Eglise Saint-Antoine à Chevagny-sur-Guye

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L’église Saint-Antoine est située à Chevagny-sur-Guye, dans le département de la Saône-et-Loire, en Bourgogne-Franche-Comté. Anciennement dédiée à Saint-Sulpice, c'est une église paroissiale romane dont la construction pourrait dater du XIIe siècle. Très peu de documents ont été conservés concernant l’église, il est donc difficile de retracer son histoire. Elle a un plan assez original : un vestibule surmonté par le clocher, une nef unique, une courte travée en cintre brisé et un chœur à chevet plat flanqué de deux chapelles. De l’édifice d’origine, seule la nef semble subsister, bien que remaniée. On y accède par un portail également roman, avec colonnes et chapiteaux sculptés. La tour et le vestibule ajoutés en avant de la nef sont de date inconnue. La nef s’ouvre sur le chœur par un arc triomphal en cintre brisé. Le chœur daterait du XVIe siècle, tout comme les chapelles qui le flanquent au nord et au sud (cette dernière servant de sacristie). Tous trois sont un bel exemple d’art gothique, voûtés de croisées d’ogives. Au XIXe siècle, l’église, visiblement peu entretenue aux siècles précédents, est entièrement rénovée. Les fenêtres modernes de la nef sont ainsi percées en 1854. En 1902, le clocher est rehaussé d’un étage et muni d’une flèche grâce au concours d’un habitant de la commune. La rupture avec la courte tour d’origine, alors jugée disgracieuse, reste bien visible.

Eglise Saint-Antoine (©CEP)
Adresse En bordure de la D983, 71220 Chevagny-sur-Guye
Coordonnées GPS 46°32'19.1"N 4°30'34.9"E
Paroisse de rattachement Paroisse des Monts du Charolais
Protection Monuments Historiques /

Historique

Le village de Chevagny-sur-Guye est une zone de peuplement très ancienne. Des éclats de silex[1] remontant à la préhistoire ont ainsi été retrouvés à la vigne des Pierres au siècle dernier. De même, des tuiles romaines ont été retrouvées dans différents lieux-dits. De nombreuses sépultures mérovingiennes ont également été mises au jour sur le territoire de la commune entre 1933 et 1938. Chevagny est cité pour la première fois en 889 dans une charte de l’abbaye de Cluny : In pago Matisconense, in agro Cavaniacense, in ipsa villa Cavaniago[2] . La localité est ensuite mentionnée de nombreuses fois dans différents actes et documents. Le toponyme semble se fixer sur Chevagny-sur-Guye au XIVe siècle. Au début du XIXe siècle, un poste télégraphique aérien est installé sur la montagne de Bois-Menu. C’est une des onze stations du télégraphe Chappe installées en Saône-et-Loire. Elle reste en fonctionnement jusqu’en 1853, lorsque le télégraphe électrique est installé. Le village, bien que de taille modeste, est très dynamique et met en place de nombreuses activités et évènements pour mettre en valeur son patrimoine.

Une chapelle primitive dédiée à Saint-Sulpice est citée à Chevagny-sur-Guye dès 947, dans une charte de l’abbaye de Cluny : In agro Agenacensi, in villa Cavaniaco… capella in honore Sancti-Sulpitii[3]. L’église actuelle, sous le vocable de Saint-Antoine[4], est vraisemblablement une reconstruction romane qui pourrait dater du XIIe siècle. Elle est alors le centre de la paroisse de Chevagny (ou Parrochia de Chavigniaco[5], citée en 1363), et à la collation de l’évêque de Mâcon. L’édifice n’est mentionné de nouveau qu’aux XIVe et XVe siècles (Ecclesia Chevaigniaci supra Guiam, Ecclesia Chavagniaci), et peu d’informations nous sont parvenues au sujet de son évolution.

