Chapelle des Arts à Montbellet : Différence entre versions

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'''La Chapelle des Arts''', anciennement chapelle Saint-Oyen, est située à [[Montbellet]], dans le département de la Saône-et-Loire, en Bourgogne-Franche-Comté. Il s'agit de l’ancienne chapelle du prieuré local qui appartenait à l’abbaye de Saint-Claude (auparavant Saint-Oyen) située dans le Jura. Une église est déjà mentionnée au début du Xe siècle en ce lieu, mais l’édifice actuel date vraisemblablement d’une reconstruction romane du XIIe siècle. Elle est composée d’une nef unique charpentée, d’un clocher carré à deux niveaux sur une travée voûtée en berceau brisé, d’une travée de chœur et d’une abside, toutes deux plafonnées. Ces dernières devaient à l’origine être voûtées, vu les contreforts épais présents à l’extérieur. La chapelle est vraisemblablement remaniée une première fois au XIIIe siècle, comme en témoignent notamment les baies de l’étage supérieur du clocher, de style gothique. La porte sud pourrait également dater de cette période. Vendue comme bien national après la Révolution, la chapelle est ensuite rachetée par des habitants puis cédée à la commune. A l’époque en très mauvais état, elle est rénovée plusieurs fois dans la première moitié du XIXe siècle. Inutilisée par la suite, elle est réhabilitée à partir des années 1980 et transformée en salle d’exposition. Elle est aujourd’hui bien entretenue, mise en valeur et gérée par l’association qui lui est dédiée.
 
