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Eglise Saint-Etienne à Chiddes

Révision datée du 20 février 2020 à 10:15 par CEP (discussion | contributions) (Historique)

L'église Saint-Etienne est située dans la commune de Chiddes, dans le département de la Saône-et-Loire, en Bourgogne-Franche-Comté. Sa construction pourrait remonter au milieu du XIIe siècle. Son histoire reste mal connue car l’église n’apparaît dans un pouillé (registre ecclésiastique) qu’en 1513, en tant qu’annexe de Pressy-sous-Dondin. Chiddes ne devient commune qu’en 1889. L’église suit le plan typique des églises romanes de village, à ceci près qu’elle possède un transept apparemment d’origine, et présente une sobriété et une modestie à la fois usuelle et révélatrice de son statut. Peu d’informations existent sur l’édifice dans les siècles qui suivent. Toujours est-il qu’à la fin du XVIIe siècle, le rapport de visite de l’archiprêtre du Rousset le décrit comme étant dans un état déplorable. De 1861 à 1863, l’église – jugée indispensable pour les habitants ne pouvant pas se déplacer jusqu’à Pressy-sous-Dondin – est entièrement rénovée. La nef est ainsi reconstruite sur les bases romanes et la sacristie moderne est accolée à l’abside. Ces restaurations semblent respecter le plan originel (à l’exception de la sacristie) et forment un ensemble homogène avec les parties anciennes. De l’édifice roman, l’église actuelle garde son abside, le clocher et la travée qui le soutient, ainsi que des parties des bras du transept. Le clocher, dont l’étage supérieur est orné d’ouvertures trigéminées comme celui d’Ameugny, était jusqu’au XIXe siècle couvert d’une pyramide maçonnée. L’église est inscrite au titre des Monuments Historiques depuis 2018. Elle possède par ailleurs une cloche classée datée de 1514.

Eglise Saint-Etienne (©CEP)
Adresse Au Bourg, 71220 Chiddes
Coordonnées GPS 46°27'25.0"N 4°30'52.0"E
Paroisse de rattachement Paroisse des Monts du Charolais
Protection Monuments Historiques Inscrite en 2018

Sommaire

Historique

La villa de Chiddes est mentionnée de nombreuses fois entre 920 et 1020, dans différentes chartes de l’abbaye de Cluny. En 940, le comte de Nevers et son épouse attribuent la villa à l’abbaye[1]. L’appellation des lieux varie d’un texte à l’autre [2]: in villa Cadias (vers 932), a Chediis (seconde moitié du Xe siècle), Keitidas (vers 959), Hedias (vers 975). Le toponyme ne semble se fixer sur Chiddes qu’au XIVe siècle. Avant 1789, le village n’est jamais désigné comme paroisse. En 1790, la commune est créée, avant d’être rapidement supprimée en 1793, Chiddes étant rattachée à la commune voisine de Pressy-sous-Dondin. Chiddes est finalement de nouveau établie en tant que commune par décret du 20 juillet 1889. Si la population a fortement diminué depuis le XIXe siècle, le village n’en est pas moins dynamique. L’activité principale de la commune est de nature agricole, mais le secteur du tourisme est en développement (plusieurs gîtes se trouvent notamment sur le territoire du village).

L’église de Chiddes n’est mentionnée pour la première fois que dans un pouillé de 1513, sous le vocable actuel de Saint-Etienne. Elle est à la collation de l’évêque de Mâcon. S’il est impossible de dater l’édifice précisément, l’usage de l’arc brisé, la maçonnerie en moyen appareil soigné et le fort ébrasement intérieur des baies anciennes semblent concorder avec une construction au milieu du XIIe siècle. Cette fondation tardive pourrait s’expliquer par le statut particulier de l’église, jamais paroissiale[3], mais visiblement une simple annexe dès l’origine, dont la construction aurait été motivée par une commodité d’usage, au centre d’un groupe d’habitat[4].

L’église Saint-Etienne est de taille modeste, mais néanmoins de bonne facture. Elle est encore aujourd’hui entourée du cimetière communal. L’édifice a été relativement peu remanié au fil des siècles et a conservé son plan d’origine (outre l’ajout de la sacristie). Font partie de la construction romane : le bras nord du transept (hormis la partie supérieure du mur extérieur), le début du bars sud (la limite est bien visible de l’intérieur, grâce aux variations visibles dans l’enduit), l’abside, la croisée, le clocher et les bases de la nef (la limite est également visible de l’intérieur).

