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Les villes

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Sommaire

Cluny

Commune du département de Saône-et-Loire, Cluny est à 24 km au nord ouest de la préfecture, Mâcon. Elle s’inscrit au cœur de la Bourgogne du Sud, à portée de la croisée des voies nord-sud et est-ouest, très bien desservie par la voie express Centre Europe-Atlantique et la gare TGV de Mâcon-Loché. La ville est arrosée par la rivière Grosne. Sa partie basse, en zone marécageuse, a été assainie au XIVe siècle par les moines avec la construction d’une digue et le rejet de la rivière plus à l’Est.

Brève histoire de Cluny

Occupée dès la Préhistoire, (fouille de sauvegarde 2005), Cluny avant Cluny se situait à l’époque gauloise dans la partie sud-est de la « cité des Eduens ». Des traces d’occupation gallo-romaine, mérovingienne et carolingienne ont été découvertes. En 800, la villa de Cluny, importante exploitation agricole, fait partie du domaine impérial de Charlemagne, qui en fait don en 801 à Saint-Vincent de Mâcon. La villa cluniacensis apparaît pour la première fois dans une charte de 825. Elle passera rapidement entre les mains des comtes de Mâcon.

Le 11 septembre 909, Guillaume le Pieux, duc d’Aquitaine, comte de Mâcon et Bourges, héritier du domaine de sa sœur Ava, signe l’acte de fondation d’une abbaye, qu’il confie à l’abbé Bernon. Cet abbé bénédictin est déjà à la tête de deux abbayes jurassiennes, Gigny et Baume-les-Messieurs. L’acte place l’établissement sous l’autorité directe du Pape. Bernon fait venir six moines de Gigny et six moines de Baume, s’installant dans la villa, et en utilisant la chapelle transformée vraisemblablement (hypothèse récente) en première église abbatiale. Bernon, abbé réformateur, se lance dans la fondation de nouveaux monastères. L’abbaye s’enrichit de nombreuses donations. Ce début de grande expansion s’accompagne d’un développement très rapide du bourg à l’ouest et au sud de son enceinte. Se succèdent alors de Grands Abbés, dont plusieurs seront canonisés : Odon en 926, Aymard en 942, Mayeul de Valensole en 963, Odilon de Mercoeur en 994 (pour 50 ans), Hugues de Semur en 1049 (pour 60 ans) … A chaque élection, le pape confirme la place de Cluny, et établit un « ban sacré » où nulle violence ne peut être exercée sous peine d’excommunication, et qui ne cessera de s’agrandir. Elu en 1122, Pierre de Montboissier, dit Pierre le Vénérable, est le dernier des grands abbés. A l’Eglise clunisienne, réformatrice, succède l’Ordre clunisien, vaste ensemble européen regroupant en provinces des centaines d’abbayes, prieurés, doyennés, sur toute l’Europe occidentale.

En 981, une deuxième église abbatiale (Cluny II) est bâtie. Lieu protégé, Cluny accueille une population d’autant plus importante que les besoins des moines vont grandissant, leurs origines nobles ne les poussant guère au travail manuel. Partant de la paroisse Saint-Mayeul, sur la colline, le bourg est déjà constitué aux alentours de l’an Mil. Il poursuivra son développement à l’ouest de l’abbaye par la paroisse Notre-Dame, puis le faubourg Saint-Marcel. Abbaye et bourg s’entourent de remparts de bois, et esquissent une enceinte de pierre autour de l’abbaye. L’abbé Hugues de Semur lance en 1088 la construction de la grande église abbatiale dite Cluny III, la plus grande de la chrétienté avec ses 187m de longueur et 77m de largeur au niveau du grand transept. La nef s’élève à 30m sous voûte. Le chantier attire maçons et tailleurs de pierre, permettant aux bourgeois de construire entre le XIIe et le XIVe siècle de nombreuses maisons romanes et gothiques (150 identifiées). Quelques belles façades romanes et gothiques à claires-voies, escaliers et fenêtres du XVe siècle, de la Renaissance et du XVIIe, témoignent encore du goût des Clunisois pour les maisons en pierre.

Les abbés, liés aux papes, ont un rôle diplomatique. En 1245, le roi Louis IX (saint Louis) vient à Cluny rencontrer le pape Innocent IV, sous l’arbitrage de l’abbé Guillaume III de France, petit fils de Philippe Auguste et cousin du roi. Il s’agit d’aplanir la querelle des Investitures opposant le pape et l’empereur du Saint Empire Romain Germanique. A partir du XIVe siècle, la ville et l’abbaye sont entourées de fortifications en pierre.

