Chapelle Notre-Dame à Saint-Maurice-de-Satonnay

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La chapelle Notre-Dame est un édifice roman situé dans la commune de Saint-Maurice-de-Satonnay, dans le département de la Saône-et-Loire, en Bourgogne-Franche-Comté. Propriété privée depuis près d’un siècle, on sait très peu de choses à son sujet. Elle est vraisemblablement bâtie au Xe siècle, et était autrefois le centre de la paroisse de Satonnay, supprimée au Concordat. La chapelle est typique des petits édifices romans de la région, même si elle a vraisemblablement été remaniée plusieurs fois au cours des siècles, notamment en 1846. Elle se compose d’une petite nef rectangulaire, suivie d’une travée plus étroite soutenant un court clocher carré, et d’une abside. Elle ne se visite pas et est tenue fermée.

Chapelle Notre-Dame à Satonnay (©CEP)
Adresse Satonnay, 71260 Saint-Maurice-de-Satonnay
Coordonnées GPS 46°23'42.3"N 4°47'01.9"E
Paroisse de rattachement /
Protection Monuments Historiques /

Historique

Le village de Satonnay est mentionné pour la première fois en 868 dans une charte du chapitre de Saint-Vincent de Mâcon, en tant que Satonacum[1]. C’est une zone de peuplement très ancienne, située à proximité de voies romaines. Ce n’est qu’en 1861 que la commune devient Saint-Maurice-de-Satonnay, lorsque les villages Saint-Maurice-des-Prés et Satonnay fusionnent.

De la chapelle du village, on ne sait que peu de choses. Elle est citée pour la première fois dans la première moitié du Xe siècle, dans une autre charte de Saint-Vincent de Mâcon. Elle est alors à la collation de l’évêque de Mâcon, et sous le vocable de Saint-Victor : In pago Matisenci… capella Sancti-Victoris. A cette époque, la cathédrale de Mâcon est détruite par les troupes hongroises[2]. En compensation et secours, le comte Liébaud et l’évêque Maimbod remettent aux chanoines de Mâcon la chapelle avec d’autres biens. Cette donation est confirmée peu après par le roi Charles, sous l’épiscopat d’Adon. De ce premier édifice, il reste aujourd'hui vraisemblablement une partie des murs gouttereaux de la nef (sur lesquels on distingue de l’opus spicatum ou appareil en épi, typique de l’époque) ainsi que l’arc triomphal.

Au début du XIIe siècle (1107-1124), l’Ecclesia de Satonaco est citée dans une autre charte de Saint-Vincent de Mâcon. L’église est à cette époque rendue aux chanoines, ainsi que « les dîmes, le cimetière et appartenances »[3]. Elle avait visiblement été usurpée par Hugues-Etienne Oger de Cortiambles[4], qui consent à rendre aux chanoines ce qui leur appartient. Il est probable que la chapelle récupérée ait été restaurée ou en partie reconstruite à cette époque. C’est en tout cas ce que semble suggérer l’architecture de l’édifice : la travée sous clocher et les bases de l’abside semblent dater de cette reprise. L’église est alors le centre de la paroisse de Satonnay.

Ce qu’il advient de l’édifice au cours des siècles qui suivent est assez incertain. On ne dispose que de quelques informations. On sait par exemple qu’en 1420, Guillaume Pacaud fait un leg pour fonder une messe pour les trépassés chaque lundi, et une messe en l’honneur de Notre-Dame chaque samedi, sur l’autel de Notre-Dame de Grâce[5] (sud de la travée sous clocher). Au XVIe siècle, les sires de Musy[6], seigneurs de Satonnay, possèdent leur propre caveau en la chapelle. En 1675, l’édifice est cité dans un rapport de visite pastorale, sous le vocable de Saint-Maurice. Il est dit qu’à l’époque, elle ne possédait qu’un petit campanile avec deux cloches[7]. Elle est visiblement remaniée une première fois à cette époque (notamment au niveau de l’abside), probablement pour réparer des dégâts d’usure.

