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Eglise Saint-Blaise à Mazille

7 390 octets ajoutés, 18 février 2020 à 14:41
Historique
=== Historique ===
Le village de Mazille a des origines très anciennes. Les vestiges d’une ''villa'' romaine ont ainsi été retrouvés sur le territoire de la commune, tout comme de nombreuses tuiles et céramiques de la même époque. La première mention du lieu est faite en 893, dans un acte privé passé à Château, sous le nom ''Mazirias''<ref>Garrigou-Grandchamp Pierre, Guerreau Alain, Salvèque Jean-Denis, Impey Edward, « Doyennés et granges de l'abbaye de Cluny. Exploitations domaniales et résidences seigneuriales monastiques en Clunisois du XIe au XIVe siècles », In : ''Bulletin Monumental'', tome 157, n°1, année 19, « Demeures seigneuriales dans la France des XIIe-XIVe siècles. », pp. 71-113.</ref>. A cette occasion, Teotgrinus vend un champ situé dans la ''villa'' de Biérin. Une des limites de ce champ est désignée comme ''Mazirias'', qui à cette époque semble être un vaste domaine comtal bien structuré, aux limites stables, composé de forêts et de terres cultivables.
 
En 908, Hugues vicomte de Mâcon, et sa femme Lilia, achètent des terres à Jalogny, Château et Biérin. L’acte d’achat est souscrit par Guillaume le Pieux (duc d’Aquitaine et comte de Mâcon, fondateur de l’abbaye de Cluny). En 926, Lilia désormais veuve donne aux moines de Cluny les terres qu’elle avait acquises à Château, Rufey et Biérin. Cette donation est faite avec la bénédiction de Guillaume le Jeune (neveu et héritier de Guillaume le Pieux). Les moines de Cluny se rapprochent ainsi du domaine comtal de ''Mazirias''.
 
La même année, Guillaume le Jeune meurt. Il lègue le domaine de Mazille à Gislebert, comte de « Chalon », dont l’autorité s’étend sur toute la Bourgogne. Vers 950, ce dernier donne à son tour ces terres à son fidèle Aquin. Il s’agit là d’une manœuvre savamment orchestrée afin que l’abbaye de Cluny récupère le domaine de Mazille. En effet, Aquin prend au même moment l’habit monastique, et ses biens reviennent directement à l’abbaye. Cluny récupère donc un domaine immense composé de forêts et de terres cultivables.
 
En 962, Adon, évêque de Mâcon, ajoute l’église de Mazille aux terres données à Cluny. Vraisemblablement construite peu avant, l’église est alors dédiée à Saint-Julien, et correspond en partie à l’église actuelle (sous le patronage de saint Blaise<ref>Saint Blaise de Sébaste, saint guérisseur, martyr en Arménie en 316. Voir : https://nominis.cef.fr/contenus/saint/553/Saint-Blaise-de-Sebaste.html</ref>). L’édifice est le centre d’un premier groupe d’habitat<ref>Avec la zone autour de Néronde.</ref>. Par la suite, le domaine de Mazille est mentionné dans de nombreux actes et chartes<ref>Rigault, Jean, Dictionnaire topographique du département de la Saône-et-Loire, 2008.</ref>, ce qui témoigne de l’importance du lieu. Les moines s’installent alors dans un ensemble de bâtiments construit sur un éperon, et qui domine la vallée de Cluny et le bourg primitif de Mazille. Au XIe siècle, l’abbé Hugues de Semur érige Mazille en doyenné<ref>Voir la fiche dédiée au doyenné de Mazille</ref>. Dès cette époque, Cluny réorganise les terres de Mazille. L’abandon de l’habitat de la vallée est décidé au profit du bourg actuel, en hauteur autour du doyenné, qui devait concentrer activité et population.
[[Fichier:MazilleEglisePlanGuerreau.jpg| thumb|right| Plan de l'église romane ©Alain Guerreau]]
 