A la nomination par les moines de l’abbé de Cluny, seul abbé de l’Ordre (les autres sont prieurs), succède la commende, conduite par le pape. Puis au XVe siècle, le roi de France nomme les abbés, tous princes de sang. Jean de Bourbon (1456) construira le premier palais abbatial en dehors de la clôture, chose contraire à la règle. On lui doit une chapelle gothique dans l’église abbatiale, toujours visible. Jacques d’Amboise, son successeur, ajoute en 1500 un palais recouvert d’albâtre blanc sculpté, de style gothique flamboyant et première Renaissance italienne.

En 1562, les Guerres de Religion ensanglantent le pays. Ville et abbaye sont prises et pillées par les Protestants. S’affrontent alors plusieurs factions : l’abbé Claude de Guise, tenant pour la Ligue ultra catholique, la ville (certains habitants sont protestants) qui tient pour le roi, les armées du roi et les Protestants venus du Bourbonnais.

Au XVIIe siècle, Richelieu et Mazarin seront abbés de Cluny. Au XVIIIe siècle, les ordonnances royales obligent à réaligner les rues, détruisant de nombreuses façades romanes et gothiques. Les moines entreprennent de 1723 à 1753 la construction d’un cloître classique, avec deux ailes regroupant les bâtiments abbatiaux. Ils rasent l’ensemble médiéval de chapelles, cloîtres, infirmeries, réfectoires, dortoirs, installé durant des siècles. La Révolution sauvera, en interrompant un projet de 1774, l’hostellerie de saint Hugues (1090), et la façade du palais du pape Gélase (XIIIe siècle).

La Révolution gronde fin juillet 1789. La Grande Peur, après la prise de la Bastille, pousse le peuple des campagnes à se diriger vers Cluny, dont l’abbé reste le seigneur et le plus important propriétaire terrien. La milice bourgeoise, armée de fusils, sort à leur rencontre, en tue cinq, et en fait prisonniers 164. Ce triste épisode, qu’encouragent les moines, se terminera par la pendaison de six « brigands », et la flagellation d’un autre ensuite marqué au fer rouge. Les moines seront contraints de quitter l’abbaye en 1791. Ils n’étaient plus que 41. La major ecclesia, trop monumentale pour être assumée par la municipalité, sera vendue comme bien national et en grande partie détruite entre 1798 et 1823, comme carrière de pierre ou s’effondrant d’elle-même, et alimentant la construction du Haras national voulu par Napoléon 1er dès 1806.

En mars 1814, les Autrichiens viennent de Cormatin prendre possession de la ville. Les plénipotentiaires sont tués par les francs-tireurs du baron de Damas, qui abandonnent ensuite la ville. Cluny ne sera sauvée que par une rançon, grâce à l’intervention de la belle Nina Dezoteux de Cormatin auprès du général autrichien Menningen.

Comment la ville de Cluny s’est-elle développée ?

Les différents quartiers de Cluny constituent la trame de son développement. La ville s’est étoffée par peuplements successifs, sur une période s’échelonnant de la fin du 10e siècle au début du 12e. Elle a été accompagnée dans son développement par l’abbaye, dont les besoins en personnel laïc, ouvriers, et fournisseurs, étaient importants. Ces différents pôles finirent par se rejoindre pour une continuité. Le premier foyer de peuplement fut Saint-Mayeul, autour de l’an Mil, dont on peut penser qu’il s’appuyait sur une présence antérieure à l’abbaye elle-même. Le quartier Notre-Dame se développa au milieu du 11e siècle le long du chemin principal, contre l’enceinte sud de l’abbaye. Puis s’agglutina autour des portes de l’abbaye un nouveau quartier, qui réunit Saint-Mayeul et Notre-Dame. Ces 3 quartiers seront pris dans le premier rempart de la ville, et la paroisse Saint-Mayeul englobera ultérieurement le quartier des Portes de l’abbaye. Au sud-ouest, se développa à la fin du 11e siècle le quartier Saint-Odon, qui sera rebaptisé Saint-Marcel au 12e siècle. Situé hors des murs, ce quartier sera finalement intégré au 14e siècle par une extension des remparts. A l’origine de ces noyaux de peuplement, les abbés construisirent pour chacun une chapelle, qui selon son succès se transforma en église paroissiale (comme Saint-Mayeul, Notre-Dame et Saint-Marcel), ou se retrouva hors des murs et finit par disparaître (comme la chapelle Saint-Odilon au sud).

Le deuxième patrimoine roman et gothique en Europe après Venise

Cluny aujourd'hui

De nombreux personnages célèbres sont nés ou sont passés à Cluny : philosophes comme Abélard, peintres comme Prud’hon ou Edouard Sain , politiques comme Lamartine (ses ancêtres Alamartine, furent anoblis à Cluny), ou encore Mitterrand dont l’épouse est inhumé sur place. Plusieurs papes furent moines de Cluny, dont Urbain II qui prêcha la première croisade.

