Eglise Saint-Pierre à Chissey-les-Mâcon

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L’église Saint-Pierre est située à Chissey-les-Mâcon, dans le département de la Saône-et-Loire, en Bourgogne-Franche-Comté. Elle se trouve à l’emplacement d’un premier édifice attesté dès le début du Xe siècle. L’église actuelle est cependant une reconstruction romane du XIIe siècle, probablement réalisée en phases successives. De cet édifice, il ne reste aujourd’hui que la nef voûtée en berceau brisé, le clocher et sa travée, désormais à l’entrée de l’édifice. L’église, en mauvais état depuis bien longtemps, est en effet fortement remaniée au XIXe siècle. Son orientation est dès lors inversée : l’abside romane est détruite ; un transept, une travée de chœur et une abside modernes sont ajoutés contre ce qui était la façade de l’édifice roman, à l’ouest. Malgré les restaurations appliquées aux parties romanes entre les XVIIIe et XXe siècles, l’église de Chissey n’en demeure pas moins un bel exemple de ce style architectural. Le clocher avec ses trois étages, dont le supérieur est orné d’arcatures lombardes et de baies géminées sur colonnettes, est particulièrement remarquable et à rapprocher de celui de Chazelle. L’église est inscrite aux Monuments Historiques depuis 1927, et le clocher et la nef ont été classés en 1935. L’édifice abrite également deux cuves baptismales du Xe siècle, provenant de l’église romane de Prayes, aujourd’hui disparue.

Eglise Saint-Pierre (©CEP)
Adresse Au Bourg, 71460 Chissey-lès-Mâcon
Coordonnées GPS 46°31'29.9"N 4°44'32.6"E
Paroisse de rattachement Paroisse Saint Augustin en Nord Clunisois
Protection Monuments Historiques Inscrite en totalité en 1927 ; Classée en 1935 (nef et clocher)

Historique

Description architecturale

GLOSSAIRE : Bourgogne Romane

L’église Saint-Pierre suit un plan original directement hérité de son histoire, mêlant construction romane (bloc est) et ajout moderne de style néo-roman (bloc ouest) : clocher-porche et nef rectangulaire, puis transept, travée de chœur flanquée d’une sacristie, abside. La partie romane laisse par ailleurs entrevoir deux phases de construction, notamment dans le gouttereau sud de la nef, où l’appareil change en hauteur du mur.

Suite à sa reconstruction, la façade de l’édifice se trouve désormais à l’est, à l’emplacement de l’ancienne abside romane détruite au XIXe siècle. Elle se compose d’un avant-corps en saillie sous un fronton triangulaire, dans lequel s’inscrit un portail néo-roman en plein cintre à double voussure. Celles-ci retombent sur de fines colonnes latérales aux chapiteaux sculptés. Au-dessus de l’avant-corps, on distingue une ancienne baie romane en plein cintre qui devait à l’origine se trouver juste au-dessus de la toiture de l’abside, comme c’est souvent le cas dans les édifices romans de la région. La façade est accolée à la travée sous clocher romane. Celle-ci est ouverte d’une baie en plein cintre par face et épaulée de contreforts aux extrémités, formant des mini-croisillons. Au-dessus des baies se trouvent de fins cordons de pierre sur des modillons nus, dont certains ont disparu sur la face sud. On y voit par ailleurs le contour d’une ancienne ouverture rectangulaire désormais murée.

Le clocher carré de l’édifice est un bel exemple d’art roman, et peut être rapproché de celui de l’église de Chazelle. Il se compose d’une souche aveugle délimitée par un cordon de pierre, et de trois étages. Ses quatre faces sont identiques et sont creusées de bandes lombardes qui se terminent pour les deux premiers niveaux par un cordon de pierre sur modillons nus, et pour le dernier niveau par des arcatures en plein cintre sur des modillons. Le premier étage ne comporte qu’une baie plein cintre par face, sans décor. C’est également le cas du deuxième niveau, mais ses baies sont plus larges et murées[1]. Le troisième étage est quant à lui muni d’une baie géminée par face, avec retombée médiane sur pilastre. Le clocher est coiffé d’une haute flèche à quatre pans en pierre, supportée par une corniche mêlant cordons de pierre et frise en dents d’engrenage.