De l’église d’origine, il ne reste aujourd’hui que la nef et sa façade, dont le portail et ses chapiteaux sculptés. Au XVIe siècle, le chœur gothique à fond plat encore présent vient remplacer une probable abside semi-circulaire romane. Deux chapelles lui sont accolées, une de chaque côté, celle au sud servant désormais de sacristie. Il s’agit probablement d’une restauration assez lourde de l’édifice, peut-être en conséquence des Guerres de Religion et de leurs ravages dans la région (de nombreuses églises ont alors été partiellement ou totalement détruites). Si l’on estime que le chœur de l’église Saint-Antoine est détruit à cette époque, il se pourrait que le clocher-porche (à l’origine bien plus bas) soit également reconstruit à cette occasion.

En 1675, une visite pastorale décrit une église dont le chœur et la nef ne sont ni pavés, ni lambrissés[6]. Elle est alors assez délabrée et ne comporte par ailleurs ni confessionnal, ni chaire à prêcher. En 1736, une nouvelle visite fait état de réparations faites en 1685 suite aux constats précédents : les habitants du village ont dépensé 300 livres pour restaurer l’église, et 700 pour relever la cure. En 1746, Mgr de Lort de Sérignan de Valras (évêque de Mâcon) visite à nouveau l’édifice, avec pour témoin le curé de l’époque, Louis Catherin Lacharme. Son rapport présente une église isolée, dont la clôture du cimetière attenant doit être réparée pour empêcher les bêtes d’y pénétrer. L’évêque détaille le mobilier de l’église et dresse son plan, quasi identique à celui d’aujourd’hui : clocher-porche, nef unique, sanctuaire flanqué de deux chapelles.

A la Révolution, le curé de l’époque prête serment à la constitution civile du clergé et conserver la cure jusqu’en 1793. Il est cependant arrêté l’année suivante. Les biens de la cure et de l’église sont vendus pour 9700 livres[7]. Pendant la période concordataire, Chevagny-sur-Guye devient une annexe de la paroisse de Saint-Martin-de-Salencey. Cette situation est peu appréciée par la population. Par la suite, deux demandes sont effectuées pour ériger l’église en succursale, en 1830 et 1847. Ces demandes sont refusées.

En 1854, le conseil municipal fait état d’une église dans un état très précaire. Un devis est donc établi la même année par Mr Vadot, agent-voyer de Charolles, afin d’effectuer les réparations nécessaires à la préservation de l’édifice. Son devis se chiffre à 1088,56 francs, et prévoit notamment une restauration globale et l’ouverture de baies modernes dans la nef. Les travaux sont terminés en 1855 et menés par Thomas Jouveneau (tailleur de pierre), Mr Baugras (tuilier), Jean Chauvot (charpentier), Claude Loreau (charron-forgeron) et Louis Ruby (maçon).

En 1877, l’église est érigée en chapelle vicariale par décret, grâce à l’engagement de plusieurs habitants du village à prendre en charge le traitement annuel du prêtre (315,50 francs). En 1902, c’est encore une fois un habitant qui vient au secours de l’église. Jean Clément finance ainsi le rehaussement du clocher, jusqu’alors une simple petite souche avec une toiture à deux pans. Mr Clément fournit 5800 francs pour les travaux en eux-mêmes et 200 francs pour les honoraires de l’architecte, Mr Maître, de Passy. Le clocher est rehaussé de cinq ou six mètres, munis de baies et couvert d’une flèche en ardoise.

Depuis, l’église de Chevagny-sur-Guye est régulièrement entretenue, dans la mesure des moyens de la commune. Le Foyer Rural y organise toute l’année des concerts.

Description architecturale

GLOSSAIRE : Bourgogne Romane

L’église Saint-Antoine est une petite église modeste et chaleureuse, comme les nombreuses églises romanes rurales de la région. Toutefois, son plan remanié au XVIe siècle lui donne une singularité et un profil tout particulier : clocher-porche, nef unique rectangulaire suivie d’une courte travée droite, puis à l’est chœur gothique à fond plat flanqué de chapelles latérales.

