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Chapelle de Domange à Igé

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Historique
=== Historique ===
La commune d’[[Igé]] est une zone de peuplement très ancienne et étendue. On a notamment retrouvé des vestiges gallo-romains et des tombes datant du haut Moyen Age sur le territoire de la commune. Le village d’Igé est mentionné pour la première fois vers la fin du IXe siècle (887-926) dans une charte de Saint-Vincent de Mâcon : ''In pago Matisconensi, in villa Ibiaco'' . On le trouve également vers 931 dans une charte de l’abbaye de Cluny, sous l’appellation ''In agro Ibgiacense, in eadem villa Ibgiaco'' . C’est à peu près à la même époque (927-942) qu’est cité le hameau de Domange, dans des chartes de Cluny : ''In villa Dominica, alias Domengo''.
 
Le hameau de Domange est situé sur une petite éminence rocheuse. Une chapelle y est mentionnée dès le Xe siècle. Vers 953, un certain Hugues, qui détenait sans droit la moitié des églises d’igé et de domange, est chassé, lors d’un plaid comtal tenu à Mâcon en présence de l’évêque Maimbaud et du comte Létaud. Il est alors avéré que ces biens usurpés par Hugues avaient été donnés bien avant par le comte Guillaume (possiblement vers 920) . Vers 962, on retrouve la chapelle dans une charte de Cluny, sous le vocable de Saint-Pierre : ''In pago Matisconensi, in agro Ipgiacensi… capellam… in villa Domanico… in honore Sancti-Petri''. Le texte rend compte de la donation de l’autre moitié des église d’Igé et de Domange à l’abbaye de Cluny par le comte Aubri. La grange dîmière attenante à la chapelle, dans laquelle les moines entreposaient les récoltes fournies par les habitants, est comprise dans l’acte de donation.
 
A cette époque, l’église de Domange est donc à la collation de l’abbaye de Cluny. Elle est desservie par un curé-moine qui vit dans la maison en face de l’édifice. L’église de Domange n’est vraisemblablement jamais considérée comme paroissiale. Elle n’est mentionnée comme telle dans aucun document ou registre ecclésiastique. Dès le XIe siècle, une église paroissiale est construite à [[Igé]], non loin du hameau. Cela renforce l’idée du statut particulier de Domange : un édifice géré et utilisé par les moines, qui était entouré d’un cimetière. Selon Christian Sapin , plusieurs hypothèses sont plausibles. L’édifice aurait pu être le centre d’une nécropole, ou bien encore chapelle d’une villa, qui devint le centre d’un domaine plus important, géré par les moines. La configuration des lieux rappelle en tout cas les églises d’[[Uchizy]] et de Saint-Romain-des-Iles ([[Saint-Symphorien-d'Ancelles]]), toutes deux gérées par les moines et dépourvues de façade, puisque directement accolées à un bâtiment servant à loger les moines.
 
Au XIVe siècle, la chapelle de Domange devient annexe de celle d’Igé. Dans un pouillé de 1513, les deux édifices sont indiqués comme « ''unitae'' » . A cette période, l’église Saint-Germain à Igé est fortement remaniée (elle est par la suite entièrement reconstruite au XIXe siècle) et restaurée. C’est également au XIVe siècle qu’est édifiée la Tour Mailly, centre du fief qui se développe alors à cet endroit, propriété de seigneurs puissants. Visiblement, la population tend alors à se grouper autour du château seigneurial. Un accord entre l’évêque de Mâcon, l’abbé de Cluny et le seigneur de la Tour-Mailly, protecteur de l’église d’Igé nouvellement rénovée, désigne Igé comme centre de la paroisse.
 
De la construction du Xe siècle, l’édifice actuel conserve sa nef et sa travée sous clocher. Au XIIe siècle, l’église est visiblement partiellement reconstruite, puisqu’il y a une nette différence dans les techniques de construction. L’abside et le clocher pourrait ainsi dater du début du XIIe siècle, tandis que le grand arc oriental serait plutôt de la fin du siècle. Vers 1410, la chapelle gothique est ajoutée au sud de la travée sous clocher. Elle est financée par Antoine de Villecourt , seigneur de Chabotte, et son épouse Marguerite de Charost. Elle est dédiée à Notre-Dame de la Pitié. Le siècle suivant, la chapelle est visiblement remaniée par Claudine du Molard, dame de Chabotte, lorsqu’elle se remarie. Elle fait alors apparaître les blasons de sa famille et de ses amis sur les culots supportant les ogives. On reconnaît bien le blason de famille bressane Du Molard : « D’or à la bande de sable, accompagnée de deux casques de même, un en chef, l’autre en pointe » .
 
