Chapelle du Château de Berzé-le-Châtel

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La chapelle du château de Berzé-le-Châtel est située dans le département de la Saône-et-Loire, en Bourgogne-Franche-Comté. Elle est déjà mentionnée au milieu du XIIe siècle dans une charte du chapitre de Saint-Vincent de Mâcon. Elle est vraisemblablement bâtie lors d'une grande phase de construction du château des seigneurs de Berzé, qui a lieu à cette époque. Ce qui est aujourd'hui désigné comme chapelle du château est en fait un ensemble énigmatique. Il est composé de deux quadrilatères voûtés en plein cintre, séparés par un arc épais également en plein cintre, et prolongés par une abside semi-circulaire voûtée en cul-de-four. Les murs nord et est de cet édifice sont totalement enterrés. Cette "chapelle" est relativement ramassée, l'ensemble architectural étant en fait plus large que haut. Ses murs sont d'une épaisseur impressionnante et inhabituelle (1.65m pour le mur occidental, notamment), même pour l'époque. Ce n'est pas sans rappeler le niveau inférieur de la Chapelle du Château des Moines à Berzé-la-Ville. Il pourrait donc s'agir d'un espace de stockage constituant les fondations et le soutien d'un édifice haut, qui aurait eu à l'origine un niveau supérieur, aujourd'hui disparu. Le château et la chapelle sont une propriété privée. Le domaine est ouvert aux visites.

Photo © Hervé Mouillebouche (CeCaB)
Adresse Château de Berzé-le-Châtel, 71960 Berzé-le-Châtel
Coordonnées GPS 46°23'09.0"N 4°41'18.9"E
Paroisse de rattachement /
Protection Monuments Historiques Château classé en 1983

Historique

Le Castrum Bertiacum[1] est cité dès le Xe siècle dans différentes chartes de l’abbaye de Cluny. C’est visiblement déjà un lieu de pouvoir important, puisqu’en lien direct avec Cluny. Sa position privilégiée, en haut d’un éperon rocheux, en fait une place stratégique pour le contrôle et la défense du territoire : face à la Roche de Solutré, il domine la vallée de la Petite-Grosne et les routes principales reliant les territoires. Il permet donc de faire rempart au différentes invasions, et également de protéger l’abbaye de Cluny voisine. Au XIIe siècle, un premier château est vraisemblablement construit. Hugues de Berzé, chevalier croisé seigneur des lieux, est à l’origine de cette bâtisse. Dès cette époque, la présence d’une chapelle est attestée par la charte 550 du chapitre de Saint-Vincent de Mâcon : Hugo de Berriaco… capellam in… dicto castello (1144-1166)[2]. Située sur le côté d’une terrasse, son architecture reste un mystère, tout comme son patronage.

De la construction du XIIe siècle, il ne semble aujourd'hui rester que le soubassement de cette chapelle (objet de cette fiche), possiblement un donjon, et des éléments de fondations. Le château[3] actuel est pour l’essentiel rebâti entre les XIIIe et XVe siècles. Vers 1229, Hugues de Berzé (descendant du précédent) transforme les lieux en forteresse : enceinte polygonale avec murailles défensives, chemin de ronde, échauguettes, donjons, tours de fortification…L’ensemble est dès lors structuré en terrasses, et permet réellement d’asseoir le rôle militaire des lieux.

En 1320, la deuxième lignée des seigneurs de Berzé s’éteint. La forteresse passe ensuite d’une famille à l’autre, et appartient notamment à Jean de Thil (connétable de Bourgogne). Aux XIVe et XVe siècles, le château est un des théâtres privilégiés de la guerre de Cent Ans, et l’objet d’une convoitise féroce. En 1417, il est pris par les Bourguignons, puis récupéré par les Armagnacs en 1420. En 1424, le duc Philippe le Bon reprend finalement la forteresse. En 1471, le château résiste aux assauts des troupes de Louis XI et reste entre les mains des Bourguignons.

