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Eglise Saint-Vincent à Chevagny-les-Chevrières

10 720 octets ajoutés, 16 janvier 2020 à 15:04
Historique
=== Historique ===
Le village de [[Chevagny-les-Chevrières]] est mentionné pour la première fois au Xe siècle (968-971) dans une charte du chapitre de Saint-Vincent de Mâcon : ''In pago Matisconense, in agro Meloniacense, in villa Cavaniaco''<ref>Rigault, Jean, Dictionnaire topographique du département de la Saône-et-Loire, 2008./ref>. Au XIIe siècle, Chevagny est cité comme obédience (''Obediencia Cavaniaci''<ref>Ibidem</ref>). Le territoire ressort à cette époque et tout au long du Moyen Age de la seigneurie de Salornay. Le nom du village ne se fixe sur [[Chevagny-les-Chevrières]] qu’au XVIIIe siècle. Il fait alors référence à l’activité principale du village: la production de fromage et l’élevage de chèvres. Dès la fin du XIXe siècle, ce toponyme est cependant contesté, l’activité principale du village étant devenue la production viticole. La municipalité et les habitants demandent à adopter le nom de Chevagny-les-Mâcon, ce qui leur est refusé.
 
La présence d’un lieu de culte à Chevagny est vraisemblablement fort ancienne. La construction de l’église actuelle, dédiée à Saint Vincent, ne semble cependant remonter qu’au XIIe siècle. L’édifice est dès lors le centre de la paroisse, et à la collation de l’évêque de Mâcon. Les dîmes vont en partie à l’abbaye de Cluny<ref>Ibidem</ref>. De cette église primitive, il ne reste aujourd’hui que la nef, les arcs de la travée sous clocher et peut-être le clocher lui-même. C’est ce-dernier qui constitue l’originalité de l’édifice : il penche fortement vers l’est, à raison de cinq centimètres par mètre, et ce depuis des siècles déjà.
 
Au XIVe siècle, la ''Curatus de Chavaigniaco''<ref>Ibidem</ref> est citée dans un pouillé, tout comme l’église Saint-Vincent, et ce pour la première fois : ''Ecclesia Chevagniaci la Chevriere''<ref>Rigault, Jean, ''Dictionnaire topographique du département de la Saône-et-Loire'', 2008.</ref>. Aux XVe et XVIe siècles, l’église est assez largement remaniée, probablement pour pallier les dommages causés par les guerres successives qui marquent le territoire. C’est à cette époque que sont bâtis le chœur gothique de l’église (qui remplace probablement l’abside d’origine) et les chapelles du transept (la chapelle nord est dédiée à Saint Vincent et celle au sud à la Sainte Vierge). Le clocher est probablement en partie repris. Ces travaux sont réalisés grâce au concours des seigneurs de Salornay, qui ont laissé leurs armoiries sur les culots des voûtes du transept. A la même époque, le château de la famille est reconstruit. En 1614<ref>Oursel, Anne-Marie et Raymond, Fiche d’inventaire départemental. </ref>, les seigneurs de Salornay se dessaisissent de leur terre, qui est rachetée par Claude Botton.
 
A l’époque de la Révolution<ref>Rebuffet, Bernard, « L’église de Chevagny est entrée dans l’histoire », ''Annales de l’Académie de Mâcon'', 1974-1975, p. 115-122.</ref>, l’église Saint-Vincent connaît l’épisode le plus remarquable de son histoire. Alors qu'elle est fermée au culte en 1790, le père Mollin, curé de Chevagny depuis près de 50 ans, prête d’abord serment à la constitution civile du clergé, poussé par la pression des autorités. Il est donc autorisé à rester à Chevagny. En 1792, l’abbé est assigné à résidence après avoir été dénoncé par le maire Lutaud pour ingérence dans les affaires publiques (la véracité de cette accusation n’étant pas vérifiée et peut-être le simple fruit d’une rivalité locale). Le curé peut cependant conserver sa charge. En 1793, le père Mollin est finalement arrêté pour avoir résisté à la levée de soldats dans le village, qu’il jugeait trop importante. Il est envoyé au couvent des Ursulines à Mâcon, qui sert alors de prison pour hommes. Il y restera pendant près de dix-huit mois. L’église est, elle, vendue comme bien national.
 
En 1795, le curé est libéré. Son répit est cependant de courte durée. En 1797, il doit de nouveau se cacher pour échapper aux persécutions qui visent alors les prêtres. Dans sa fuite, il réussit à acquérir le presbytère (en 1798) et l’église (en 1799), via des intermédiaires de son entourage. Il entend ainsi « sauver [l’église] des pillages »<ref>Ibidem</ref>. Au début du XIXe siècle, le père Mollin compte rendre l’église au culte, sous le régime du Concordat, et finir sa vie à Chevagny. Or, le village est devenu sous ce nouveau régime une simple annexe de la paroisse d’[[Hurigny]], et ne doit donc logiquement plus disposer d’un poste de curé. Le père Mollin refuse de changer de lieu d’affectation et rejette donc toutes les offres de rachat de l’église qui lui sont faites, soit par la commune, soit par l’évêché d’Autun. Le curé entend faire pression sur les autorités ecclésiastiques : s’il est autorisé à demeurer à Chevagny, il cèdera l’église à la commune à sa mort.
 
