.
- Cloche
Rénovations / Etat
- Rénovations :
XIXe :
1817 : travaux sur la charpente
1836-1838 : construction de la sacristie au nord du chœur (aujourd'hui disparue)
1851 : reprise de la façade et de l’accès latéral
1876 : réparation et ameublement de la sacristie
XXe :
1931 : campagne de restauration (dont remplacement des laves de la toiture par des tuiles)
1989-1993 : restauration : réfection des maçonneries et des charpentes (retour d’une couverture en laves) ; subvention de 100 000 francs de la part de la Sauvegarde de l’Art français
1995-2001 : restauration des peintures murales, sous la forme de stages avec des bénévoles (stages Rempart) encadrés par Françoise Gaston et Laurence Blondaux[4], restauratrice professionnelle.
XXIe :
2005 : dernière campagne de dégagement des peintures de l’abside, par Thierry Vitaloni[5].
2016 : réfection de la toiture en laves[6]
- Etat :
L’église est en bon état et est régulièrement entretenue.
Il serait cependant bon de restaurer et remettre en place (ou au moins protéger) les statues et tableaux stockés dans la sacristie / le soubassement du clocher.
- Classement :
L’église est inscrite au titre des Monuments Historiques depuis 1930.
Actualités
Pour suivre l’actualité de l’édifice, contacter la mairie ou consulter le site officiel de la commune.
Visite
L’église de Sologny est d’ordinaire ouverte tous les jours pendant la saison estivale.
Pour visiter l’édifice en dehors de cette période, se renseigner auprès de la mairie.
L’accès à l’église est possible pour les personnes à mobilité réduite, via le portail principal à l’ouest (la porte latérale est précédée d’une grosse marche).
Association engagée
La PACoB (Patrimoine Ambiances et Couleurs de Bourgogne) a organisé de 1995 à 2001 la restauration des peintures murales de l’abside.
Iconographie ancienne et récente
Crédit Photos: CEP
Plans cadastraux
Bibliographie
- BLONDAUX, Laurence, « Quelques peintures murales remarquables de Saône-et-Loire », article paru dans la revue « Images de Saône-et-Loire », n° 199-200 de novembre 2019, p. 25-31.
- BOISSARD, Emmanuelle, L’église Saint-Vincent de Sologny : étude du bâti et des enduits, mémoire de maîtrise en archéologie soutenu à l’Université Lumière Lyon 2, 1999.
- BOISSARD, Emmanuelle, « Sologny : l’église paroissiale Saint-Vincent », in : Les Cahiers PACoB, décembre 2007.
- RIGAULT, Jean, Dictionnaire topographique du département de la Saône-et-Loire, 2008.
- VIREY, Jean, Les églises romanes de l’ancien diocèse de Mâcon, Mâcon, Protat, 1935, 474p.
Sources
- Oursel, Anne-Marie et Raymond, Fiche d’inventaire départemental, 1970 :
Archives départementales de la Saône-et-Loire
- Fiche édifice de l’Académie de Mâcon :
Eglise Saint-Vincent à Sologny
- Fiche édifice de la Pastorale du Tourisme 71 :
Eglise Saint-Vincent à Sologny
- Fiche édifice de la Bourgogne Romane :
- Fiche édifice de la Sauvegarde de l’Art Français :
Eglise Saint-Vincent à Sologny
- Panneaux sur place
Propriétaire / Contact
Commune de Sologny
03 85 36 60 47
mairie.sologny@wanadoo.fr
Patrimoine local et/ou folklore
- Château de Berzé-le-Châtel :
Château des seigneurs de Berzé, ou l’on peut voir le soubassement d’une chapelle romane.
La chapelle est particulièrement remarquable pour ses peintures murales du début du XIIe siècle.
Grotte archéologique se trouvant à cheval entre les villages de Berzé-la-Ville et Sologny.
Elle est classée Monument Historique depuis 1947.
- Col du Bois-Clair : panorama sur la vallée de la Saône, le Jura et les Alpes du nord (mont Blanc).
Notes et références
- ↑ Voir à ce sujet le mémoire de maîtrise d’Emmanuelle Boissard (référence dans la bibliographie) ou son article de synthèse pour la PACOB.
- ↑ Blondaux, Laurence, Quelques peintures murales remarquables de Saône-et-Loire, article paru dans la revue « Images de Saône-et-Loire », n° 199-200 de novembre 2019, p. 25-31.
- ↑ Rapport de Frédéric Didier sur l’église de Bussières.
- ↑ Document de l'Académie de Mâcon
- ↑ Boissard, Emmanuelle, Cahiers PACOB, 2007
- ↑ Document de l'Académie de Mâcon