Eglise Notre-Dame à Chasselas

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L’église Notre-Dame à Chasselas est une église d’origine romane située dans le département de la Saône-et-Loire, en Bourgogne-Franche-Comté. Elle est dès sa fondation le siège de la paroisse de Chasselas. L’édifice laisse entrevoir différents styles architecturaux. Les parties romanes semblent ainsi déjà de deux siècles différents : la travée pourrait dater du Xe siècle, tandis que la base du clocher et une partie de la nef dateraient du XIIe siècle. Au XVIe siècle, le clocher est rehaussé pour en faire une tour de guet, dans la menace des Guerres de Religion. L’église est ensuite agrandie à l’est, probablement à la suite de dommages engendrés par cette période de troubles. La sacristie est également ajoutée dans les siècles qui suivent. Ces différentes étapes dans la construction de l’édifice lui donnent un profil tout à fait original, en cela que le clocher se trouve perché au milieu de l’édifice. L’agencement du lieu et les rénovations récemment effectuées à l’intérieur confèrent à l’église une atmosphère chaleureuse et pittoresque. Le mobilier est également digne d’être mentionné, avec notamment plusieurs objets du XVIIe siècle.

Eglise Notre-Dame (©CEP)
Adresse Vers l'Eglise, 71570 Chasselas
Coordonnées GPS 46°16'33.2"N 4°43'05.7"E
Paroisse de rattachement Paroisse Notre-Dame des Vignes en Sud Mâconnais
Protection Monuments Historiques

Historique

Chasselas est un petit village au milieu des vignes, à 400 mètres d’altitude. Il est mentionné dès le Xe siècle dans différents cartulaires[1]. Le village est ainsi nommé Cacellacus en 971 dans une charte de Saint Vincent de Mâcon, en tant que relais sur la route entre Lutèce et Lugdunum, et donc une étape de la voie romaine. Le cartulaire de Cluny évoque également Chasselas sous le nom de Villa Cancelliaca à une date inconnue, puis de 975 à 980 sous les formes de Cancellacus, Cacellaicus, Cacela, dans des chartes successives. Enfin, le cartulaire de Saint-Vincent de Mâcon évoque de nouveau Chasselas en 1160, sous le nom de Chacelacus. Le toponyme se fixe ensuite sur Chasselay, puis Chasselas. Toutes ces formes dérivent du latin casa, qui signifie petite maison. Le village est fort d’une riche histoire, comme en témoignent les tuiles romaines et les sarcophages mérovingiens retrouvés dans les différents hameaux de la commune. Le village connaît au XVIIe siècle un essor important grâce au vin local, qui est alors très apprécié de Louis XIV et sa cour[2].

La paroisse de Chasselas existe déjà au Xe siècle, comme l’atteste la charte 478 du cartulaire de Saint-Vincent de Mâcon. Elle dépend dès lors de l’évêché de Mâcon puis de l’archiprêtré de Vauxrenard. Il devait déjà exister un premier édifice au IXe siècle, probablement en bois[3], mais il n'est déjà plus en 933.

L’église actuelle est probablement construite au Xe ou au début du XIe siècle, sous le vocable Sainte-Marie. Elle témoigne de plusieurs campagnes de construction, et allie différents styles architecturaux. Ainsi, si la base du clocher et sa travée sont effectivement romans, tout comme une partie de la nef à l’ouest, il semble que la travée sous clocher soit la plus ancienne, probablement du Xe siècle, tandis que les autres parties romanes pourraient remonter au XIIe siècle. A cette époque-là, Lambert de Maillé concède de nouveau les droits qu’il pense détenir sur les terres de l’église au chapitre de Saint-Vincent de Mâcon. Cela pourrait être la motivation d’une première réfection de l’église.

Au XVIe siècle, le clocher est surélevé pendant les Guerres de Religion, afin de servir de tour de guet. Le niveau supérieur est ajouté, tandis que les baies romanes sont murées. Cette période de troubles entraine probablement une détérioration de l’église, comme c’est le cas pour de nombreux autres édifices en Mâconnais. L’édifice est par la suite agrandi en prolongeant la nef vers l’est, et probablement rénové. En 1602, l’autel est consacré par l’évêque Dinet. Une fresque est ajoutée en 1648, dont les restes ont récemment été trouvés mais recouverts lors d’une rénovation. En 1668, l’évêque Colbert visite l’église.