Outre le Haras National, Cluny accueille dans l’abbaye l’Ecole d’Arts et Métiers depuis 1901, et le Centre des Monuments Nationaux qui en assure la conservation. La Congrégation des Sœurs de Saint-Joseph de Cluny (1812), présente sur cinq continents, a transformé sa maison-mère du couvent des Récollets en maison de retraite.

La petite cité a compté très vite plusieurs milliers d’habitants dès le XIIe et XIIIe siècle ; en 1900 elle en annonçait 4 273. Aujourd’hui, la population dépasse les 5 000 habitants. Les habitants de Cluny sont des Clunysois. Tout ce qui concerne l’abbaye et les moines est nommé Clunisien.

Mâcon

Mâcon, voie de passage depuis l’Est vers la vallée de la Loire, possédait plusieurs gués, fréquentés dès la Protohistoire, que ce soit au niveau de l’île d’Amprun (Varennes-lès-Mâcon), ou du haut fond au niveau de l’ancien barrage. Grand port de la Saône, Mâcon accueille sur sa rive d’amont en aval le mouillage du Service Navigation, le port industriel, un quai sablier et le nouveau port de commerce. Ponton et tremplin de ski nautique rappellent la vocation de Mâcon pour les sports nautiques. A l’amont de la ville, on trouve un port de plaisance très bien équipé. Sur les quais, d’amont en aval, se succèdent un port à gradins (en amont du pont de Saint-Laurent), et le quai Lamartine auquel accostent les grands bateaux de croisière et de passagers. Une dérivation à grand gabarit, contournant Saint-Laurent, évite aux grosses unités le passage délicat sous le pont Saint-Laurent.

Visuels 06930023 – CD GT 2 Planche 1 Le port de plaisance 07170037 – CD GT 5 Planche 1 Bateau de croisière au quai Lamartine 07180007 – CD GT 6 Planche 1 Pont sur la dérivation de Mâcon

De Matisco à Mâcon

L’oppidum gaulois de Matisco s’installa sur le plateau de la Baille à la fin du 1er siècle avant JC. Une ville gallo-romaine se développa autour de l’oppidum et en bordure de Saône. Un moment fortifiée sur l’éperon rocheux au IIe siècle, afin de se protéger des invasions, la cité se redéploya au VIe siècle autour de la première cathédrale. Au Xe siècle, les comtes de Mâcon, prenant leurs distances avec le pouvoir central, construisirent un château au nord du plateau. La cathédrale Saint-Vincent, rebâtie à cette époque, puis détruite par un incendie, fut reconstruite plus vaste au début du XIe siècle. Peu à peu, la ville s’étendit au sud du pont. Au milieu du XIVe siècle, la ville se dota d’un rempart percé de 4 portes. La ville prit son essor économique à l’occasion des guerres d’Italie de l’époque Renaissance. Puis les guerres de religion détruisirent ou endommagèrent de nombreux couvents et églises. En 1601, Mâcon perdit son statut de ville frontière avec l’annexion de la Bresse au royaume de France. Au XVIIe siècle, de nombreux couvents furent construits, les Capucins, les Ursulines, les Minimes, les Jésuites, dont l’influence inquièta la bourgeoisie. En 1763, Louis XV désenclava la ville en autorisant la démolition des remparts et la création sur les quais d’une voie pour la route royale de Paris à Lyon.

Visuel 19.2 – CD GT 10 Planche 19 Mâcon en 1575

Au fil de Mâcon

Les quais aux façades bourgeoises et les jardins fleuris bordent le magnifique plan d’eau de la Saône. Le Vieux Saint-Vincent reste l’un des joyaux de Mâcon. De l’antique cathédrale subsistent les tours et le narthex, avec un rare tympan intérieur à 5 bandes représentant le jugement dernier. Place aux Herbes, la Maison de Bois, du XVIe siècle, est entièrement sculptée de motifs truculents. Témoins de l’opulence de la ville, l’Hôtel de Sennecé abrite le Musée Lamartine et l’Académie, et l’Hôtel de ville montre sa façade à la Saône. L’ancien couvent des Ursulines accueille un important musée d’archéologie, ethnologie et beaux-arts.