Au XVIe siècle, ce sont cette fois les affrontements des Guerres de Religion qui s’invitent au château, et plus précisément la lutte entre Henri IV et la Ligue catholique. Dès la fin du siècle, la forteresse est laissée de côté et finit par sombrer dans la ruine. A la Révolution, elle est vendue comme bien national, et rachetée en 1802 par la famille Michon de Pierreclos. En 1817, Antonin Gérentet rachète et transforme le château médiéval (alors dans un état de délabrement avancé) en demeure de prestige, loin des préoccupations militaires de l’origine. Il rénove le logis seigneurial, aménage les jardins et plus généralement adapte les lieux aux idéaux romantiques de l’époque. C’est probablement à cette période qu’est détruite la chapelle romane qui se trouvait au-dessus du soubassement qu’il reste aujourd'hui.

En 1873, Antonin lègue son domaine à son gendre Gabriel de Thy de Milly, dont la famille récupère finalement sa propriété ancestrale. La famille de Thy de Milly est encore aujourd’hui propriétaire des lieux. Le château est désormais le centre d’une exploitation viticole et est un attrait touristique important dans la région. Les propriétaires s’attachent donc à entretenir et mettre en valeur cette ancienne forteresse médiévale, en organisant visites et évènements culturels en tous genres. Le château est classé Monument Historique depuis 1983.

Description architecturale

GLOSSAIRE : Bourgogne Romane

La description du château faite par le Centre de Castellologie de Bourgogne ([1]) et l’inventaire des sources s’y rapportant sont disponibles en ligne sur le site de l’association. L’enceinte y est décrite de la sorte :


« Le puissant château de Berzé, qui est situé à 5500 m au sud-est de Cluny, est bâti sur un petit éperon rocheux orienté nord-sud. L'église paroissiale, isolée, occupe le pétiole de l'éperon, au nord. Le château se développe du nord au sud sur 170 m et d'est en ouest sur 80 m. Il est composé d'une première enceinte ovoïde qui s'ouvre au nord par un puissant massif d'entrée, une deuxième enceinte plus petite (50 x 40 m) également ouverte au nord, et un donjon triangulaire, composé de plusieurs bâtiments autour d'une cour. Le massif d'entrée de la première cour, au nord, comporte une porte charretière couverte d'un arc brisé, une porte piétonne de même nature à droite, trois fentes de flèches de pont-levis, des armoiries buchées entre chaque fente, une baie entre les fentes du pont-levis de la porte charretière. L'ensemble est surmonté d'une large bretèche sur arcs trilobés retombant sur des corbeaux à trois ressauts. Le mur bahut est percé d'une baie rectangulaire au centre et de deux canonnières à fente de visée. Ce pont-levis est encadré par deux puissantes tours rondes garnies de canonnières et de baies rectangulaires. La porte donne accès à un long sas d'entrée recouvert d'une tour qui était ouverte à la gorge. La première enceinte est constituée d'une haute courtine, bâtie à l'aplomb du ressaut rocheux, et surmontée d'un chemin découvert. Elle est ponctuée de 5 tours circulaires armées de canonnières. La seconde enceinte s'ouvre par une porte charretière couverte d'un arc brisé ; elle est entourée d'une tour ronde à gauche et d'une échauguette à droite. Elle était surmontée d'une bretèche dont il ne reste que 4 corbeaux à ressauts. Cette seconde cour est dominée à droite par les bâtiments du donjon, et domine à l'est et au sud la première cour. Cette enceinte est ponctuée à l'est de trois tours rondes. A l'extrémité sud, l'enceinte enveloppe une petite chapelle souterraine, dont l'entrée se fait au niveau de la première cour. Le chœur semi-circulaire est orné à l'extérieur de bandes lombardes et percé de trois canonnières à fente de visée et à double orifice de tir : pour armes légère au milieu de la fente, et armes semi-lourde au bas. Le donjon est constitué d'un bâtiment nord-sud, avec un bâtiment en retour d'équerre au sud vers l'ouest. Ces bâtiments s'ouvrent vers l'ouest sur une petite cour triangulaire. Le corps de logis nord-sud s'appuie au nord sur une grosse tour carré aveugle. Le corps de logis est-ouest rejoint à l'ouest une tour rectangulaire élevée, couronnée de baies-créneaux. L'entrée du donjon se faisait par le sud, par une porte tiers point encadrée de deux tours rondes, et surmontée d'une bretèche sur corbeaux. »

