Vieux Clocher de Saint-Martin-Belle-Roche
L’ancienne église Saint-Martin, aujourd’hui nommée « Vieux Clocher », est une église paroissiale romane désaffectée. Elle est située à Saint-Martin-Belle-Roche, dans le département de la Saône-et-Loire, en Bourgogne-Franche-Comté. Sa construction remonte probablement à la seconde moitié du Xe siècle, comme en témoignent les bandes lombardes très irrégulières de l’abside et du niveau inférieur du clocher. La forte épaisseur des murs de l’abside et de la travée sous clocher suggère également cette datation, tout comme l’usage d’arcs en plein cintre. Le niveau supérieur du clocher, avec sa maçonnerie en gros appareil, bien distincte du reste de l’édifice, et son décor d’arcatures très régulières, semble en revanche postérieur, possiblement du XIIe siècle. Il a vraisemblablement été remanié au cours des siècles suivants. La nef de l’église d’origine est, quant à elle, détruite au XIXe siècle afin de gagner de la place pour la construction de la nouvelle église. Dans le chœur de l’église se trouve encore aujourd’hui un ciborium gothique encastré, avec des inscriptions de la même période. Les vestiges de l’église sont inscrits au titre des Monuments Historiques depuis 1942. Ils sont depuis régulièrement entretenus.
Adresse | Impasse du Vieux Clocher, 71118 Saint-Martin-Belle-Roche |
Coordonnées GPS | 46°22'51.9"N 4°51'24.7"E |
Paroisse de rattachement | Paroisse Notre Dame des Coteaux en Mâconnais |
Protection Monuments Historiques | Inscrit en 1942 |
Sommaire
- 1 Historique
- 2 Description architecturale
- 3 Inventaire décor et mobilier
- 4 Rénovations / Etat
- 5 Actualités
- 6 Visite
- 7 Association engagée
- 8 Iconographie ancienne et récente
- 9 Plans cadastraux
- 10 Bibliographie
- 11 Sources
- 12 Propriétaire / Contact
- 13 Patrimoine local et/ou folklore
- 14 Notes et références
Historique
Le village de Saint-Martin-Belle-Roche a des origines très anciennes. Des traces de peuplement remontant à près de 40 000 ans ont ainsi été repérées sur le territoire de la commune[1]. Les vestiges d’une villa gallo-romaine ont également été découverts au XIXe siècle. La première mention des lieux remonte au tout début du IXe siècle (vers 801) sous le nom de « Diviacum » et est faite dans une charte du chapitre de Saint-Vincent de Mâcon : Diviacum cum ecclesia Sancti-Martini[2]. Au XIIIe siècle, le village prend le nom de Senozan (Senausano[3]) puis Saint-Martin-de-Senozan. En 1894, le toponyme actuel de Saint-Martin-Belle-Roche[4] est adopté par décret. C’est un petit village rural qui vit majoritairement d’une agriculture diversifiée (élevage, cultures, vignes...), et de l’exploitation de la carrière et de l’usine de production de lait en poudre.
Un premier édifice est mentionné sur le territoire de la commune dès le début du IXe siècle : Ecclesia Sancti-Martini[5]. De ce premier lieu de culte, il ne reste rien. Au Xe ou XIe siècle, on retrouve un autre édifice, sous le même vocable : Ecclesia Sancti-Martini que est constructa in pago Matisconensi, in agro Potiacensi, in villa Diviaco[6]. L’édifice qui subsiste aujourd'hui appartient vraisemblablement à cette construction. C'est en tout cas suggéré par le décor de bandes et arcature lombardes très irrégulières présent sur l’abside et sur le niveau inférieur du clocher, typique du premier art roman. L’église Saint-Martin est dès sa fondation et jusqu'au XIXe siècle le centre de la paroisse de Senozan, et est à la collation de l’évêque de Mâcon. La paroisse est mentionnée pour la première fois au XIIIe siècle : Parrochia Sancti-Martini de Senausano[7].
