Cette page est issue de l'article d'Alain Guerreau<ref>L'auteur en a permis la diffusion sur ce site</ref> "Les édifices « romans » en Saône-et-Loire - Bilan, questions, perspectives", publié en 2009.
Pour compléter et actualiser certaines informations, voir [https://fr.wikipedia.org/wiki/Art_roman_en_Sa%C3%B4ne-et-Loire L'Art roman en Saône-et-Loire].
Cette présentation sont évidemment à compléter et à mettre en relation avec les différentes études scientifiques sur ce sujet, en constante évolution.
Pour une bibliographie plus fournie, voir le [[Portail Art Roman]].
== Préalables ==
Le présent article repose sur le croisement, contestable, de deux notions équivoques dans ce contexte. Il y a donc lieu de tenter, brièvement, de préciser ce qui fait difficulté, et les motifs qui peuvent justifier, jusqu'à un certain point, un tel découpage.
La notion d' "art roman" est une invention du XIXe siècle, et Xavier Baral y Altet vient justement d'attirer l'attention sur les conditions étranges qui ont présidé à cette naissance. La notion d' "art", comme Jean Wirth l'a rappelé récemment, est une notion totalement anachronique en ce qui concerne le Moyen Age ; l'adjectif "roman" désigne, avec une énorme approximation, un "style", c'est-à-dire une mixture sui generis de formes et de compositions, dont l'identification relève en général de l'appréciation esthétique subjective, bien plus que d'une analyse explicite, formalisée et vérifiable. Il reste indéniable que l'expérience et une attention organisée permettent, avec beaucoup d'exercice et un risque d'erreur de toute manière incompressible, d'opérer des distinctions utiles, qui peuvent au moins servir d'hypothèse dans le cadre d'études globales. On ne saurait pas davantage contester que le "style gothique" a succédé au "style roman", dans toute l'Europe, sans qu'il y ait de rupture claire, mais dans un mouvement qui a constitué au total une transformation radicale des modes de construction. C'est pourquoi, dans la suite, on s'autorisera à employer cet adjectif comme une sorte de raccourci pour désigner les édifices construits, dans la zone considérée, de la fin du IXe au courant du XIIIe siècle, à titre provisoire, et en tenant compte des conditions spécifiques du "passage au gothique" dans cette région.
La Saône-et-Loire est un département, c'est-à-dire une circonscription créée par les révolutionnaires, résultant largement d'un regroupement "rationnel" de subdélégations du XVIIIe siècle. Mais ni ce département ni la Généralité de Bourgogne qui le précéda ne constituent des cadres adéquats s'agissant d'étudier la société des Xe-XIIIe siècles et ses constructions. Cependant le découpage administratif actuel a entraîné tendanciellement une segmentation de la documentation et des cadres d'études de plus en plus prégnante. D'où ont résulté de considérables erreurs de perspective : les notions d' "art roman bourguignon" ou "art roman en Bourgogne du sud" renvoient à un assemblage de pièces disjointes, appartenant en fait à des structures bien différentes. On utilisera donc le cadre départemental comme une limite purement conventionnelle, en essayant de ne jamais perdre de vue que l'ensemble des bâtiments considérés ne doit en aucun cas être considéré comme un tout homogène, et en évitant de croire que l'on pourrait découvrir une "logique d'évolution" de tout ou partie de cette zone en se limitant à l'étude départementale.
Une vue minimale de cet ensemble architectural d'une densité sans équivalent implique que l'on considère au moins deux aspects : d'un côté, le corpus lui-même, c'est-à-dire la liste provisoire, telle qu'on la connaît en 2009, des édifices ecclésiastiques dont tout ou partie remonte à la période dite « romane » ; et, d'autre part, de l'histoire des recherches sur ces bâtiments depuis les années 1880. On proposera ensuite une esquisse de l'histoire des constructions, depuis le IXe siècle. Toutes celles et tous ceux qui ont eu l'occasion d'aborder ce sujet ont une idée de l'ampleur démesurée de la tâche. J'ai la nette impression que de nombreux travaux, au cours des quinze ou vingt dernières années, ont donné lieu à une considérable dépense d'énergie et que des observations d'une grande minutie ont été réalisées. Mais il n'en est pas ressorti un progrès significatif des connaissances. Je ne suis pas le seul à conclure qu'il est indispensable de repenser globalement la matière et la manière de l'aborder. Tant il est vrai qu'un ensemble historique n'est jamais un « tas », mais une structure, et que les éléments prennent leur sens de leur relation aux autres parties et au tout, et non l'inverse. Les quelques pages que voici ne sont qu'une modeste contribution dans cette perspective.
== Le Corpus ==
== Notes et références ==