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Eglise Saint-Hippolyte à Bonnay

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Historique
=== Historique ===
Le village de [[Bonnay]] fait partie de la [http://www.sitesclunisiens.org/ Fédération des sites clunisiens]. Il a des origines très lointaines. Des vestiges gallo-romains<ref>Fiche Wikipays</ref> ont notamment été retrouvés sur le territoire de la commune. C’est par exemple le cas d’une ancienne voie romaine, au hameau d’Aynard. Ce hameau est à l’époque le siège d’une villa gallo-romaine<ref>Voir sur le hameau d’Aynard et les bords de la Guye : [http://www.saint-hippolyte-71.org/les-bords-de-guye/ Article de l'association de sauvegarde]</ref>, un centre d’activité et de peuplement. Bonnay est cité pour la première fois en 980 (''Belnadum''<ref>Rigault, Jean, ''Dictionnaire topographique du département de Saône-et-Loire'', 2008.</ref>), lorsque Nardouin et sa femme font don des terres du bourg à l’abbaye de Tournus. Les hameaux d’Aynard et de Saint-Hippolyte sont par la suite donnés à l’abbaye de Cluny<ref>Respectivement aux Xe et Xe siècles.</ref>, ce qui place le village dans une situation particulière, entre l’influence des deux abbayes. Bonnay est par la suite cité de nombreuses fois dans différents actes et documents. Au XIVe ou XVe siècle, l’''Ecclesia de Bonnayo''<ref>Rigault</ref> est mentionnée dans un pouillé. Il s’agit là de l’ancienne église Sainte-Marie, dont il ne reste aujourd’hui qu’un fragment du gouttereau nord, en ''opus spicatum''. Bonnay récupère les paroisses d’Aynard et de Saint-Hippolyte au XVIIe ou XVIIIe siècle, puis Besanceuil en 1867.
 
Le hameau de Saint-Hippolyte est d’abord la propriété des seigneurs de Brancion, les Gros. Ceux-ci sont installés à Bonnay et Aynard et y ont établi au Xe siècle un domaine important, au cœur de la vallée de la Guye. Leurs serfs sont alors installés à Saint-Hippolyte. A la fin du Xe siècle, Josseran Gros donne une église située à Saint-Hippolyte à l’abbaye de Cluny, pour le salut de son âme, sa dernière heure étant arrivée. Au cours du XIe siècle, Cluny récupère les terres sur lesquelles se trouve l’édifice grâce à un ensemble de dons et d’acquisitions. L’abbaye fonde son propre domaine, dont l’église et les bâtiments attenants sont le centre.
 
A la fin du XIe siècle, l’église Saint-Hippolyte est reconstruite. Elle est mentionnée dans une bulle papale de 1095 ce qui permet d’avancer une datation rarement aussi précise pour les édifices de cette époque. Les ruines que l’on observe aujourd’hui sont celles de cette reconstruction romane. A l’époque, l’église sert aux habitants des terres ainsi qu’aux moines de la petite communauté installée en doyenné pour gérer les propriétés foncières de l’abbaye dans les alentours. Les terres de Saint-Hippolyte font dès lors partie de l’organisation agricole de l’abbaye, et de son système de maillage du territoire. Située sur les hauteurs de la vallée de la Guye, sa position stratégique et ses dimensions impressionnantes permettent aux moines d’ajouter un point de contrôle sur les terres environnantes, et d’inscrire dans l’esprit de la population l’autorité spirituelle et temporelle de l’abbaye. Cela est particulièrement important dans le sens où les possessions de l’abbaye sont enclavées au milieu de celles des Gros, ce qui entraîne de nombreux conflits.
 