Aux XVIe et XVIIe siècles, la chapelle de Domange est visiblement rénovée en plusieurs occasions, notamment pour réparer les dommages causés par les Guerres de Religion. C’est peut-être à ce moment-là que la chapelle passe sous le patronage de sainte Bénédicte. Les restaurations touchent notamment les clocher, sur lequel on distingue de nettes marques. La couverture du clocher pourrait dater de cette époque, tout comme la charpente de l’édifice. Une autre restauration a lieu en 1753, à l’initiative des moines. Un badigeon bleu clair aurait été ajouté à cette occasion .
 
Lors de la Révolution, les moines sont chassés des lieux, et en 1790, les biens de Cluny à Domange sont vendus comme biens nationaux. Sont concernés : un bâtiment de maître, des pressoirs, des cuves, une cave, une écurie, la grange de la dîme et des parcelles de vignes . En 1795, la chapelle est interdite au culte. Néanmoins, les fidèles continuent d’y venir pour l’office, et la chapelle est finalement officiellement réouverte en 1797.
 
Au XIXe siècle, une restauration globale de l’église est engagée. Elle a lieu en 1866 : le beffroi est repris, la toiture restaurée, les fenêtres entièrement remplacées et munies de vitraux en grisaille (sauf dans l’abside). Un devis de 500 francs est conservé aux archives, mais ne donne pas le détail des travaux effectués . En 1897, la cloche est refondue sur accord entre le maire Mr Grillet et le fondeur Farnier (jeune). Le but est moins de pouvoir sonner l’office que de pouvoir rassembler la population en cas de danger ou d’incendie.
 
Le 14 Juillet 1927, une « bombe » est laissée près du vitrail du transept. Son explosion cause de lourds dégâts à l’édifice, comme en témoigne la lettre que le curé de l’époque adresse alors au préfet. A la fin des années 1930, la chapelle se trouve dans un état plus que préoccupant. L’explosion n’y est sûrement pas pour rien. Lors de son inventaire, Jean Virey fait ainsi état d’un clocher entièrement lézardé. On sait également que l’édifice est dépourvu de mobilier. Cet état plus que précaire conduit au classement de la chapelle comme Monument Historique en 1938. Grâce aux subventions accordées par l’état suite à ce classement, des travaux assez importants sont visiblement engagés.
 
A partir des années 1960 , le culte est interrompu, et la chapelle désaffectée. Elle est officiellement désacralisée en 1966. De 1968 à 1971, des travaux sont menés sous la direction du ministère des Beaux-Arts, afin de reconvertir l’édifice. La chapelle devient dès lors le siège de la coopérative viticole d’Igé, et accueille un musée du vin et un centre de dégustation.
 
En 2002, un rapport et diagnostic archéologique est demandé à l’architecte en chef des monuments historiques, Frédéric Didier, en vue de travaux. De 2006 à 2008, une restauration complète de l’édifice est engagée sous la direction de Frédéric Didier : restauration de la couverture en laves, drainage avec glacis, reprise des maçonneries (notamment au clocher), porte principale et bancs intérieurs rénovés (contribution de l’association du patrimoine igéen) … A cette occasion, des sondages sont réalisés par Christian Sapin et Emmanuel Laborier, en partenariat avec l’INRAP. Leurs conclusions permettent d’éclairer l’histoire de l’édifice.
 
En 2008, la chapelle obtient la mention spéciale du jury dans le cadre des rubans du patrimoine, pour la restauration tout juste terminée. En 2010, elle devient le 148ème site clunisien et appartient dès lors au grand itinéraire culturel du Conseil de l'Europe. La chapelle fait aujourd’hui l’objet d’un soin constant. Elle sert désormais de salle d’exposition et accueille divers événements culturels. Le programme culturel est établi et organisé chaque année par l’association Au Chœur de Domange.
 
=== Description architecturale ===
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