Visuels 06930021 –CD GT 2 Planche 1 Les façades du quai Lamartine 06930022 – CD GT 2 Planche 1 Mâcon et le vieux pont de Saint-Laurent

Quelques repères chronologiques

- 5.000 av.J.C, le Néolithique : sur le plateau de la Baille surplombant la Saône, des hommes du Néolithique s’installent, laissant pour seul vestige des silex taillés. Agriculteurs sédentarisés, ils se sont mis là à l’abri des fortes crues de la rivière. - Vers 2.000 av.JC : depuis l’époque néolithique, la vallée de la Saône constitue un axe d’échanges très fréquenté entre le nord et le midi. A la hauteur de Mâcon, un gué permet le passage des voies de communications se dirigeant vers la vallée de la Loire en franchissant, sans difficultés majeures, les Monts du Mâconnais par le col du Bois Clair.  - Epoque gauloise :  les Gaulois s’installent à leur tour sur l’actuel plateau de la Baille, à la fin du 1er siècle avant notre ère. Ils fortifient les escarpements naturels en construisant un murus gallicus, mur gaulois en pierre à armature de bois. - Epoque gallo-romaine : après la chute d’Alésia, César fait occuper Cabillonum (Chalon) et Matisco (Mâcon), et vient prendre ses quartiers d’hiver à Bibracte.  - 52 av.J.C : César place sur l’éperon rocheux un détachement pour surveiller en contrebas la voie Agrippa, artère essentielle pour l’approvisionnement de ses légions. Il qualifie dans ses commentaires Matisco de « petite bourgade aux pauvres cabanes, entourée d’un mur épousant les contours de l’éperon ». - 47 av. JC : Auguste rattache la Séquanie à la Belgique ; son gendre Agrippa ouvre plusieurs voies romaines gardées par des stations militaires. Naissance de la Via Agrippa qui traverse Mâcon du nord au sud. - 167-180 ap.JC : Marc-Aurèle repousse les Barbares, et fait de Vesontio (Besançon) une colonie romaine. A la fin de son règne, le christianisme s’introduit en Séquanie. Développement de Matisco autour de l’Oppidum, et notamment en bordure de Saône. - Au IIIe siècle : la population fortifie à nouveau l’éperon, sans abandonner la ville basse, pour se protéger des envahisseurs germaniques qui empruntent la vallée de la Saône. - 275-276 : les Bagaudes, bandes d’esclaves, de miséreux et de déserteurs militaires produites par la brutale invasion des barbares germains, pillent Mâcon. - Au IVe siècle : l’effondrement de l’empire romain, rongé par les barbares qui se déclarent au début les « lieutenants » de Rome. - 407 : menacée par les Vandales, la Séquanie s’assure l’aide des Burgondes, les plus civilisés des Barbares qui veulent l’envahir. Les Burgondes se répandent dans toute la région située entre Haut-Rhin, Rhône et Saône. Honorius doit leur concéder le territoire occupé. La Burgondie est née. - Vers 451 : après la défaite des Huns aux Champs Catalauniques en 451, les Burgondes ne peuvent empêcher Attila de ravager la vallée de la Saône,en descendant vers l’Italie. A son approche, les habitants de Mâcon s’enfuient. Irrité de trouver la ville déserte, Attila n’y laisse que des ruines. - 519 : la première cathédrale de Mâcon (commencée au Ve siècle sur l’emplacement d’un monastère), nouveau centre de gravité pour la ville, prend le nom de Saint-Vincent, le Vieux Saint Vincent d’aujourd’hui. - 523 : Mâcon est saccagé par les Francs, qui défont Sigismond, roi de Bourgogne - 585 (23 octobre) : ouverture de l’un des plus importants conciles tenus à Mâcon, sous la présidence de l’archevêque de Lyon. 70 évêques y assistent. Ce concile prend des décisions relatives à la célébration du dimanche - Vers 730 : l’époque mérovingienne, signalée par tant de guerres civiles, se termine par la terrible invasion des Sarrasins. Maîtres de toute l’Espagne et du midi de la Gaule, ils pénètrent jusqu’en Bourgogne ; Mâcon, Chalon, Autun sont saccagées. - 731 : L’année voit le pillage se renouveler avec les sarrasins d’Adérame.  - 834 : Lothaire brûle Mâcon , car le comte Guérin de Mâcon défendait la cause de Louis le Débonnaire - 880 : Mâcon à nouveau brûlée par Louis III et Carloman dans sa guerre contre l’usurpateur Bozon, comte de Provence, puis roi. - Vers 886 : Les Normands parviennent, dans la seconde moitié du IXe siècle, jusqu’en Bourgogne, à Autun, Dijon, Auxerre. - Xe siècle : les comtes de Mâcon, institués par Charlemagne, prennent leurs distances avec le pouvoir central, et construisent en plusieurs étapes un château sur la partie nord du plateau de la Baille. La cathédrale St Vincent, restaurée au milieu du Xe siècle, est aussitôt ravagée par un incendie, puis reconstruite plus vaste au début du XIe siècle. Peu à peu, la ville s’étend au sud du pont. - 924 ou 937 : A l’Est, la menace des Hongrois se précise. Ces Mongols, poussés par une autre horde de même origine, les Petchenègues, ont en effet atteint la Lombardie en 899. Les Hongrois arrivent en 924, et on ne peut les éloigner qu’en leur payant une forte somme d’argent. Leurs raids ne se terminent qu’au milieu du siècle. - 960 : destruction de Mâcon par un vaste incendie. - 1077 : première mention du pont de Mâcon. Le Pont Saint-Laurent, commencé en 1077, est achevé au XIIe siècle. Il comprend à l’origine un pont-levis fortifié côté Ain, une tour et une chapelle bâties sur les piles, côté Mâcon. - 1122 à 1152 : Le châtiment céleste du comte de Mâcon : Pierre le Vénérable, abbé de Cluny de 1122 à 1152, rapporte ce qu’il en coûta à un comte de Mâcon d’avoir violé la propriété du clergé. Ce comte s’était rendu coupable des pires excès, opprimant les ecclésiastiques, pillant les couvents, jetant les chanoines à la porte des églises et les moines à la porte de leurs monastères. Un certain jour, alors qu’il était en son palais entouré de ses gardes, un cavalier inconnu entra. Sans descendre de sa monture, il vint droit au comte et lui ordonna de le suivre. Le comte, enchaîné par une puissance surnaturelle obéit. A la porte, il trouva un cheval qu’il dut monter. Aussitôt, il fut enlevé dans les airs, et on entendit ses hurlements jusqu’à ce qu’il eût disparu. C’est ainsi que le malheureux devint compagnon du démon. - 1140 : les Brabançons du comte de Chalon ravagent Mâcon à leur tour. - XIIIe siècle : le couvent des Jacobins s’élève à l’emplacement d’une partie du château comtal, au nord du plateau de la Baille. Josserand de Brancion et d’autres preux chevaliers mettent en déroute l’armée d’Othon de Moravie qui vient assiéger Mâcon. - 1255 : fondation du couvent des Cordeliers - milieu du XIVe siècle : Au début de la Guerre de Cent ans, la ville se dote d’un rempart jalonné de tours et percé, aux 4 points cardinaux, de portes en fonction desquelles le réseau des rues s’organise. - 1361 : une bande de reîtres errants, en liaison avec les « Tard-venus » de Seguin de Badefol, qui tenaient Anse, s’empare de Mâcon et rançonne la ville. - 1362 : Arnaud de Cervole, dit l’Archiprêtre (ses premiers revenus venaient d’une cure), à qui le roi a eu la faiblesse de céder la châtellenie de Cuisery, écume les villages de la rive gauche entre Chalon et Mâcon. - 1366 (25 mai) : mort de Arnaud de Cervole, dit l’Archiprêtre. En 1364, à Cocherel, il est au service de Du Guesclin contre Charles de Navarre, mais déserte. Sa carrière s’achève le 25 mai 1366 vers Mâcon, poignardé par l’un de ses routiers. - 1436 : un formidable ouragan détruit plusieurs maisons dans la ville, dévaste l’église Saint-Pierre et fait de nombreuses victimes. Les Ecorcheurs paraissent en Bourgogne, sous le commandement de Rodrigue de Villandrando et de plusieurs seigneurs convertis au brigandage. - 1439 : la noblesse de la province et les troupes ducales se réunissent pour exterminer les Tard-Venus. On en fait des exécutions si terribles que, longtemps après, les pêcheurs de la Saône et du Doubs ramenaient dans leurs filets des cadavres liés de cordes. - 1471 : Louis XI menace Mâcon, possession ducale, et enlève les châteaux forts qui couvrent Mâcon au sud. - Fin XVe et début XVIe siècle : essor économique de Mâcon qui bénéficie de sa situation géographique sur les axes terrestres et fluviaux empruntés à l’occasion des guerres d’Italie. - 1535 : François 1er accorde aux 2 foires de Mâcon une franchise de tous droits durant 3 jours. - 1562 : après avoir été plusieurs semaines aux mains des Protestants, renforcés de troupes genevoises, Mâcon est reprise par surprise par les troupes catholiques du comte de Tavannes. Nommé par