Plan du château dressé par Louis de Contenson. Source: Archives départementales de la Sâone-et-Loire, via le CeCaB.

Ce qui est aujourd'hui désigné comme chapelle du château de Berzé est en fait un ensemble énigmatique[4]. Il est composé de deux quadrilatères voûtés en plein cintre, séparés par un arc épais également en plein cintre, et prolongés par une abside semi-circulaire voûtée en cul-de-four. Les murs nord et est de cet édifice sont totalement enterrés. Cette "chapelle" est relativement ramassée, l'ensemble architectural étant en fait plus large que haut. Ses murs sont d'une épaisseur impressionnante et inhabituelle (1.65m pour le mur occidental, 1.25m pour l'abside, peut-être près de 1.80m pour le mur oriental enterré, un peu moins de 1.20m pour l'arc médian), même pour l'époque (XIIe siècle). Ce n'est pas sans rappeler le niveau inférieur de la [Chapelle du Château des Moines à Berzé-la-Ville]. Il pourrait donc s'agir d'un espace de stockage constituant les fondations et le soutien d'un édifice haut, qui aurait eu à l'origine un niveau supérieur, aujourd'hui disparu et simple terre-plein.

Ce soubassement aurait pu servir à rattraper la pente du rocher. Le mur nord est percé de deux portes en plein cintre, une donnant accès à un escalier étroit qui devait mener à l’étage supérieur, l’autre s’ouvrant sur un réduit creusé dans le rocher. Le mur occidental est également percé de deux portes, qui mènent vers la terrasse inférieure. Les murs gouttereaux sont quant à eux munis d’arcades peu profondes, trois dans le quadrilatère nord, une dans le quadrilatère sud. L’abside est ouverte par trois baies à ébrasement intérieur, percées de bouches à feu du XVIe siècle. A l’extérieur, elle est épaulée par trois contreforts décorés de petites arcatures. Toute la construction est faite de petits moellons de calcaire, approximativement équarris, réguliers, et bien lités, le tout lié par un mortier de terre brun-rouge.

Cette construction énigmatique soulève aujourd’hui de nombreuses questions. Rien ne peut être avancé avec certitude sans une étude précise du rocher de Berzé, des fondations de ce soubassement, et sans informations complémentaires sur les modifications du bâtiment au fil des siècles (dont l’étude est rendue encore plus compliquée du fait de l’utilisation du même matériau et des mêmes techniques à travers le temps). Seules conclusion : la porte au sud-ouest n'appartient pas à la construction primitive et l'extrémité de l'abside a été entièrement reconstruite en 1998 à la suite d'un effondrement.

Inventaire décor et mobilier

  • Arcatures de l’« abside »
  • Autel en pierre

Rénovations / Etat

Rénovations :

XIXe :

Destruction de la chapelle (partie supérieure du soubassement toujours en place)

XXe :

1998 : reconstruction de l’extrémité de l’abside suite à un effondrement

XXIe :

Travaux d’entretien et de mise en valeur touristique

Etat :

Le château et la chapelle sont en bon état et sont régulièrement entretenus par les propriétaires.

Classement :

Le château est classé Monument Historique depuis 1893.

Actualités

Le château organise de nombreuses activités tout au long de l’année (fêtes médiévales, expositions, événements divers…).

Pour suivre l’actualité de l’édifice, consulter les pages internet du château:

Site officiel

Page Facebook

Visite

Le domaine du château est ouvert aux visites d’Avril à Novembre.

