La lessive pendant plusieurs siècles s'est déroulée suivant un véritable rituel dans une société rurale rythmée par les activités agricoles. Elle avait lieu généralement deux fois par an.
La « lessive aux cendres », la « grande lessive » était effectuée dans un grand cuvier de bois. Elle durait généralement trois jours : une journée pour le trempage, une journée de coulage Le troisième jour se passait au lavoir, à la rivière ou au crotcrôt.
Au fond du cuvier sont disposés des branchages, puis un grand drap de grosse toile. On y place ensuite de la cendre de bois (jamais de chêne, de préférence du peuplier ou du sapin)
Le travail de frottage et rinçage était long et pénible, mais alors que le rinçage en rivière ou au crot crôt était une besogne solitaire, le lavoir avec ses bancs de lavage pouvait accueillir plusieurs laveuses qui s'entraidaient pour le rinçage des gros draps maintenus aux quatre coins du bassin et pour l'essorage de toutes les grosses pièces.
L'adoption d'une invention telle que la lessiveuse métallique peut sembler au regard de l'histoire comme un événement anecdotique, pourtant ce modeste instrument plus léger et moins encombrant que le lourd cuvier de bois libère la femme du travail long et fastidieux de coulage de la lessive, puisque le nouvel instrument remonte automatiquement le « lessu » sur le linge au moyen d'un champignon. Avec la lessiveuse, le savon et les premiers produits détergents remplacent la cendre végétale. Le coton d'abord adopté pour les vêtements de couleur remplace aussi les textiles traditionnels pour le linge de maison et les draps.
(Une étude) d'Yvonne Verdier* dans l'ouvrage Façons de dire, façons de faire, aux éditions Gallimard, Paris, 1972 : soulignait l'importance dans les inventaires du siècle précédent, du trousseau de la jeune fille, qui constituait une part prédominante de sa dot et représentait la principale richesse après le troupeau. Les somptueuses armoires (…) témoignent de l'importance accordée au linge. Les draps brodés lors de longues veillées survivaient à l'usure : démariés, reprisés, rapiécés, ils « finissaient » en torchons.Yvonne Verdier indique aussi « Le linge possède une longévité qui dépasse celle des personnes dont il porte la marque, il leur survit, passant de mains en mains, retaillé, réutilisé, poursuivant sa vie propre, vie qu'on ne se résout pas à abréger »*. Au XIXe siècle, les draps, le linge de corps et les chemises sont encore tissés sur des métiers disséminés dans les campagnes à partir du chanvre cultivé localement dans les chenevières et placé ensuite dans les fosses à rouir.
* Verdier Yvette, Façons de dire, façons de faire, Gallimard, Paris, 1972.
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