le roi comme gouverneur de la ville, Guillaume de Saint-Point fait jeter les Protestant dans la Saône avec une pierre au cou, depuis le pont St Laurent. - 1567 (septembre) : retour des Huguenots à Mâcon et exactions. Les églises souffrent beaucoup : St Pierre en partie détruite, cathédrale St Vincent mise à sac, St Etienne hors des murs au nord rayé de la carte, couvents des Jacobins et des Cordeliers également - 1567 (décembre) : reprise de Mâcon par les Catholiques du duc de Nevers. - 1572 (août) : Philibert de Laguiche, bailli de Mâcon, lui épargne les horreurs de la St Barthélémy en refusant d’obéir aux ordres royaux. Mâcon prend ensuite le parti de la Ligue. - 1590 : naissance d’une confrérie de pénitents à l’église Saint-Nizier. - 1601 : le traité de Lyon, par lequel le royaume de France annexe la Bresse, enlève à Mâcon le statut de ville frontière. - XVIIe siècle : construction de couvents dont certains subsistent encore : Capucins (actuel monastère de la Visitation), Ursulines (Musée), Minimes (Coopérative agricole), Jésuites (ancien lycée Lamartine). Montée de la bourgeoisie, inquiète de l’importante place prise par la communauté religieuse. - 1615 : installation des Ursulines - 1620 : le grand poète huguenot Agrippa d’Aubigné, poursuivi par le bailli de Charolais, traverse avec ses compagnons la ville et le pont de Mâcon. Il le racontera plus tard dans ses Mémoires. - 1626 : installation des Carmélites - 1632 : installation des Visitandines - 1658 : le coche d’eau de Chalon pour Lyon part 2 fois par semaine, le dimanche et le jeudi ; de Lyon pour Chalon le lundi et le jeudi. Il ne fait escale qu’à Mâcon, et met 2 jours pour effectuer le parcours.  - 1742 : 2 services fonctionnent alors sur la Saône : un service de coches, destiné aux marchandises et accessoirement au public, et un service de diligences d’eau, le service usuel, réservé exclusivement aux voyageurs. - 1743 : création par la Municipalité d’une compagnie de sapeurs-pompiers, achat de pompes et de seaux. - 1762 (mai) : épidémie de fièvre putride sur Mâcon, 400 habitants sont atteints, et une centaine meurt. - 1763 : Louis XV autorise « la démolition du rempart bordant la Saône et la création d’un quai où passera la route royale de Paris à Lyon qui se frayait auparavant un passage difficile dans les rues étroites et encombrées ». - 1772 : naissance de Joseph Dombey, botaniste qui rapportera du Pérou le cactus et la verveine, et le platine que la Révolution utilisera pour réaliser les étalons de ses nouvelles mesures. - 1790 (21 octobre) : naissance à Mâcon d’Alphonse de Lamartine, au 18 de la rue des Ursulines. - 1791 (9 juin) : Mâcon devient officiellement le siège de l’administration du département et du district. - 1799 (juin) : mort de Roberjot, conventionnel de Mâcon, qui organisa le gouvernement républicain en Hollande ; envoyé par le conseil des Cinq-Cents au congrès de Rastadt, il y fut assassiné par trahison, avec l’autre plénipotentiaire de la France. - 1805 (Avril) : visite de l’Empereur accompagné de l’impératrice Joséphine. - 1805 : création de l’Académie des Arts, Sciences et Belles Lettres de Mâcon. - 1815 : mort du général Duhesme, enfant de Bourgneuf qui se distingua partout, à Nerwinde, à Fleurus, à Marengo ; les Prussiens l’achevèrent lâchement après la bataille de Waterloo, où il avait été couvert de blessures. - Vers 1820 : Un mâconnais, François Bourdon, propriétaire d’une usine à vapeur pour la mouture des farines à St Laurent, puis directeur des ateliers de construction Schneider, a l’idée de creuser le lit de la Saône pour vaincre les passages difficiles. Il imagine d’utiliser la vapeur sur 2 bâtiments remorqueurs. Les essais sont concluants et l’on tire depuis Lyon 2 bateaux de vin, seule tentative par suite de l’opposition de la corporation lyonnaise des haleurs de bateaux.  - Après 1820 : les bateaux des services réguliers entre Chalon et Lyon, bientôt appelés pompeusement paquebots de la Saône, sont dotés d’un système de fonctionnement à vapeur. - Juin 1827 : une jeune girafe femelle (espèce jamais vue), cadeau du pacha d’Egypte au roi Charles X, traverse le Lyonnais et la Bourgogne. Après avoir passé l’hiver à Marseille, elle quitte Lyon par eau le samedi 9 juin, et remonte la Saône, puis reprend sa marche vers Dijon et Paris. Elle gagne le Jardin des Plantes, avant d’être reçue par le roi à Saint-Cloud. - 1830 : Lamartine se tourne vers la politique. Après un 1er échec à la députation, il entre à l’Académie Française. Elu député quelques années plus tard, il est longtemps représentant de Mâcon à l’Assemblée. - 1840 : la plus importante crue connue, 8,05 m, laisse beaucoup de traces dans les archives communales et départementales. A Mâcon, 2,50 m d’eau envahissent les quais et le centre. Dans la nuit du 3 au 4 novembre, 32 maisons s’écroulent rue de Lyon, et l’on étaye l’hôtel de ville. - 1841 : émeute menée par la corporation des portefaix sur les quais. - 1847 (18 juillet) : célèbre banquet offert à Lamartine par la ville de Mâcon et son maire, Charles Rolland, pendant la campagne des banquets. Lamartine prononce son fameux discours contre Louis-Philippe, celui de la révolution du mépris - 1849 (1er septembre) : mise en circulation du chemin de fer Paris-Chalon, augmentant considérablement le trafic sur la rivière. - 1854 : le tronçon du chemin de fer Chalon-Mâcon s’achève, et en 1855 le rail parvient à Lyon. - 1858 : seul de tous les bateaux à vapeur, le paquebot Le Parisien N°2 continue son service sur la Saône, et ce jusqu’après la première guerre mondiale. - 1873 : création de la Société des Régates Mâconnaises. - 1878 : érection de la statue de Lamartine, par Falguière. - 1879-80 : record de gel durant l’hiver. Durant près d’un mois, le thermomètre ne cesse de se tenir entre – 15° et –25° et la Saône est recouverte d’une épaisseur de 40 à 45 cm de glace. - 1911 : un patineur parcourut les 30 km séparant Mâcon de Tournus, battant à l’époque le record de France. - 1914 (5 août) : départ pour la frontière des Vosges du régiment de Mâcon, le 134e d’infanterie. - Années 1920 : Le Parisien, l’un des derniers paquebots à circuler, coule dans la Saône. - 1934 : Jean Lurkin  publie « La bataille de la Saône, ou le grand serment du Parisien », récit picaresque de l’affrontement sur la Saône des Mâconnais et des Saint-Laurentins, qui aboutit à une version romancée de la fin du vapeur « le Parisien », écrasé contre une pile du pont Saint-Laurent. - 1937 (février) à 1939 : Escale à Mâcon des hydravions de la Compagnie Impérial-Airways London. Cette ligne régulière créée en 1936 a un double objectif, les Indes ou l’Afrique. L’escale à Mâcon dure jusqu’à la déclaration de guerre. - Hivers 1939-40 : particulièrement rudes, et il est possible de traverser la rivière à pieds secs. - 1940 (16 juin) : quelques avions allemands lâchent des bombes sur le quartier de Saint-Clément. - 1940 (19 juin) : premiers Allemands à arriver, deux colonnes de chars font leur jonction à Mâcon. - 1942 (11 novembre) : réoccupation de Mâcon, jusque là en zone libre. - 1942 : création du réseau Marco Polo. L’un de ses agents de Mâcon retrouvera l’un des espions allemands à l’origine de l’anéantissement du maquis de Beaubery. 1943 : arrestation, déportation et mort en Allemagne d’agents belges du réseau Sabot, créé en 1941. Le réseau Marc-Breton fondé à Charnay-Lès-Mâcon par Jean Buxeuil de Roujoux, recrute également de nombreux agents sur place. - 11 septembre 1944 : Dates officielles de la libération (arrêté du 3 octobre 1945), pour les arrondissements de Mâcon et Louhans. – 1955 : seconde crue par son importance (6,96 m à Mâcon). Les sauveteurs aidés des associations nautiques installent 6 km de passerelles. Une soixantaine de bateaux sillonnent les bas quartiers pour permettre aux habitants de se déplacer. - Hiver 1955 : également particulièrement rude et il est possible de traverser la rivière à sec.  - 1970 : crue plus modeste ; circulation difficile, interruption du chauffage urbain au nord et au sud. 804 appartements de la ZUP et 512 de la Percée sud en sont privés. - années 1970 : la maison natale de Lamartine est détruite dans le cadre d’une banale affaire d’urbanisation. - 1980 (janvier) : naufrage de la péniche de gabarit Freycinet la Renaissance, coulée en travers des piles du pont Saint-Laurent à Mâcon.