'''La Chapelle des Arts''', anciennement chapelle Saint-Oyen, est située à [[Montbellet]], dans le département de la Saône-et-Loire, en Bourgogne-Franche-Comté. Il s'agit de l’ancienne chapelle du prieuré local qui appartenait à l’abbaye de Saint-Claude (auparavant Saint-Oyen) située dans le Jura. Une église est déjà mentionnée au début du Xe siècle en ce lieu, mais l’édifice actuel date vraisemblablement d’une reconstruction romane du XIIe siècle. Elle est composée d’une nef unique charpentée, d’un clocher carré à deux niveaux sur une travée voûtée en berceau brisé, d’une travée de chœur et d’une abside, toutes deux plafonnées. Ces dernières devaient à l’origine être voûtées, vu les contreforts épais présents à l’extérieur. La chapelle est vraisemblablement remaniée une première fois au XIIIe siècle, comme en témoignent notamment les baies de l’étage supérieur du clocher, de style gothique. La porte sud pourrait également dater de cette période. Vendue comme bien national après la Révolution, la chapelle est ensuite rachetée par des habitants puis cédée à la commune. A l’époque en très mauvais état, elle est rénovée plusieurs fois dans la première moitié du XIXe siècle. Inutilisée par la suite, elle est réhabilitée à partir des années 1980 et transformée en salle d’exposition. Elle est aujourd’hui bien entretenue, mise en valeur et gérée par l’association qui lui est dédiée.
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Le hameau de Saint-Oyen fait partie du village de [[Montbellet]]. C’est une zone de peuplement très ancienne. Des outils remontant au paléolithique supérieur et au néolithique ont notamment été ramassés dans la carrière de Saint-Oyen<ref>GAM Info, groupement archéologique du Mâconnais, 1974, n°4, pp. 9-10</ref>. D’importants vestiges gallo-romains ont également été mis au jour sur le territoire de la commune et près du hameau : restes de ''villae'', poteries, objets divers…Au IXe siècle, des terres dont fait partie le hameau de Saint-Oyen sont données à l’abbaye de Saint-Claude<ref>Ermitage fondé au Ve siècle par saint Romain et saint Lupicin, transformé en un monastère à proprement parler vers l’an 500 par saint Oyand. Historique de l’abbaye : [https://fr.wikipedia.org/wiki/Abbaye_de_Saint-Claude Abbaye de Saint-Claude] </ref>, dans le Jura, par le moine Otton, Comte de Vienne et de Mâcon, son épouse Adalsinde et leur fils le moine Amblard. L’abbaye construit un premier lieu de culte, centre d’un petit ermitage, qui est dédié à saint Oyen, quatrième abbé de l’abbaye du Jura. Cet édifice est cité au début du Xe siècle dans la charte 359 du cartulaire de Saint-Vincent de Mâcon : ''Ecclesia Sancti-Eugendi supra fluvium qui vocatur Borbontia''<ref>Rigault, Jean, ''Dictionnaire topographique du département de la Saône-et-Loire'', 2008.</ref>. Un conflit entre les moines de l’abbaye et les chanoines de Mâcon y est alors réglé. Cet ermitage se transforme peu à peu en un véritable prieuré, autour duquel se développe la hameau en rassemblant hommes et activités. En 1792, alors que le prieuré n’existe déjà plus, la commune de Saint-Oyen est réunie à celle de Montbellet. Cette dernière se développe considérablement au XIXe siècle, notamment grâce au commerce et au transport de population rendus possibles par l’extension des voies de communication (et grâce notamment à la construction d’un pont suspendu). Montbellet est dès lors une vaste commune divisée en hameaux et qui s’étend des premières collines du Mâconnais à la Saône. Elle est traversée par la Bourbonne. En 2008, Montbellet a organisé le jumelage des quatre villages Suisse, Italien, Savoyard et Mâconnais qui portent le nom de Saint-Oyen, en l’honneur du 4ème abbé de l’abbaye de Saint-Claude.
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La chapelle de Saint-Oyen est un édifice entièrement roman qui semble dater du XIIe siècle, probablement construite une fois que le prieuré de Saint-Oyen est déjà bien développé. Cette église prieurale se compose d’une nef unique charpentée, d’un clocher carré à deux niveaux sur une travée voûtée en berceau brisé, d’une travée de chœur et d’une abside, toutes deux plafonnées. Ces dernières devaient à l’origine être voûtées, vu les contreforts épais présents à l’extérieur. A la même époque (1119), le hameau voisin de Mercey devient une possession des Templiers, qui y installent une Commanderie. Les terres de Saint-Oyen se retrouvent donc au cœur d’une zone géographique aux influences et autorités multiples : moines de Saint-Claude, Templiers, chanoines de Mâcon, seigneurs laïcs. En 1285, une bulle papale d’Innocent IV confirme la pleine possession des terres et biens de Saint-Oyen et Montbellet par l’abbaye de Saint-Claude, et donc des édifices qui s’y trouvent : la chapelle de Saint-Oyen et l’église Saint-Didier à Montbellet. C’est de cette époque que semble dater une première reprise de la chapelle de Saint-Oyen. Les baies gothiques du clocher et la porte sud semblent appartenir à cette restauration.
