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Cluny

Commune du département de Saône-et-Loire, Cluny est à 24 km au nord ouest de la préfecture, Mâcon. Elle s’inscrit au cœur de la Bourgogne du Sud, à portée de la croisée des voies nord-sud et est-ouest, très bien desservie par la voie express Centre Europe-Atlantique et la gare TGV de Mâcon-Loché. La ville est arrosée par la rivière Grosne. Sa partie basse, en zone marécageuse, a été assainie au XIVe siècle par les moines avec la construction d’une digue et le rejet de la rivière plus à l’Est.

Brève histoire de Cluny

Occupée dès la Préhistoire, (fouille de sauvegarde 2005), Cluny avant Cluny se situait à l’époque gauloise dans la partie sud-est de la « cité des Eduens ». Des traces d’occupation gallo-romaine, mérovingienne et carolingienne ont été découvertes. En 800, la villa de Cluny, importante exploitation agricole, fait partie du domaine impérial de Charlemagne, qui en fait don en 801 à Saint-Vincent de Mâcon. La villa cluniacensis apparaît pour la première fois dans une charte de 825. Elle passera rapidement entre les mains des comtes de Mâcon.

Le 11 septembre 909, Guillaume le Pieux, duc d’Aquitaine, comte de Mâcon et Bourges, héritier du domaine de sa sœur Ava, signe l’acte de fondation d’une abbaye, qu’il confie à l’abbé Bernon. Cet abbé bénédictin est déjà à la tête de deux abbayes jurassiennes, Gigny et Baume-les-Messieurs. L’acte place l’établissement sous l’autorité directe du Pape. Bernon fait venir six moines de Gigny et six moines de Baume, s’installant dans la villa, et en utilisant la chapelle transformée vraisemblablement (hypothèse récente) en première église abbatiale. Bernon, abbé réformateur, se lance dans la fondation de nouveaux monastères. L’abbaye s’enrichit de nombreuses donations. Ce début de grande expansion s’accompagne d’un développement très rapide du bourg à l’ouest et au sud de son enceinte. Se succèdent alors de Grands Abbés, dont plusieurs seront canonisés : Odon en 926, Aymard en 942, Mayeul de Valensole en 963, Odilon de Mercoeur en 994 (pour 50 ans), Hugues de Semur en 1049 (pour 60 ans) … A chaque élection, le pape confirme la place de Cluny, et établit un « ban sacré » où nulle violence ne peut être exercée sous peine d’excommunication, et qui ne cessera de s’agrandir. Elu en 1122, Pierre de Montboissier, dit Pierre le Vénérable, est le dernier des grands abbés. A l’Eglise clunisienne, réformatrice, succède l’Ordre clunisien, vaste ensemble européen regroupant en provinces des centaines d’abbayes, prieurés, doyennés, sur toute l’Europe occidentale.

En 981, une deuxième église abbatiale (Cluny II) est bâtie. Lieu protégé, Cluny accueille une population d’autant plus importante que les besoins des moines vont grandissant, leurs origines nobles ne les poussant guère au travail manuel. Partant de la paroisse Saint-Mayeul, sur la colline, le bourg est déjà constitué aux alentours de l’an Mil. Il poursuivra son développement à l’ouest de l’abbaye par la paroisse Notre-Dame, puis le faubourg Saint-Marcel. Abbaye et bourg s’entourent de remparts de bois, et esquissent une enceinte de pierre autour de l’abbaye. L’abbé Hugues de Semur lance en 1088 la construction de la grande église abbatiale dite Cluny III, la plus grande de la chrétienté avec ses 187m de longueur et 77m de largeur au niveau du grand transept. La nef s’élève à 30m sous voûte. Le chantier attire maçons et tailleurs de pierre, permettant aux bourgeois de construire entre le XIIe et le XIVe siècle de nombreuses maisons romanes et gothiques (150 identifiées). Quelques belles façades romanes et gothiques à claires-voies, escaliers et fenêtres du XVe siècle, de la Renaissance et du XVIIe, témoignent encore du goût des Clunisois pour les maisons en pierre.

Les abbés, liés aux papes, ont un rôle diplomatique. En 1245, le roi Louis IX (saint Louis) vient à Cluny rencontrer le pape Innocent IV, sous l’arbitrage de l’abbé Guillaume III de France, petit fils de Philippe Auguste et cousin du roi. Il s’agit d’aplanir la querelle des Investitures opposant le pape et l’empereur du Saint Empire Romain Germanique. A partir du XIVe siècle, la ville et l’abbaye sont entourées de fortifications en pierre.