Plan remanié à partir de celui conservé aux Archives Départementales de Saône-et-Loire, fiche Oursel. En gras : partie romane.

L’église Saint-Antoine s’ouvre à l’ouest par un petit clocher-porche. Il s’agit d’une tour rectangulaire composée d’un solide soubassement épaulé de contreforts aux angles et délimité par un cordon de pierre et d’un étage de baies. La souche d’origine est simplement ouverte d’une petite porte sous un auvent et d’une fenêtre au sud, tandis que l’étage moderne est muni de baies plein cintre, deux par longueurs et une par largeur. Les voussures de ces baies sont moulurées et retombent latéralement sur de très fines colonnettes. Une flèche en ardoise coiffe le clocher et est supportée par une corniche à modillons nus. La petite nef rectangulaire est percée de deux larges baies plein cintre par gouttereau. Au sud, elle est épaulée par de larges contreforts, possiblement pour contrebalancer la pente du terrain. Les chapelles latérales ne comportent qu’une ouverture chacune (rectangulaire pour la chapelle sud, et une baie plein cintre pour la chapelle nord) et flanquent le large chœur rectangulaire à fond plat. Ce dernier est ouvert d’une baie plein cintre sur ses faces nord et sud, et est épaulé par de hauts contreforts aux angles. La nef, les chapelles et le chœur sont couverts de tuiles.

On entre dans l’église via le petit clocher-porche. Ce vestibule est voûté en berceau, dans lequel est ménagé l’accès au clocher. Le porche communique avec la nef via le portail roman d’origine. Sa voussure en plein cintre retombe sur des colonnes d’angles dont les chapiteaux sont sculptés de palmes stylisées. A l’intérieur, les murs de la nef ont été laissés en pierre apparente. Au sud, une ancienne ouverture en plein cintre est encore creusée dans le mur, bien que comblée. Les contours des anciennes baies romanes murées sont aussi visibles en hauteur des gouttereaux. Une baie similaire surmonte le portail occidental et sert désormais de niche à statue. On distingue également le contour d’une ancienne ouverture rectangulaire dans la façade ouest. La nef est couverte d’un plafond en bois. Celui-ci coupe en partie le grand arc brisé qui ouvre le chœur. A droite de cet arc, un autel en pierre a été installé devant les traces d’une ancienne ouverture en plein cintre. A gauche de l’arc, une ouverture similaire mène à la chapelle nord. Une travée droite extrêmement étroite succède au grand arc, et est voûtée en berceau brisé. Elle est tout de suite suivie par le large chœur à fond plat. Ce dernier est voûté d’une croisée d’ogives prismatiques retombant en pénétration sur des colonnes d’angle. Un Christ en croix est installé sur le mur de fond, au centre de ce qui semble être le relief d’une ancienne ouverture en cintre brisé. Le chœur abrite le maître-autel. Il s’ouvre sur les chapelles latérales via des arcs brisés épais, dont celui au sud est bouché par une porte en bois, puisqu’il s’agit désormais de la sacristie. Ces chapelles sont carrées et voûtées d’ogives qui reposent sur des impostes au sud, et sur des consoles moulurées au nord.

Inventaire décor et mobilier

  • Chapiteaux romans du portail de façade (sous le clocher-porche), sculptés de feuilles.
  • Clef sculptée des ogives du chœur : clef sculptée d’une croix, avec des liernes cruciformes[8]
  • Crédences à linteau droit et en accolade (murs du chœur)
  • Statuaire :

Christ en Croix, XVIIIe siècle (fond du chœur)

Vierge miraculeuse (chœur)

Sainte Thérèse de Lisieux (nef)

Jeanne d’Arc (nef)

Marguerite-Marie Alacoque (nef)

Saint en tenue d’évêque (nef)

Saint Antoine (nef)

Notre-Dame de Lourdes (nef)