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Par la suite, le prieuré de Saint-Oyen est cité aux XIVe et XVIe siècles, dans deux pouillés. Il existe donc toujours à cette époque, et semble plutôt prospère, notamment grâce à sa situation géographique privilégiée, entre deux grandes voies de communication, la route et la Saône<ref>Historique de l’association. </ref>. Le prieuré rassemble la population et toutes sortes d’activités : artisans, commerces, élevages et cultures. Le prieuré semble avoir conservé une certaine indépendance au milieu des terres aux propriétaires variés. Au XIVe siècle, la Commanderie de Mercey passe aux mains des Chevaliers de Malte (ordre hospitalier), après le procès des chevaliers du Temple. Au XVIe siècle, les Guerres de Religion font de nombreux dommages dans la région, y compris sur les terres de Montbellet. Il est probable que le prieuré de Saint-Oyen soit impacté par ces troubles, et c’est peut-être à la suite de ces évènements que le prieuré cesse d’exister<ref>Cela ne serait pas un exemple isolé dans la région : c’est notamment ce qu’il se passe au [https://wiki-macon-sud-bourgogne.fr/index.php?title=Eglise_Sainte-Marie-Madeleine_%C3%A0_Le_Villars Villars] où sont installées des moniales, contraintes de fuir. </ref>. Lorsque la Révolution éclate, la seigneurie de Saint-Oyen est déjà aliénée<ref>Rigault, cite Léonce Lex. </ref>.
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A cette époque, la chapelle de Saint-Oyen est déjà dans un état précaire. En 1792, la commune de Saint-Oyen est unie à celle de Montbellet. La chapelle est vendue comme bien national en 1796 à Mr Landolphe, riche propriétaire local, pour 2196 francs. Elle est ensuite acquise par une quarantaine d’habitants de Saint-Oyen, afin d’éviter sa destruction. En 1819-1820, quelques travaux urgents sont effectués sur l’édifice, suivant le devis de Mr Delorme<ref>Oursel, Anne-Marie et Raymond, Fiche d’inventaire départemental. </ref>, avec l’idée de rendre l’édifice au culte. C’est peut-être à cette occasion qu’est ajoutée la sacristie accolée à l’abside. Celle-ci apparaît en tout cas déjà sur le plan cadastral de 1839. En 1844, les propriétaires ne pouvant pas assumer le coût des rénovations nécessaires à la sauvegarde de l’édifice, la chapelle est cédée à la commune de Montbellet par acte du 16 juin 1844 signé Noirot, notaire à [[Lugny]]<ref>David, Jacques. </ref>. Cette même année, l’architecte Berthier, de Mâcon, dresse les plans et le devis pour la restauration de l’édifice. Il chiffre les travaux nécessaires à 3500 francs<ref>Oursel</ref>.
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En 1846, la réparation de la toiture, à l’époque en laves, devient urgente. En 1848, Michel Delorme, maître-maçon à Saint-Oyen, est chargé des travaux de restauration de la toiture de la nef et du porche, et de la reprise du dallage de l’édifice<ref>Ibidem</ref>. Quelques temps après, le porche est finalement supprimé. La tourelle d’escalier au nord de la nef est également ajoutée, la façade reprise, et les baies de la nef sont élargies. Le montant des travaux s’élève finalement à 4300 francs. La chapelle n’est cependant pas utilisée, puisque c’est l’église Saint-Didier de Montbellet qui accueille le culte. La chapelle de Saint-Oyen entame alors une lente dégradation, et n’est que peu entretenue.
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Dans les années 1980, la municipalité projette finalement de réhabiliter l’édifice. Une longue restauration est engagée, qui se poursuit jusque dans les années 2000 : les toits sont refaits (en tuiles, moins fragiles que les laves), l’intérieur est consolidé et restauré (les murs sont décapés, la charpente est dégagée, le mobilier pour la plupart vidé, les décors modernes supprimés), la cloche automatisée, et les abords de l’édifice sont aménagés avec soin<ref>L’inventaire du couple Oursel contient des photos de l’édifice prises dans les années 1970 et qui permettent d’apprécier les restaurations effectuées. Le blog de la Bourgogne Romane permet également de visualiser les derniers travaux réalisés. </ref>. Dès 1990, la chapelle des Arts devient une salle d’exposition pour tous types d’artistes. Elle accueille également des concerts et permet d’animer le hameau et la commune. La chapelle fait désormais l’objet d’un soin attentif et propose chaque année un riche programme culturel.
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*''Saint Oyen :''
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''Nom du quatrième abbé de l’abbaye Saint-Claude, l'abbé Oyand (ou Eugendus) qui transforme vers l'an 500 la fondation des Pères du Jura (saint Romain et saint Lupicin, fondateurs de l’ermitage dans le Jura) en vrai monastère et qui accroît le rayonnement du monastère à partir de la fin du Ve siècle. ''
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=== Description architecturale ===
 