Ouverture exceptionnelle le lundi de Pâques et le lundi de Pentecôte de 14h à 18h. Visite guidée à 17h

Avril, mai, juin : tous les jours de 14h à 18h. Visite guidée à 17h (dernière entrée à 16h55). Dimanche : visite guidée à 16h (dernière entrée à 15h55). Fermé le lundi.

Du 1er juillet au 31 août : tous les jours visites libres de 10h à 18h et visites guidées à 11h, 12h, 14h, 15h, 16h, 17h. dernière entrée : 17h45

Le dimanche ouverture à 10h30.

En septembre, octobre et jusqu’à début novembre : ouvert tous les jours, sauf le lundi, de 14h à 17h, en visite libre. A 17h, une visite guidée. Le Dimanche : fermeture de la caisse à 16h et départ de la visite guidée à 16h.

Pour les groupes : ouvert toute l’année, sur RDV.


Tarifs :

Plein tarif : 8€

Tarif réduit : 6.5€ étudiant, famille nombreuse (sur présentation d’un justificatif)

Tarif enfant (5-16 ans) : 5€

Tarif groupe : contacter le château

Gratuit pour les moins de 5 ans (hors groupe d’enfants)


Du fait de la configuration des lieux, le domaine n’est pas adapté aux personnes à mobilité réduite (nombreuses marches).

Association engagée

Les propriétaires et les employés du château se chargent de l’entretien et de la mise en valeur du site.

Iconographie ancienne et récente

Collection privée de Monsieur Luc Denis
Vue aérienne de Berzé-le-Châtel. Source: Archives départementales de la Saône-et-Loire.
Collection privée de Monsieur Luc Denis


Crédit Photos: CEP

Plans cadastraux

Cadastre actuel, cadastre.gouv

Bibliographie

  • CHEVALIER, Lorris, La forteresse de Berzé à travers les âges, 2016 (brochure en vente au château).
  • CONTENSON (de) Louis et RAFFIN Léonce, « Château de Berzé-le-Châtel », Annales de l’Académie de Mâcon, tome XV, 2ème partie, 1910.
  • GUERREAU, Alain, Notes d’observations, 2013.
  • JACQUIER, Élizabeth, Le château de Berzé-le-Châtel, Histoire et architecture, Mémoire de maîtrise en Histoire de l’Art, Université de Paris IV Sorbonne (dir. Anne Prache), 1986.
  • RAMEAU (Mgr), « Visite du château de Berzé-le-Châtel en 1706, Annales de l’Académie de Mâcon, tome V, 1900.
  • RIGAULT, Jean, Dictionnaire topographique du département de la Saône-et-Loire, 2008.

Sources

  • Oursel, Anne-Marie et Raymond, Fiche d’inventaire départemental :

Archives départementales de la Saône-et-Loire

  • Fiche édifice de la Bourgogne Romane :

Berzé-le-Châtel

  • Description du château faite par le CeCaB :

Inventaire CeCaB (liste à dérouler)

Propriétaire / Contact

Famille de Thy de Milly

Généalogie de la famille

Contact château :

Château de Berzé-le-Châtel

71960 Berzé le Châtel

03 85 36 60 83

berze@free.fr

Site officiel

Patrimoine local et/ou folklore

Chapelle romane bâtie par l’abbé Hugues de Semur et classée Monument Historique en 1893.

Elle est particulièrement remarquable par ses fresques datant du début du XIIe siècle.

Chapelle romane des Xe et XIIe siècles classée Monument Historique en 1938.

Désacralisée, elle sert désormais de salle d’exposition.

Notes et références

  1. Rigault, Jean, Dictionnaire topographique du département de la Saône-et-Loire, 2008.
  2. Ibidem
  3. Pour un historique plus détaillé du château, voir la bibliographie ou les pages internet suivantes : Wikipédia; Wikipays; CeCaB
  4. Etude et description (remaniée) d’Alain Guerreau.