L’église du Xe siècle se compose à l’origine d’une nef unique rectangulaire (de 6.20m de largeur et 21m de long[8]) et d’une travée sous un clocher carré, suivies d’une travée droite et d’une abside. C’est là le plan habituel des petits édifices romans de la région. Au XIIe siècle, une première reprise de l’édifice a vraisemblablement lieu, et concerne notamment le niveau supérieur du clocher, ajouté ou reconstruit en cette occasion. Plusieurs restaurations de l’édifice sont effectuées au fil des siècles, à des dates inconnues. Elles touchent en particulier le clocher et les baies de l’édifice, qui sont élargies (à l’exception de la baie axiale de l’abside). Une chapelle est également ajoutée au sud de la nef à une date inconnue, tout comme un porche d’entrée.
Le XIXe siècle est un tournant décisif dans l’histoire de l’église Saint-Martin. En 1834, le cimetière qui entourait jusqu’alors l’édifice est déplacé en dehors du bourg, afin d’assainir le centre du village et les abords des habitations. Le cimetière est alors installé à La Croix Rabutin[9] et largement agrandi, permettant ainsi de nouvelles inhumations. En 1863, l’église du Xe siècle étant jugée trop petite et vétuste, des plans sont dressés par l’architecte départemental Dominique pour la construction d’une nouvelle église, beaucoup plus vaste[10]. L’ancienne église doit alors être démolie et cédée à l’entrepreneur en charge des travaux, Mr Chevrier, pour « frais de démolition et de déblai de la place »[11].
A partir de 1864, les travaux sont engagés mais sensiblement modifiés par rapport au plan initial : la nouvelle construction est déplacée un peu plus au nord, ce qui permet de conserver le chevet de l’église romane. Seule la nef est supprimée. La cloche que cette dernière abrite est également conservée et reliée à la nouvelle église, dont le beffroi n’a pu être terminé faute de moyens[12]. L’église romane est dès lors appelée Vieux Clocher, pour la distinguer de la nouvelle église, placée sous le vocable de Saint-Martin.
Les vestiges de l’ancienne église sont par la suite relativement peu entretenus. En 1942, l’édifice est inscrit au titre des Monuments Historiques, afin de le protéger. Dans les années 1970, le Vieux Clocher est selon le couple Oursel en partie ruiné. En 1980, quelques travaux d’entretien sont engagés. A cette occasion, la petite cloche de 1713 est enlevée, puisque cassée[13]. La toiture de l’édifice est également restaurée par Mr Pierre, originaire de Clessé.
En 2008, une délibération municipale traite de l’état préoccupant du Vieux Clocher. Un accord est trouvé pour organiser la restauration complète de l’édifice. En 2010, un projet concret de rénovation voit le jour, sous l’impulsion de l’association Saint Martin Belle Pierre, créée dans ce but par les habitants du village. Les travaux se déroulent de 2010 à 2012, en deux phases[14], et sont menés par l’architecte Raphaël Devroey. La première phase prévoit la réfection de la toiture en laves du chevet, qui est réalisée par Mr Jamet, lavier-murailler, ainsi que la restauration de la voûte de la travée sous clocher et la réhabilitation de l’ancien accès au clocher. La maçonnerie extérieure est également reprise par l’entreprise Dufreigne, et un paratonnerre est installé.
La deuxième phase des travaux comprend la réfection des façades, la restauration des parois intérieures et du sol en tomettes. Des vitraux sont également installés. Ils sont l’œuvre de Marina Pernet<ref<Document de l’association</ref>. Les peintures murales de l’abside et du chœur sont également restaurées à l’aquarelle réversible. Les enduits des plafonds sont consolidés, et les badigeons à la chaux fixés. Ces travaux sont réalisés par Nelly Cochet (restauratrice du patrimoine) et son équipe de trois restauratrices. Les décors des croix de consécration sont fixés par Marie-Paule Dubois et Cécilia Billaud.
Ces travaux sont financés par la municipalité, la D.R.A.C (direction régionale des affaires culturelles) et l’association Saint Martin Belle Pierre. Une levée de fonds est également effectuée via la Fondation du Patrimoine. A la suite de cette restauration générale, des boîtes de vues sont installées sur la façade ouest. Elles permettent aux passants d’admirer les peintures intérieures. Un panneau d’information a également été installé aux abords de l’édifice.
