Eglise Saint-Germain à Trivy : Différence entre versions

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Version du 20 mars 2020 à 21:31

L’église Saint-Germain est une église paroissiale romane située dans la commune de Trivy, dans le département de la Saône-et-Loire, en Bourgogne-Franche-Comté. Elle est probablement construite au XIIe siècle. Son histoire est mal connue, peu de documents sont conservés à son sujet. De l’édifice roman, il ne reste aujourd’hui que la partie orientale. Ainsi, l’abside, le clocher et la travée qui le soutient sont d’origine et ont été conservés sans remaniement important. Au XIXe siècle, l’église est reconstruite, probablement par manque de place et pour pallier les dommages accumulés au fil des siècles. La nef romane est complètement détruite, et une nef moderne bien plus vaste est construite perpendiculairement à l’église d’origine. Le chevet de cette dernière fait dès lors office de croisillon gauche du transept. La travée sous clocher est voûtée en berceau brisé, et encadrée par quatre arcs brisés. Les baies étroites de l’abside sont encadrées par des colonnes à chapiteaux sculptés, dont le style rappelle l’influence clunisienne. Il en est de même pour les modillons de la corniche de la travée sous clocher. Ce dernier est de plan carré et a possiblement été réhaussé et remanié après sa construction. En 1891, le cimetière qui entourait l’église est déplacé à l’écart du bourg. L’église a depuis été plusieurs fois rénovée et est régulièrement entretenue.

Eglise Saint-Germain (©CEP)
Adresse Au Bourg, 71520 Trivy
Coordonnées GPS 46°23'11.3"N 4°29'30.9"E
Paroisse de rattachement Paroisse des Saints Apôtres en Haut Clunisois
Protection Monuments Historiques /

Historique

Le village de Trivy est mentionné de nombreuses fois à partir du IXe siècle, dans différents actes. La première mention est faite sous le nom de Travans[1] en 885. Du IXe au XIe siècle, le toponyme des lieux est très variable : Trivis, Terviacho, Tirvis, Triviaco[2]. Le village a des origines anciennes, puisqu'une voie romaine y passait déjà et menait à l’oppidum de Suin[3]. Au Xe siècle, une première église est mentionnée au village dans une charte de l’abbaye de Cluny. Elle est déjà dédiée à Saint-Germain : Ecclesia in comitatu Augustodunensi sita, in villa Tervico, sacrata in honore Sancti-Germani confessoris[4].

L’édifice auquel appartiennent les vestiges romans encore en place aujourd’hui est vraisemblablement construit à la fin du XIIe siècle. Cette église paroissiale (du diocèse d’Autun) est alors à la collation de l’abbé de Cluny, qui est probablement à l’origine de sa construction. Elle est dédiée à Saint-Germain d’Auxerre[5]. C’est visiblement à l’époque un édifice relativement modeste, muni d’une nef unique, d’une travée sous clocher et d’une abside. Le style des éléments sculptés dénote une forte influence clunisienne[6] (chapiteaux intérieurs de l’abside, chapiteaux du clocher, modillons de la travée sous clocher).

Ce qu’il advient de l’église dans les siècles qui suivent sa construction est incertain. Il n’est plus fait mention de l’édifice, seule la paroisse est évoquée vers 1234 (In parrochia de Triviaco[7]). Le clocher semble avoir été surélevé à une date inconnue, peut-être vers le XVe ou XVIe siècle, comme d’autres dans la région. A cette occasion, un petit massif est ajouté au-dessus de la corniche d’origine et supporte une flèche en ardoise.

Au XIXe siècle, l’église romane probablement vétuste et jugée trop exiguë est en partie reconstruite, vers 1866[8]. Seul le chevet roman (clocher et sa travée, abside) est conservé et utilisé comme croisillon gauche du transept du nouvel édifice, plus vaste, construit perpendiculairement. En 1891, le cimetière qui entourait jusque-là l’église est déplacé au lieu-dit « La Vigne »[9], grâce au don d’un terrain fait par plusieurs habitants de la commune (dont le maire Mr Lacharme et des conseillers municipaux). Ce déplacement permet d’assainir les abords de l’église et le bourg du village.

En 1924[10], un marché de gré à gré est passé entre le maire de la commune Mr Aucaigne et René Dumont, charpentier-couvreur à La-Chapelle-du-Mont-de-France. La réfection du toit est alors réalisée pour 2929.60 francs. En 1925-1926, la voûte du transept est reconstruite et les enduits repris. Les travaux sont réalisés par Emile Bussière, entrepreneur à Mâcon, sur les plans d’Antoine-Philibert Noly, géomètre-architecte à Mâcon. Le devis s’élève à 17 500 francs. En 1986, l’église est également restaurée, notamment la toiture en laves du chevet roman, par laquelle l’eau s’infiltrait. La Sauvegarde de l’Art français participe aux travaux à hauteur de 20 000 francs. C’est peut-être à cette occasion que la sacristie accolée à la travée sous clocher romane est détruite[11]. En 2019, la place face à l'édifice est rénovée. L’église est désormais régulièrement entretenue et mise en valeur.

