Eglise Saint-Véran à Saint-Vérand

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L’église Saint-Véran est une église paroissiale romane située dans la commune de Saint-Vérand, dans le département de la Saône-et-Loire, en Bourgogne-Franche-Comté. La présence d’un premier édifice à cet emplacement est suggérée dès le Xe siècle par plusieurs chartes de l’abbaye de Cluny mentionnant la Terra Sancti Verani. Des moines sont à l’époque vraisemblablement installés au village, et pourraient être à l’origine de cette première construction. Le chœur de l’église, sa partie la plus encaissé dans le sol, pourrait ainsi dater de cet édifice primitif du Xe ou XIe siècle. L’église visible aujourd’hui a probablement été reconstruite dans la seconde moitié du XIIe siècle. De cette époque, elle conserve le reste de son architecture, toutefois remaniée au cours des siècles suivants : une nef unique charpentée suivie d’une travée sous clocher couverte d’une coupole sur trompes, surmontée par un clocher octogonal ramassé. La sacristie a été ajoutée au nord de la travée sous clocher au XIVe siècle, tout comme la chapelle voisine, au nord de la nef. Cette chapelle accueille aujourd’hui un bénitier daté du XVIIe siècle, dont le pied est formé de huit anneaux. L’église a été rénovée plusieurs fois, notamment au XIXe siècle afin de pouvoir être rouverte au culte. Dans les années 1970, une nouvelle restauration entraîne la découverte de fresques du XIVe ou XVe siècle dans l’abside. Elles sont restaurées en 1979 par Léon Raffin, et représentent un Christ en Majesté entouré du tétramorphe (symboles des quatre évangélistes).

Eglise Saint-Véran (©CEP)
Adresse Au Bourg, 71570 Saint-Vérand
Coordonnées GPS 46°15'18.4"N 4°44'05.5"E
Paroisse de rattachement Notre-Dame des Vignes en Sud Mâconnais
Protection Monuments Historiques

Historique

Le village de Saint-Vérand est mentionné dès le VIIIe siècle dans une charte du chapitre de Saint-Vincent de Mâcon (In Verrasanno)[1]. La Terra Sancti-Veranni est dans les siècles qui suivent mentionnée plusieurs fois dans le cartulaire, son nom changeant régulièrement. Au XVIIe siècle, une nouvelle charte mentionne le village de Saint-Véran. Par la suite, le toponyme perd et regagne son d final. A la Révolution, le village prend brièvement le nom d’Arlois, puis adopte définitivement Saint-Vérand à la fin du XIXe siècle. Le village prend ainsi le nom de saint Véran[2], le saint patron des bergers et protecteur des troupeaux.

Dans ce village, il devait exister une église primitive dès le Xe siècle, comme le laisse supposer l’appellation Terra Sancti-Veranni. Des moines sont à l’époque installés dans le village, et pourraient être à l’origine de ce lieu de culte primitif, pour leurs propres besoins. Seules les bases de l’abside actuelle pourraient appartenir à cet édifice. En effet, l’abside est plus encaissée dans le sol que le reste de l’édifice, et comporte des baies dont le niveau rend clair le rehaussement postérieur de l’église. Celle-ci est en effet vraisemblablement reconstruite dans la seconde moitié du XIIe siècle. Elle est à l’époque à la collation du chapitre cathédral de Saint-Vincent de Mâcon, auquel appartiennent les terres.

Le reste de l’église actuelle semble appartenir à cette reconstruction, à l’exception de la chapelle au nord de la nef et de la sacristie au nord de la travée sous clocher, dont l’architecture est clairement gothique. Elles sont toutes deux ajoutées à l’édifice au XIVe siècle. En 1408, la Parrochia Sancti-Varani est mentionnée pour la première fois. C’est de cette époque, de la fin du XIVe ou du début du XVe siècle, que semblent dater les peintures de la voûte de l’abside. Le portail principal semble également être un ajout gothique, tout comme les baies de la travée sous clocher, visiblement remaniée à cette époque.

Ce qu’il advient de l’église Saint-Véran dans les siècles qui suivent est incertain. Il semble qu’une restauration a lieu vers le XVIIe siècle, époque de laquelle pourrait dater la petite porte latérale sud (tout comme l’ancienne cuve baptismale). A la Révolution française, l’église est vraisemblablement vendue comme bien national, après avoir été pillée. On la retrouve vers 1820[3], récupérée par les paroissiens, et dans un état déplorable. Elle est à l’époque une simple annexe de Saint-Amour, et finit même par être interdite au culte car jugée dangereuse[4]. Les fidèles doivent alors assister à l’office dans la commune voisine de Saint-Amour-Bellevue. Quelques réparations sont faites dans les années qui suivent, sans que l’état de l’église ne s’améliore vraiment. En 1855, elle est dite « dans un état de délabrement complet », dans une lettre du maire au préfet. La mairie a alors l’espoir d’obtenir une subvention pour effectuer les travaux nécessaires, et ainsi pouvoir rouvrir l’église et avoir un desservant propre au village.