En 1105, Saint-Hippolyte est citée comme obédience dans la charte 3829 de l’abbaye de Cluny : ''obedientia de Sancto Ypolito''<ref>Rigault</ref>. C’est un doyenné assez important, comme le suggère la visite du pape Pascal II<ref>Méhu, Didier, ''Paix et communautés autour de l'abbaye de Cluny - Xe-XVe siècle'', Aubenas, PUL, 2001.</ref> lors de sa venue en France. Il donne alors raison à l’abbé de Cluny face au seigneur d’Uxelles, Landry Gros, qui avait installé un péage au hameau d’Aynard, quasi seule voie d’accès aux terres via et vers Cluny. Le pape déclare que tous les voyageurs allant à ou venant de Cluny doivent être exempté de péage. Saint-Hippolyte fait au XIIe siècle partie intégrante de l’organisation clunisienne<ref>Défontaine, Patrick, ''Recherches sur les prieurés réguliers, monastiques et canoniaux des anciens diocèses de Chalon et Mâcon : (Xe - XIVe siècles)'', thèse de doctorat, Dijon, 2013.</ref>. Ainsi, le doyenné compte sept moulins, trois paroisses, des maisons et des granges. Il fournit l’abbaye en bois, céréales et vin. Son activité d’élevage est également assez importante. La production est variable, mais le domaine est étendu<ref>Méhu</ref>. Trois quarts de la production sont acheminés à l’abbaye trois fois par an, la saint Martin (11 novembre), à la saint Vincent (22 janvier) et à la saint Jean-Baptiste (24 juin). Le reste de la production est vendu ou consommé sur place.
 
En 1207, des fortifications sont déjà mentionnées à Saint-Hippolyte, mais sont vraisemblablement restreintes<ref>Défontaine</ref>. En 1214, le roi confirme la possession exclusive des lieux par les moines de Cluny, les seigneurs Gros reconnaissent l’abbaye comme seule propriétaire des lieux et renoncent à toute prétention sur les terres. L’abbaye organise par la suite les terres en paroisse : ''Parrochia de Sancto-Ypolito''<ref>Rigault</ref>. Après cette décision, l’église est fortifiée. Le clocher est notamment englobé dans un grand massif rectangulaire (deux extensions latérales munies d’archères), et le mur nord de la nef est prolongé par un rempart qui se termine par une tour circulaire<ref>Salveque, Jean-Denis (dir.), ''Itinérance autour des doyennés clunisiens et du ban sacré - Circuit découvertes sur les pas des moines de Cluny'', FAPPAH, 2016.</ref>. C’est un exemple unique de fortification dans la région, qui sert de prototype pour la fortification de nombreuses églises rurales de la région<ref>Cayot, Fabrice, « La fortification des églises rurales en Bourgogne. », In : ''Chastels et Maisons fortes, III'', Centre de castellologie de Bourgogne, p. 147-180, 2010.</ref>. L’église Saint-Hippolyte a dès lors un plan intéressant, entre église monumentale et édifice défensif : vaste nef avec collatéraux dont le mur nord est fortifié, suivie d’un transept supportant le clocher inclus dans un grand massif de maçonnerie rectangulaire avec archères, puis abside et absidioles. Saint-Hippolyte semble dès lors faire partie du système défensif clunisien. Toutefois, les capacités défensives du site semblent être moindre, et plus une question de dissuasion. En 1319 déjà, Saint-Hippolyte est en tout cas citée comme ''Castrum Sancti-Hypoliti''<ref>Rigault</ref>.
 
A la fin du XVe siècle, l’église Saint-Hippolyte est déjà en partie ruinée, sans que l’on sache réellement pourquoi : la voûte de la nef et des collatéraux est dite écroulée dans un terrier de 1481. Les moines de Cluny ont déjà quittés les lieux. Plusieurs hypothèses expliquent cette destruction. La plus plausible est celle de la visite des « Ecorcheurs », en 1441, dans le contexte de la Guerre de Cent Ans. Après avoir séjourné au doyenné, ils auraient mis à sac les lieux. Au XVIe siècle, la ruine est vraisemblablement aggravée par le manque d’entretien, et peut-être également par les troubles des Guerres de Religion. Au début du XVIe siècle déjà, le domaine de Saint-Hippolyte est affermé, et rapporte peu de revenus. A la fin du siècle, l’abbé Claude de Guise vend finalement les terres et biens à un propriétaire privé. En 1609, un dénombrement rend compte d’un édifice ruiné que le nouveau propriétaire n’entretient pas. Seul le clocher est encore debout. Par la suite, le transept et le chœur sont utilisés comme chapelle, après avoir condamné l’accès à la nef ruinée. La messe a lieu le lundi.
 