Description architecturale

GLOSSAIRE : Bourgogne Romane

L’église Saint-Germain est composée d’une nef unique rectangulaire, suivie d’un transept saillant et d’une abside en hémicycle au sud. Le croisillon gauche du transept est formé par le chevet roman (orienté vers l'est), et donc sensiblement plus grand que le croisillon droit. L’église de Trivy est un édifice sobre, bâti dans un style néo-roman.

Plan schématique par Raymond Oursel ©Archives départementales de la Saône-et-Loire

La façade de l’église Saint-Germain est de composition assez simple. Elle est ouverte par un portail en plein cintre dont le tympan est nu et dont l’arc retombe sur deux fines colonnes aux chapiteaux sculptés. Au-dessus du portail, un oculus assez large éclaire la nef. Une petite croix de pierre surmonte le pignon. Les murs gouttereaux de la nef sont ouverts de trois larges baies plein cintre chacun. Une porte est aménagée sur chaque mur, mais seule celle à l’est est ouverte, l’autre constitue une sorte de placard. La nef est suivie d’un transept saillant. Le croisillon droit est de plan carré, simplement ouvert d’une baie plein cintre similaire à celles de la nef et à celles de l’abside moderne, au nombre de trois. Le croisillon gauche constitue la vraie richesse de l’édifice, le chevet roman. Ce croisillon est formé par une travée droite et une abside en hémicycle. La travée est ouverte sur chaque côté d’une petite baie très étroite, en plein cintre. Au nord, une baie plus large s’ouvre en bas du mur (elle devait mener à la sacristie). Ces ouvertures sont encadrées par deux grands contreforts aux extrémités des murs. L’abside romane est, elle, ouverte de trois petites baies plein cintre, entre des contreforts à ressauts de faible saillie. Le clocher roman s’élève au-dessus de la travée droite. De plan carré, seul le beffroi est ouvert de baies géminées, avec retombée médiane sur double colonnette avec chapiteaux très simplement sculptés. Des dosserets courent aux angles sur la hauteur du clocher, jusqu'au niveau des baies. Celles-ci sont surmontées d’une corniche, elle-même complétée par un massif de maçonnerie ajouté à une date inconnue, vraisemblablement au même moment que la flèche en ardoise. L’église est couverte de tuiles, à l’exception des parties romanes. L’abside et les croisillons romans sont en lauzes, supportées par une corniche à modillons dont certains sont sculptés.

A l’intérieur, l’église est entièrement dallée. La nef, vaste et lumineuse, est voûtée d’un berceau surbaissé rythmé par des arcs doubleaux délimitant trois travées. Ces arcs retombent sur des pilastres peu saillants, reliés entre eux par une corniche moulurée. Le transept est surélevé par rapport à la nef. La croisée est encadrée par de grands arcs surbaissés (sauf à l’est, vers le croisillon gauche) et voûtée de même manière que la nef, tout comme le croisillon droit. L’abside moderne est quant à elle munie d’une voûte allongée. Ses baies sont inscrites dans des arcs en plein cintre qui reposent sur des colonnes aux chapiteaux (modernes) sculptés, tout comme dans le croisillon droit. Le croisillon gauche est délimité par une grille de fer forgé. La travée sous clocher est voûtée d’un berceau légèrement brisé et est encadrée par quatre arcs de même profil. Les arcs de décharge, sur les côtés, sont assez profonds et forment eux-mêmes des mini-croisillons. Ces arcs reposent sur des pilastres avec impostes à cavet. Celui qui ouvre l’abside en cul-de-four est également surmonté par un petit oculus ébrasé désormais muré. Un cordon de pierre fait le tour de la base de la voûte, et vient délimiter un décor d’arcatures : trois arcatures « principales » en plein cintre autour des baies, qui retombent sur des colonnes aux chapiteaux sculptés, et qui sont reliées par de plus petites arcatures de même profil.

Inventaire décor et mobilier[12]

  • Modillons sculptés sur la corniche de la travée sous clocher (et notamment des visages doubles)
  • Chapiteaux sculptés du clocher
  • Décor intérieur de l’abside romane (croisillon gauche) :

Chapiteaux sculptés (feuillages) de l’ensemble d’arcatures ; traces de peinture ancienne.

Pour des photos en gros plan des chapiteaux, voir la page de la Bourgogne Romane.

  • Stalles en bois de l’abside
  • Maître-autel en bois (croisée)
  • Autel latéral (chapelle droite)
  • Statuaire :

Sainte Thérèse de Lisieux (nef)

Jeanne d’Arc (nef)

Saint Joseph et l’Enfant Jésus (droite de l’arc triomphal)

Vierge à l’Enfant (gauche de l’arc triomphal)

Christ en croix (travée sous clocher)

Saint Germain d’Auxerre (droite de l’arc de l’abside)

Notre-Dame de Lourdes (droite de l’arc de l’abside)

Sacré-Cœur (chapelle droite)

Saint Blaise (gauche de l’arc de l’abside)

  • Chemin de croix
  • Plaque en l’honneur des soldats morts au combat (chapelle droite)
  • Bénitier en forme de coquillage (porte latérale gauche)
  • Vitraux modernes
  • Cloches [13] :

« Deux cloches se partagent le beffroi.