Plan de l'église ©Frédéric Didier ; Les datations sont incertaines ; Source: mairie de Chissey-lès-Mâcon

La nef romane est rectangulaire, de taille moyenne. Ses gouttereaux sont épaulés par des contreforts plats qui encadrent les baies romanes en plein cintre doublement ébrasées, trois au nord et quatre au sud. Au nord, le mur est ouvert par un portail roman en légère saillie, dont la double voussure en plein cintre repose sur des colonnes latérales aux chapiteaux sculptés. Le tympan du portail, en pierre, est polylobé. On distingue quelques traces de peintures anciennes. La maçonnerie du gouttereau sud laisse paraître deux phases de construction différentes : la base du mur est en petit appareil, tandis que le haut est en moyen appareil bien régulier.

Le bloc occidental moderne est accolé directement à la nef romane. Il s’ouvre par un large transept dont les bras sont formés par deux larges chapelles rectangulaires, sous des toitures transversales à deux pans desquelles se démarquent les pignons. Elle sont épaulées de larges contreforts aux angles, et sont chacune éclairées par une large baie plein cintre. La travée de chœur reprend pour sa part la continuité de la toiture de la nef, et se termine par un pignon en légère saillie, dont la pointe est coiffée d’une croix et dont les extrémités sont flanquées de contreforts. La travée de chœur est percée d’une baie plein cintre au nord et accolée à une petite sacristie carrée au sud. A l’ouest, l’abside semi-circulaire complète l’édifice. Elle est éclairée par deux baies en plein cintre et épaulée par quatre contreforts qui s’arrêtent en deçà de la toiture. Une corniche à modillons nus court sur toute la partie moderne, tandis que certains des modillons de la nef sont sculptés. L’édifice est couvert de tuiles creuses complétées de laves sur les bords.


A l’intérieur, l’église a toute la sobriété des édifices romans, malgré la reconstruction partielle du XIXe siècle. On pénètre dans l’édifice par le clocher-porche. La travée sous clocher est voûtée d’arêtes[2], épaulée au nord et au sud par un arc de décharge en plein cintre. La porte de montée au clocher se trouve dans le mur nord. La nef de quatre travée est entièrement dallée et s’ouvre par un arc brisé. Elle est voûtée d’un berceau brisé rythmé par des arcs doubleaux de même forme, qui retombent sur des colonnes engagées aux chapiteaux sculptés de motifs variés. Ces chapiteaux soulignent le cordon de pierre qui marque la base de la voûte. Des arcades brisées servant à décharger la poussée de la voûte sont plaquées contre les gouttereaux. Elles reposent sur de simples piédroits à impostes. Dans le mur est, on distingue un large arc en plain cintre, au-dessus de l’arc brisé qui ouvre le clocher-porche.

A l’ouest, le transept s’ouvre par un large arc brisé retombant sur de grosses colonnes aux chapiteaux sculptés. La croisée est voûtée d’arêtes qui retombent aux angles sur de petites colonnes aux chapiteaux sculptés, en hauteur. Les bras du transept s’ouvrent par des arcs brisés qui reposent sur des colonnes similaires aux autres. Ils sont voûtés de berceaux transversaux brisés et accueillent les autels latéraux. Au nord, on distingue le contour d’une ancienne ouverture en cintre brisé.

Une travée droite ouvre le chœur à l’est. Surélevée de trois marches, elle est délimitée par une grille de communion épaulée de chaque côté par une cuve baptismale en pierre. Elle s’ouvre par un large arc brisé semblable aux autres et est voûtée d’un berceau également brisé. Cette travée abrite la table d’autel moderne en bois et les bancs curiaux. Au sud, une petite porte mène à la sacristie. L’abside, plus étroite que la travée précédente, s’ouvre par un arc en plein cintre. elle est voûtée d’un cul-de-four. Ses murs sont ornés d’un décor néo-roman d’arcatures sur colonnettes, qui encadrent les baies. L’abside accueille le maître-autel. Toutes les baies modernes sont en plein cintre et sont encadrées par des colonnettes aux chapiteaux sculptés.