A la fin du XIXe siècle et au XXe siècle, l’église est par plusieurs fois restaurée, et rouverte au culte. A partir des années 1970, elle est régulièrement entretenue et connait plusieurs campagnes de restauration et de mise en valeur, notamment au niveau des peintures murales et du mobilier. Elle est aujourd'hui l’objet d’un soin constant.

Description architecturale

GLOSSAIRE : Bourgogne Romane

Bien orientée à l’est, l’église Saint-Véran fait partie d’un ensemble de petites églises romanes du Mâconnais présentant une unité architecturale forte. A l’origine, elle se compose d’une nef unique rectangulaire, suivie d’une travée sous clocher et d’une abside. La chapelle au nord de la nef et la sacristie adjacente, qui communique avec la travée sous clocher, sont postérieures.

La façade de l’église est assez simple. Elle comporte un portail gothique au tympan nu soutenu par deux corbeaux sculptés de feuillages[5]. Ce portail est surmonté d’un larmier en cintre brisé. Juste au-dessus, un petit oculus et une petite ouverture rectangulaire viennent éclairer la nef. Le gouttereau sud de la nef est ouvert de deux petites baies plein cintre, ainsi que d’un portail moderne à clé et impostes saillantes. Le gouttereau nord est quant à lui flanqué d’une construction carrée (chapelle seigneuriale) avec contrefort d’angle, ouverte d’une baie gothique grillagée, en cintre brisé. Une corniche à modillons nus court sur les murs gouttereaux et sur celui de la chapelle. La travée qui suit la nef est ouverte sur chaque face d’une baie gothique avec un petit lobe. Au sud, elle est flanquée de deux contreforts d’angle. Elle devait également en avoir au nord, mais ceux-ci sont désormais intégrés à une construction rectangulaire accolée à la chapelle seigneuriale et ouverte à l’est, servant de sacristie. Cette travée supporte un clocher octogonal ramassé, avec un seul niveau, ouvert d’une baie avec abat-son sur chaque face. Au sud, un arc de décharge est toujours visible à sa base. Le clocher est coiffé d’une haute flèche en pierre. L’abside complète l’édifice. Semi-circulaire, elle est ouverte d’une petite baie axiale en plein cintre, semblable à celles de la nef. L’abside est flanquée de deux contreforts plats. Tout l’édifice est couvert de lauzes.

Via la porte principale, on accède à la nef en contrebas par une volée de quatre marches. Au nord, elle s’ouvre sur une chapelle seigneuriale par un grand arc brisé. La chapelle est voûtée d’une croisée d’ogives retombant sur des colonnettes d’angle. La clef de voûte est nue. La nef est quant à elle charpentée, et laisse entrevoir à l’est l’accès au clocher, au-dessus de l’arc triomphal. Ce-dernier repose sur des chapiteaux sculptés de feuillages, en forme de gros cylindres[6] et fait communiquer la nef avec la travée sous clocher. Celle-ci est barlongue, surélevée d’une petite marche, et voûtée d’une coupole sur trompes. Elle est encadrée par quatre arcs brisés. Au nord, l’accès vers la sacristie est condamné par une vitre, qui permet d’observer le mobilier qui y est exposé. Enfin, l’abside semi-circulaire, voûtée en cul-de-four, donne l’effet d’une fosse creusée, son niveau étant beaucoup plus bas que le reste de l’édifice. Sur les côtés, deux baies anciennes murées, quasiment au niveau du sol de la travée, mettent en lumière le changement de niveau entre les deux parties de l’édifice. Un autel en pierre est installé au centre de l’abside, entouré de marches d’accès.

Inventaire décor et mobilier

  • Fresques de l’abside :

Datées du XIVe siècle, elles représentent le Christ en majesté entouré du tétramorphe (symboles des quatre évangélistes).

  • Maître-autel en pierre
  • Table d’autel, en pierre, en contrebas dans l’abside. Elle a été retrouvée enfouie dans le cimetière de l’église.
  • Autel en marbre dans la sacristie
  • Bénitier en pierre du XVIIe siècle, dont le pied cylindrique est formé par huit anneaux les uns sur les autres, et dont la cuve est ornée d’une croix et d’une inscription. Le pied pourrait être plus ancien que l’inscription de la cuve ne le laisse penser.
  • Christ en buis, au-dessus du bénitier (peut-être du XVIIIe siècle)
  • Vitraux modernes réalisés au printemps 2004 par l’artiste maître-verrier Fabienne Desmet[7], installée à Tramayes :

La colombe (oculus de la façade)

L’agneau pascal (baie de l’abside)

Saint Véran (mur sud de la travée sous clocher)

Saint Vincent (mur nord de la travée sous clocher)

Baptême du Christ (chapelle latérale)

  • Piscine, creusée dans une ancienne baie murée de l’abside, en contrebas
  • Statues :

Vierge à l’Enfant (en bois, en hauteur à gauche de l’entrée de l’abside)

Saint Véran terrassant le dragon (en bois, en hauteur à droite de l’entrée de l’abside)

Vierge Marie (pignon)

  • Dalle funéraire de Dame Antoinette Lambert, bienfaitrice de la cure (chapelle latérale).
  • Chaire à prêcher en bois
  • Tableau de la Sainte Famille
  • Cloche de 1733

Rénovations / Etat [8]

Rénovations :

  • XIXe siècle :

Plusieurs modestes rénovations ont lieu.

