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Les vieux métiers

Sommaire

Les nourrices :

A Meulin : « Afin d’améliorer l’ordinaire, nos mères, nos grand-mères, nos arrière grand-mères, ont toutes élevé des enfants ou des nourrissons. Contre les soins qu’elles donnaient à ces enfants, elles percevaient un petit salaire versé par les parents ou par l’Assistance Publique. Il faut dire à l’honneur des paysans que, dans la majorité des cas, ces enfants étaient aimés et considérés au même titre que les enfants de la famille. Bon nombre d’entre eux ont conservé d’excellentes relations, leur vie durant, avec leur famille adoptive. Cette prolifération d’enfants à élever avait plusieurs origines… » [1]

Nourrices au sein, l’Assistance Publique :

« Au XIXe siècle, la demande de nourrices explosa. Elle était due en partie au développement de bureaux de placement des enfants de l’Assistance Publique, d’abord à Paris, puis dans les provinces, dans la deuxième moitié du siècle. Comme dans le Morvan tout proche, la région fut sensible à l’apport économique constitué par le placement des enfants de l’Assistance. Les enfants, placés tout petits, étaient en principe nourris au sein, et pouvaient rester parfois jusqu’à 6 ans avec la famille qui les recevait. » [2]

Les causes de l’abandon :

« L’une des causes d’abandon : les jeunes filles, placées par leurs parents dans un emploi extérieur, afin de gagner au moins leur nourriture, devaient parfois répondre aux ‘sollicitations’ de leur employeur. La faute commise incombant dans l’esprit des gens uniquement à la jeune fille, ces personnes, chassées, se voyaient contraintes d’abandonner leur enfant. Ces enfants abandonnés, pour quelque raison que ce soit, étaient recueillis par les institutions religieuses, qui les baptisaient, leur donnant des patronymes constitués de prénoms, avant de les confier à l’Assistance Publique. » [3]

« (Ces enfants étaient issus) de parents séparés pour différentes raisons, ou à la suite de la disparition de l’un des parents par maladie ou accident. Ces parents en difficulté plaçaient leurs enfants à l’Assistance Publique ; cependant, un certain nombre d’entre eux conservaient des relations (avec les enfants). Ou encore, cas le plus fréquent, les enfants étaient purement et simplement abandonnés. »[4]

Les conditions des placements :

Sur les livrets de nourrices de l’Assistance Sociale, on trouve mentionnées les vêtures et les layettes fournies pour les enfants. Ces mêmes livrets montrent une forte mortalité des enfants sur les 2 premières années.[5]

Livret personnel de pupille de l’Assistance (1923-1934).[6]

« … la réalité fut à l’occasion plus cruelle. Pour des raisons économiques, les enfants furent parfois pris en surnombre. Nourris au lait de vache, ils tombaient souvent malades. Les archives montrent, même à Matour, une forte mortalité sur les 2 premières années de ces enfants, malgré un certain suivi médical (approximatif), et la loi Roussel de 1874 réglementant l’activité sur le plan national (p. 56, in « Guide Gallimard Parc Naturel du Morvan). Quant à l’exploitation des enfants de l’Assistance comme force de travail, on ne peut en nier l’existence, même si elle resta limitée, dans une région où la notion de famille était très forte. »[7]

« Certaines nourrices, après chaque accouchement, et après sevrage de leur enfant vers 7 mois, allaient chercher un autre enfant, à Lyon par exemple. » [8]

Certaines pupilles de l’Assistance, confiées à des familles d’accueil à l’adolescence, se marièrent avec un fils de la maison. Elles restèrent sur la région. Plusieurs cas ont été recensés.[9]

Les familles d’accueil :

« Par ailleurs, la proximité de Mâcon et de Lyon amena certaines familles bourgeoises à faire garder leurs enfants par des familles d’accueil, ‘au bon air de Matour’. Plus localement, certains commerçants du bourg, surtout avec une famille nombreuse, confiaient leurs enfants à des familles dans les hameaux, moyennant le paiement d’une pension. »

« Beaucoup de nourrices et de familles d’accueil développèrent des liens très forts avec les frères de lait ou sœurs de lait des enfants de la maison, au point que, devenus adultes, ils revinrent voir leurs bienfaiteurs. »[10]

« Cela pouvait créer des liens très forts (entre les familles bourgeoises ou de commerçants et ) les familles d’accueil. »

« La notion de famille était plus forte que maintenant, parmi les paysans. »[11]

Les nourrices sur lieu :

« Enfin, la demande de la haute société parisienne s’accentua pour les nourrices sur lieu, qui nourrissaient d’abord au sein, et pouvaient ensuite être engagées comme nourrices sèches. Ces nourrices, parfois accompagnées de leur propre enfant comme gage de santé, le laissaient le plus souvent à leur propre mère. »[12]