A la nomination par les moines de l’abbé de Cluny, seul abbé de l’Ordre (les autres sont prieurs), succède la commende, conduite par le pape. Puis au XVe siècle, le roi de France nomme les abbés, tous princes de sang. Jean de Bourbon (1456) construira le premier palais abbatial en dehors de la clôture, chose contraire à la règle. On lui doit une chapelle gothique dans l’église abbatiale, toujours visible. Jacques d’Amboise, son successeur, ajoute en 1500 un palais recouvert d’albâtre blanc sculpté, de style gothique flamboyant et première Renaissance italienne.

En 1562, les Guerres de Religion ensanglantent le pays. Ville et abbaye sont prises et pillées par les Protestants. S’affrontent alors plusieurs factions : l’abbé Claude de Guise, tenant pour la Ligue ultra catholique, la ville (certains habitants sont protestants) qui tient pour le roi, les armées du roi et les Protestants venus du Bourbonnais.

Au XVIIe siècle, Richelieu et Mazarin seront abbés de Cluny. Au XVIIIe siècle, les ordonnances royales obligent à réaligner les rues, détruisant de nombreuses façades romanes et gothiques. Les moines entreprennent de 1723 à 1753 la construction d’un cloître classique, avec deux ailes regroupant les bâtiments abbatiaux. Ils rasent l’ensemble médiéval de chapelles, cloîtres, infirmeries, réfectoires, dortoirs, installé durant des siècles. La Révolution sauvera, en interrompant un projet de 1774, l’hostellerie de saint Hugues (1090), et la façade du palais du pape Gélase (XIIIe siècle).

La Révolution gronde fin juillet 1789. La Grande Peur, après la prise de la Bastille, pousse le peuple des campagnes à se diriger vers Cluny, dont l’abbé reste le seigneur et le plus important propriétaire terrien. La milice bourgeoise, armée de fusils, sort à leur rencontre, en tue cinq, et en fait prisonniers 164. Ce triste épisode, qu’encouragent les moines, se terminera par la pendaison de six « brigands », et la flagellation d’un autre ensuite marqué au fer rouge. Les moines seront contraints de quitter l’abbaye en 1791. Ils n’étaient plus que 41. La major ecclesia, trop monumentale pour être assumée par la municipalité, sera vendue comme bien national et en grande partie détruite entre 1798 et 1823, comme carrière de pierre ou s’effondrant d’elle-même, et alimentant la construction du Haras national voulu par Napoléon 1er dès 1806.

En mars 1814, les Autrichiens viennent de Cormatin prendre possession de la ville. Les plénipotentiaires sont tués par les francs-tireurs du baron de Damas, qui abandonnent ensuite la ville. Cluny ne sera sauvée que par une rançon, grâce à l’intervention de la belle Nina Dezoteux de Cormatin auprès du général autrichien Menningen.

Comment la ville de Cluny s’est-elle développée ?

Les différents quartiers de Cluny constituent la trame de son développement. La ville s’est étoffée par peuplements successifs, sur une période s’échelonnant de la fin du 10e siècle au début du 12e. Elle a été accompagnée dans son développement par l’abbaye, dont les besoins en personnel laïc, ouvriers, et fournisseurs, étaient importants. Ces différents pôles finirent par se rejoindre pour une continuité. Le premier foyer de peuplement fut Saint-Mayeul, autour de l’an Mil, dont on peut penser qu’il s’appuyait sur une présence antérieure à l’abbaye elle-même. Le quartier Notre-Dame se développa au milieu du 11e siècle le long du chemin principal, contre l’enceinte sud de l’abbaye. Puis s’agglutina autour des portes de l’abbaye un nouveau quartier, qui réunit Saint-Mayeul et Notre-Dame. Ces 3 quartiers seront pris dans le premier rempart de la ville, et la paroisse Saint-Mayeul englobera ultérieurement le quartier des Portes de l’abbaye. Au sud-ouest, se développa à la fin du 11e siècle le quartier Saint-Odon, qui sera rebaptisé Saint-Marcel au 12e siècle. Situé hors des murs, ce quartier sera finalement intégré au 14e siècle par une extension des remparts. A l’origine de ces noyaux de peuplement, les abbés construisirent pour chacun une chapelle, qui selon son succès se transforma en église paroissiale (comme Saint-Mayeul, Notre-Dame et Saint-Marcel), ou se retrouva hors des murs et finit par disparaître (comme la chapelle Saint-Odilon au sud).