Notre-Dame à l’Enfant, statuette (au-dessus du portail)

  • Bénitiers :

-large cuve cylindrique (entrée)

-cuve octogonale (angle de la nef)

-petit bénitier encastré

  • Maitre-autel en pierre (chœur)
  • Autel latéral en pierre, avec le tabernacle (nef)
  • Vitraux modernes :

-La Multiplication des pains

-La communion de la Vierge

-Sainte Marie-Madeleine repentante

-Jésus au Jardin des Oliviers

-L’Adoration des Bergers

-La Sainte Famille

-La Résurrection

Rénovations / Etat

  • Rénovations :

XIXe :

Restauration globale

1854 : ouverture des baies modernes

XXe :

1902 : rehaussement du clocher

Travaux d’entretien

XXIe :

Travaux d’entretien

  • Etat :

L’intérieur de l’église est en bon état général. Néanmoins, l’extérieur nécessiterait une restauration globale afin d’éviter des dégradations supplémentaires (présence de fissures, défauts des enduits…).

  • Classement :

/

Actualités

L’église de Chevagny-sur-Guye accueille régulièrement des concerts.

Pour suivre l’actualité de l’édifice, contacter directement la mairie.


Un blog sur la vie à Chevagny permet également de suivre les différents événements qui y sont organisés (dont les différents concerts à l’église) :

Le Chevabignien

Visite

L’église Saint-Antoine est généralement ouverte. Pour planifier une visite, contacter directement la mairie.

L’accès à l’édifice semble possible mais compliqué pour les personnes à mobilité réduite : le cimetière est couvert de gravier et il y a deux petites marches à l’entrée de l’église.

Association engagée

  • Aucune association n’est exclusivement dédiée à la sauvegarde de l’église de Chevagny-sur-Guye. Néanmoins, le Foyer Rural de la commune organise régulièrement des concerts et événements au sein de l’édifice.

Iconographie ancienne et récente

Carte postale ancienne. Collection privée.
Carte postale ancienne. Collection privée de Mr Luc Denis.
Carte postale ancienne. Collection privée.


Crédit Photos: CEP

Plans cadastraux

Cadastre actuel, cadastre.gouv

Bibliographie

  • RIGAULT, Jean, Dictionnaire topographique du département de la Saône-et-Loire, 2008.

Sources

  • Oursel, Anne-Marie et Raymond, Fiche d’inventaire départemental, 1969 et 1978 :

Archives départementales de Saône-et-Loire

  • Article du JSL :

Concert à l’église de Chevagny-sur-Guye

Propriétaire / Contact

Commune de Chevagny-sur-Guye

03 85 24 68 00

mairiedechevagnysurguye@wanadoo.fr

Patrimoine local et/ou folklore

Eglise romane datant du XIe siècle, et dont la nef a été reconstruite et considérablement agrandie au XIXe siècle.

Dans l’abside, une peinture de la fin du XIXe siècle orne la voûte et représente le Couronnement de la Vierge par le Christ.

Eglise romane construite au XIIe siècle. La nef a été entièrement rebâtie au XIXe siècle.

Elle abrite un beau bénitier roman dont la cuve est ornée de masques sculptés.

Eglise romane construite en deux phases, aux Xe et XIIe siècles.

En partie remaniée, elle abrite un mobilier assez important, dont un tabernacle du XVIIe siècle taillé dans un bloc de pierre noire.

Notes et références

  1. Wikipays référence aux Notes d'archéologie régionale, in "La Physiophile", n°67, décembre 1967, p. 26
  2. Rigault, Jean, Dictionnaire topographique du département de la Saône-et-Loire, 2008.
  3. Ibidem
  4. La date du changement de vocable est inconnue, comme à Salornay-sur-Guye, où le changement est identique.
  5. Rigault
  6. Oursel, Anne-Marie et Raymond, Fiche d’inventaire départemental.
  7. Ibidem
  8. Oursel