Eglise Saint-Germain à Chardonnay : Différence entre versions

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=== Historique ===
 
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Le village de [[Chardonnay]] a des origines très anciennes. Il s’agit d’une zone de peuplement dès la période protohistorique, comme le suggère la présence sur la commune de la pierre de Matafin, monument trilithe érigé au milieu d’une forêt. De nombreux vestiges gallo-romains ont par ailleurs été mis au jour sur le territoire de la commune : monnaies, constructions gallo-romaines, statuette en bronze d’Apollon<ref>Voir le travail de Gabriel Jeanton.</ref>. De nombreuses sépultures mérovingiennes<ref>Voir [[Chardonnay]]</ref> ont également été découvertes dans différents hameaux de Chardonnay, notamment près de celui de Champvent (en 2012<ref>Jean Duriaud et Justine Lyautey, « Les sépultures du haut moyen âge découvertes à Chardonnay (71) », Bulletin de la Société des amis des arts et des sciences de Tournus, tome CXV, Tournus, 2016, pp. 19-34.</ref>, trois sépultures contiguës y ont été mises au jour). Le village est mentionné pour la première fois au milieu du Xe siècle dans une charte du chapitre Saint-Vincent de Mâcon : ''In pago Matiscensi…, capella Sancti-Germani in Cardenaco villa'<ref>Rigault, Jean, ''Dictionnaire topographique du département de la Saône-et-Loire'', 2008.</ref> . Il est ensuite cité de nombreuses fois aux Xe et XIe siècles, dans différents actes et chartes : ''In agro Cardoniacense, Cardonaco, In finibus Cardonensium, In vicaria Cardonacense''<ref>Ibidem</ref>… Le toponyme de Chardonnay n’est adopté que vers le XIVe siècle. Il a vraisemblablement donné son nom au cépage éponyme, désormais produit en de nombreux endroits. Ce type de vin blanc aurait été introduit à l’époque gallo-romaine et développé par les moines de [[Cluny]]. Le village de Chardonnay conserve aujourd’hui encore une forte activité viticole.
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Un édifice cultuel est mentionné au village dès le Xe siècle, dans deux chartes du chapitre Saint-Vincent de Mâcon : ''In pago Matiscensi…, capella Sancti-Germani in Cardenaco villa'', ou ''Ecclesia Sancti-Germani de Cardonaco''<ref>Ibidem</ref>. C’est édifice est alors sous le vocable de Saint-Germain. C’est toujours le cas aujourd’hui, bien que l’église ait brièvement été dédiée à saint Rémi. Ces chartes rendent compte de la donation de l’édifice et de ses dépendances aux chanoines de Saint-Vincent, par le comte Létaud. Ses ancêtres avaient en effet usurpé ces biens. La travée sous clocher de l’église actuelle pourrait appartenir à cette construction primitive.
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L’église est cependant reconstruite au milieu du XIIe siècle, et est alors le centre de la paroisse de Chardonnay et à la collation du chapitre cathédral. L’édifice se compose d’une nef aux dimensions très modestes, suivie d’une travée sous un clocher carré ramassé et d’une abside. L’église romane est typique de celles que l’on trouve dans la région, mais interpelle par ses proportions : la petite nef rectangulaire semble trop modeste par rapport au large chœur. Deux hypothèses peuvent être avancées : soit on a reconstruit le chœur et l’abside sans pouvoir ensuite se permettre de reconstruire la nef (et donc gardé celle d’origine), soit on a reconstruit le chœur et l’abside à des dimensions importantes et donc reconstruit une nef beaucoup plus modeste par manque de moyens<ref>GUERREAU, Alain, « Vingt et une petites églises romanes du Mâconnais : irrégularités et métrologie. », In: L'innovation technique au Moyen Âge, Actes du VIe Congrès international d'Archéologie Médiévale.</ref>.