La première date de 1899 et pèse 600 kg. Elle sonne en Fa# de la 3ème octave. Elle a été coulée par Ferdinand Farnier à Robécourt.

Outre ses décors, voici son texte sur 5 lignes :

Ligne 1 : JAI ETE FONDUE EN LANNEE 1899 POUR LA PAROISSE DE TRIVY

Ligne 2 : JE MAPPELLE JEANNE MARIE THERESE

Ligne 3 : MON PARRAIN A ETE MR JEAN THEVENET DUCROUX

Ligne 4 : MA MARRAINE A ETE MME MARIE BOURGEON FEMME CLEMENT

Ligne 5 : MR LABBE MARRAUD CURE DE LA PAROISSE MA BENITE


La seconde cloche quant à elle n'est électrifiée qu'en tintements. Elle date de 1817 et pèse 230 kg. Sa note est le Si 3. Elle est l'oeuvre du fondeur Gouyot. Elle est fêlée.

Voici son texte :

Ligne 1 : LAN 1817 SIT NOMEN DOMINE BENEDICTUM. JAI EU POUR PARRAIN MR JEAN BONNETAIN DE LESSARD

Ligne 2 : JUGE AU TRIBUNAL CIVIL DE MACON ET POUR MARRAINE MARIE ANTOINETTE LEMOINE SONS EPOUSE

Ligne 3 : MR JEAN ARDET CURE ET LOUIS GUILLAUX MAIRE. RENATIS GRATIA FIDELES VOCO MORTUOS LUGEO »

Rénovations / Etat

  • Rénovations :

XIXe :

1866 : reconstruction de l’église (nouvel édifice perpendiculaire au chevet roman)

1891 : déplacement du cimetière

XXe :

1924 : réfection du toit de l’église

1925-1926 : reconstruction de la voûte du transept et reprise des enduits

1986 : mise hors d’eau de l’église (reprise de la toiture)

Destruction de la sacristie (précédemment contre la travée sous clocher)

XXIe :

Travaux d’entretien

  • Etat :

L’église est en bon état et est régulièrement entretenue.

  • Classement :

/

Actualités

Pour connaître l’actualité de l’édifice, contacter la mairie de Trivy.

L’agenda des représentations organisées à l’église est disponible en ligne sur l’Agenda Culturel :

Eglise de Trivy - Agenda Culturel

Visite

L’église est d’ordinaire ouverte. Pour organiser une visite, contacter directement la mairie.

L’édifice est à priori accessible aux personnes à mobilité réduite, via la porte principale.

Association engagée

  • L’association Les Nuits musicales de Trivy organise depuis 1997 des concerts dans l’abside romane de l’église (plusieurs fois par an).

Iconographie ancienne et récente


Crédit Photos: CEP

Plans cadastraux

Cadastre actuel, cadastre.gouv

Bibliographie

  • RIGAULT, Jean, Dictionnaire topographique de la Saône-et-Loire, 2008.

Sources

  • Oursel, Anne-Marie et Raymond, Fiche d’inventaire départemental, 1969 :

Archives départementales de la Saône-et-Loire

  • Fiche édifice de la Bourgogne Romane :

Trivy

  • Fiche édifice de la Sauvegarde de l’art français :

Eglise Saint-Germain à Trivy

  • Blog de l’abbé Tof, inventaire des cloches :

Trivy

Propriétaire / Contact

Commune de Trivy

03 85 50 26 49

commune.de.trivy@wanadoo.fr

Patrimoine local et/ou folklore

  • Un espace pique-nique a été aménagé juste à côté de l’église.

Site autour de la découverte de la science et du développement durable, ouvert au grand public et principalement à destination des jeunes et des scolaires.

Site officiel

Ancienne église paroissiale romane dont la construction pourrait remonter au XIIe siècle.

Désacralisée en 2013, elle sert désormais de salle culturelle, grâce au soin et à l’organisation de l’Association Arts, Sites et Traditions de Meulin.

Notes et références

  1. Rigault, Jean, Dictionnaire topographique du département de la Saône-et-Loire, 2008.
  2. Ibidem
  3. Wikipays
  4. Rigault
  5. Saint Germain d’Auxerre : né vers 378 à Appoigny, il est fonctionnaire de l’empire romain et nommé sixième évêque d’Auxerre en 418. Reconnu pour avoir été l'évangélisateur de l'Auxerrois et de la Bretagne insulaire, il est fêté le 31 Juillet.
  6. Sauvegarde de l’art français.
  7. Rigault
  8. Sauvegarde de l’art français.
  9. Il est clôturé en 1893.
  10. Oursel, Anne-Marie et Raymond, Fiche d’inventaire départemental.
  11. Elle est encore en place en 1969 lorsque le couple Oursel fait son inventaire.
  12. L’église ne possède pas de mobilier ancien
  13. Inventaire de l’abbé Tof