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GLOSSAIRE : [http://www.bourgogneromane.com/glossaire.htm Bourgogne Romane]
 
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La chapelle de Saint-Oyen est bâtie en petit appareil de calcaire blanc. C’est un édifice roman assez typique de ceux que l’on trouve dans la région. Il se compose d’une nef unique rectangulaire, d’une travée sous un solide clocher carré, d’une travée de chœur et d’une abside à l’est, à laquelle a été accolée une sacristie. C’est un bel exemple d’art roman dans lequel on distingue quelques ajouts gothiques.
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La façade de l’édifice est très épurée. Elle est simplement ouverte par un petit portail en plein cintre dont l’arc est supporté par des impostes. Une large croix est creusée en haut du pignon. Les murs gouttereaux de la nef sont chacun percés de trois baies modernes aux arcs allongés. Au nord, le mur est soutenu par un large contrefort en talus. Une tourelle d’escalier a été ajoutée près de la façade afin de pouvoir accéder aux combles et au clocher. Elle possède une porte en bois et une petite fenêtre en hauteur. Au sud, une petite porte est ménagée à l’extrémité est. Elle est abritée par un petit auvent et la clef de son linteau est sculptée. La travée sous clocher est épaulée par deux long contreforts de chaque côté, qui supportent le poids du clocher et encadrent les mini-croisillons. Les faces de la travée sont chacune ouvertes d’une petite baie ébrasée en cintre brisé. Au sud, on distingue le contour d’une ancienne ouverture de même profil.
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Le clocher s’élance au-dessus de la croisée. De plan carré, il comporte deux niveaux séparés par un cordon de pierre. Il est percé de nombreux trous de boulin. Le premier niveau comporte une baie romane par face, en plein cintre, dont seules celles au nord et au sud sont ouvertes. Les autres ont été comblées à une date inconnue. Le deuxième niveau est percé d’une baie gothique par face, à remplage. Le clocher est couvert d’une courte pyramide à quatre pans.
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A l’est, le chœur s’ouvre par une large travée droite, simplement ouverte par une petite baie par face, en cintre brisé au sud (gothique), et en plein cintre au nord (romane). La travée est délimitée à l’est par de larges contreforts. L’abside semi-circulaire est également épaulée par de plus petits contreforts, et plus étroite que la travée qui la précède. Elle comporte trois baies ébrasées : une au sud en cintre brisé, une au nord en plein cintre, et une au centre qui est masquée par la sacristie. Cette dernière est une petite construction rectangulaire sans style, avec une simple fenêtre à l’est. Une corniche à modillons nus court sur tout l’édifice. Elle supporte la toiture de laves du clocher et des contreforts, et les couvertures en tuiles du chœur et de la nef.
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A l’intérieur, la chapelle est très épurée, du fait de sa fonction de salle d’exposition. Seuls les vitraux modernes colorés rompent la sobriété de l’édifice. La nef est entièrement dallée. Un plan incliné a été installé afin de garantir l’accès à la chapelle à tous les visiteurs. Les murs sont enduits jusqu’à mi-hauteur, puis laissés en pierre apparente, comme le reste de l’édifice. La charpente de la nef a été dégagée du plafond qui la recouvrait jusqu’à la fin du siècle dernier. Un chemin de planches permet d’accéder à l’ouverture manant au clocher.  La nef s’ouvre sur la travée sous clocher via un arc brisé très épais. La croisée est voûtée d’un solide berceau transversal en cintre brisé. Elle est flanquée au nord et au sud<ref>Le croisillon sud a conservé un autel latéral en pierre. </ref> par des arcs brisés très épais qui forment des mini-croisillons, perpendiculaires à la croisée. A l’est, la croisée s’ouvre sur le chœur par un autre arc similaire. Tous ces arcs reposent sur des impostes. La travée de chœur, originellement voûtée en berceau brisé, est aujourd’hui couverte d’un plafond de bois, comme l’abside (qui était, elle, voûtée en cul-de-four brisé). Un cordon de pierre délimite la base de ces anciennes voûtes, dont la présence est attestée par les contreforts extérieurs qui n’ont plus d’utilité aujourd’hui. L’abside est surélevée d’une marche et accueille le maître-autel en bois, identique à celui présent dans l’église Saint-Didier à Montbellet. La baie axiale, murée, sert désormais de niche pour la statue de saint Claude. La porte menant à la sacristie s’ouvre juste en dessous. Cette dernière sert de remise.
  
 
=== Inventaire décor et mobilier ===
 
=== Inventaire décor et mobilier ===

Version actuelle datée du 3 mai 2021 à 16:14

La Chapelle des Arts, anciennement chapelle Saint-Oyen, est située à Montbellet, dans le département de la Saône-et-Loire, en Bourgogne-Franche-Comté. Il s'agit de l’ancienne chapelle du prieuré local qui appartenait à l’abbaye de Saint-Claude (auparavant Saint-Oyen) située dans le Jura. Une église est déjà mentionnée au début du Xe siècle en ce lieu, mais l’édifice actuel date vraisemblablement d’une reconstruction romane du XIIe siècle. Elle est composée d’une nef unique charpentée, d’un clocher carré à deux niveaux sur une travée voûtée en berceau brisé, d’une travée de chœur et d’une abside, toutes deux plafonnées. Ces dernières devaient à l’origine être voûtées, vu les contreforts épais présents à l’extérieur. La chapelle est vraisemblablement remaniée une première fois au XIIIe siècle, comme en témoignent notamment les baies de l’étage supérieur du clocher, de style gothique. La porte sud pourrait également dater de cette période. Vendue comme bien national après la Révolution, la chapelle est ensuite rachetée par des habitants puis cédée à la commune. A l’époque en très mauvais état, elle est rénovée plusieurs fois dans la première moitié du XIXe siècle. Inutilisée par la suite, elle est réhabilitée à partir des années 1980 et transformée en salle d’exposition. Elle est aujourd’hui bien entretenue, mise en valeur et gérée par l’association qui lui est dédiée.

