=== Historique ===
[[Varennes-lès-Mâcon]] est mentionné pour la première fois à la fin du IXe siècle dans une charte du chapitre de Saint-Vincent de Mâcon (''In fine varenna''<ref>Rigault, Jean, Dictionnaire topographique du département de la Saône-et-Loire, p°753.</ref> ). A la fin du Xe siècle, on retrouve le village sous l'appellation ''In villa Varennas super Craona''<ref>Charte 161</ref>, ce qui suggère un lieu de peuplement plus développé, avec la présence probable d’un premier édifice religieux. Cette idée est renforcée quelques années plus tard, lorsque la ''parrochia Sancti-Clementis et Sancti-Marcelli de Varennis''<ref>Charte 455</ref> est citée au début du XIe siècle. L’église du village, voisine du château, est par ailleurs reconstruite à la fin du XIe siècle.
Les origines exactes du château de Varennes sont incertaines. Il est vraisemblablement bâti au XIe siècle par les seigneurs de Chaintré, dans une localité en développement. Le château reste dans la famille du XIe au XVIIe siècle. Aux XIIe et XIIIe siècles, quelques mentions<ref>Perraud, François, « Varennes-lès-Mâcon », Les environs de Mâcon, anciennes seigneuries, Laffitte, Marseille, 1979.</ref> sont faites des seigneurs de Chaintré, sans pour autant citer l’édifice en lui-même. Ainsi, en 1113, Robert et Bladin de Chaintré accompagnent Bérard, évêque de Mâcon, en Palestine. Ils s’y font remarquer par leur violence envers les vaincus. En 1255, Geofroy de Germolles, chevalier, vend la moitié des dîmes de Varennes au chapitre de Saint-Paul à Lyon (qui avait la collation de l’église).
Il faut attendre les environs de 1400 pour que le château soit véritablement mentionné pour la première fois. A cette époque, Jean de Chaintré et Varennes le lègue à son frère Humbert. Le fils de ce dernier, Claude, marié à Renaude de Germolles, prête serment au roi Louis XI lors du rattachement de la Bourgogne au royaume de France en 1478. Il devient général du gouverneur du Mâconnais. Grâce à cette position, il acquière vraisemblablement une certaine autorité et fortune. Le château connait alors visiblement un premier remaniement, afin d’être le miroir de cette autorité.
En 1516, le petit-fils d’Humbert, Philibert de Chaintré, vend le château de Chaintré à Antoine Bernard, bourgeois de Mâcon<ref>Ibidem</ref>, et s’installe à Varennes. C’est probablement à cette époque qu’est reconstruit le château, afin d’en faire une demeure seigneuriale de prestige, en s’éloignant de la forteresse d’origine. Le domaine de Varennes passe ensuite à son fils Claude, puis à sa veuve Marie de Varey. En 1578, celle-ci lègue ses possessions à sa fille Pierrette, épouse de François Coppier.
En 1607, Pierrette et François, sans enfants, lèguent le domaine à leur nièce Hélène de Longecombe, mariée à François de Bessac. Celui-ci, de bonne fortune, est seigneur de Grandmaison en Poitou. C’est cependant un homme visiblement lunatique et violent, qui s’attire à maintes reprises l’inimitié de ses contemporains. Hélène obtient également la séparation de leurs biens, en conséquence directe du comportement de son mari. En 1936, ce dernier règle sa succession avant sa mort, prévoyant avec Hélène de léguer conjointement leurs biens à leur fils aîné, à condition qu’il entretienne ses frères et sœurs. Le domaine revient alors à Pierre de Bessac. Hélène de Longecombe meurt quant à elle en 1666.
Quelques années plus tard, en 1678, Pierre lègue le domaine à son frère Claude de Bessac. Celui-ci a vraisemblablement hérité du caractère difficile de son père. En 1686, il achète les terres de Beaulieu à son rival, et récupère ainsi les droits complets de justice sur les terres de Varennes, dont une partie appartenait encore au seigneur de Beaulieu. Claude se retrouve cependant vite seul, veuf et isolé. Il mène un train de vie qu’il ne peut se permettre, ses charges excédant ses revenus. Il cherche alors à se défaire du domaine de Varennes.