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L’église est par la suite peu remaniée. Vers le XVe siècle, une chapelle est ajoutée au nord de la travée sous clocher, ainsi qu’une construction alvéolée au sud. Ces ajouts donnent à l’édifice sa forme de croix latine. L’ ''Ecclesia de Chardonayo''<ref>Rigault</ref> est ensuite mentionnée dans un pouillé de 1513. En 1789, alors que l’église est sous le vocable de Saint-Rémi et toujours à la collation du chapitre, le château appartenant aux chanoines de Mâcon est incendié.
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Au XIXe siècle, l’édifice est restauré plusieurs fois. En 1830, un étage est ajouté au clocher, qui est également coiffé d’une haute flèche. Ces travaux<ref>Oursel, Anne-Marie et Raymond, Fiche d’inventaire départemental. </ref> sont réalisés sur les plans de l’architecte Vaillant (fils). Ces plans sont modifiés par François Chemeton, maître-maçon à [[Tournus]], sur les conseils des Monuments Historiques, bien que l’édifice ne soit pas protégé à ce titre. La facture finale est de 3400 francs, plus 170 francs d’honoraires de l’architecte. Les travaux sont terminés en 1836, date qui apparaît sur le beffroi. En 1842, la cloche de 766 kg étant fendue, elle est refondue par le fondeur Burdin, de Mâcon. Il effectue cette réparation pour 500 francs, en assurant une garantie de 15 ans. 
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En 1855, l’édifice est jugé trop petit et vétuste. Selon l’architecte Berthier de Mâcon, l’église a besoin d’une restauration appliquée et d’un agrandissement. L’architecte propose donc de construire une deuxième chapelle en face de celle qui existe déjà<ref>A la place de la construction alvéolée qui avait été édifiée au XVe siècle. </ref>, de prolonger la nef et de reconstruire la sacristie. Les travaux sont adjugés en 1855 à Benoît Chaumard. Cependant, ils sont revus à la baisse par manque de moyens de la communs. Seule la construction de la chapelle sud et de la sacristie est réalisée, ainsi qu’une restauration intérieure. Le décor peint du chœur est réalisé à cette occasion. Les travaux sont réceptionnés en 1858. Le montant final des réparations s’élève à 2979.73 francs, dont 1000 francs sont pris en charge par des subventions accordées à la commune sur décision ministérielle. La chapelle nord est alors dédiée à la Vierge, et celle au sud à saint Roch.
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En 1869, le cimetière qui entourait jusqu’alors l’église est déplacé en dehors du bourg, afin d’assainir le centre du village et les abords de l’édifice. En 1873<ref>Document fourni par la mairie.</ref>, un nouveau presbytère est construit à l’actuelle maison Guillet (il se trouvait auparavant dans la maison accolée à l’église, aujourd’hui maison Chevaux). En 1888<ref>Oursel</ref>, la toiture de l’édifice est rénovée par Pierre Hugon, couvreur à Lugny. En 1898, c’est au tour des toitures des chapelles et de la sacristie d’être restaurées. François Bordat, maçon à Chardonnay, est chargé des travaux.
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En 1933, la flèche du clocher est démolie après avoir été lourdement endommagée par une tempête. Les travaux sont réalisés par Antonin Chabert, entrepreneur à Martailly. Le clocher est arrêté en terrasse, bouché par une simple couche de bêton. Les travaux sont réalisés sur les plans de l’architecte Poulachon, de Tournus. La commune règle la facture de 14 615 francs grâce à un emprunt de 20 000 francs<ref>Ibidem</ref>. L’église est ensuite régulièrement entretenue. En 2006, une nouvelle toiture est posée, les chapelles sont restaurées, et les enduits du clocher sont repris. En 2010, une horloge est installée entre les deux étages du clocher. L’église fait depuis l’objet d’un soin attentif.
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*'''Saint Germain d’Auxerre :'''
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''Né vers 378 à Appoigny, il est fonctionnaire de l’empire romain et nommé sixième évêque d’Auxerre en 418. Reconnu pour avoir été l'évangélisateur de l'Auxerrois et de la Bretagne insulaire, il est fêté le 31 Juillet.''
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=== Description architecturale ===
 