Eglise Saint-Pierre (©CEP)

Beschreibung der Kirche (deutsch) 1, 2, 3, 4

Description of the church (english) 1, 2, 3, 4

Adresse Hameau de Saint-Oyen, 71260 Montbellet
Coordonnées GPS 46°28'21.4"N 4°53'39.6"E
Paroisse de rattachement /
Protection Monuments Historiques /

Historique

Le hameau de Saint-Oyen fait partie du village de Montbellet. C’est une zone de peuplement très ancienne. Des outils remontant au paléolithique supérieur et au néolithique ont notamment été ramassés dans la carrière de Saint-Oyen[1]. D’importants vestiges gallo-romains ont également été mis au jour sur le territoire de la commune et près du hameau : restes de villae, poteries, objets divers…Au IXe siècle, des terres dont fait partie le hameau de Saint-Oyen sont données à l’abbaye de Saint-Claude[2], dans le Jura, par le moine Otton, Comte de Vienne et de Mâcon, son épouse Adalsinde et leur fils le moine Amblard. L’abbaye construit un premier lieu de culte, centre d’un petit ermitage, qui est dédié à saint Oyen, quatrième abbé de l’abbaye du Jura. Cet édifice est cité au début du Xe siècle dans la charte 359 du cartulaire de Saint-Vincent de Mâcon : Ecclesia Sancti-Eugendi supra fluvium qui vocatur Borbontia[3]. Un conflit entre les moines de l’abbaye et les chanoines de Mâcon y est alors réglé. Cet ermitage se transforme peu à peu en un véritable prieuré, autour duquel se développe la hameau en rassemblant hommes et activités. En 1792, alors que le prieuré n’existe déjà plus, la commune de Saint-Oyen est réunie à celle de Montbellet. Cette dernière se développe considérablement au XIXe siècle, notamment grâce au commerce et au transport de population rendus possibles par l’extension des voies de communication (et grâce notamment à la construction d’un pont suspendu). Montbellet est dès lors une vaste commune divisée en hameaux et qui s’étend des premières collines du Mâconnais à la Saône. Elle est traversée par la Bourbonne. En 2008, Montbellet a organisé le jumelage des quatre villages Suisse, Italien, Savoyard et Mâconnais qui portent le nom de Saint-Oyen, en l’honneur du 4ème abbé de l’abbaye de Saint-Claude.

La chapelle de Saint-Oyen est un édifice entièrement roman qui semble dater du XIIe siècle, probablement construite une fois que le prieuré de Saint-Oyen est déjà bien développé. Cette église prieurale se compose d’une nef unique charpentée, d’un clocher carré à deux niveaux sur une travée voûtée en berceau brisé, d’une travée de chœur et d’une abside, toutes deux plafonnées. Ces dernières devaient à l’origine être voûtées, vu les contreforts épais présents à l’extérieur. A la même époque (1119), le hameau voisin de Mercey devient une possession des Templiers, qui y installent une Commanderie. Les terres de Saint-Oyen se retrouvent donc au cœur d’une zone géographique aux influences et autorités multiples : moines de Saint-Claude, Templiers, chanoines de Mâcon, seigneurs laïcs. En 1285, une bulle papale d’Innocent IV confirme la pleine possession des terres et biens de Saint-Oyen et Montbellet par l’abbaye de Saint-Claude, et donc des édifices qui s’y trouvent : la chapelle de Saint-Oyen et l’église Saint-Didier à Montbellet. C’est de cette époque que semble dater une première reprise de la chapelle de Saint-Oyen. Les baies gothiques du clocher et la porte sud semblent appartenir à cette restauration.

Par la suite, le prieuré de Saint-Oyen est cité aux XIVe et XVIe siècles, dans deux pouillés. Il existe donc toujours à cette époque, et semble plutôt prospère, notamment grâce à sa situation géographique privilégiée, entre deux grandes voies de communication, la route et la Saône[4]. Le prieuré rassemble la population et toutes sortes d’activités : artisans, commerces, élevages et cultures. Le prieuré semble avoir conservé une certaine indépendance au milieu des terres aux propriétaires variés. Au XIVe siècle, la Commanderie de Mercey passe aux mains des Chevaliers de Malte (ordre hospitalier), après le procès des chevaliers du Temple. Au XVIe siècle, les Guerres de Religion font de nombreux dommages dans la région, y compris sur les terres de Montbellet. Il est probable que le prieuré de Saint-Oyen soit impacté par ces troubles, et c’est peut-être à la suite de ces évènements que le prieuré cesse d’exister[5]. Lorsque la Révolution éclate, la seigneurie de Saint-Oyen est déjà aliénée[6].