A la fin du XIXe siècle, 2 femmes sur 3 partent comme nourrices sur lieu à Paris (Morvan). Le docteur Monot attire l’attention sur la mortalité des enfants de nourrices laissés ou renvoyés au pays. Il fait appel au public. La loi Roussel (1874 ?) oblige les mères à attendre 7 mois après la naissance d’un enfant avant de pouvoir partir comme nourrice. Le bureau de placement impose aux candidates des examens médicaux pour la syphillis, et en particulier des examens intimes. A Paris, on gave souvent les nourrices dans l’espoir qu’elles aient plus de lait. On les habille bien, car elles sont un signe extérieur de richesse pour les maîtres. Le retour des nourrices au pays eut un impact certain sur le niveau de vie : exigence de confort, d’hygiène, de qualité d’alimentation. La découverte de Pasteur, rendant possible l’utilisation du biberon (stérilisation), sonnera le glas des nourrices sur lieu.[13]

« Nourrice en Russie :

Record absolu de la nourrice sur lieu, ‘la Mère Montillet’ fit le voyage jusqu’en Russie pour allaiter des enfants, vers 1870. La mémoire orale veut qu’elle ait, pour l’occasion, sevré son propre enfant vers l’âge de 7 mois. Elle aurait élevé au cours de sa vie 57 enfants, tant au sein que comme nourrice sèche »[14]

« La grand Mère de Mme Thévenet allait à Paris pour être nourrice. » in « compte-rendu réunion des femmes de Matour, 28.09.1999 », synthèse Adrienne BLATTEL

« Nourrice : Mme Petit, Croix de Trézière. » Note Michel LAPALUS, 01.2004

Les nourrices à boire ou nourrices au biberon :

Après la diffusion des techniques de stérilisation, on voit apparaître dès 1914-1918 les nourrices au biberon ou nourrices à boire.[15]

Les sages-femmes :

« Les femmes accouchaient chez elles, dans leur lit. La sage-femme, la bonne mère, palliait avec dévouement l’éloignement et au prix du médecin. La femme-qui-aide s’occupait de l’accouchée, de la maison et des enfants. »[16]

« Marie Robin, la bonne mère de Matour : Prévenue quelques semaines auparavant par la femme enceinte, elle accourait dès les premières douleurs. Elle fût l’une des premières à posséder une voiture à Matour. »[17]

« (Marie Robin) fit très longtemps les trajets à bicyclette. »[18]

Les laveuses :

« La mère PHILIBERT (femme-qui-aide, NDLR) était également laveuse. Elle faisait la lessive de semaine (traditionnelle, le lundi, NDLR) pour ceux qui pouvaient l’embaucher. »[19]

« La mère PHILIBERT, dit Layan. (Egalement laveuses) Melle Claudia THOMAS, Melle Marie CHATELET (Trécourt), Melle MOLETTE (le bourg). »[20]

« Les lavoirs : La Prasle, le Bourg, Trécourt, Le Bief, Le Bessay, Chateauthiers, Argaud. »

Les repasseuses :

« Mélanie RAMIN était la repasseuse de Matour, surtout pour les gens du bourg. »[21]

Les Boulangers :

Chronologie :

- Moyen-âge – XIVe siècle : Fabrication du pain : c’est un privilège du seigneur au Moyen-âge (le pain du village est cuit dans des fours banaux lui appartenant, comme au manoir du Parc de Matour, NDLR). Elle est réservée aux ‘tamisiers’ jusqu’au milieu du XIVe siècle… - 2-17 mars 1791 : (La fabrication du pain) devient libre depuis le XVIIIe siècle [22]

- XIXe siècle : Départ des boulangers de Brandon pour Paris.[23]

- Avant le début du XXe siècle : « …et l’installation de nombreux boulangers, les ménagères préparaient elles-mêmes leur pain et le confiaient au fournier moyennant redevance. Le matin était réservé à la cuisson du pain, suivie de celle des rôtis, gratins, pâtés et autres charcuteries, l’après-midi à la pâtisserie. »[24]

- Pendant la Seconde Guerre Mondiale : « à ce moment, on attendait que cela soit moissonné pour amener vite la farine au moulin, et avoir de la farine pour le boulanger. La farine était réquisitionnée ; on en cachait sous les lits pour l’éloigner de la vue des inspecteurs. On devait fournir une certaine quantité de blé. » - Années 1950 : certains boulangers vendaient encore du charbon de bois. Le bois était encore utilisé. L’oncle de Mr VOUILLON, boulanger, tamisait sa cendre toutes les semaines. Il plaçait le charbon de bois dans un sac que les gens venaient chercher. Il ne devait pas en falloir beaucoup, car on s’en servait surtout les mois chauds, pour allumer le bois dès le lever pour faire la soupe. - Jusque dans les années 1960 : « le pain se faisait dans les fermes. A St Bonnet, 10 ou 15 (fermes) ont perpétué le geste régulièrement. Une (exploitation) en vend encore. » « Dans les années 1960, tous les cultivateurs faisaient leur pain. Chaque ferme avait son four. » [25]

Les tisserands :

Les Sabotiers :