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GLOSSAIRE : [http://www.bourgogneromane.com/glossaire.htm Bourgogne Romane]
 
GLOSSAIRE : [http://www.bourgogneromane.com/glossaire.htm Bourgogne Romane]
 
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[[Fichier:ChardonnayEgliseRomanePlanGuerreau.jpg|thumb|center|450px|Eglise de Chardonnay, plan de la construction romane, par Alain Guerreau (©)]]
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L’église Saint-Germain est un édifice sobre et modeste, en forme de croix latine. Elle se compose d’une petite nef unique rectangulaire, suivie d’une travée sous un court clocher carré flanquée de chapelles formant transept, et d’une abside à l’est. L’église est entièrement romane, à l’exception des chapelles latérales. Elle est typique des petits édifices romans ruraux de la région.
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La façade de l’église est marquée par un avant-corps légèrement saillant dont le fronton repose sur des modillons nus. Un portail en plein cintre, sans décor et au tympan de pierre nu, ouvre cet avant-corps et permet de pénétrer à l’intérieur de l’édifice. Une étroite baie en plein cintre ouvre  la façade en hauteur. Une petite croix coiffe la pointe du pignon. Les gouttereaux de la nef sont flanqués de contreforts très plats, trois au sud et deux au nord. Le gouttereau sud est ouvert de larges baies plein cintre moderne, tandis qu’au nord l’édifice a conservé ses petites baies romanes ébrasées. Le transept est formé par la travée sous clocher, épaisse, et par deux chapelles sous des toitures à deux pans. Au nord, la chapelle gothique est ouverte de deux larges baies dans le mur est, et accolée à l’habitation voisine. Au sud, la chapelle est percée par une large baie en plein cintre dont l’arc retombe latéralement sur des colonnettes aux chapiteaux sculptés de feuillages. La chapelle est épaulée aux angles par deux larges contreforts. Une petite porte est percée dans le mur ouest, avec un arc en plein cintre mouluré. Elle permet d’accéder à cette chapelle sud.
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Le clocher s’élève au-dessus de la croisée. De plan carré, il a un profil trapu et ne compte que deux niveaux rassemblés par un court massif de maçonnerie entre des cordons de pierre. Ses quatre faces sont identiques. Le premier niveau est roman. Il comporte une petite ouverture en plein cintre par face, inscrite dans un décor de trois bandes lombardes avec arcatures. Le beffroi moderne est quant à lui ouvert d’une large baie plein cintre par face. Le clocher est fermé par une simple dalle de bêton depuis que la flèche a été démolie. L’abside semi-circulaire complète l’édifice à l’est. Elle est éclairée par trois petites baies ébrasées d’origine, entre des contreforts peu saillants. Une corniche à modillons nus court sur tout l’édifice. Elle supporte les différentes toitures : tuiles plates pour la nef, tuiles pour les chapelles, laves pour l’abside.
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A l’intérieur, l’église Saint-Germain est d’apparence très sobre. La nef est entièrement dallée, plafonnée et simplement meublée de bancs. Elle communique avec le transept via un arc triomphal fortement brisé, avec impostes. La croisée qui supporte le clocher est voûtée d’une solide coupole sur trompes et est encadrée par trois autres arcs brisés épais. Ceux au nord et au sud sont à impostes et ouvrent les chapelles qui flanquent la croisée. Celles-ci sont voûtées de croisées d’ogives et abritent des autels latéraux. Celle au sud est dédiée à saint Roch, tandis que celle au nord est dédiée à la Sainte Vierge. A l’est, l’abside est délimitée par une grille de communion en fer forgé. Elle est voûtée d’un cul-de-four brisé délimité à sa base par une corniche moulurée. L’abside abrite le maître-autel. Tout le chœur est orné d’un décor peint du XIXe siècle : faux appareil dans l’abside, motifs géométriques et végétaux.
  
