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Les édifices romans en Saône-et-Loire

5 887 octets ajoutés, 27 juin 2020 à 18:07
Brève histoire des recherches
== Brève histoire des recherches ==
=== Les pionniers ===
 
La première recherche méthodique fut celle de Jean Virey (1861-1953), qui soutint en 1887 sa thèse d'École des Chartes sur « L'architecture romane dans l'ancien diocèse de Mâcon » ; thèse qui fut d'abord publiée en trois livraisons dans les ''Mémoires de la Société Éduenne'' (1889-1891). Peu après, en 1892, Félix Thiollier publiait à Montbrison ''L'art roman à Charlieu et en Brionnais'', ouvrage comportant des plans, des gravures et une série de bonnes héliogravures (documentent plusieurs états disparus).
 
=== Un demi-siècle de « théories générales » ===
 
Au fur et à mesure que les recherches de terrain se succédaient, l'on vit fleurir diverses « théories », dont celle des « écoles régionales », ou celle des « routes de pélerinage » ; pour notre région, l'oeuvre qui eut le plus de portée fut celle de l'historien américain Arthur Kingsley Porter (1883-1933) qui publia deux ouvrages énormes : ''Lombard Architecture'' (4 vol., 1919), puis ''Romanesque Sculpture of the Pilgrimage Roads'' (10 vol., 1923). A.K. Porter fut le grand promoteur de la notion d'« art lombard », qui eut un si large écho. Ce professeur marqua également la région indirectement, puisque ce fut un de ses élèves qui, le premier, entreprit des recherches archéologiques sur les édifices de la région : Kenneth John Conant (1894-1984), qui arriva à Cluny en 1924, et y séjourna par intermittence jusqu'à sa mort en 1984. Dans le même mouvement, une élève de Conant, Elizabeth Read Sunderland (1910-), entreprit peu après des recherches archéologiques à Charlieu (à partir de 1937). L'autre auteur influent fut l'architecte et autonomiste catalan Josep Puig i Cadafalch (1867-1956), qui publia en 1930 ''La geografia i els orígens del primer art romànic'', ouvrage qui marqua la naissance de la redoutable notion de « premier art roman ». Vaste fatras, dont on peine aujourd'hui à se défaire.
 
Toutefois, dans les années 30 et 40, les observations systématiques se poursuivirent, et notamment sous la forme de deux nouvelles thèses de l'École des Chartes, celle de Christiane Malo-Dickson (1904-2004), « Les églises romanes de l'ancien diocèse de Chalon » (publiée à Mâcon en 1935) et celle de Raymond Oursel (1921-2008), « Les églises romanes de l'Autunois et du Brionnais » (publiée à Mâcon en 1956). Dans ce dernier livre en particulier est discutée la notion alors nouvelle (créée par Charles Oursel) d'« église martinienne », expression qui recouvre l'idée d'une « école » autunoise indépendante de celle de Cluny. Ce fut d'ailleurs le même R. Ousel qui mit la main sur la facture du tympan sud de Bois-Sainte-Marie, réalisé dans un atelier proche de la place Saint-Sulpice, tympan qu'Émile Mâle considérait comme une belle réalisation de la sculpture romane (et dont on trouve encore des photographies dans nombre de parutions récentes...).
 
=== La vague des thèses américaines et allemandes ===
 
A partir des années 60, une pléiade d'étudiants américains arriva en Saône-et-Loire avec des yeux neufs. Modérément encombrés des « théories » forgées à l'époque précédente, ils s'employèrent à effectuer des observations plus précises, en essayant de déterminer les méthodes et les phases de construction : ce fut le début de ce que l'on a depuis appelé « archéologie monumentale » ; plusieurs n'hésitèrent pas non plus à fouiller les archives, à la recherche de tous les documents (souvent bien plus tardifs) susceptibles de renseigner sur les états successifs des édifices. Ces thèses sont malheureusement pour la plupart demeurées à l'état de microfilms, on peut toutefois trouver un exemplaire papier à la bibliothèque des Archives Départementales de Saône-et-Loire (le caractère ultra-confidentiel de ces travaux est très regrettable, on pourrait se demander si une diffusion sur internet ne serait pas maintenant possible). On doit en particulier mentionner les travaux d'Edson Armi sur Tournus et les ateliers de sculpteurs, et ceux de Walter Berry sur les églises du bassin de l'Arroux. Plus tard (fin des années 80) commencèrent à arriver des étudiants allemands, davantage encore férus d'exactitude, et effectuant des relevés d'une grande minutie.
 
En France même, l'histoire de l'art traditionnelle, encore enseignée dans les universités, avaient ses beaux jours derrière elle ; d'un côté, d'aucuns (re)découvrirent que les églises étaient d'abord des lieux de culte et qu'il n'est pas raisonnable de croire que l'on a seulement affaire à des « oeuvres d'art » (Carol Heitz), d'autres s'avisèrent qu'il ne sert pas à grand chose d'empiler indéfiniment des monographies et qu'il faut considérer d'abord des ensembles (« corpus ») avant de se lancer dans des analyses de détail, qui n'ont pas de sens en dehors d'un ensemble donné (Léon Pressouyre).
 
 
=== L'archéologie de terrain ===
 
L'essor général des recherches archéologiques en France à partir des années 70, qui aboutit finalement à la création de l'INRAP (2002), toucha aussi le Moyen Age, et des fouilles importantes d'églises romanes furent entreprises à partir des années 80 (une première) ; citons notamment celles de Saint-Pierre-l'Estrier (C. Sapin), du cloître Saint-Nazaire d'Autun (C. Sapin), de Cluny III (Anne Baud), de Paray (G. Rollier), de Saint-Clément de Mâcon (A. Guerreau et C. Sapin), du choeur de Saint-Lazare d'Autun (W. Berry), de Saint-Maieul de Cluny et de Cluny II (Galerie orientale du grand cloître, A. Baud et C. Sapin). L'Architecte en Chef, Frédéric Didier, particulièrement intéressé par l'analyse historique des bâtiments, fait régulièrement réaliser des diagnostics archéologiques avant restauration. De tous ces travaux est d'ores et déjà ressortie une moisson d'informations nouvelles, qui, sur bien des points, infirme les croyances antérieures.
== Esquisse d'histoire des constructions ==
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