On ne sait si l’église de Solutré est durement touchée par ces troubles successifs, toujours est-il qu’à la fin du XVIIe siècle, l’église est dans un état fort précaire. Elle est vraisemblablement restaurée par la suite, et également rehaussée de près de 40 centimètres<ref>Oursel, Anne-Marie et Raymond, « Fiche d’inventaire départemental », Archives départementales de Saône-et-Loire.</ref>. Des plans dressés en 1783 par l’architecte Bigonnet et conservés aux Archives départementales de la Saône-et-Loire nous en apprennent plus sur l’apparence de l’église à cette époque. Elle est alors encore entourée du cimetière, délimité par une enceinte. Contre l’abside se trouve déjà une petite construction rectangulaire, qui devait faire office de sacristie. « La grange à dîme » est directement accolée au mur latéral sud de la nef, et un petit porche permet d’accéder à l’édifice.
[[Fichier:SolutréEglisePlan1.jpg|thumb|400px500px|center|Plan dressé par l'architecte Bigonnet en 1783. Source: [https://www.archives71.fr/article.php?larub=29 Archives départementales de Saône-et-Loire]]] Au XIXe siècle, l’église romane jusqu'alors relativement peu modifiée connait plusieurs remaniements et restaurations. En 1874, l’architecte Pinchard dresse le plan de l’église afin de réaliser un devis des travaux à envisager. Ce plan fait état d’un édifice assez différent de celui du siècle précédent : il n’est plus entouré du cimetière (qui fut déplacé en dehors du bourg à partie de 1859, sur la Route de la Grange du Bois<ref>Document rédigé par Annick Bourdon, de l’association Villages en Vie.</ref>), la grange a disparu, tout comme la petit construction près du chœur (sacristie). Son plan reste cependant inchangé. [[Fichier:SolutréEglisePlan2.jpg|thumb|500px|center|Plan dressé en 1874 par l'architecte Pinchard, en vue des travaux à venir. Source: [https://www.archives71.fr/article.php?larub=29 Archives départementales de Saône-et-Loire]]] La première phase de travaux, portée par le Père Ducrost et mise en œuvre assez rapidement en 1875<ref>Oursel</ref>, prévoit notamment l’allongement de la nef (et donc la destruction du petit porche qui permettait l’accès à l’édifice), la suppression de la tribune qui s’y trouvait, le remplacement du plafond par une voûte, et l’ajout d’une sacristie (grâce à un don anonyme). Ces travaux sont réalisés sur les plans de l’architecte Pinchard par l’entrepreneur Louis Dury, de Charnay-lès-Mâcon. Le conseil municipal refuse de prendre en charge les 9000 francs du devis, mais ne s’oppose pas à sa réalisation, si tant est que la Fabrique puisse en assumer les coûts. Celle-ci lance donc une souscription volontaire pour couvrir les frais, qui ne seront finalement absorbés que grâce à deux recours supplémentaires accordés par le Ministère des Cultes. Début 1877, la réception définitive du chantier est actée. [[Fichier:SolutréEglisePlan3.jpg|thumb|500px|center|Etat de l'église après les travaux de 1875, par l'architecte Pinchard. Source: [https://www.archives71.fr/article.php?larub=29 Archives départementales de Saône-et-Loire]]] En 1898, une deuxième phase de rénovation a lieu. Les travaux concernent cette fois-ci le rehaussement et la reprise du clocher, dont le délabrement est devenu franchement dangereux pour les passants et pour le reste de l’édifice. Ces travaux sont menés sur les plans de l’architecte Pinchard, de nouveau, et par Martial Richard (entrepreneur à Fuissé) et Victor Barbé (couvreur à Mâcon)<ref>Ibidem</ref>. Le clocher se voit alors rehaussé d’un étage (son beffroi originel est à cette occasion muré) et couvert d’une pyramide moderne. [[Fichier:SolutréEglisePlan4.jpg|thumb|500px|center|Etat de l'église après les travaux de 1898, avec son nouveau clocher. Plan de l'architecte Pinchard. Source: [https://www.archives71.fr/article.php?larub=29 Archives départementales de Saône-et-Loire]]] Vers 1903, l’église et le village sont durement touchés par un violent orage de grêle. Les villageois adoptent dès lors un second patronage, celui de Saint Pierre de Vérone afin de se protéger d’un nouvel épisode grêleux aussi violent<ref>Annick Bourdon explique : « Outre Saint Pierre apôtre, Solutré, dans les circonstances suivantes a fait le choix d'un patron secondaire dont la statue ornait la nef, Saint Pierre de Vérone. A une date non précise, peut être vers 1903, Solutré fut ravagé par un orage épouvantable de grêle. En vue de prévenir le retour d’un tel fléau, les habitants de Solutré firent vœux de célébrer solennellement chaque année le 29 avril la fête de St Pierre de Vérone martyr appelé communément « fête de la grêle ». »</ref>. En 1930, la toiture de laves qui recouvrait la nef est remplacée par un toit de tuiles vieillies<ref>Document de l'association</ref>, et en 1942 les vitraux sont restaurés. De 1964 à 1968, des étudiants lyonnais décapent les pierres du chœur et le restaurent, avec le concours d’un artisan local, Monsieur Augagneur. En 1969, la voûte de la nef s’effondre dans la nuit<ref>Les habitants incriminent le passage des avions supersoniques. </ref>, en faisant de nombreux dégâts à la nef et à son mobilier. Une rénovation de la nef suit donc en 1970, lors de laquelle les enduits sont repris, des vitraux modernes installés et la charpente finalement laissée apparente. L’église est depuis régulièrement entretenue et fait l’objet d’un soin constant de la part des habitants et de l’Association Village en Vie. Solutré et son patrimoine, vus par Annick Bourdon : ''« Après la visite de l’église, il fait bon flâner dans le bourg de Solutré, passez dans les ruelles du village, levez les yeux et découvrez les maisons, les lavoirs. Mais la plus belle vue sur le village se découvre depuis le Mont de Pouilly, vous surplombez alors toute la vallée de la Saône, les deux roches Solutré et Vergisson, et les vers d'Alphonse de Lamartine prendront tout leur sens « Deux navires pétrifiés surplombant une mer de vignes ». »''
=== Description architecturale ===