Ancienne chapelle du doyenné de Chevigne (Davayé) : Différence entre versions

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| Hameau de Chevigne, 71960 Davayé
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La localité de Chevignes est mentionnée dès la fin du IXe siècle dans une charte du chapitre de Saint-Vincent de Mâcon, sous l’appellation ''In pago Matisconense, in agro Melionacense… Camnevena''<ref>Rigault, Jean, ''Dictionnaire topographique du département de Saône-et-Loire'', 2008.</ref>. Vers 931, le roi Rodolphe<ref>Aussi dit Roi Raoul : duc de Bourgogne de 921 à 923, puis roi des Francs de 923 à sa mort en 936.</ref> donne la ''villa'' de Chevignes à l’abbaye de Cluny, en plus de quelques autres terres. Cette donation est reconfirmée en 939 et 955<ref>Oursel, Anne-Marie et Raymond, Fiche d’inventaire départemental, 1974.</ref>. Cluny entreprend dès lors de structurer ce domaine et d’y installer une obédience, gérée par les moines installés sur place. L’abbaye agrandit son domaine grâce à des donations, et répartit les cultures entre la vigne et les céréales.
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Vers 955, une chapelle dédiée à Saint-Taurin<ref>Saint-Taurin : premier évêque et évangélisateur d’Evreux (IVe-Ve siècle). Ses reliques furent transportées en Auvergne, puis à Gigny. Il est célébré le 11 Août. </ref> (''Capella Sancti-Taurini'', charte 780 du cartulaire de l’abbaye de Cluny) est consacrée par Maimbod, évêque de Mâcon (938-958), sur demande de l’abbé de Cluny (Aymard) et du comte de Mâcon (Liétaud)<ref>Guillet, Yoann, « Cluny hors de Cluny ». Chevignes, un doyenné clunisien en Mâconnais (Xe-XVe siècle), Saint-Étienne, ''Bulletin du CERCOR'', 38, 2014, pp. 87-101.</ref>. Cette chapelle est dès lors à la collation de l’abbé de Cluny.
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Au XIIe siècle, le doyenné de Chevigne prend part au mesaticum, c’est-à-dire l’approvisionnement en denrées de l’abbaye (les doyennés y participent suivant un roulement sur l’année, selon leurs capacités de production). A cette époque, les moines font de Chevigne un domaine prospère. Celui-ci attire l’attention et la convoitise des parties se disputant la région au cour des siècles. Le domaine est notamment largement endommagé par la guerre de Cent Ans. Il est ensuite un des lieux d’affrontement entre Armagnacs et Bourguignons. Suite à ces évènements, le domaine est fortifié<ref>Selon Yoann Guillet, au plus tard au milieu du XVe siècle.</ref>.
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Si le doyenné semble avoir eu une importance certaine dans l’organisation clunisienne au Moyen Age<ref>A ce sujet, lire le travail de Yoann Guillet.</ref>, et notamment dans son approvisionnement en céréales et en vin, son exploitation est assez tôt laissée à un particulier<ref>Oursel</ref>. En échange, l’exploitant doit payer un loyer annuel à l’abbaye, en plus de quelques avantages en nature. Ainsi, en 1555, le seigneur de Pouilly, François Touillon, récupère l’exploitation et les droits sur le domaine, ainsi que la seigneurie de Chevigne. En échange, il doit payer 300 livres par an à l’abbaye, en plus d’avantages en nature. A la fin du XVIe siècle, l’exploitation passe à Valentin Siraudin<ref>Ibidem</ref>. A cette époque, le curé de Davayé est chargé du service religieux de la chapelle.
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Cette organisation perdure jusqu’à la Révolution. A cette époque, le domaine rapporte annuellement près de 6000 à 6500 livres à l’abbaye. En 1791, le domaine est vendu comme bien national, pour 129 300 livres. Il est acheté par Jean-Baptiste Mure, consul général en Egypte. Le domaine change ensuite plusieurs fois de propriétaire, et passe notamment à la famille Protat (vers 1870). Les bâtiments sont visiblement remaniés au XIXe siècle.
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En 1974, le propriétaire est Hubert Saint-Olive.
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De la chapelle d’origine, il ne reste aujourd’hui qu’une partie du gouttereau sud et le grand arc. Ces vestiges sont cependant encastrés dans l’architecture de la chapelle postérieure, qui sert désormais de grange.
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En 1790, peu avant sa vente en tant que bien national, le domaine est inventorié. On y trouve ainsi la mention suivante de la chapelle :
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La chapelle est donc probablement encastrée dans le bâtiment actuel au XIXe siècle, lors de rénovations globales du domaine devenu privé.
  