Si peu de documents nous sont parvenus au sujet de l’édifice, quelques sources nous apportent tout de même des indications sur le devenir de l’église après sa construction. Au début du XVIe siècle, on sait que la pyramide du clocher est reprise, et une cloche neuve installée. Cette cloche, datée de 1514, est classée objet historique depuis 1935 et déposée dans la nef. En 1675, une visite pastorale menée par l’archiprêtre du Rousset rend compte d’une église dans un état de délabrement avancé, dont le tabernacle est « peu décent »[5]. En 1699, une autre visite mentionne deux chapelles (chapelle Notre-Dame et chapelle Saint-Laurent) et précise que le chœur et la voûte sous clocher sont peints. Au début du XVIIIe siècle, des travaux d’aménagement du chœur sont réalisés, et du mobilier neuf est installé (autel, grille de communion…). En 1746, une visite de l’évêque fait état d’une nef ni voûtée, ni lambrissée, et du délabrement de la voûte du sanctuaire, qui est fendue.

Les remaniements majeurs de l’église n’interviennent qu’au milieu du XIXe siècle. En 1861, le maire de l’époque, Mr de Longeville, rend compte de l’état déplorable dans lequel se trouve l’église. De nombreux paroissiens n’ayant pas la force ni la possibilité de se rendre à Pressy-sous-Dondin, il juge nécessaire de restaurer au plus vite l’édifice, et consent pour ce faire à avancer la somme nécessaire aux travaux. Les plans de la rénovation sont donc dressés par Jean Loron, architecte de Saint-André-le-Désert. Les travaux sont réalisés par Jean Machillet, entrepreneur à Saint-Christophe. Le programme est large et assez vague. Au final, certaines parties de l’église sont reconstruites (parties supérieures de la nef, parties des bras du transept...), la porte du clocher et certaines baies (au sud) sont agrandies, et la couverture du clocher en maçonnerie est remplacée par une couverture en ardoises. Les voûtes de la nef sont également refaites.

En 1927, le clocher de l’église Saint-Etienne est inscrit au titre des Monuments Historiques. Au cours du XXe siècle, des travaux d’entretien sont menés à différentes reprises, et une sacristie est ajoutée contre le dos de l’abside. La porte y donnant accès remplace une baie axiale d’origine, et les baies latérales de l’abside sont dès lors encastrées dans la petite construction moderne.

Depuis le début des années 2000, l’église fait l’objet d’un soin constant de la part de la commune et de ses habitants, malgré leurs moyens très réduits. En 2010, la commune accueille une équipe d’étudiants en architecture hongrois, de l’université de Budapest. Au cours de l’été, ils dressent les plans de l’édifice sous la direction de leur professeur. Ces plans serviront à la réfection de la toiture de l’église (transept nord), menée en 2018 après une longue préparation. Ces travaux sont portés par la municipalité et par l’Association pour la Valorisation de l’Eglise de Chiddes (AVEC 71), en particulier Mr Philippe Roux. Les travaux sont confiés à un lavier local, Martin Muriot, et réceptionnés en août 2018. La facture s’élève à 23 550 euros, financée de la sorte : 20 % en subvention DETR (Dotation d’Equipement des Territoires Ruraux), 29,50% en subvention du conseil départemental, 9 400 euros de la souscription lancée par l’association AVEC 71, 2000 euros d’abondement par la fondation du patrimoine, et un reste à charge d’environ 490 euros pour la commune.

Fin 2018, l’église est inscrite au titre des Monuments Historiques dans sa totalité.

Anecdote :

Un petit film, "Le chant des pierres" a été financé par l'association.

Il présente le chantier de restauration de la couverture en laves du transept nord de l'église de Chiddes : Lien Vimeo

Description architecturale[6]

GLOSSAIRE : Bourgogne Romane


Bien orientée vers l’est, l’église Saint-Etienne est typique des petits édifices romans de la région et forme un ensemble homogène, bien qu’elle ait été en partie remaniée au XIXe siècle. Elle se compose d’une nef unique rectangulaire, suivie d’un transept peu saillant et d’une abside (à laquelle on a accolé une sacristie moderne). L’édifice est entièrement construit en grès, mais les différences dans l’appareil permettent de distinguer les différentes phases de construction. Les parties romanes sont ainsi bâties en moyen appareil, assez régulier (au moins pour le parement), le chaînage d’angle et les arcs sont constitués de moellons de très bonne facture. Les parties reconstruites au XIXe siècle sont en appareil plus petit, avec des moellons à peine dégrossis (partie supérieure de la nef notamment).