Après la Révolution, le dernier prêtre de Chasselas, Pierre Martin, quitte le village en 1793. Chasselas est ensuite annexée à la paroisse de Leynes. Entre 1880 et 1883, le cimetière qui bordait jusqu’alors l’église est déplacé de l’autre côté du village[4]. Une route est ensuite construite juste devant le portail principal, l’entrée dans l’église se fait à partir de ce moment-là par la porte latérale.

L’église Notre-Dame est également au cœur d’une légende populaire locale[5]. Ainsi, les têtes de loups visibles aux angles du clocher renverraient à l’époque où les gens de Cenves et de Tramayes, en chemin pour Mâcon, se réfugiaient dans l’église pour échapper aux dangers de la forêt. Elle aurait ainsi été surnommée « la chapelle aux loups », devenu pour le village Chasseloup. Les habitants portent aujourd’hui encore le nom de Chasseloutis.

Description architecturale

GLOSSAIRE : Bourgogne Romane

Plan de l'Association pour la Rénovation de l'Eglise de Chasselas

Si à l’origine l’église Notre-Dame devait avoir un plan en croix latine, elle a aujourd’hui un profil bien particulier, puisque son clocher se dresse au milieu de la nef.

A l’extérieur, l’édifice présente une certaine unité esthétique claire, malgré les différents remaniements qu’elle a connus. La façade ouest comporte un portail simple avec un arc cintré. Une petite ouverture fine se trouve en haut du pignon. Deux contreforts épaulent la façade aux angles. Les murs gouttereaux sont en petit appareil, et également flanqués de contreforts. Ils comportent chacun une baie en arc brisé[6], datant probablement du XIVe [7] ou XVe siècle. Elles sont surmontées d’une corniche à modillons nus, qui supporte une toiture à deux versants en tuiles plates. Au nord, le mur gouttereau est ouvert par une porte avec un linteau décoré d’une accolade.

Le chœur est rectangulaire et percé au nord et au sud de baies à remplage, avec des vitraux contemporains. Il fait suite à un prolongement de la nef, après la travée sous clocher. La façade est est percée d’une fenêtre géminée gothique. Le pignon est surmonté d’une statue en fonte de la Vierge Marie. Le chœur est flanqué au nord d’une sacristie plus moderne, de datation inconnue. Le clocher est de plan carré. Il est composé de deux niveaux inférieurs romans, comportant des baies plein cintre murées. Le niveau supérieur a été surélevé pour devenir une tour de guet, et forme donc un encorbellement au-dessus de la souche romane[8]. Les faces est et ouest sont percées de deux baies plein cintre, tandis que les faces nord et sud comportent des baies géminées plein cintre sur colonnettes avec tailloir. Ces baies sont surmontées d’une corniche à modillons nus, sauf aux angles où sont taillées des têtes de loup. Le toit est de forme pyramidale et couvert de laves, surmontées par une croix en fer forgé.

En entrant par la porte principale, la nef se trouve en contrebas, sous trois marches de pierre. Directement à gauche de la porte principale, l’échelle menant aux combles descend du plafond. Le sol est couvert de dalles de pierres sur toute la longueur de l’église. La nef est en deux parties, de part et d’autre de la travée sous clocher. Chaque partie est voûtée d’une croisée d’ogives reposant sur des consoles armoriées avec un écusson sur la clé[9]. La travée sous clocher est la partie la plus ancienne de l’édifice. De forme rectangulaire, elle est voûtée en berceau plein cintre, avec des arcs plein cintre communiquant sur les deux parties de la nef. La travée sous clocher est rendue très étroite par les piliers et arcades qui supportent le clocher la surmontant. Ces supports forment un faux transept dont les bras, en cintre brisé, abritent un autel au sud avec une baie obturée encore visible, et au nord une statuette dans une niche. Le chœur à l’est prolonge la deuxième partie de la nef. Il est rectangulaire et voûté d’une croisée d’ogives, puisque consécutif de la nef. Il s’ouvre sur la sacristie au nord, qui est, elle, voûtée en berceau brisé.