Tournus

La ville, riche en souvenirs, est une étape incontournable pour le tourisme fluvial. Elle offre de nombreuses possibilités d’amarrage sur sa rive droite : petits pontons du club nautique, quai de plaisance, ponton flottant de 84 m, quai des bateaux de passagers. Sur la rive gauche, l’Hôtel de Saône dispose d’un ponton. Enfin, le transport fluvial dispose d’un quai sablier. Visuels 14.2 – CD GT 9 Planche 14 Saint-Philibert de Tournus

Une atmosphère déjà méridionale

Mosaïque de toits à faible pente, aux tuiles rondes romaines, la cité donne une impression déjà méridionale. Les quais ombragés, l’habitat resserré en rangées légèrement courbes, les ruelles tortueuses, accentuent cette atmosphère. En 1866, le critique d’art et touriste anglais Philip G.Hamerton, parlait de « plongeon soudain en plein Midi authentique ». Au milieu du XIXe siècle, le chevalier de Bard, voyageant sur la rivière, juge : « il y a moins de différence entre Tournus et Avignon qu’il n’en existe entre cette première ville et Chalon ». Visuel 06930014 – CD GT 2 Planche 1 Vue générale de Tournus

Un pur joyau de l’art roman

Les reliques de Saint Philibert, moine du monastère vendéen de Noirmoutier, furent amenées à Tournus au Xe siècle pour les protéger des Normands. Construite à partir du XIe siècle, l’abbaye Saint-Philibert a l’aspect d’église fortifiée qui correspond bien à une époque troublée. Solidement assise, elle est élevée vers le ciel par 2 clochers romans roses, à décor sculpté. Sa structure superpose 3 églises : l’église supérieure consacrée à Saint Michel, la grande église consacrée à Saint Philibert, et la crypte consacrée à Saint Valérien, autre saint martyrisé à Tournus au IIe siècle.L’abbaye a de nombreuses dépendances : le cloître, l’ancien chauffoir devenu musée lapidaire, le réfectoire, le cellier et la salle capitulaire aménagés en salles d’exposition ou de conférence. Visuel 06930015 – CD GT 2 Planche 1 Le petit clocher de Saint-Philibert

Le charme du vieux Tournus

Le quartier le plus ancien s’articule autour de l’église de la Madeleine, du XIIe siècle. Au fil des ruelles étroites et tortueuses, rue des Tonneliers, de la Poterne, de la Tannerie, on rencontre des échoppes du XVIe siècle, des maisons anciennes et des hôtels particuliers. Installé dans l’un d’eux, le musée bourguignon Perrin de Puycousin met en scène des personnages costumés et des scènes de la vie rurale. Visuel 06930016 – CD GT 2 Planche 1 Dans une rue de Tournus

Repères chronologiques

- époque gauloise : Tournus appartient à la « cité » des Eduens. - époque gallo-romaine : castrum sur la voie d’Agrippa, dit castrum Turnitium, entrepôt pour l’approvisionnement des légions.(vestiges des anciennes fortifications) - 177 : saint Valérien, chrétien d’Asie Mineure ayant échappé aux persécutions lyonnaises, évangélise la population. Il est martyrisé sur une colline dominant la Saône. - 6e siècle, époque mérovingienne : les sanctuaires situés à l’emplacement de son tombeau sont convertis en abbaye, sous le vocable de St Valérien. - 9e siècle : construction de la chapelle préromane Saint-Laurent, au nord de la ville. - 875 : arrivée des moines de Noirmoutier, qui fuient depuis le début du 9e siècle les Normands. Ils s’installent à l’abbaye, concédée par Charles le Chauve, et y transportent les reliques de saint Philibert (fondateur de Jumièges, mort en 685 à Noirmoutier), plaçant l’abbaye sous un nouveau vocable. - 937 : invasion des « hongrois » ; l’abbaye est incendiée, puis reconstruite. - 945 : abandon de l’abbaye par les moines qui se réfugient en Auvergne, à Saint-Pourçain. - 949 : une décision du concile rappelle les moines et l’abbé Etienne à Tournus. Les constructions reprennent. - 979 : fin de la 1ère reconstruction, qui n’a laissé à aujourd’hui que le RdC du narthex - fin du 10e siècle : construction de la crypte de l’abbatiale par l’abbé Etienne - 10e et 11e siècle : façade en pierre de taille de l’abbatiale. - 1007 : grand incendie. - début du 11e siècle : 2ème reconstruction, qui ne laisse à aujourd’hui que l’étage du narthex et la chapelle haute Saint-Michel. - milieu du 11e siècle : 3ème reconstruction et datation de la nef de l’abbatiale, rose sans ornementation, et du déambulatoire. - fin du 11e siècle : rehaussement de la tour de gauche de l’abbatiale par un clocher. - vers 1120 : édification du transept et du chœur de l’abbatiale, en pierre blanche - 12e siècle : construction de la belle tour-clocher de croisée (au-dessus du chœur), d’inspiration clunisienne.

L’abbaye est plusieurs fois endommagée et restaurée au cours des siècles.

- 1562 : mise à sac de la cité et de l’abbaye par les Huguenots (comme Cluny). - 1627 : l’abbaye est transformée en collégiale. - 1725 : naissance du peintre Jean-Baptiste Greuze. - 1763 : naissance de l’épouse de Marat, Simone Evrard. - 1790 : l’abbatiale devient église paroissiale, ce qui la sauve de la destruction. - 1805 : Napoléon s’arrête à Tournus ; la ville y gagne l’aménagement de ses quais.