Le deuxième patrimoine roman et gothique en Europe après Venise

Cluny aujourd'hui

De nombreux personnages célèbres sont nés ou sont passés à Cluny : philosophes comme Abélard, peintres comme Prud’hon ou Edouard Sain , politiques comme Lamartine (ses ancêtres Alamartine, furent anoblis à Cluny), ou encore Mitterrand dont l’épouse est inhumé sur place. Plusieurs papes furent moines de Cluny, dont Urbain II qui prêcha la première croisade.

Outre le Haras National, Cluny accueille dans l’abbaye l’Ecole d’Arts et Métiers depuis 1901, et le Centre des Monuments Nationaux qui en assure la conservation. La Congrégation des Sœurs de Saint-Joseph de Cluny (1812), présente sur cinq continents, a transformé sa maison-mère du couvent des Récollets en maison de retraite.

La petite cité a compté très vite plusieurs milliers d’habitants dès le XIIe et XIIIe siècle ; en 1900 elle en annonçait 4 273. Aujourd’hui, la population dépasse les 5 000 habitants. Les habitants de Cluny sont des Clunysois. Tout ce qui concerne l’abbaye et les moines est nommé Clunisien.

Mâcon

Mâcon, voie de passage depuis l’Est vers la vallée de la Loire, possédait plusieurs gués, fréquentés dès la Protohistoire, que ce soit au niveau de l’île d’Amprun (Varennes-lès-Mâcon), ou du haut fond au niveau de l’ancien barrage. Grand port de la Saône, Mâcon accueille sur sa rive d’amont en aval le mouillage du Service Navigation, le port industriel, un quai sablier et le nouveau port de commerce. Ponton et tremplin de ski nautique rappellent la vocation de Mâcon pour les sports nautiques. A l’amont de la ville, on trouve un port de plaisance très bien équipé. Sur les quais, d’amont en aval, se succèdent un port à gradins (en amont du pont de Saint-Laurent), et le quai Lamartine auquel accostent les grands bateaux de croisière et de passagers. Une dérivation à grand gabarit, contournant Saint-Laurent, évite aux grosses unités le passage délicat sous le pont Saint-Laurent.

Visuels 06930023 – CD GT 2 Planche 1 Le port de plaisance 07170037 – CD GT 5 Planche 1 Bateau de croisière au quai Lamartine 07180007 – CD GT 6 Planche 1 Pont sur la dérivation de Mâcon

De Matisco à Mâcon

L’oppidum gaulois de Matisco s’installa sur le plateau de la Baille à la fin du 1er siècle avant JC. Une ville gallo-romaine se développa autour de l’oppidum et en bordure de Saône. Un moment fortifiée sur l’éperon rocheux au IIe siècle, afin de se protéger des invasions, la cité se redéploya au VIe siècle autour de la première cathédrale. Au Xe siècle, les comtes de Mâcon, prenant leurs distances avec le pouvoir central, construisirent un château au nord du plateau. La cathédrale Saint-Vincent, rebâtie à cette époque, puis détruite par un incendie, fut reconstruite plus vaste au début du XIe siècle. Peu à peu, la ville s’étendit au sud du pont. Au milieu du XIVe siècle, la ville se dota d’un rempart percé de 4 portes. La ville prit son essor économique à l’occasion des guerres d’Italie de l’époque Renaissance. Puis les guerres de religion détruisirent ou endommagèrent de nombreux couvents et églises. En 1601, Mâcon perdit son statut de ville frontière avec l’annexion de la Bresse au royaume de France. Au XVIIe siècle, de nombreux couvents furent construits, les Capucins, les Ursulines, les Minimes, les Jésuites, dont l’influence inquièta la bourgeoisie. En 1763, Louis XV désenclava la ville en autorisant la démolition des remparts et la création sur les quais d’une voie pour la route royale de Paris à Lyon.

Visuel 19.2 – CD GT 10 Planche 19 Mâcon en 1575

Au fil de Mâcon

Les quais aux façades bourgeoises et les jardins fleuris bordent le magnifique plan d’eau de la Saône. Le Vieux Saint-Vincent reste l’un des joyaux de Mâcon. De l’antique cathédrale subsistent les tours et le narthex, avec un rare tympan intérieur à 5 bandes représentant le jugement dernier. Place aux Herbes, la Maison de Bois, du XVIe siècle, est entièrement sculptée de motifs truculents. Témoins de l’opulence de la ville, l’Hôtel de Sennecé abrite le Musée Lamartine et l’Académie, et l’Hôtel de ville montre sa façade à la Saône. L’ancien couvent des Ursulines accueille un important musée d’archéologie, ethnologie et beaux-arts.

Visuels 06930021 –CD GT 2 Planche 1 Les façades du quai Lamartine 06930022 – CD GT 2 Planche 1 Mâcon et le vieux pont de Saint-Laurent