Inventaire décor et mobilier

  • Fonts baptismaux en pierre (1603 ou 1605), en face de l’entrée latérale
  • Bénitier de pierre noire scellé au mur (datation inconnue, peut-être époque gallo-romaine ), au fond de l’église
  • Autel dédié à la Vierge terrassant le serpent, croisillon sud du transept.
  • Têtes de loup sculptées aux angles de la corniche du clocher
  • Statues en bois polychrome datant de 1630, dans le chœur :

Sainte Barbe : elle tient la tour dans laquelle elle fut selon la légende enfermée. Sainte Barbe est la patronne des carriers, d’où sa présence dans l’église en rappel des carrières de grès de Chasselas, exploitées jusqu’en 1930.

Vierge Marie

  • Statue en bois, « Jésus Bon Pasteur »
  • Reliquaire ancien, dans le chœur, contenant un Christ en argent.
  • Statue en fonte de la Vierge Marie, sur le pignon est.
  • Statue en pierre peinte de la Vierge à l’Enfant (1603), de style bourguignon, située dans le croisillon nord du transept. Marie tient une pomme de pin, symbole de prospérité et d’immortalité, l’Enfant tient le globe terrestre.
  • Statuette en pierre de la Vierge à l’Enfant, au-dessus des fonts baptismaux.
  • Chemin de croix tout le long de l’église : gravures polychromes de 1846
  • Croix sur le côté de l’église : croix de l’ancien cimetière
  • Vitraux modernes (XXIe siècle ?)
  • Croix en fer forgé sur la pyramide du clocher
  • Deux cloches : une du XVIIe et une du XIXe.

Rénovations / Etat

Rénovations

  • 1948 : rénovation de la toiture, pose de tuile à la place des laves
  • 1977 : rénovation du clocher
  • Années 80 : rénovation de la toiture
  • 1995-1997 : restauration de l’intérieur de l’église (notamment de la voûte centrale)
  • Années 2000 : rénovation des façades de l’église sous le mandat du maire René Masson
  • 2001 : ajout de vitraux
  • 2003 : restauration de la croix de l’ancien cimetière
  • 2011-2013 : restauration de la charpente et de la toiture
  • 2018 : restauration du clocher, et notamment de sa toiture en laves

Etat

L’église est en bon état général et est régulièrement entretenue.

Actualités

L’église accueille régulièrement des concerts et expositions variés.

Pour l’actualité de l’église, voir le site internet de la mairie ou la page Facebook de l’AREC .

Visite

L’église est d’ordinaire fermée. Pour une visite, se renseigner auprès de la mairie.

L’église n’est pas accessible aux personnes à mobilité réduite.

Association engagée

  • L’AREC, l’Association pour la Rénovation de l’Eglise de Chasselas est dédiée à l’entretien de l’église.

Pour suivre ses actions :

Page dédiée à l'association, site officiel de la commune

Facebook : Arechasselas

  • L’association Village en Vie s’occupe également de la mise en valeur des patrimoines locaux.

Iconographie ancienne et récente

Collection privée de Monsieur Luc Denis
Collection privée de Monsieur Luc Denis



Crédit Photos: CEP

Plans cadastraux

Cadastre actuel, cadastre.gouv

Bibliographie

  • BARRAUD, Claude, Notes historiques sur la commune de Chasselas en Mâconnais, 1921.

Sources

  • Oursel, Anne-Marie et Raymond, Fiche d’inventaire départemental, 1972:

Archives départementales de la Saône-et-Loire

Propriétaire / Contact

Commune de Chasselas

03 85 35 10 72

communedechasselas@orange.fr

Patrimoine local et/ou folklore

  • Château de Chasselas : XIVe et XVIIe siècles, flanqué de trois tours : Site officiel
  • Maisons à galeries mâconnaises
  • Ensemble complet d’un ancien point d’eau : eau de source, lavoir, abreuvoir (place de l’église)
  • Nombreux puits

Pour des informations et souvenirs sur le patrimoine local, voir le blog de Paule Vermylen-Milamant .

Notes et références

  1. Barraud, Claude, Notes historiques sur la commune de Chasselas en Mâconnais, 1921.
  2. Voir à ce sujet l’histoire du char à bœuf qui faisait des allers-retours entre Chasselas et Versailles).
  3. Document de la Fondation pour le Patrimoine
  4. Paule Vermylen-Milamant, « Histoire de cimetière ».
  5. Document de la mairie.
  6. Fiche édifice de la Sauvegarde de l’Art Français, rédigée par Bernard Sonnet.
  7. Document de présentation de l’église de l’AREC.
  8. Sauvegarde de l’art français.
  9. Ibidem