 
=== Inventaire décor et mobilier ===
 
=== Inventaire décor et mobilier ===
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*Bandes et arcatures lombardes du clocher
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*Modillons de l’abside, dont certains sont très simplement sculptés (croix, blason, pincement).
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*Décor peint du chœur (faux appareil, motifs géométriques et végétaux)
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*Statues :
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Sacré-Cœur (arc triomphal)
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Saint Roch, statue en pierre blanche très repeinte du XVIIe siècle (arc triomphal)
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Sainte Vierge, statue en bois doré du XIXe siècle (nef)
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Saint-Germain, en habit sacerdotal. Statue en bois peint du XIXe siècle.
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Saint-Rémi, en bois peint (chapelle nord)
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*Maître-autel
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*Grille de communion en fer forgé
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*Autels latéraux
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*Fonts baptismaux (haut de baptistère en chêne, du XVIIe siècle )
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*Confessionnal en bois
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*Croix de procession
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*Chemin de croix (cadres)
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*Bénitier sur pied en pierre rose, avec une cuve ovale
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*Monument aux Morts (derrière le chevet de l’église)
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=== Rénovations / Etat ===
 
=== Rénovations / Etat ===
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*'''Rénovations :'''
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''XIXe :''
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1830 : reprise du clocher et construction de l’étage supérieur et de la flèche
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1842 : refonte de la cloche qui était fendue
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1858 : construction de la chapelle sud et de la sacristie
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1869 : déplacement du cimetière en dehors du bourg
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1873 : construction d’un nouveau presbytère
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1887-1888 : rénovation de la toiture de l’édifice
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1898 : réfection des toitures des chapelles et de la sacristie
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''XXe :''
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1933 : démolition de la flèche du cloche
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Travaux d’entretien
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''XXIe :''
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2006 : pose d’une nouvelle toiture, reprise des enduits au clocher, restauration des chapelles
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2010 : installation de l’horloge
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*'''Etat :'''
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L’église est en bon état général et est régulièrement entretenue.
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*'''Classement :'''
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=== Actualités ===
 
=== Actualités ===
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Pour suivre l’actualité de l’édifice, contacter directement la mairie.
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=== Visite ===
 
=== Visite ===
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L’église est tenue fermée. Il est cependant possible de la visiter en récupérant les clefs à la mairie, pendant les horaires d’ouverture :
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Lundi de 9 h 30 à 12 h et de 14 h à 18 h ; Mardi et Jeudi de 8 h 30 à 12 h
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Il est possible de visiter l’église en dehors de ces horaires, en appelant au préalable la mairie, qui ouvrira l’édifice en conséquence.
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L’édifice semble accessible aux personnes à mobilité réduite.
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=== Association engagée ===
 
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=== Iconographie ancienne et récente ===
 
=== Iconographie ancienne et récente ===
 
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Version actuelle datée du 3 mai 2021 à 16:41

L’église Saint-Germain, anciennement Saint-Rémi, est une église paroissiale romane située à Chardonnay, dans le département de la Saône-et-Loire, en Bourgogne-Franche-Comté. Elle est mentionnée pour la première fois au milieu du Xe siècle, lorsqu’elle est restituée au chapitre cathédral de Saint-Vincent de Mâcon. De cet édifice, il ne reste aujourd’hui probablement que la travée sous clocher, voûtée d’une coupole sur trompes. Le reste de l’église est vraisemblablement reconstruit au milieu du XIIe siècle. Il s’agit d’un édifice de taille modeste, assez typique des petites églises romanes de la région : il est composé d’une nef unique, d’un clocher carré ramassé décoré de bandes lombardes, de sa travée, ainsi que d’une abside. L’ensemble a été visiblement peu remanié au fil des siècles. Vers le XVe siècle, une chapelle gothique est ajoutée au nord et une construction alvéolée au sud, lui donnant sa forme en croix latine. Au XIXe siècle, l’église est entièrement rénovée. Le clocher est alors réhaussé d’un étage et muni d’une flèche, la chapelle sud construite et une sacristie édifiée. Probablement par manque de moyens, l’église n’est pas agrandie, contrairement à ce qui avait été projeté. La nef romane est donc conservée. Au début du XXe siècle, la flèche est supprimée. L’église est désormais régulièrement entretenue.