A cette époque, la chapelle de Saint-Oyen est déjà dans un état précaire. En 1792, la commune de Saint-Oyen est unie à celle de Montbellet. La chapelle est vendue comme bien national en 1796 à Mr Landolphe, riche propriétaire local, pour 2196 francs. Elle est ensuite acquise par une quarantaine d’habitants de Saint-Oyen, afin d’éviter sa destruction. En 1819-1820, quelques travaux urgents sont effectués sur l’édifice, suivant le devis de Mr Delorme[7], avec l’idée de rendre l’édifice au culte. C’est peut-être à cette occasion qu’est ajoutée la sacristie accolée à l’abside. Celle-ci apparaît en tout cas déjà sur le plan cadastral de 1839. En 1844, les propriétaires ne pouvant pas assumer le coût des rénovations nécessaires à la sauvegarde de l’édifice, la chapelle est cédée à la commune de Montbellet par acte du 16 juin 1844 signé Noirot, notaire à Lugny[8]. Cette même année, l’architecte Berthier, de Mâcon, dresse les plans et le devis pour la restauration de l’édifice. Il chiffre les travaux nécessaires à 3500 francs[9].

En 1846, la réparation de la toiture, à l’époque en laves, devient urgente. En 1848, Michel Delorme, maître-maçon à Saint-Oyen, est chargé des travaux de restauration de la toiture de la nef et du porche, et de la reprise du dallage de l’édifice[10]. Quelques temps après, le porche est finalement supprimé. La tourelle d’escalier au nord de la nef est également ajoutée, la façade reprise, et les baies de la nef sont élargies. Le montant des travaux s’élève finalement à 4300 francs. La chapelle n’est cependant pas utilisée, puisque c’est l’église Saint-Didier de Montbellet qui accueille le culte. La chapelle de Saint-Oyen entame alors une lente dégradation, et n’est que peu entretenue.

Dans les années 1980, la municipalité projette finalement de réhabiliter l’édifice. Une longue restauration est engagée, qui se poursuit jusque dans les années 2000 : les toits sont refaits (en tuiles, moins fragiles que les laves), l’intérieur est consolidé et restauré (les murs sont décapés, la charpente est dégagée, le mobilier pour la plupart vidé, les décors modernes supprimés), la cloche automatisée, et les abords de l’édifice sont aménagés avec soin[11]. Dès 1990, la chapelle des Arts devient une salle d’exposition pour tous types d’artistes. Elle accueille également des concerts et permet d’animer le hameau et la commune. La chapelle fait désormais l’objet d’un soin attentif et propose chaque année un riche programme culturel.

  • Saint Oyen :

Nom du quatrième abbé de l’abbaye Saint-Claude, l'abbé Oyand (ou Eugendus) qui transforme vers l'an 500 la fondation des Pères du Jura (saint Romain et saint Lupicin, fondateurs de l’ermitage dans le Jura) en vrai monastère et qui accroît le rayonnement du monastère à partir de la fin du Ve siècle.

Description architecturale

GLOSSAIRE : Bourgogne Romane

La chapelle de Saint-Oyen est bâtie en petit appareil de calcaire blanc. C’est un édifice roman assez typique de ceux que l’on trouve dans la région. Il se compose d’une nef unique rectangulaire, d’une travée sous un solide clocher carré, d’une travée de chœur et d’une abside à l’est, à laquelle a été accolée une sacristie. C’est un bel exemple d’art roman dans lequel on distingue quelques ajouts gothiques.


La façade de l’édifice est très épurée. Elle est simplement ouverte par un petit portail en plein cintre dont l’arc est supporté par des impostes. Une large croix est creusée en haut du pignon. Les murs gouttereaux de la nef sont chacun percés de trois baies modernes aux arcs allongés. Au nord, le mur est soutenu par un large contrefort en talus. Une tourelle d’escalier a été ajoutée près de la façade afin de pouvoir accéder aux combles et au clocher. Elle possède une porte en bois et une petite fenêtre en hauteur. Au sud, une petite porte est ménagée à l’extrémité est. Elle est abritée par un petit auvent et la clef de son linteau est sculptée. La travée sous clocher est épaulée par deux long contreforts de chaque côté, qui supportent le poids du clocher et encadrent les mini-croisillons. Les faces de la travée sont chacune ouvertes d’une petite baie ébrasée en cintre brisé. Au sud, on distingue le contour d’une ancienne ouverture de même profil.