En 1699, il le transmet ainsi aux Mathurins de Fontainebleau ([https://fr.wikipedia.org/wiki/Ordre_des_Trinitaires Ordre des Trinitaires]), via un contrat<ref>Ce contrat liste par ailleurs toutes les possessions du seigneur : description du domaine, liste des terres et leurs revenus…</ref> élaboré garantissant en contrepartie une rente pour son entretien personnel, son accueil au sein du couvent de Fontainebleau, le règlement de ses dettes et l’organisation de son enterrement. Le contrat est acté en 1703. En 1716, Claude Bessac meurt seul et sans le sou. Au XVIIIe siècle, les Mathurins ne se soucient guère du château qu’ils transforment en cour de ferme et ne fréquentent que rarement. Les bâtiments sont donc très peu entretenus, et les dommages ne se font pas tarder. A la Révolution française, le domaine appartenant à un ordre religieux, il est vendu comme bien national.
En 1791, Adam-Philibert Dampierre d’Origny, dont la famille est originaire de Champagne, rachète les terres de Varennes et le château qui s’y trouve pour 95300 livres<ref>Perraud</ref>. Il se rend également acquéreur du domaine de Beaulieu pour 27100 livres, et du Moulin de la Tour pour 25000 livres. Il entame une restauration assez globale des bâtiments, sans pour autant apporter de changement majeur au plan de l’édifice.
En 1798, à la mort d’Adam-Philibert, les terres de Varennes reviennent à son fils Jean-Claude-Antoine d’Origny. En 1822, la famille Dubief en hérite par alliance. Mr Dubief doit cependant fuir en Suisse après le coup d’état de 1852. Après sa mort quelques années plus tard, le château et son enclos sont vendus à Mr Veylon pour 28000 francs. Les terres du domaine sont vendues séparément.
En 1881, le château de Varennes revient à Mr Malassagny, officier de marine. Il est marié à une Mademoiselle Dubief, fille des anciens propriétaires, vraisemblablement fort attachée aux lieux. Ensemble, ils entament une profonde réfection de l’édifice. C’est cette restauration qui donne au château sa figure néo-gothique et son aspect de grande demeure bourgeoise raffinée. Le château reste ensuite vraisemblablement dans la même famille. C’est en tout cas toujours le cas au XXe siècle, lorsque François Perraud rédige son ouvrage sur les seigneuries du Mâconnais.
Dans les années 2000, le château est complètement laissé à l'abandon par ses propriétaires. Il n’est pas entretenu, et des parties des murs et du mobilier sont vendues. En 2009, la propriété est rachetée par la famille Megny-Marquet. Madame Muriel Megny-Marquet, architecte lyonnaise, tombe alors sous le charme de la bâtisse, et décide d’engager sa restauration et sa reconversion. Lorsque les nouveaux châtelains prennent possession des lieux, il leur faut d’abord déloger deux chiens sauvages livrés à eux-mêmes et laissés sur les lieux par l’ancien propriétaire<ref>Article du JSL, référence en fin de page.</ref>.
Dès lors, la famille n’a de cesse de redonner au château sa grandeur d'antan, l’objectif étant de faire revivre les lieux et d’y accueillir toutes sortes d'événements (mariages, concerts, festivités…). Depuis quelques années, un restaurant gastronomique s’est également installé dans une aile du château. Il est géré par Christophe Bon et Frédéric Cordier.
Outre l’architecture remarquable des lieux, il se murmure qu’un trésor serait caché dans le jardin du château<ref>Article du JSL sur les légendes et rumeurs populaires en Mâconnais.</ref>. Son origine varie selon les sources : trésor des Templiers de la commanderie de Montbellet, trésor caché de l’Ordre de la Sainte Trinité, trésor de guerre des Allemands… L’interrogation demeure.
=== Description architecturale ===