En 1825, la refonte de la cloche est organisée, via un contrat établi avec Mr Joseph Alexis Baudouin Guillaume, fondeur de cloches à Mâcon. En 1844, une délibération municipale rend compte de l’état très précaire dans lequel se trouve l’église. Le maire Mr Dantony rend clair le besoin urgent de travaux. A cette époque, la chapelle ne sert plus du tout au culte, et le maire nourrit l’espoir qu’un curé (celui de Laizé, avec qui il est en discussion) vienne y officier si elle est remise en état.

En 1845 et 1846, de gros travaux sont entrepris : reconstruction de la façade, reprise des murs, de la voûte et des baies de la nef, réfection des toitures, surélévation du clocher[8]… Ces travaux sont effectués par l’entrepreneur François Bouchard, de Mâcon, sur les plans de l’architecte lyonnais Fleury Falconnet. Or, l’église de Satonnay est déjà à l’époque une simple annexe de celle de Saint-Maurice-des-Prés (la paroisse de Satonnay est supprimée au Concordat). En 1847, l’état rappelle donc que pour cette raison, la municipalité ne peut pas bénéficier d’une subvention et doit prendre en charge la totalité des frais de restauration s’élevant à 3436.33 francs (en plus de 1836.88 francs pour la restauration du lavoir communal, de 330 francs pour l’échelle d’accès au clocher et les abat-sons, et 263.66 francs de frais d’architecte[9]). Ce sera chose faite grâce à un emprunt contracté sur huit ans, et grâce à une imposition exceptionnelle des habitants sur la même période.

Au XXe siècle (date inconnue), la chapelle de Satonnay devient privée. Elle est rachetée par une association religieuse. De 1963 à 1966, une restauration complète de l’édifice est menée par deux jeunes entrepreneurs Mâconnais. Les murs extérieurs sont notamment dépourvus d’enduit, et les abords assainis (suppression des tombes de l’ancien cimetière). Selon l’association des Amis de Notre-Dame de Satonnay, propriétaire des lieux, la Vierge Marie serait apparue plusieurs fois entre 1978 et 1999[10], en se nommant « Notre-Dame de Satonnay, reine des pauvres ». C’est la raison pour laquelle la chapelle est désormais dédiée à la Vierge.

La chapelle ne se visite pas et est quasiment toujours tenue fermée, à l’exception des cérémonies qui y sont organisées (notamment début septembre). Selon la plaque informative apposée sur l’édifice, la chapelle ne dépend pas du diocèse d’Autun. Elle accueille « un clergé indépendant, [qui] y maintient la Tradition antérieure au Concile Vatican II (liturgie latine dite de saint Pie V) ».

Description architecturale

GLOSSAIRE : Bourgogne Romane

La chapelle Notre-Dame est un édifice fort modeste. Bien orientée à l’est, elle se compose d’un petite nef unique rectangulaire, suivie d’une travée plus étroite supportant le clocher, et d’une abside.

La façade de la chapelle est moderne. Elle se compose d’un portail en plein cintre, dont la voussure forme imposte[11], et d’une baie plein cintre en partie murée en haut du pignon. Celui-ci est marqué par deux frises de modillons nus. Les murs gouttereaux de la nef sont chacun ouverts d’une baie plein cintre toute simple. On distingue à la base des murs de l’opus spicatum, ou appareil en épi, suggérant la grande ancienneté de l’édifice. La travée sous clocher est plus étroite, et épaulée par deux contreforts à talus de chaque côté. Elle est suivie à l’est de l’abside outrepassée (plan en fer à cheval, abside allongée), dont la forme suggère la reprise au XIIe siècle d’un plan beaucoup plus ancien. L’abside est ouverte par trois baies plein cintre de même type que celles de la nef (deux sur les côtés et une axiale). Le mur nord de la travée sous clocher est percé en hauteur de la porte d’accès au clocher, protégée par un petit appentis. Le clocher est de plan carré, d’un seul niveau. Il comporte une baie géminée sur chaque face, avec retombée médiane sur colonnette à chapiteau saillant. Chaque baie est munie d’un abat-son. Une corniche à modillons nus supporte la flèche pyramidale en tuiles vernissées. Le reste de l’édifice est couvert de tuiles plates.