En 1804, le Père Mollin et les habitants du village sont persuadés que l’évêque va accéder à leur requête<ref>Ils envoient pour ce faire une lettre à l’évêque pour appuyer la demande du père Mollin. </ref> : ériger Chevagny en paroisse et y nommer le curé jusqu’à sa mort. La reprise du culte étant selon eux imminente, ils entreprennent de remettre l’édifice en état d’accueillir l’office. Des travaux d’entretien et de réhabilitation sont réalisés. Mais au dernier moment, une missive de l’évêque parvient au curé, lui interdisant d’officier : s’il ne cède pas immédiatement l’église à la commune, il sera démis de ses fonctions. En réalité, la fonction de l’évêque étant désormais régie par le Concordat, il n’est de toute façon pas en capacité d’accéder à la demande du prêtre, et se trouve dans une position instable entre autorité de l’état et desservant local. Le père Mollin décide donc de prendre sa retraite et renonce à officier.
 
Installé chez Mr Charvet, négociant en vin local, il tente un dernier recours, également refusé. Le vieux prêtre se renfrogne, touché dans son orgueil, et probablement peiné et effrayé à l’idée de devoir quitter le village dans lequel il a passé sa vie et son sacerdoce. Il refuse finalement de céder l’église à la commune à sa mort. L’édifice reste donc sa propriété privée qu’il entend transmettre à ses héritiers. En 1808, le curé meurt, laissant derrière lui son testament avec des dispositions précises : il laisse la jouissance de l’église à une certaine Madame Marie-Anne Fournier, à la condition que si elle la loue ou la vend, le profit doit aller au neveu du curé, héritier de ses biens.
 
Par la suite, cette dame épouse le cafetier-épicier du village, Mr Bourdon. Celui-ci récupère par cette alliance l’usufruit de l’édifice. L’église sert dès lors d’entrepôt pour le fromage qu’il vend. L’église conservera cette fonction de grange-entrepôt pendant près de cinquante ans. Les occupants n’altèrent ni n’endommagent pas l’édifice, mais ne l’entretiennent pas pour autant. Ils autorisent l’accès au clocher pour annoncer les décès au village. La population de Chevagny supporte mal de voir leur église réduite à cet état, et de devoir se rendre à Hurigny ou Prissé pour assister à l’office.
 
De 1847 à 1851, cette frustration populaire se transforme en un combat acharné pour récupérer l’église Saint-Vincent et la rendre au culte. Une souscription est d’abord lancée envers la population et est une réussite grâce au soutien de la population. Cependant, aucun accord n’est trouvé avec les propriétaires. Finalement, un décret d’expropriation est passé à l’encontre des héritiers du curé en date du 15 Avril 1851<ref>Rebuffet</ref>. La commune récupère officiellement la propriété de l’église. En 1852<ref>Oursel</ref>, l’édifice est rapidement entièrement rénové afin de pouvoir le rouvrir au culte le plus vite possible. Ces travaux, chiffrés à 3209 francs, sont réalisés sous la direction de l’architecte Berthier et impliquent une restauration globale de l’église ainsi que la surélévation de la toiture et sa réfection en laves. Le maire rachète par ailleurs le mobilier à l’église de Saint-Jean-le-Priche<ref>Oursel</ref>, fermée pour laisser place au chemin de fer. Pour 500 francs, il acquière notamment un autel de marbre, des fenêtres et une table de communion.
 
En 1861, Monseigneur Marguerye est accueilli à Chevagny et marque la réouverture officielle de l’édifice au culte. En 1863, Chevagny est érigée en succursale. En 1864, un desservant est installé au village grâce à Mr Maizod<ref>Ibidem</ref>, qui fait don d’une cure à la commune. Vers 1868, le nouveau cimetière est inauguré en dehors du bourg. L’ancien cimetière qui entourait l’église est supprimé, et les abords de l’édifice sont assainis.
 
En 1902, une nouvelle restauration générale de l’édifice est réalisée sur les plans de l’architecte Pinchard, de Mâcon. Elle est rendue possible grâce à un don de 20 000 francs d’Alphonse Michoud<ref>Oursel</ref>, propriétaire à Hurigny. Les travaux prévoient la reconstruction de la façade, la réalisation des baies néo-gothiques, la réfection de la sacristie, la surélévation des murs et la création des voûtes. La charpente et la toiture sont également rénovées. En 1976<ref>Document fourni par la mairie.</ref>, un devis est établi sur demande du maire par Mr Pierre, artisan couvreur-lavier installé à Clessé, pour la réfection de la toiture de l’église. Deux versions sont proposées, une chiffrée à 71 970.40 francs, une autre à 38 228.93 francs. La deuxième version est retenue par le conseil municipal. Mr Pierre ne pouvant pas réaliser l’entièreté des travaux à ce moment-là, une première restauration d’urgence est réalisée et évaluée à 1128.96 francs.
 
A la fin de l’année 1977, le maire organise une levée de fonds visant à financer le reste des travaux. Il obtient également une subvention de 17 962 francs de la part du département. En Novembre 1978, la rénovation de la toiture est finalement enclenchée. Le devis est actualisé pour un prix total de 45 000 francs. Il est financé par la subvention départementale, une participation de la Sauvegarde de l’Art français de 10 000 francs, et un prêt bancaire. Par la suite, plusieurs phases de travaux d’entretien sont menées par la commune. En 2019, un nouveau projet de restauration de la toiture en laves de l’église est avancé.
 
=== Description architecturale ===
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