 
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Version actuelle datée du 29 octobre 2019 à 15:53

L'ancienne chapelle du doyenné de Chevignes est située à Davayé, dans le département de la Saône-et-Loire, en Bourgogne-Franche-Comté. Elle était à l'origine dédiée à Saint-Taurin (ancien évêque d'Evreux) et faisait partie d'un doyenné installé à Chevigne par l'abbaye de Cluny. Elle est consacrée vers 950. De cet édifice du Xe siècle, il ne reste aujourd'hui qu'une partie du mur sud de la nef et le grand arc. Dès le XVIe siècle, l'abbaye de Cluny laisse l'exploitation du domaine à un particulier, en échange de 300 livres par an et d’autres avantages en nature.. Cette organisation perdure jusqu'à la Révolution, lorsque le doyenné est vendu comme bien national en 1791. La chapelle fait dès lors partie d'une propriété privée. Elle ne se visite pas et est insérée dans une grange moderne (XIXe siècle).


Château de Chevigne, carte postale ancienne (collection privée)


Adresse Chevigné, 71960 Davayé
Coordonnées GPS /
Paroisse de rattachement /
Protection Monuments Historiques /

Historique

La localité de Chevignes est mentionnée dès la fin du IXe siècle dans une charte du chapitre de Saint-Vincent de Mâcon, sous l’appellation In pago Matisconense, in agro Melionacense… Camnevena[1]. Vers 931, le roi Rodolphe[2] donne la villa de Chevignes à l’abbaye de Cluny, en plus de quelques autres terres. Cette donation est reconfirmée en 939 et 955[3]. Cluny entreprend dès lors de structurer ce domaine et d’y installer une obédience, gérée par les moines installés sur place. L’abbaye agrandit son domaine grâce à des donations, et répartit les cultures entre la vigne et les céréales.

Vers 955, une chapelle dédiée à Saint-Taurin[4] (Capella Sancti-Taurini, charte 780 du cartulaire de l’abbaye de Cluny) est consacrée par Maimbod, évêque de Mâcon (938-958), sur demande de l’abbé de Cluny (Aymard) et du comte de Mâcon (Liétaud)[5]. Cette chapelle est dès lors à la collation de l’abbé de Cluny.

Au XIIe siècle, le doyenné de Chevigne prend part au mesaticum, c’est-à-dire l’approvisionnement en denrées de l’abbaye (les doyennés y participent suivant un roulement sur l’année, selon leurs capacités de production). A cette époque, les moines font de Chevigne un domaine prospère. Celui-ci attire l’attention et la convoitise des parties se disputant la région au cour des siècles. Le domaine est notamment largement endommagé par la guerre de Cent Ans. Il est ensuite un des lieux d’affrontement entre Armagnacs et Bourguignons. Suite à ces évènements, le domaine est fortifié[6].

Si le doyenné semble avoir eu une importance certaine dans l’organisation clunisienne au Moyen Age[7], et notamment dans son approvisionnement en céréales et en vin, son exploitation est assez tôt laissée à un particulier[8]. En échange, l’exploitant doit payer un loyer annuel à l’abbaye, en plus de quelques avantages en nature. Ainsi, en 1555, le seigneur de Pouilly, François Touillon, récupère l’exploitation et les droits sur le domaine, ainsi que la seigneurie de Chevigne. En échange, il doit payer 300 livres par an à l’abbaye, en plus d’avantages en nature. A la fin du XVIe siècle, l’exploitation passe à Valentin Siraudin[9]. A cette époque, le curé de Davayé est chargé du service religieux de la chapelle.

Cette organisation perdure jusqu’à la Révolution. A cette époque, le domaine rapporte annuellement près de 6000 à 6500 livres à l’abbaye. En 1791, le domaine est vendu comme bien national, pour 129 300 livres. Il est acheté par Jean-Baptiste Mure, consul général en Egypte. Le domaine change ensuite plusieurs fois de propriétaire, et passe notamment à la famille Protat (vers 1870). Les bâtiments sont visiblement remaniés au XIXe siècle.