Plans ©CEP

Toute utilisation des plans à titre de documentation ou de restauration de l'édifice est autorisée. Toute autre utilisation à titre commercial ou à titre de publication est soumise à l'autorisation stricte du CEP, agissant comme maître d'ouvrage et propriétaire des droits.


La façade de l’église est très simple. Une petite porte en plein cintre permet d’accéder à l’édifice. Elle est surmontée par une baie allongée également en plein cintre, en dessous d’une étroite meurtrière éclairant les combles. La pointe du pignon est coiffée d’une petite croix de pierre. La modeste nef est ouverte de deux baies plein cintre par gouttereau, assez étroites, de datation différente. Les deux phases de construction sont facilement identifiables en observant les baies : les baies romanes sont de petites ouvertures avec un fort ébrasement intérieur et un ébrasement extérieur quasi inexistant ; les baies modernes ont des ébrasements modestes, quasi identiques, et sont un peu plus larges. Pour tout l’édifice, les baies au nord n’ont pas été modifiées, celles au sud ont été reprises. Le transept de faible saillie suit la nef. Il est ouvert d’une baie étroite de chaque côté. Le clocher carré s’élance au-dessus de la croisée. C’est un clocher en réduction, très modeste, plus étroit que la travée qui le supporte. Il est composé de deux étages, séparés du soubassement par un cordon de pierre muni de quelques modillons nus. Le niveau inférieur est muni de deux baies plein cintre aveugles sur chaque face. Le niveau supérieur est quant à lui ouvert de baies triples en plein cintre, dont les ouvertures reposent sur des colonnes courtes et solides, aux chapiteaux grossièrement sculptés (un chapiteau sur chaque bord, quatre au centre sur deux paires de colonnes jumelles, jointées). Le clocher est coiffé d’une flèche octogonale moderne en ardoise, supportée par une corniche à modillons nus. L’abside en hémicycle complète l’édifice à l’est. Elle est assez ramassée et ouverte de deux baies encastrées dans la sacristie attenante. Une petite baie similaire surmonte la toiture de l’abside et éclaire le chœur. L’abside et le transept sont couverts de laves, tandis que la nef et la sacristie ont une toiture en tuiles.

A l’intérieur, la petite nef de deux travées est entièrement dallée. Elle est voûtée de croisées d’ogives retombant sur des culots nus. A l’origine, la nef ne devait pas être voûtée, puisque les gouttereaux ne sont pas munis de contreforts. Les murs intérieurs de la nef laissent paraître une construction en petit appareil, sur environ 1m50 de hauteur. Le reste des murs est couvert d’enduit. A l’ouest, la porte d’accès au clocher est ouverte dans la profondeur du mur. A l’est, le chœur succède à la nef. Surélevé d’une marche, il en est séparé par une grille de communion en fer forgé. La travée sous clocher est voûtée en berceau brisé, et encadrée par quatre arcs aigus et épais. Ceux au nord et au sud, très profonds, forment les petits croisillons du transept. Ils sont également voûtés en berceau brisé, perpendiculairement à la nef. Au sud, l’enduit plaqué sur le mur du croisillon permet de discerner la partie romane (inférieure) de la reprise moderne. L’abside suit directement la croisée à l’est. Elle est voûtée en cul-de-four brisé. Au centre, la porte d’accès vers la sacristie est percée à l’emplacement d’une baie ancienne.

Inventaire décor et mobilier

  • L’édifice roman était entièrement peint[7]. De ces peintures, il ne reste aujourd'hui que des traces d’un badigeon rose-rouge sur l’arc de l’abside, et des traces d’un badigeon gris-bleu avec faux appareil blanc sur le revers de l’arc triomphal, au-dessus d’un badigeon rose-rouge.
  • Décor du clocher :

Baies trigéminées avec colonnettes sur chapiteaux sculptés (un à chaque bord, quatre au centre, en grès fin et dur), avec motifs simples mais variés, datant du XIIe siècle. Ces baies sont semblables à celles de l’église d'Ameugny.