Eglise Saint-Germain

Beschreibung der Kirche (deutsch) 1, 2, 3, 4

Description of the church (english) 1, 2, 3, 4

Adresse Rue de l'Eglise, 71700 Chardonnay
Coordonnées GPS 46°30'34.7"N 4°51'43.4"E
Paroisse de rattachement Paroisse Notre Dame des Coteaux en Mâconnais
Protection Monuments Historiques /

Historique

Le village de Chardonnay a des origines très anciennes. Il s’agit d’une zone de peuplement dès la période protohistorique, comme le suggère la présence sur la commune de la pierre de Matafin, monument trilithe érigé au milieu d’une forêt. De nombreux vestiges gallo-romains ont par ailleurs été mis au jour sur le territoire de la commune : monnaies, constructions gallo-romaines, statuette en bronze d’Apollon[1]. De nombreuses sépultures mérovingiennes[2] ont également été découvertes dans différents hameaux de Chardonnay, notamment près de celui de Champvent (en 2012[3], trois sépultures contiguës y ont été mises au jour). Le village est mentionné pour la première fois au milieu du Xe siècle dans une charte du chapitre Saint-Vincent de Mâcon : In pago Matiscensi…, capella Sancti-Germani in Cardenaco villa'[4] . Il est ensuite cité de nombreuses fois aux Xe et XIe siècles, dans différents actes et chartes : In agro Cardoniacense, Cardonaco, In finibus Cardonensium, In vicaria Cardonacense[5]… Le toponyme de Chardonnay n’est adopté que vers le XIVe siècle. Il a vraisemblablement donné son nom au cépage éponyme, désormais produit en de nombreux endroits. Ce type de vin blanc aurait été introduit à l’époque gallo-romaine et développé par les moines de Cluny. Le village de Chardonnay conserve aujourd’hui encore une forte activité viticole.

Un édifice cultuel est mentionné au village dès le Xe siècle, dans deux chartes du chapitre Saint-Vincent de Mâcon : In pago Matiscensi…, capella Sancti-Germani in Cardenaco villa, ou Ecclesia Sancti-Germani de Cardonaco[6]. C’est édifice est alors sous le vocable de Saint-Germain. C’est toujours le cas aujourd’hui, bien que l’église ait brièvement été dédiée à saint Rémi. Ces chartes rendent compte de la donation de l’édifice et de ses dépendances aux chanoines de Saint-Vincent, par le comte Létaud. Ses ancêtres avaient en effet usurpé ces biens. La travée sous clocher de l’église actuelle pourrait appartenir à cette construction primitive.

L’église est cependant reconstruite au milieu du XIIe siècle, et est alors le centre de la paroisse de Chardonnay et à la collation du chapitre cathédral. L’édifice se compose d’une nef aux dimensions très modestes, suivie d’une travée sous un clocher carré ramassé et d’une abside. L’église romane est typique de celles que l’on trouve dans la région, mais interpelle par ses proportions : la petite nef rectangulaire semble trop modeste par rapport au large chœur. Deux hypothèses peuvent être avancées : soit on a reconstruit le chœur et l’abside sans pouvoir ensuite se permettre de reconstruire la nef (et donc gardé celle d’origine), soit on a reconstruit le chœur et l’abside à des dimensions importantes et donc reconstruit une nef beaucoup plus modeste par manque de moyens[7].

L’église est par la suite peu remaniée. Vers le XVe siècle, une chapelle est ajoutée au nord de la travée sous clocher, ainsi qu’une construction alvéolée au sud. Ces ajouts donnent à l’édifice sa forme de croix latine. L’ Ecclesia de Chardonayo[8] est ensuite mentionnée dans un pouillé de 1513. En 1789, alors que l’église est sous le vocable de Saint-Rémi et toujours à la collation du chapitre, le château appartenant aux chanoines de Mâcon est incendié.

Au XIXe siècle, l’édifice est restauré plusieurs fois. En 1830, un étage est ajouté au clocher, qui est également coiffé d’une haute flèche. Ces travaux[9] sont réalisés sur les plans de l’architecte Vaillant (fils). Ces plans sont modifiés par François Chemeton, maître-maçon à Tournus, sur les conseils des Monuments Historiques, bien que l’édifice ne soit pas protégé à ce titre. La facture finale est de 3400 francs, plus 170 francs d’honoraires de l’architecte. Les travaux sont terminés en 1836, date qui apparaît sur le beffroi. En 1842, la cloche de 766 kg étant fendue, elle est refondue par le fondeur Burdin, de Mâcon. Il effectue cette réparation pour 500 francs, en assurant une garantie de 15 ans.