Le clocher s’élance au-dessus de la croisée. De plan carré, il comporte deux niveaux séparés par un cordon de pierre. Il est percé de nombreux trous de boulin. Le premier niveau comporte une baie romane par face, en plein cintre, dont seules celles au nord et au sud sont ouvertes. Les autres ont été comblées à une date inconnue. Le deuxième niveau est percé d’une baie gothique par face, à remplage. Le clocher est couvert d’une courte pyramide à quatre pans.

A l’est, le chœur s’ouvre par une large travée droite, simplement ouverte par une petite baie par face, en cintre brisé au sud (gothique), et en plein cintre au nord (romane). La travée est délimitée à l’est par de larges contreforts. L’abside semi-circulaire est également épaulée par de plus petits contreforts, et plus étroite que la travée qui la précède. Elle comporte trois baies ébrasées : une au sud en cintre brisé, une au nord en plein cintre, et une au centre qui est masquée par la sacristie. Cette dernière est une petite construction rectangulaire sans style, avec une simple fenêtre à l’est. Une corniche à modillons nus court sur tout l’édifice. Elle supporte la toiture de laves du clocher et des contreforts, et les couvertures en tuiles du chœur et de la nef.


A l’intérieur, la chapelle est très épurée, du fait de sa fonction de salle d’exposition. Seuls les vitraux modernes colorés rompent la sobriété de l’édifice. La nef est entièrement dallée. Un plan incliné a été installé afin de garantir l’accès à la chapelle à tous les visiteurs. Les murs sont enduits jusqu’à mi-hauteur, puis laissés en pierre apparente, comme le reste de l’édifice. La charpente de la nef a été dégagée du plafond qui la recouvrait jusqu’à la fin du siècle dernier. Un chemin de planches permet d’accéder à l’ouverture manant au clocher. La nef s’ouvre sur la travée sous clocher via un arc brisé très épais. La croisée est voûtée d’un solide berceau transversal en cintre brisé. Elle est flanquée au nord et au sud[12] par des arcs brisés très épais qui forment des mini-croisillons, perpendiculaires à la croisée. A l’est, la croisée s’ouvre sur le chœur par un autre arc similaire. Tous ces arcs reposent sur des impostes. La travée de chœur, originellement voûtée en berceau brisé, est aujourd’hui couverte d’un plafond de bois, comme l’abside (qui était, elle, voûtée en cul-de-four brisé). Un cordon de pierre délimite la base de ces anciennes voûtes, dont la présence est attestée par les contreforts extérieurs qui n’ont plus d’utilité aujourd’hui. L’abside est surélevée d’une marche et accueille le maître-autel en bois, identique à celui présent dans l’église Saint-Didier à Montbellet. La baie axiale, murée, sert désormais de niche pour la statue de saint Claude. La porte menant à la sacristie s’ouvre juste en dessous. Cette dernière sert de remise.

Inventaire décor et mobilier

  • Baies gothiques du clocher, à remplage
  • Clef sculptée de la porte sud : quadrilobe blasonné, gothique, entouré de quatre coquilles saint Jacques.
  • Maître-autel du XVIIIe siècle, en bois peint imitant le marbre. Un autel identique se trouve dans l’église Saint-Didier de Montbellet.
  • Autel latéral en pierre
  • Statue de saint Claude
  • Christ en croix
  • Dalles funéraires, dont celle de Mr Gaspard Tuppinier (maire de la commune au début du XIXe siècle)
  • Crédence gothique
  • Bénitier encastré en forme de coquillage (droite de l’arc triomphal)
  • Bénitier sur pied en pierre rose : cuve ovale, pied avec blason gravé de la date 1748.
  • Cadres
  • Vitraux modernes colorés (scènes de la vie quotidienne, motifs géométriques, fleurs, bateau)
  • Maquette de l’église (crédence de l’abside)
  • Cloche fondue en 1820 et inaugurée par le maire Mr Tuppinier (les anciennes cloches du XVIIe siècle sont fondues à la Révolution pour en faire des canons)

Rénovations / Etat

  • Rénovations :

XIXe :

1819-1820 : petits travaux de restauration

1844 : chapelle cédée à la commune ; plans et devis pour la restauration de l’édifice, par l’architecte Berthier

1848 : restauration de la toiture de la nef et du porche, reprise du dallage de l’édifice

Suppression du porche, construction de la tourelle, agrandissement des baies.

XXe :

Peu d’entretien

A partie des années 1980 : travaux de restauration et de réhabilitation ; remplacement de la toiture, restauration et consolidation intérieure globale, automatisation de la cloche, aménagement des abords de l’édifice

XXIe :

Travaux d’entretien

  • Etat :

La chapelle est en bon état général et est régulièrement entretenue par l’association de sauvegarde qui lui est dédiée.