En 1974, le propriétaire est Hubert Saint-Olive.

Description architecturale

GLOSSAIRE : Bourgogne Romane

De la chapelle d’origine, il ne reste aujourd’hui qu’une partie du gouttereau sud et le grand arc. Ces vestiges sont cependant encastrés dans l’architecture de la chapelle postérieure, qui sert désormais de grange.

En 1790, peu avant sa vente en tant que bien national, le domaine est inventorié. On y trouve ainsi la mention suivante de la chapelle :

« Au midi de la cour est une chapelle voûtée ; clocher carré dans lequel est une cloche du poids de cent livres. »

La chapelle est donc probablement encastrée dans le bâtiment actuel au XIXe siècle, lors de rénovations globales du domaine devenu privé.

Inventaire décor et mobilier

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Rénovations / Etat

Rénovations :

Le domaine est vraisemblablement rénové plusieurs fois au XIXe siècle.

Etat :

Le manoir est habité et donc entretenu.

Les vestiges de la chapelle, encastrés dans un bâtiment moderne (XIXe siècle), servent de grange.

Actualités

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Visite

Le château (et les vestiges de la chapelle) est une propriété privée et ne se visite pas.

Association engagée

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Iconographie ancienne et récente

Collection privée
Collection privée


Pour voir des photos du manoir de Chevigne, consulter le catalogue en ligne des archives départementales de Saône-et-Loire.

Les archives conservent quelques photos anciennes (années 70) du manoir, prises au moment de l’inventaire patrimonial réalisé par Anne-Marie et Raymond Oursel.

Archives départementales

Plans cadastraux

Cadastre actuel, cadastre.gouv

Bibliographie

  • GARRIGOU GRANDCHAMP Pierre, GUERREAU Alain, SALVEQUE Jean-Denis, IMPEY Edward, « Doyennés et granges de l'abbaye de Cluny. Exploitations domaniales et résidences seigneuriales monastiques en Clunisois du XIe au XIVe siècles. », In : Bulletin Monumental, tome 157, n°1, année 1999. Demeures seigneuriales dans la France des XIIe-XIVe siècles. pp. 71-113.
  • GEORGE, Henry, Davayé, 1906.
  • GUILLET, Yoann, « Cluny hors de Cluny ». Chevignes, un doyenné clunisien en Mâconnais (Xe-XVe siècle), Saint-Étienne, Bulletin du CERCOR, 38, 2014, pp. 87-101.
  • RIGAULT, Jean, Dictionnaire topographique du département de la Saône-et-Loire, 2008.
  • VIREY, Jean, Les églises romanes de l’ancien diocèse de Mâcon, Protat, 1935.

Sources

  • Oursel, Anne-Marie et Raymond, Fiche d’inventaire départemental, 1974 :

Archives départementales de Saône-et-Loire

Propriétaire / Contact

Propriété privée.

Patrimoine local et/ou folklore

Eglise partiellement romane, dont le clocher-porche date du XIIe siècle. La chapelle dite « des Gaillardon » se trouve à droite en entrant et date du XVe siècle.

  • Circuit des lavoirs de Davayé :

Prospectus de présentation réalisé par l'association Villages en Vie:

DavayéCircuitdesLavoirs.jpg

Notes et références

  1. Rigault, Jean, Dictionnaire topographique du département de Saône-et-Loire, 2008.
  2. Aussi dit Roi Raoul : duc de Bourgogne de 921 à 923, puis roi des Francs de 923 à sa mort en 936.
  3. Oursel, Anne-Marie et Raymond, Fiche d’inventaire départemental, 1974.
  4. Saint-Taurin : premier évêque et évangélisateur d’Evreux (IVe-Ve siècle). Ses reliques furent transportées en Auvergne, puis à Gigny. Il est célébré le 11 Août.
  5. Guillet, Yoann, « Cluny hors de Cluny ». Chevignes, un doyenné clunisien en Mâconnais (Xe-XVe siècle), Saint-Étienne, Bulletin du CERCOR, 38, 2014, pp. 87-101.
  6. Selon Yoann Guillet, au plus tard au milieu du XVe siècle.
  7. A ce sujet, lire le travail de Yoann Guillet.
  8. Oursel
  9. Ibidem