L’aspect intérieur actuel de la chapelle est inconnu, puisqu'elle est tenue fermée. A l’époque de la description du couple Oursel, la chapelle venait d’être rénovée. Elle était entièrement dallée, mais on ne sait si la voûte construite au XIXe siècle avait été conservée. Tout le chœur était décapé et laissé en pierre apparente. La travée sous clocher, surélevée de deux marches par rapport à la nef, s’ouvrait via un grand arc brisé à impostes moulurées. Elle abrite encore aujourd'hui le caveau des de Musy, dégagé au siècle dernier. La travée communiquait avec l’abside voûtée en cul-de-four via un arc brisé de même type que le précédent. Les baies de l’abside sont fortement ébrasées à l’intérieur.

Inventaire décor et mobilier

  • Statuette de saint Michel :

Représentation de l’archange terrassant le dragon (Satan). Sur son bouclier, on lit l’inscription « Quis ut Deus » (Qui est comme Dieu).

  • Portail dont l’arc porte l’inscription : « An 1846 Dantony Jn Pre. Maire depuis 1812 D. Pierre. Fils » : rend hommage au maire aillant porté la restauration de l’église, et au sculpteur du portail.
  • Petit bénitier encastré, sculpté d’une croix (à droite du portail)
  • Anciennes cuves de bénitiers (à l’extérieur), sculptées de personnages
  • Croix de cimetière, érigée par la commune de Satonnay
  • Fontaine dite « de la miséricorde et du pardon ».

Rénovations / Etat

  • Rénovations

XIXe :

1825 : refonte des cloches

1846 : restauration globale

XXe :

1963-1966 : restauration intérieure et extérieure de l’édifice

Travaux d’entretien

XXIe :

Travaux d’entretien : toiture, murs, abords, chauffage…

  • Etat :

De l’extérieur, la chapelle semble en relativement bon état.


  • Classement :

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Actualités

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Visite

La chapelle est une propriété privée et est toujours fermée.

Elle ne se visite pas.

Association engagée

La chapelle appartient à l’Association des Amis de Notre-Dame de Satonnay (association religieuse) qui s’occupe exclusivement de son entretien.

Iconographie ancienne et récente

Carte postale ancienne, collection privée de Mr Luc Denis


Crédit Photos: CEP

Plans cadastraux

Bibliographie

  • RIGAULT, Jean, Dictionnaire topographique du département de la Saône-et-Loire, 2008.

Sources

  • Oursel, Anne-Marie et Raymond, Fiche d’inventaire départemental:

Archives départementales de la Saône-et-Loire

Propriétaire / Contact

Association « Les amis de Notre-Dame de Satonnay » (association religieuse).

Patrimoine local et/ou folklore

Eglise d’origine romane, avec un chœur gothique remarquable.

  • Château de Satonnay, dit « château Collette », abrite une unité de soins spécialisés (45 lits) dépendant de l'Hôpital de Mâcon.
  • Château de Saint-Mauris :

Fiche Wikipédia

  • Lavoir communal

Notes et références

  1. Rigault, Jean, Dictionnaire topographique du département de la Saône-et-Loire, 2008.
  2. Oursel, Anne-Marie et Raymond, Fiche d’inventaire départemental.
  3. Raymond Oursel cite ici l’ouvrage de Mgr Rameau.
  4. Oursel
  5. Ibidem
  6. Plaque informative sur place
  7. Oursel
  8. La fiche d’inventaire du couple Oursel fournit une description détaillée des travaux.
  9. Oursel
  10. Plaque informative sur place
  11. Oursel