  • Classement :

/

Actualités

La chapelle a été convertie en 2010 salle d’exposition pour de nombreux artistes (photographes, peintres, sculpteurs…). Des concerts y sont également régulièrement organisés.

Pour suivre l’actualité de l’édifice, voir le site de la mairie et celui de l’association de sauvegarde :

Site de l’association dédiée à la chapelle

Site de la commune

Visite

La Chapelle des Arts est d’ordinaire fermée. Une visite est néanmoins possible en contactant au préalable la mairie ou l’association qui gère l’édifice.

La chapelle est accessible aux personnes à mobilité réduite : les abords ont été aménagés et un plan incliné a été installé à l’entrée principale.

Association engagée

  • La Chapelle des Arts :

Association créée en 2009 pour garantir la sauvegarde et la mise en valeur de la chapelle.

L’association organise chaque année un important programme culturel et artistique : concerts, expositions, fête médiévale…

Présidente : Dominique Belut Marfontaine

Tel : 06.38.39.27.28

Contact : lachapelledesarts@montbellet.fr

Page Facebook

Site Officiel

Iconographie ancienne et récente

Crédit Photos: CEP

Plans cadastraux

Cadastre actuel, cadastre.gouv

Bibliographie

  • DAVID, Jacques, « La chapelle prieurale de Saint-Oyen, hameau de Montbellet », In : Images de Saône-et-Loire, n° 160, décembre 2009, pages 8 à 11.
  • RIGAULT, Jean, Dictionnaire topographique du département de la Saône-et-Loire, 2008.
  • VIREY, Jean, Les églises romanes de l’ancien diocèse de Mâcon, Mâcon, Protat, 1935, 474p.

Sources

  • Oursel, Anne-Marie et Raymond, Fiche d’inventaire départemental, 1969 :

Archives départementales de Saône-et-Loire

  • Fiche édifice de la Bourgogne Romane :

Saint-Oyen

  • Fiche édifice de la Bourgogne Médiévale :

Montbellet

  • Document du Pays d’Art et d’Histoire :

Laissez-vous conter le village de Montbellet

  • Historiques de l’association et de la commune (dont documents sur place)

Propriétaire / Contact

Commune de Montbellet

03 85 33 13 38

commune-de-montbellet@wanadoo.fr

Patrimoine local et/ou folklore

Eglise partiellement romane, édifiée en plusieurs phases : la nef et la travée sous clocher datent du XIIe siècle, le chœur et les croisillons du XIIIe ou XIVe siècle, le clocher de l’époque moderne, tout comme le porche.

  • Temple Sainte-Catherine :

Ancienne Commanderie, propriété des Templiers au XIIIe siècle. Elle est particulièrement remarquable pour sa chapelle ornée d’une galerie de peintures murales du XIIIe siècle représentant des saints et apôtres. Elle est classée Monument Historique depuis 2002. C’est une propriété privée qui ne se visite pas.

Page web retraçant l’historique de la Commanderie

Eglise romane édifiée en deux phases, aux Xe et XIIe siècles.

Rénovée plusieurs fois au XIXe siècle, elle garde un profil roman typique, trapue et solide.

Elle est classée Monument Historique depuis 1979.

Notes et références

  1. GAM Info, groupement archéologique du Mâconnais, 1974, n°4, pp. 9-10
  2. Ermitage fondé au Ve siècle par saint Romain et saint Lupicin, transformé en un monastère à proprement parler vers l’an 500 par saint Oyand. Historique de l’abbaye : Abbaye de Saint-Claude
  3. Rigault, Jean, Dictionnaire topographique du département de la Saône-et-Loire, 2008.
  4. Historique de l’association.
  5. Cela ne serait pas un exemple isolé dans la région : c’est notamment ce qu’il se passe au Villars où sont installées des moniales, contraintes de fuir.
  6. Rigault, cite Léonce Lex.
  7. Oursel, Anne-Marie et Raymond, Fiche d’inventaire départemental.
  8. David, Jacques.
  9. Oursel
  10. Ibidem
  11. L’inventaire du couple Oursel contient des photos de l’édifice prises dans les années 1970 et qui permettent d’apprécier les restaurations effectuées. Le blog de la Bourgogne Romane permet également de visualiser les derniers travaux réalisés.
  12. Le croisillon sud a conservé un autel latéral en pierre.