« Le travail du sabotier : Le métier de sabotier est semble-t-il fort ancien (les Gaulois en fabriquaient déjà). La légende du Saint patron René, évêque d’Angers, raconte comment, vers 440, il se retira dans la forêt pour façonner des sabots. Le travail du sabotier commençait avec le choix de l’arbre sur pied, en général vieux et sain, et d’un diamètre d’au moins 2 m. Le bois était façonné encore à demi-vert. S’appuyant sur le billot, le sabotier ébauchait le sabot à l’aide d’une hache à bûcher, à manche court et désaxé. L’ébauche était ensuite travaillée au paroir, sorte de lame articulée par son crochet à un établi taillé dans un tronc d’arbre. Le rite exigeait de ne donner qu’un nombre impair de coups de paroir : 13 pour un grand sabot, 11 pour un petit. Le sabot était ensuite bloqué sur l’encoche de l’établi, et creusé à l’aide de gouges, de la tarrière et de la cuillère. Le ponçage venait ensuite, puis le séchage à l’air ou dans un four spécial. Un trou creusé à la vrille permettait de relier les 2 sabots de la paire par un fil. Au moment de la vente, l’essayage par le client déterminait le dernier coup de cuillère qui le mettrait à sa mesure. »

« … le sabot sût s’adapter à toutes les circonstances, et même, à l’occasion, se faire léger pour la danse. Seul défaut : le sabot s’usait vite, parfois en 2 mois.

Dès le début du XXe siècle, des machines à fabriquer les sabots virent le jour, mais la production artisanale locale perdura, jusqu’au déferlement de la botte en caoutchouc, après la Seconde Guerre Mondiale. » in « Les sabots, un symbole fort », panneau d’exposition de la Maison du Patrimoine de Matour, de Gérard THELIER, 2000

La production de sabots a été réintroduite pour des motifs décoratifs, comme souvenir, mais aussi encore prisé par les anciens, et utilisé par les néo-ruraux.
  1. p. 87, in « Un peu d’Histoire locale », manuscrit de Henri LATHUILLERE (1992)
  2. in « Les nourrices, une activité répandue, panneau d’exposition de la Maison du Patrimoine de Matour, de Gérard THELIER, 2000
  3. p. 87, in « Un peu d’Histoire locale », manuscrit de Henri LATHUILLERE (1992)
  4. p. 87, in « Un peu d’Histoire locale », manuscrit de Henri LATHUILLERE (1992)
  5. in Livrets de l’Assistance Sociale, Archives Municipales de Matour, 2000
  6. in Archives Municipales de Matour, Balisage Barbara MONTORIO
  7. in « Les nourrices, une activité répandue, panneau d’exposition de la Maison du Patrimoine de Matour, de Gérard THELIER, 2000
  8. in « compte-rendu réunion des femmes de Matour, 28.09.1999 », synthèse Adrienne BLATTEL
  9. Note G.THELIER, 2000
  10. in « Les nourrices, une activité répandue, panneau d’exposition de la Maison du Patrimoine de Matour, de Gérard THELIER, 2000, d’après « compte-rendu réunion des femmes de Matour, 28.09.1999 », synthèse Adrienne BLATTEL
  11. in « compte-rendu réunion des femmes de Matour, 28.09.1999 », synthèse Adrienne BLATTEL
  12. in « Les nourrices, une activité répandue », panneau d’exposition de la Maison du Patrimoine de Matour, de Gérard THELIER, 2000
  13. Note G.THELIER, d’après documentaire, France 3, diffusé dimanche 10.01.2004
  14. in « Les nourrices, une activité répandue », panneau d’exposition de la Maison du Patrimoine de Matour, de Gérard THELIER, 2000 - d’après Mme JANIN,in « compte-rendu réunion des femmes de Matour, 28.09.1999 », synthèse Adrienne BLATTEL
  15. Note G.THELIER, d’après documentaire, France 3, diffusé dimanche 10.01.2004
  16. in « De la naissance à la mort, les grands évènements de la vie », panneau d’exposition de la Maison du Patrimoine de Matour, de Gérard THELIER, 2000
  17. in « De la naissance à la mort, les grands évènements de la vie », panneau d’exposition de la Maison du Patrimoine de Matour, de Gérard THELIER, 2000
  18. Note Michel LAPALUS, 01.2004
  19. in « compte-rendu réunion des femmes de Matour, 28.09.1999 », synthèse Adrienne BLATTEL
  20. Note Michel LAPALUS, 01.2004
  21. in « compte-rendu réunion des femmes de Matour, 28.09.1999 », synthèse Adrienne BLATTEL
  22. p. 32, in « Vieux métiers et pratiques oubliées… », de Georges BERTHEAU
  23. p. 117, in « Le Mâconnais », de Henri NICOLAS
  24. p. 32, in « Vieux métiers et pratiques oubliées… », de Georges BERTHEAU
  25. in « modernité », synthèse Adrienne BLATTEL, d’après K7 n°7, Francisque LAPALUS, Mme LAPALUS