L’église de Mazille est donc dès cette époque isolée au milieu du vallon du Repentir. Elle suit un plan relativement simple : nef unique rectangulaire, travée de chœur flanquée au sud d’une travée sous un clocher carré, et abside à l’est. Son architecture laisse paraître deux phases de construction . La première semble dater de la deuxième moitié du Xe siècle (c’est en tout cas ce que semblent indiquer la très grande épaisseur des murs et la facture du décor), certainement peu avant la donation d’une église Saint-Julien faite par Adon à l’abbaye de Cluny. Plusieurs parties de l’édifice actuel remontent visiblement à cette époque : la façade (en partie remaniée), la nef, les murs gouttereaux de la travée de chœur, et l’abside.
 
Le reste de l’édifice appartient à une seconde phase de construction, au plus tôt du début du XIIe siècle, comme le laissent penser l’usage de l’arc brisé et le décor intérieur de l’abside, semblable au style de Cluny III. Ce décor, l’ensemble du clocher, l’arc triomphal ainsi que la voûte et les arcs latéraux de la croisée semblent dater de cette reconstruction. La motivation de cette dernière est hypothétique, mais elle pourrait venir de l’affaissement de l’arc triomphal d’origine, qui aurait entraîné le clocher et détruit en partie la croisée. Cela expliquerait en tout cas pourquoi le grand arc de l’abside n’a pas été reconstruit. Le soin donné au décor de l’édifice pourrait avoir été entrepris en conséquence – et peut-être compensation – de la réorganisation du domaine de Mazille par Cluny au début du XIIe siècle, qui prévoit l’abandon de l’habitat de la vallée.
 
Dans les siècles qui suivent, l’église paroissiale désormais dédiée à saint Blaise est peu remaniée, peut-être protégée par sa position excentrée. Outre les travaux usuels d’entretien, seule la porte au sud de la nef est ajoutée au XVIe siècle, de style flamboyant. Une visite pastorale a lieu en 1675, et est menée par l’archiprêtre du Rousset Claude Bouteloup. On sait ainsi que le curé de l’époque est Thomas Animé et que la paroisse compte 200 communiants. Aux XIXe et XXe siècles, l’église est plusieurs fois rénovée et son aspect modernisé. Une nouvelle cloche est fondue en 1859, de nouveau remplacée en 1897-1898. A la fin du XIXe siècle, le clocher est repris, tout comme le plafond de la nef (aujourd’hui disparu).
 
Au début du XXe siècle, le village et ses habitants prennent conscience de la valeur patrimoniale de leur église, et donc de la nécessité de la protéger. En 1913, elle est donc classée Monument Historique. En 1937, une restauration générale de l’édifice est entreprise, notamment grâce à un emprunt de 15 000 francs contracté par la municipalité auprès de contribuables. Lors de ces travaux, les peintures de la nef sont découvertes. Dans les années 2000, l’église est plusieurs fois restaurée, notamment au niveau de la couverture en laves. En 2016 et 2017, de gros travaux d’assainissement et de rénovation intérieure de l’édifice sont entrepris . Ils sont financés par le fond de dotation Lapalus-Bidaut (donateurs privés), la Fondation du Patrimoine (à hauteur de 58750 euros), la commune et la DRAC (Direction Régionale des affaires Culturelles). L’église restaurée est inaugurée le 24 Juin 2017. En 2019, la restauration du mur en pierre sèche à côté de l’église est engagée, notamment grâce à des subventions de le DETR 30 % et du Conseil Départemental 20 %.
 
 
'''Anecdote :''' Michel Bouillot a vécu (au hameau des Varennes) et est enterré à Mazille.
Une stèle gravée sur une pierre de Saint-Martin-Belle-Roche a été installée près du hameau des Varennes en son honneur . On y lit : « On ne voit bien qu’à pied », phrase qu’affectionnait Michel Bouillot.
 
=== Description architecturale<ref>Description en partie établie à partir des notes d’Alain Guerreau</ref>===
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