Inventaire décor et mobilier

  • Décor du clocher :

Bandes et arcatures lombardes, modillons, baies géminées, frise en dents d’engrenage formant la corniche

  • Modillons de la nef romane, à l’extérieur :

Modillons pincés ou ornés de motifs divers

  • Décor des portails :

Portail est, néo-roman : double voussure en plein cintre, fines colonnes aux chapiteaux sculptés de motifs végétaux

Portail nord, roman : double voussure en plein cintre, fines colonnes latérales aux motifs végétaux, tympan en pierre polylobé avec traces de peintures anciennes, linteau souligné par des fleurs de lys et des palmes

  • Chapiteaux romans sculptés de la nef (arcs doubleaux), aux motifs variés[3] : la Nativité, l'Annonciation, David contre Goliath, masques démoniaques, dragons...
  • Chapiteaux modernes sculptés (motifs végétaux principalement), dans la partie reconstruite (en support des arcs, encadrement des baies…)
  • Décor moderne d’arcatures sur colonnettes entourant les baies de l’abside
  • Arcades de décharges, plaquées contre les gouttereaux de la nef
  • Maître-autel moderne en pierre, au décor chargé. L’antependium est sculpté au centre de la Sainte Famille, entourée de saint Paul (droite) et saint Pierre (gauche). L’autel est surmonté du tabernacle et orné de peintures.
  • Table d’autel moderne, en bois
  • Autels latéraux :

Dans le bras droit du transept, autel dédié à la Vierge. En pierre blanche, son antependium est sculpté d’une représentation de la Vierge recevant la Révélation. L’autel est surmonté d’un retable accueillant les statues de la Vierge, de saint Joseph et de saint Jean.

Dans le bras gauche du transept, autel dédié à saint Pierre. En pierre blanche, son antependium est sculpté du Christ entouré des apôtres. L’autel est surmonté d’un retable accueillant les statues de saint Pierre, saint Louis et saint Benoît.

  • Cuves baptismales en pierre, du Xe siècle, provenant de l’ancienne église de Prayes
  • Fonts baptismaux, derrière une grille en fer forgé, en pierre blanche moulurée
  • Crucifix en fer forgé
  • Croix de procession
  • Bénitiers encastrés (clocher-porche) dont les vasques sont chacune sculptées d’une main, qui semble soutenir le tout.
  • Statues :

Sainte Thérèse de Lisieux (bras droit du transept)

Saint Joseph (autel droit)

Vierge à l’Enfant (autel droit)

Saint Jean (autel droit)

Statuette du Sacré-Cœur

Statuette de saint Antoine

Saint Pierre (autel gauche)

Saint Benoît (autel gauche)

Saint Louis (autel gauche)

Statue décapitée (chapelle gauche)

Christ en croix (au-dessus de l’entrée est)

  • Demi-colonne au chapiteau sculpté, servant de socle
  • Pierre grattée
  • Chemin de croix
  • Grille de communion en fonte moulée
  • Plaque commémorative des soldats morts au combat
  • Bancs curiaux
  • Confessionnal en bois

Rénovations / Etat

  • Rénovations :

XIXe :

Dès 1843 : projet de reconstruction de l’église

1848 : église romane dessinée par Rousselot, inspecteur des Forêts

1853 : plans et devis dressés par l’architecte Berthier

1854 : restauration et agrandissement de l’église

1866 : refonte de la clocher, restauration des autels

Vers 1873 : réfection du beffroi du clocher

XXe :

1908: l’église de Prayes est détruite, les cuves baptismales du Xe siècle sont installées dans l’église de Chissey-lès-Mâcon

1927 : église inscrite au titre des Monuments Historiques

Vers 1934 : travaux de consolidation de l’église

1970 : décapage des enduits intérieurs ; pierres rejointoyées avec de la chaux blanche et du sable jaune

1971 : toiture débroussaillée et nettoyée ; nettoyage de la voûte et du badigeon de la nef