En 1855, l’édifice est jugé trop petit et vétuste. Selon l’architecte Berthier de Mâcon, l’église a besoin d’une restauration appliquée et d’un agrandissement. L’architecte propose donc de construire une deuxième chapelle en face de celle qui existe déjà[10], de prolonger la nef et de reconstruire la sacristie. Les travaux sont adjugés en 1855 à Benoît Chaumard. Cependant, ils sont revus à la baisse par manque de moyens de la communs. Seule la construction de la chapelle sud et de la sacristie est réalisée, ainsi qu’une restauration intérieure. Le décor peint du chœur est réalisé à cette occasion. Les travaux sont réceptionnés en 1858. Le montant final des réparations s’élève à 2979.73 francs, dont 1000 francs sont pris en charge par des subventions accordées à la commune sur décision ministérielle. La chapelle nord est alors dédiée à la Vierge, et celle au sud à saint Roch.

En 1869, le cimetière qui entourait jusqu’alors l’église est déplacé en dehors du bourg, afin d’assainir le centre du village et les abords de l’édifice. En 1873[11], un nouveau presbytère est construit à l’actuelle maison Guillet (il se trouvait auparavant dans la maison accolée à l’église, aujourd’hui maison Chevaux). En 1888[12], la toiture de l’édifice est rénovée par Pierre Hugon, couvreur à Lugny. En 1898, c’est au tour des toitures des chapelles et de la sacristie d’être restaurées. François Bordat, maçon à Chardonnay, est chargé des travaux.

En 1933, la flèche du clocher est démolie après avoir été lourdement endommagée par une tempête. Les travaux sont réalisés par Antonin Chabert, entrepreneur à Martailly. Le clocher est arrêté en terrasse, bouché par une simple couche de bêton. Les travaux sont réalisés sur les plans de l’architecte Poulachon, de Tournus. La commune règle la facture de 14 615 francs grâce à un emprunt de 20 000 francs[13]. L’église est ensuite régulièrement entretenue. En 2006, une nouvelle toiture est posée, les chapelles sont restaurées, et les enduits du clocher sont repris. En 2010, une horloge est installée entre les deux étages du clocher. L’église fait depuis l’objet d’un soin attentif.

  • Saint Germain d’Auxerre :

Né vers 378 à Appoigny, il est fonctionnaire de l’empire romain et nommé sixième évêque d’Auxerre en 418. Reconnu pour avoir été l'évangélisateur de l'Auxerrois et de la Bretagne insulaire, il est fêté le 31 Juillet.

Description architecturale

GLOSSAIRE : Bourgogne Romane

L’église Saint-Germain est un édifice sobre et modeste, en forme de croix latine. Elle se compose d’une petite nef unique rectangulaire, suivie d’une travée sous un court clocher carré flanquée de chapelles formant transept, et d’une abside à l’est. L’église est entièrement romane, à l’exception des chapelles latérales. Elle est typique des petits édifices romans ruraux de la région.

Eglise de Chardonnay, plan de la construction romane, par Alain Guerreau (©)

La façade de l’église est marquée par un avant-corps légèrement saillant dont le fronton repose sur des modillons nus. Un portail en plein cintre, sans décor et au tympan de pierre nu, ouvre cet avant-corps et permet de pénétrer à l’intérieur de l’édifice. Une étroite baie en plein cintre ouvre la façade en hauteur. Une petite croix coiffe la pointe du pignon. Les gouttereaux de la nef sont flanqués de contreforts très plats, trois au sud et deux au nord. Le gouttereau sud est ouvert de larges baies plein cintre moderne, tandis qu’au nord l’édifice a conservé ses petites baies romanes ébrasées. Le transept est formé par la travée sous clocher, épaisse, et par deux chapelles sous des toitures à deux pans. Au nord, la chapelle gothique est ouverte de deux larges baies dans le mur est, et accolée à l’habitation voisine. Au sud, la chapelle est percée par une large baie en plein cintre dont l’arc retombe latéralement sur des colonnettes aux chapiteaux sculptés de feuillages. La chapelle est épaulée aux angles par deux larges contreforts. Une petite porte est percée dans le mur ouest, avec un arc en plein cintre mouluré. Elle permet d’accéder à cette chapelle sud.

