=== Historique ===
Le village de Milly est situé sur une petite éminence, au centre de plusieurs « montagnes »<ref>C’est comme cela que les habitants du village appellent les massifs plus ou moins élevés.</ref>, dont la colline du Monsard et la montagne de la Cras. C’est une zone de peuplement et d’activité très ancienne. Déjà à l’époque gallo-romaine, des villas opulentes sont installées sur le territoire de la commune<ref>Informations du site de la commune.</ref>. En témoignent les nombreuses tuiles, le carrelage, le four et les tombes retrouvés, notamment au lieu-dit « En Gambat ». Par ailleurs, plusieurs tombes mérovingiennes (dont beaucoup d’enfants), ont été mises au jour à Echally, tout près du village. La première mention du village de ''Miliacum''<ref>Rigault, Jean, ''Dictionnaire topographique du département de la Saône-et-Loire'', 2008.</ref> est faite au IXe siècle, dans la charte 403 du chapitre de Saint-Vincent de Mâcon. L’évocation du toponyme actuel n’est faite qu’en 1308, avec l’orthographe « Myllie ». En 1902, la commune devient « Milly-Lamartine », en hommage au poète dont la maison familiale est située au village. La commune tient en effet sa renommée du lien que le poète et sa famille ont entretenu avec elle. L’attachement d’Alphonse de Lamartine a notamment été immortalisé par ses poèmes [https://fr.wikisource.org/wiki/Milly_ou_la_terre_natale « Milly ou la terre natale »] et [ https://fr.wikisource.org/wiki/La_Vigne_et_la_Maison « La Vigne et la Maison »]. Un buste en bronze du poète regardant le vignoble a été érigé devant la mairie. Ce buste est l’œuvre du sculpteur Chamonard<ref>Académie de Mâcon</ref>. Outre cet héritage artistique important, la commune fait également œuvre d’un savoir-faire viticole reconnu .
La présence d’une chapelle au centre du village de Milly est déjà attestée au IXe siècle. Dans la charte 403 du chapitre de Saint-Vincent de Mâcon (864-872), on apprend ainsi la construction récente d’une chapelle par le prêtre Reedemus : ''Basilicam…in villa Miliaco… in honore Sancti-Christofori''<ref>Rigault</ref>. Cet édifice est consacré et dédié à saint Christophe à ce moment-là. Il appartenait aux chanoines de Saint-Vincent de Mâcon<ref>Oursel, Anne-Marie et Raymond, Fiche d’inventaire départemental, 1974.</ref>. Cette chapelle est de nouveau mentionnée au Xe siècle : ''In pago Matiscenci…capellam Sancti-Christophori in Milliaco villa'' (943-952).
Cet édifice est vraisemblablement remplacé par l’église actuelle au XIIe siècle, comme le suggère l’usage de l’arc brisé pour la voûte de la travée sous clocher. Peu de documents nous sont parvenus à son sujet, ce qui rend la reconstitution de son histoire malaisée. A l’origine, elle est probablement le centre de la paroisse de Milly, et à la collation du chapitre cathédral de Saint-Vincent de Mâcon. La seigneurie des lieux est alors partagée entre ce même chapitre et l’abbaye de Cluny<ref>Informations du site de la mairie.</ref>. Seules la travée sous clocher et la partie occidentale de la nef semblent appartenir à cette construction originelle.
Au XIIIe siècle, le clocher est vraisemblablement rebâti, sont profil étant assez clairement plus moderne que l’ensemble roman. Il comporte par ailleurs quelques similitudes avec le clocher du village voisin de Bussières (au niveau des baies notamment), reconstruit à la même époque. Au XVe ou XVIe siècle, c’est tout le bloc oriental de l’église qui est construit. Il est constitué d’une travée prolongeant la nef, élargie et accueillant des chapelles, et une travée de chœur à fond plat. Le reste de l’édifice est probablement restauré à cette époque. Le changement de vocable, du patronage de saint Christophe à celui de saint Jacques-le-Majeur, pourrait dater de cette époque.
Au XVIIe siècle, la flèche de pierre du clocher est reconstruite. Elle est de nouveau endommagée par la foudre en 1768. En 1772, une étude du clocher est donc réalisée par Antoine Koller, entrepreneur à Mâcon, en vue de réparations. Ces travaux sont finalement engagés en 1776. C’est probablement à cette époque qu’est construit l’escalier d’accès au clocher au sud de la nef<ref>Etude réalisée par Frédéric Didier.</ref>. L’ouest de la nef est également surélevé afin de permettre cette installation.
Au XIXe siècle, l’église de Milly est assez peu entretenue et ne fait l’objet que de rénovations minimes. En effet, l’église devient une annexe de Sologny en 1802<ref>Oursel</ref>, puis de Bussières en 1806, et enfin de La Roche Vineuse<ref>Elle est aujourd’hui de nouveau paroissiale.</ref>. Ce statut particulier explique peut-être cet entretien restreint. En 1841, une restauration du mobilier est engagée, pour 529 francs. Elle concerne la table du maitre-autel, un des autels latéraux, des peintures diverses, et la réparation du tabernacle baroque. En 1854, une restauration intérieure globale est menée et coûte 667.88 francs<ref>Oursel</ref>. Elle prévoit notamment la réfection de la voûte, le bouchage des baies latérales du chœur (qui sont remplacées par niches, comme à Sologny<ref>Frédéric Didier</ref>), la réparation de la couverture du clocher. L’intérieur de l’édifice est alors entièrement enduit de plâtre, ce qui fait disparaître le décor ancien (à l’exception des traces de litre funéraire, sur les piliers de la travée sous clocher). La sacristie est également construite à ce moment-là, sur les plans de l’architecte Guillemin.
Ce manque d’entretien fait qu’au début du XXe siècle, l’édifice est en grand danger, dans un état de quasi-ruine. Vers 1928, l’église est fermée car devenue dangereuse. La population, qui prend conscience de la valeur patrimoniale de l’édifice, se mobilise pour le sauver. Grâce notamment à Georges Lecomte<ref>1867-1958. Né à Mâcon, Georges Lecomte était un écrivain, dramaturge, critique littéraire, journaliste et membre de l’Académie Française.</ref>, cette mobilisation aboutie le 13 Avril 1929 au classement de l’église comme Monument Historique. En conséquence de cette protection officielle, des réparations d’urgence sont menées sur l’édifice, sous la direction de Paul Gélis (Architecte en chef des Monuments Historiques) : réfection des laves, remplacement des pierres de la flèche du clocher, consolidation des corniches, reprise partielle des murs, piochement des enduits intérieurs et extérieurs et leur remplacement par un rejointoiement, réfection de la voûte en plâtre du chœur, pavage et assainissement du bas des murs. En 1994, le clocher est de nouveau rénové, sous la direction de Frédéric Didier, architecte en chef des Monuments Historiques.
Au début du XXIe siècle, l’église est de nouveau jugée dangereuse et donc fermée au culte. En 2013, une étude-diagnostic de l’édifice est réalisée par le bureau de Frédéric Didier. De 2014 à 2016, une restauration complète de l’église est réalisée sous sa direction. Elle comprend la réfection de la toiture en laves calcaires, le rejointoiement des pierres des murs extérieurs, la reprise des enduits et peinture des murs intérieurs, la restauration des vitraux, etc. Ces travaux sont financés par la Municipalité, la DRAC, le département de Saône et Loire, la Fondation du patrimoine, l’Association Patrimoine et Fleurissement de Milly Lamartine et deux souscriptions en collaboration avec la cave coopérative des Terres Secrètes<ref>Informations de la mairie. </ref>.
=== Description architecturale ===