Description architecturale
GLOSSAIRE : Bourgogne Romane
Le Vieux Clocher est composé d’une travée sous clocher, d’une petite travée droite et d’une abside. A l’origine, l’ancienne église Saint-Martin comportait également une nef unique rectangulaire longue de trois travées, précédée d’un porche d’entrée et flanquée au sud d’une chapelle. L’édifice actuel est en petit appareil, sauf l’étage supérieur du clocher, bâti de grosses pierres taillées.
A l’ouest, la façade de l’édifice est formée par un mur nu séparé en deux parties par un cordon de pierre. Sur la partie inférieure de ce mur, on distingue le tracé de l’ancien arc triomphal en plein cintre, qui entoure aujourd'hui les boîtes de vue. Deux gros contreforts soutiennent ce mur à chaque extrémité. La partie supérieure du mur de façade est ouverte de la porte d’accès au clocher, en plein cintre, récemment réhabilitée et qui donnait à l’origine sur la nef. La travée sous clocher, plus étroite que le mur de façade, est flanquée de petites constructions semblables à de très minces croisillons, avec leurs propres pans de toiture. Ils sont épaulés par deux contreforts massifs de chaque côté. Au sud, la travée est éclairée par une petite fenêtre rectangulaire. Au nord, elle est simplement percée d’une très fine meurtrière, ainsi que de la porte d’entrée.
Le clocher de plan carré est composé de deux niveaux séparés par un cordon de pierre. Le premier étage est aveugle, simplement orné de bandes et arcatures lombardes sur chaque face. Le deuxième étage, légèrement en retrait, est ouvert d’une baie géminée par face, inscrite dans un décor d’arcatures plein cintre et à retombée médiane sur chapiteau sculpté. Une corniche de pierres plates fait le tour du clocher et supporte une courte pyramide à quatre pans. Une travée très étroite introduit le chœur à l’est. Elle est ouverte d’une baie plein cintre moderne de chaque côté. L’abside semi-circulaire complète l’édifice. Elle est percée de trois baies ébrasées, dont seule celle au centre est d’origine. Ces ouvertures sont inscrites dans un décor de bandes lombardes. Le tracé de baies anciennes est également visible sur le mur. Une corniche à modillons nus court sur tout le pourtour du chœur. Tout l’édifice est couvert de laves.
A l’intérieur, la travée sous clocher est voûtée d’arêtes, supportées par des arcs de décharge au nord et au sud. La travée de chœur est en berceau plein cintre, tandis que l’abside est voûtée d'un cul-de-four dont la clef est moulurée. Tout le chœur est couvert de peintures ornementales.
Inventaire décor et mobilier
- Décors du clocher et de l’abside :
Clocher : bandes et arcatures lombardes ; baies géminées aux chapiteaux sculptés (motifs de pommes de pin, coquilles Saint-Jacques, feuillages[15]) et ensemble d’arcatures en plein cintre
Abside : bandes et arcatures lombardes
- Peintures du chœur :
Peintures ornementales à décor de rinceaux traités en ocre gris.
- Ciborium encastré, style gothique flamboyant (au nord de l’abside).
- Cloche :
Il n’en reste qu’une sur les deux d’origine, la plus grosse, de 1802. On y lit :
« Anno 1802 – Nunc veritatem annonciabo vobis » : Maintenant je vous annoncerai la vérité.
La plus petite cloche, de 1713, a été enlevée en 1980, puisque cassée et hors d’usage.
- Vitraux modernes réalisés par Marina Pernet.
Une partie du mobilier de l’église du XIXe siècle provient du Vieux Clocher, avant désaffection.