Le clocher s’élève au-dessus de la croisée. De plan carré, il a un profil trapu et ne compte que deux niveaux rassemblés par un court massif de maçonnerie entre des cordons de pierre. Ses quatre faces sont identiques. Le premier niveau est roman. Il comporte une petite ouverture en plein cintre par face, inscrite dans un décor de trois bandes lombardes avec arcatures. Le beffroi moderne est quant à lui ouvert d’une large baie plein cintre par face. Le clocher est fermé par une simple dalle de bêton depuis que la flèche a été démolie. L’abside semi-circulaire complète l’édifice à l’est. Elle est éclairée par trois petites baies ébrasées d’origine, entre des contreforts peu saillants. Une corniche à modillons nus court sur tout l’édifice. Elle supporte les différentes toitures : tuiles plates pour la nef, tuiles pour les chapelles, laves pour l’abside.

A l’intérieur, l’église Saint-Germain est d’apparence très sobre. La nef est entièrement dallée, plafonnée et simplement meublée de bancs. Elle communique avec le transept via un arc triomphal fortement brisé, avec impostes. La croisée qui supporte le clocher est voûtée d’une solide coupole sur trompes et est encadrée par trois autres arcs brisés épais. Ceux au nord et au sud sont à impostes et ouvrent les chapelles qui flanquent la croisée. Celles-ci sont voûtées de croisées d’ogives et abritent des autels latéraux. Celle au sud est dédiée à saint Roch, tandis que celle au nord est dédiée à la Sainte Vierge. A l’est, l’abside est délimitée par une grille de communion en fer forgé. Elle est voûtée d’un cul-de-four brisé délimité à sa base par une corniche moulurée. L’abside abrite le maître-autel. Tout le chœur est orné d’un décor peint du XIXe siècle : faux appareil dans l’abside, motifs géométriques et végétaux.

Inventaire décor et mobilier

  • Bandes et arcatures lombardes du clocher
  • Modillons de l’abside, dont certains sont très simplement sculptés (croix, blason, pincement).
  • Décor peint du chœur (faux appareil, motifs géométriques et végétaux)
  • Statues :

Sacré-Cœur (arc triomphal)

Saint Roch, statue en pierre blanche très repeinte du XVIIe siècle (arc triomphal)

Sainte Vierge, statue en bois doré du XIXe siècle (nef)

Saint-Germain, en habit sacerdotal. Statue en bois peint du XIXe siècle.

Saint-Rémi, en bois peint (chapelle nord)

  • Maître-autel
  • Grille de communion en fer forgé
  • Autels latéraux
  • Fonts baptismaux (haut de baptistère en chêne, du XVIIe siècle )
  • Confessionnal en bois
  • Croix de procession
  • Chemin de croix (cadres)
  • Bénitier sur pied en pierre rose, avec une cuve ovale
  • Monument aux Morts (derrière le chevet de l’église)

Rénovations / Etat

  • Rénovations :

XIXe :

1830 : reprise du clocher et construction de l’étage supérieur et de la flèche

1842 : refonte de la cloche qui était fendue

1858 : construction de la chapelle sud et de la sacristie

1869 : déplacement du cimetière en dehors du bourg

1873 : construction d’un nouveau presbytère

1887-1888 : rénovation de la toiture de l’édifice

1898 : réfection des toitures des chapelles et de la sacristie

XXe :

1933 : démolition de la flèche du cloche

Travaux d’entretien

XXIe :

2006 : pose d’une nouvelle toiture, reprise des enduits au clocher, restauration des chapelles

2010 : installation de l’horloge

  • Etat :

L’église est en bon état général et est régulièrement entretenue.

  • Classement :

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Actualités

Pour suivre l’actualité de l’édifice, contacter directement la mairie.