1982 : réfection de la toiture du côté nord (laves), reprise des tuiles creuses, remplacement d’une corniche

1985 : reprise du clocher (maçonnerie)

XXIe :

Années 2000 : chute de matériaux du clocher, fuites dans la toiture, infiltrations d’eau

2002 : étude préalable réalisée par Frédéric Didier dans l’optique de travaux de restauration

2009 : réfection de la couverture de la nef

Dès 2016 : nécessité de travaux urgents

2019-2020 : travaux sur le clocher

  • Etat :

L’église Saint-Pierre est en bon état général et est régulièrement entretenue. La nef romane présente néanmoins des fissures et infiltrations d’eau qui risquent de menacer l’édifice.

  • Classement :

L’église est inscrite au titre des Monuments Historiques depuis 1927.

La partie romane (nef et clocher) est classée Monument Historique depuis 1935.

Actualités

Pour suivre l’actualité de l’édifice, contacter directement la mairie.

Visite

L’église est généralement ouverte, en tout cas pendant la saison estivale.

Pour préparer une visite, contacter directement la mairie.

L’édifice est accessible aux personnes à mobilité réduite (les deux entrées sont de plain-pied).

Association engagée

  • Les Amis des Eglises de Chissey-lès-Mâcon :

Ancienne association qui s’attachait à la sauvegarde des églises se trouvant au bourg de Chissey-lès-Mâcon et au hameau de Lys.

  • Association Chissey Animation :

Adresse : Le Bourg - 71460 CHISSEY-lES-MACON

Tel : 03 85 50 12 77

Mail : anne.leguet@orange.fr

Iconographie ancienne et récente


Crédit Photos: CEP

Plans cadastraux

Cadastre actuel, cadastre.gouv

Bibliographie

  • CHANAY, Colette, « Les chapiteaux de Chissey-lès-Mâcon », In : Images de Saône-et-Loire, n° 51 (automne 1982), pp. 3-6.
  • RIGAULT, Jean, Dictionnaire topographique du département de la Saône-et-Loire, 2008.
  • VIREY, Jean, Les églises de l’ancien diocèse de Mâcon, Mâcon, Protat, 1935, 474p.

Sources

  • Oursel, Anne-Marie et Raymond, Fiche d’inventaire départemental, 1969 :

Archives départementales de la Saône-et-Loire

  • Fiche édifice de la Bourgogne Romane :

Eglise de Chissey-lès-Mâcon

  • Article de la Bourgogne Médiévale :

Chissey-lès-Mâcon

  • Fiche édifice de la Fondation du Patrimoine :

Eglise Saint-Pierre

  • Documents de la mairie, dont le diagnostic et rapport de Frédéric Didier, décembre 2002

Propriétaire / Contact

Commune de Chissey-lès-Mâcon

03 85 50 13 65

mairie.chissey.l.m@wanadoo.fr

Patrimoine local et/ou folklore

Eglise romane dont la construction semble remonter au milieu du XIIe siècle.

La voûte de l’abside est ornée de peintures anciennes représentant le Christ en Gloire.

Elle est inscrite au titre des Monuments Historiques depuis 1938.

Eglise romane construite au XIIe siècle. C’est un petit édifice trapu, tout en sobriété, bâti en hauteur du bourg face à un panorama remarquable sur les vignes et les villages voisins.

Peu remaniée, seule une chapelle a été ajoutée au XIXe siècle au sud de la travée sous clocher.

L’église est classée Monument Historique depuis 1942, tout comme son cimetière.

Edifice partiellement roman (Xe et XIIe siècle) constitué de styles architecturaux hétéroclites. L’église a été remaniée de nombreuses fois, ce qui rend sa datation difficile.

Il s’agit vraisemblablement d’un des édifices les plus anciens de la région.

Les colonnes de la travée sont inscrites aux Monuments Historiques depuis 1932.

Notes et références

  1. Selon Oursel, il pourrait s’agir de cintres creux.
  2. Au début du XXe siècle, Jean Virey dit que la travée sous clocher est voûtée d’une coupole sur trompes
  3. Voir à ce sujet l’article de Colette Chanay