A la fin du XVIIe siècle, l’église Saint-Hippolyte est annexée à l’église paroissiale de Bonnay. En 1746, une visite pastorale ayant lieu au village rend compte de la ruine avancée de l’ancien doyenné, et de l’édifice roman dans lequel il pleut. En 1780, le chœur est néanmoins toujours utilisé comme chapelle, au grand désarroi du curé de Bonnay. A la Révolution, Saint-Hippolyte devient brièvement Mont-Verrier, et le culte cesse. Aux XIXe et XXe siècles, l’église sert de remise agricole où le propriétaire entrepose du foin. En 1913, le site est classé en tant que Monument Historique, afin de le protéger. En 1927, le clocher est consolidé. Dans les décennies qui suivent, l’église est cependant de nouveau laissée à sa ruine, la végétation reprend le dessus et menace l’édifice de destruction totale.
 
Dans les années 1970, l’association de chantiers bénévoles REMPART entame une première restauration, en partenariat/sous la supervision des Monuments Historiques. De 1971 à 1979, grâce notamment à l’association « Sauvegarde et Mise en Valeur du Prieuré de Saint-Hippolyte » nouvellement créée, des chantiers successifs sont organisés afin de réaliser les travaux les plus urgents et de consolider ce qu’il reste de l’édifice<ref>Détails de ces travaux : [http://www.saint-hippolyte-71.org/les-premiers-chantiers-de-1971-a-1990/ Premiers chantiers]</ref>. C’est notamment lors de cette première phase de travaux que le sol de la nef est dégagé sur une profondeur de deux mètres. Vers 1979-1980, le clocher est restauré par une entreprise privée, sous la direction de Michel Jantzen, architecte en chef des Monuments Historiques. Des relevés détaillés (plans, coupes) sont effectués par l’architecte J. Beaubernard<ref>Association de Sauvegarde</ref>. En 1990, c’est au tour des peintures murales du chœur d’être restaurées. Un stage de cinq jours mené par des bénévoles permet alors le relevé des vestiges de peintures murales, la consolidation d’urgence du mortier et la fixation des peintures. Ce stage est effectué sous la direction d’Anne Féton, restauratrice ayant déjà œuvré à l’église de Burnand.
 
Les travaux sont ensuite stoppés pendant plusieurs années, faute de moyens. En 2003, la commune rachète le site pour un euro symbolique. L’[http://www.saint-hippolyte-71.org/ Association pour le renouveau de Saint-Hippolyte] est également créée. Celle-ci assure dès lors la restauration et la mise en valeur du site, en s’appuyant sur les travaux de recherche des archéologues (Patrick Ferreira et Franck Chaléat). Le concours de la municipalité et de l’association permettent le sauvetage de l’édifice. Les chantiers REMPART reprennent cette même année, et se poursuivent encore aujourd’hui<ref>Détails de ces travaux : [http://www.saint-hippolyte-71.org/les-chantiers-du-renouveau-a-partir-de-2003/ Chantiers à partir de 2003]</ref>. Ils ont permis de sécuriser et restaurer le site, tout en le rendant accessible aux visiteurs et en garantissant son entretien régulier.
 
Les ruines de Saint-Hippolyte et du logis du doyen sont un bel exemple d’art roman. L’association a plusieurs projets visant à préserver cet héritage. Le plus actuel est celui de finir la restauration des toitures en laves du clocher. Une collecte<ref>[https://www.fondation-patrimoine.org/les-projets/doyenne-saint-hippolyte-a-bonnay-commune Fondation du Patrimoine] </ref> de fonds a été organisée dans ce but via la Fondation du Patrimoine. A plus long terme, l’association espère pouvoir organiser la restauration et l’ouverture du portail nord de la nef, ainsi que le dégagement et la consolidation des peintures murales.
 
 
*'''Folklore et légendes :'''
 
Les ruines de Saint-Hippolyte seraient encore aujourd’hui un lieu de pèlerinage des Blancs<ref>Pastorale du tourisme 71.</ref>.
 
Légendes et traditions : [http://www.saint-hippolyte-71.org/legendes-et-traditions/ Article sur le site de l'association]
 
*'''Saint Hippolyte, selon la Pastorale du Tourisme 71 :'''
 
''« […] soldat romain du IIIe siècle qui fut chargé de la surveillance en prison du diacre saint Laurent. Édifié par la conduite de ce dernier, il se convertit au christianisme et fut baptisé par Laurent avec les dix-neuf personnes de sa maison. Il fut martyrisé à cause de sa foi vers 258, à Rome. »''
 
=== Description architecturale ===
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