Rénovations / Etat
- Rénovations :
XIXe :
1834 : déplacement du cimetière
1864 : destruction de la nef romane et construction de la nouvelle église
XXe :
1942 : inscription au titre des Monuments Historiques
1980 : réparations ; enlèvement de la petite cloche de 1713, hors d’usage ; réfection de la toiture
XXIe :
2010-2012 : restauration complète de l’édifice : consolidation des enduits du plafond, fixation des badigeons à la chaux et retouche des peintures à l’aquarelle réversible ; pose de vitraux et restauration des murs, du sol en tomettes et de la façade.
- Etat :
Le Vieux Clocher est en bon état général et a été restauré récemment. Il fait l’objet d’un soin attentif de la part de la commune et de ses habitants.
- Classement :
Le Vieux Clocher est inscrit au titre des Monuments Historiques depuis 1942.
Actualités
Pour suivre l’actualité du Vieux Clocher, consulter le site internet de la mairie ou celui de l’association patrimoniale locale :
Visite
Le Vieux Clocher est d’ordinaire fermé, sauf lors des Journées du Patrimoine.
Pour visiter l’édifice en dehors de cette période, prendre rendez-vous avec la mairie ou avec l’association Saint Martin Belle Pierre.
Des hublots ont été installés afin de permettre aux passants d’admirer l’intérieur de l’ancienne église en toute occasion.
L’édifice n’est pas adapté aux personnes à mobilité réduite : le chemin d’accès en gravier accuse une légère pente (il semble difficile d’y faire circuler un fauteuil roulant, en tout cas pas seul), et la porte d’accès est assez étroite et précède une marche. Les hublots extérieurs sont néanmoins à deux hauteurs différentes.
Association engagée
Association « Saint Martin Belle Pierre » :
Créée en 2010, l’association a pour but la sauvegarde et la mise en valeur du patrimoine du village. Elle organise également des animations culturelles.
Administrateur délégué de l’association : Jean Claude Ducrot
Contact : smbellepierre@gmail.com
Site internet : saintmartinbellepierre.jimdo.com
Adresse : 222 rue du centre, 71118 - Saint-Martin-Belle Roche
Iconographie ancienne et récente
Crédit Photos: CEP
Plans cadastraux
Bibliographie
- RIGAULT, Jean, Dictionnaire topographique du département de la Saône-et-Loire, 2008.
Sources
- Oursel, Anne-Marie et Raymond, Fiche d’inventaire départemental, 1976 :
Archives départementales de la Saône-et-Loire
- Fiche édifice de la Bourgogne Romane :
- Documents réalisés par l’association Saint Martin Belle Pierre
Propriétaire / Contact
Commune de Saint-Martin-Belle-Roche
03 85 23 92 50
mairie@saintmartinbelleroche.fr
Patrimoine local et/ou folklore
- Eglise paroissiale de Saint-Martin-Belle-Roche (XIXe siècle).
Village de Saint-Martin-Belle-Roche
- Carrières Masson :
Gisement de calcaire dur, exploité depuis des siècles. La pierre de Saint-Martin est mondialement réputée pour ses caractéristiques techniques et esthétiques.
- Le Carmel Saint-Joseph, siège social des Carmélites.
- Le Vieux Château de Saint-Martin-Belle-Roche :
Maison-forte du XIVe siècle, rénovée depuis 2010 par les nouveaux propriétaires.
Le château est inscrit au titre des Monuments Historiques depuis 1987.
Notes et références
- ↑ Site de l’association Saint Martin Belle Pierre
- ↑ Rigault, Jean, Dictionnaire topographique du département de la Saône-et-Loire, 2008.
- ↑ Ibidem
- ↑ Pendant la période révolutionnaire, le village se nommait « Belle Roche ».
- ↑ Rigault
- ↑ Ibidel
- ↑ Ibidem
- ↑ Panneau d’information sur place
- ↑ Document de l’association.
- ↑ Oursel, Anne-Marie et Raymond, Fiche d’inventaire départemental. Les plans envisagés sont consultables sur le site internet des archives.
- ↑ Oursel cite ici la délibération municipale.
- ↑ Oursel
- ↑ Panneau d’information.
- ↑ Au sujet des travaux, voir : : reportage sur la restauration; [1] & [2] : articles du JSL
- ↑ Document de l’association