Visite

L’église est tenue fermée. Il est cependant possible de la visiter en récupérant les clefs à la mairie, pendant les horaires d’ouverture :

Lundi de 9 h 30 à 12 h et de 14 h à 18 h ; Mardi et Jeudi de 8 h 30 à 12 h

Il est possible de visiter l’église en dehors de ces horaires, en appelant au préalable la mairie, qui ouvrira l’édifice en conséquence.

L’édifice semble accessible aux personnes à mobilité réduite.

Association engagée

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Iconographie ancienne et récente

Carte postale ancienne, collection privée de Monsieur Luc Denis
Carte postale ancienne, collection privée de Monsieur Luc Denis
Carte postale ancienne, collection privée de Monsieur Luc Denis


Crédit Photos: CEP

Plans cadastraux

Bibliographie

  • DURCY Fabienne et PONCET Patrick, Murmures de silence à Chardonnay, Clea, 2007 (récit romancé sur l'église du village).
  • GUERREAU, Alain, « Vingt et une petites églises romanes du Mâconnais : irrégularités et métrologie. », In: L'innovation technique au Moyen Âge, Actes du VIe Congrès international d'Archéologie Médiévale (1-5 Octobre 1996, Dijon - Mont Beuvray - Chenôve - Le Creusot - Montbard) Caen : Société d'Archéologie Médiévale, 1998. pp. 186-210. (Actes des congrès de la Société d'archéologie médiévale, 6)
  • NONAIN, Emmanuel, Chardonnay, monographie historique (Xe-XVIIe siècle), Presses universitaires de Lyon, 2004.
  • RIGAULT, Jean, Dictionnaire topographique du département de la Saône-et-Loire, 2008.

Sources

  • Oursel, Anne-Marie et Raymond, Fiche d’inventaire départemental, 1973 :

Archives départementales de Saône-et-Loire

  • Fiche édifice de la Bourgogne Romane :

Eglise de Chardonnay

  • Documents fournis par la mairie

Propriétaire / Contact

Commune de Chardonnay

03 85 40 55 01

mairie.chardonnay@wanadoo.fr

Patrimoine local et/ou folklore

  • Patrimoine de Chardonnay :

Vieux château (XVe-XVIe siècle), pierre de Matafin (pierre néolithique classée aux Monuments Historiques), lavoir

Eglise romane construite en deux phases : clocher, travée sous clocher et abside construits au plus tard au début du XIe siècle ; nef et bas-côtés construits à la fin du XIe siècle.

La voûte de l’abside est recouverte de fresques qui dateraient du XVe ou du XVIe siècle.

Elle est classée Monument Historique depuis 1913.

Eglise romane bâtie aux XIe et XIIe siècles. Elle a la particularité de rassembler deux nefs sous une même toiture : une nef paroissiale dans la continuité du chevet, et une nef conventuelle accolée au sud de la première.

La voûte de l’abside est ornée de peintures murales du XIIe siècle figurant le Christ en Majesté.

Elle est classée Monument Historique depuis 1941.

Petite église romane construite au XIIe siècle, en deux phases.

Elle est classée Monument Historique depuis 1931.

Elle abrite un beau retable du XVIIIe siècle et fait face à un château seigneurial remarquable.

Notes et références

  1. Voir le travail de Gabriel Jeanton.
  2. Voir Chardonnay
  3. Jean Duriaud et Justine Lyautey, « Les sépultures du haut moyen âge découvertes à Chardonnay (71) », Bulletin de la Société des amis des arts et des sciences de Tournus, tome CXV, Tournus, 2016, pp. 19-34.
  4. Rigault, Jean, Dictionnaire topographique du département de la Saône-et-Loire, 2008.
  5. Ibidem
  6. Ibidem
  7. GUERREAU, Alain, « Vingt et une petites églises romanes du Mâconnais : irrégularités et métrologie. », In: L'innovation technique au Moyen Âge, Actes du VIe Congrès international d'Archéologie Médiévale.
  8. Rigault
  9. Oursel, Anne-Marie et Raymond, Fiche d’inventaire départemental.
  10. A la place de la construction alvéolée qui avait été édifiée au XVe siècle.
  11. Document fourni par la mairie.
  12. Oursel
  13. Ibidem