  • 1975 Création de l’association pour la sauvegarde de l’église de Saint Vérand
  • 1975-1978

Découverte des peintures du cul de four

Réouverture de la fenêtre axiale

Intervention de l’association « Rempart » pour les travaux intérieurs et le dégagement des pierres de la nef.

  • 1979 Sauvetage de la peinture par Monsieur RAFFIN missionné par la commission d’Art Sacré
  • 1980-1985 Réfection extérieure des murs et du toit de laves par Monsieur PIERRE (participation aux frais de la Sauvegarde de l’art français, à hauteur de 20 000 francs).
  • 2004 Réalisation de l’ensemble des vitraux par Fabienne DESMET, artiste verrier.

Etat :

L’église Saint-Véran est en bon état et est régulièrement entretenue.

Actualités

Pour suivre l’actualité de l’église, consulter le site internet de la mairie : Saint-Vérand

Visite

L’église est ouverte à la visite en journée durant la saison estivale (avril-novembre).

Pour une visite le reste de l’année, se renseigner auprès de la mairie.


L’église est difficilement accessible aux personnes à mobilité réduite. L’accès se fait en effet par la porte latérale, très étroite, et l’église se trouve par ailleurs en contrebas de la route, au bout d’une pente douce.

Association engagée

  • L’Association Village en Vie : elle s’attache à sauvegarder et mettre en valeur les patrimoines de Saint-Vérand et de sept autres communes environnantes.

Adresse :

La Grange du Bois

71960 Solutré-Pouilly

Site officiel :

Villages en Vie

Iconographie ancienne et récente

Collection privée de Monsieur Luc Denis


Crédit Photos: CEP

Plans cadastraux

Cadastre actuel, cadastre.gouv

Bibliographie

  • RIGAULT, Jean, Dictionnaire topographique du département de la Saône-et-Loire, Paris, 2008.

Sources

  • Académie de Mâcon, Fiche de présentation de l’édifice :

Eglise Saint-Véran

  • Oursel, Anne-Marie et Raymond, Fiche d’inventaire départemental, Archives départementales de Saône-et-Loire :

Archives départementales de Saône-et-Loire

  • Fiche édifice de la Bourgogne Romane :

Saint-Vérand

  • Documents fournis par la mairie / l’association :

-Présentation de l’église et de son mobilier

-Flyer de présentation présent sur place

-Documents présents sur place (mobilier)

  • Fiche édifice de la Sauvegarde de l'art français:

Eglise de Saint-Vérand

Propriétaire / Contact

Commune de Saint-Vérand

03 85 37 13 49

mairie-saint-verand@wanadoo.fr

Patrimoine local et/ou folklore

  • Cru Saint-Véran :

Le village est encerclé de vignes, qui produisent notamment le cru Saint-Véran (AOC), créé en 1971.

  • Lavoir communal et maisons mâconnaises des XVIe et XVIIe siècles.

Lavoir Saint Vérand (1).JPG Lavoir Saint Vérand (2).JPG Lavoir Saint Vérand (3).JPG Lavoir Saint Vérand (4).JPG

  • Château de la Balmondière :

Construit vers 1670, il domine le village et ses vignes et est la propriété de la Maison Jean Loron. Il se compose de bâtiments d’exploitation, d’un bâtiment d’habitation et d’un colombier.

Notes et références

  1. Rigault, Jean, Dictionnaire topographique du département de la Saône-et-Loire.
  2. Ermite du VIe siècle. Il aurait accompli plusieurs miracles (dont celui d’éloigner la peste) et aurait repoussé un dragon, qui, blessé, aurait laissé dans sa fuite une traînée de son sang. Chaque village traversé par le dragon aurait ainsi pris le nom de Saint-Véran.
  3. Oursel, Anne-Marie et Raymond, Fiche d’inventaire départemental.
  4. Ibidem. Mention d’une ordonnance de l’évêque d’Autun de 1938, qui interdit l’ouverture de l’église tant qu’elle n’est pas réparée et meublée.
  5. Oursel
  6. Ibidem
  7. Document de la mairie
  8. Ibidem. Pour les restaurations du XXe siècle, informations fournies par la mairie/l’association.