  • Tailloirs du grand arc, décorés d’un rang de perles
  • Statues :

Le Sacré-Cœur (droite de l’arc triomphal)

Notre-Dame-de-Lourdes (gauche de l’arc triomphal)

Saint Etienne

  • Tabernacle (transept) du XIXe siècle, en bois doré
  • Autel du XVIIIe siècle (1718), peint d’un calice et de deux blasons : à gauche, blason de la famille La Guiche (« de sinople au sautoir d’or ») ; à droite, blason des de Langeac (« d’or à trois pairs de vair »)
  • Plaque commémorative des soldats morts au combat (nef)
  • Chemin de Croix
  • Confessionnal en bois (transept)
  • Dalles funéraires
  • Grille de communion en fer forgé, du XVIIIe siècle
  • Bénitier encastré (à gauche de l’entrée)
  • Cloche datée de 1961 (en fonctionnement)
  • Cloche de 1514, classée objet historique en 1935, déposée dans la nef.

Rénovations / Etat

  • Rénovations :

XIXe :

1863 : restauration générale de l’édifice, reconstruction de certaines parties

XXe :

Travaux d’entretien. Ajout de la sacristie.

XXIe :

Travaux d’entretien.

2018 : Rénovation du toit de l’église (transept nord).

  • Etat :

L’église fait l’objet d’un soin constant de la part de la commune, de l’association de sauvegarde qui lui est dédiée, et des habitants de Chiddes. L’intérieur de l’édifice aurait cependant besoin d’être restauré (infiltrations, fissures, vétusté…).

  • Classement :

L’église Saint-Etienne est inscrite au titre des Monuments Historiques depuis 2018.

Actualités

Pour suivre l’actualité de l’édifice, contacter directement la mairie.

Visite

L’église Saint-Etienne est d’ordinaire ouverte, et donc libre de visite.

Pour plus de renseignements, contacter la mairie.

L’église est à priori accessible aux personnes à mobilité réduite, en passant par l’entrée principale du cimetière, du côté du chevet (il n’y a qu’une très légère marche à la porte d’entrée).

Association engagée

  • Association pour la Valorisation de L'Eglise de Chiddes (« AVEC71 ») :

Association qui s’occupe de l’entretien et de la mise en valeur de l’église de Chiddes.

Iconographie ancienne et récente

Collection privée de Monsieur Luc Denis
Collection privée de Monsieur Luc Denis


Crédit Photos: CEP

Plans cadastraux

Cadastre actuel, cadastre.gouv

Bibliographie

  • GUERREAU, Alain, Notes d’observation, 2010.
  • RIGAULT, Jean, Dictionnaire topographique du département de la Saône-et-Loire, 2008.
  • VIREY, Jean, Les églises romanes de l’ancien diocèse de Mâcon, Mâcon, Protat, 1935, 474p.

Sources

  • Oursel, Anne-Marie et Raymond, Fiche d’inventaire départemental, 1969 :

Archives départementales de la Saône-et-Loire

  • Documents fournis par la mairie.
  • Fiche édifice de la Bourgogne Romane :

Chiddes

  • Fiche édifice de la Bourgogne Médiévale :

Chiddes

  • Documents internet.
  • Plans et rapport de relevés architecturaux réalisés en 2010 par une équipe d’étudiants hongrois de l’université de Budapest.

Propriétaire / Contact

Commune de Chiddes

03 85 59 68 10

mairiechiddes@wanadoo.fr

Patrimoine local et/ou folklore

Eglise partiellement romane dont les parties les plus anciennes (l’étage inférieur du clocher et la travée qui le supporte) remontent au XIIe siècle. L’église de Chiddes était une annexe de celle de Pressy-sous-Dondin, et les deux communes étaient jointes jusqu'en 1889.

Eglise romane construite en deux phases, aux Xe et XIIe siècles. Elle a été peu remaniée au fil des siècles.

Notes et références

  1. Guerreau, Alain, Notes d’observation, 2010.
  2. Rigault, Jean, Dictionnaire topographique du département de la Saône-et-Loire, 2008.
  3. En tout cas pas jusqu’à la fin du XIXe siècle.
  4. Ce statut particulier n’est pas inédit mais tout de même rare : un édifice religieux centre d’habitat sans pour autant être paroisse. On peut citer un cas similaire à Ougy. (Guerreau)
  5. Oursel, Fiche d’inventaire départemental.
  6. Description en partie réalisée à partir des notes d’Alain Guerreau.
  7. Guerreau, Alain.