Elevage région Matour

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Généralités : Les rapports avec les animaux : « La plupart des paysans s’honoraient de bien traiter leurs animaux. Je me souviens que mon grand-père Sivignon traitait ses animaux avec un certain respect. Il n’aurait pas accepté que quelqu’un se mêle de donner un coup de bâton à l’une de ses vaches. D’autres, moins sentimentaux, avaient des comportements à la limite de l’acceptable. … En quelque sorte, ces animaux ne vivaient que pour les services qu’ils pouvaient rendre, tous sentiments affectifs étant exclus. Cette attitude était heureusement peu répandue. » p. 87, in « Un peu d’Histoire locale », manuscrit de Henri LATHUILLERE Remèdes pour les animaux : Recette magique pour lutter contre la Brucellose, ou maladie de l’avortement (des vaches) : ‘si t’as l’avortement, t’encrotes (tu enterres dans un crot, un trou) le dernier veau mort devant la porte de l’écurie (de vaches, c’est-à-dire l’étable)’. Note G.Thélier, entretien avec Eugène VOUILLON du 10.07.2003 L’évolution de l’Elevage : « Jusqu’à la première moitié du XXe siècle, les paysans ne possédaient que 3 ou 4 vaches. Elles étaient utilisées essentiellement à des fins domestiques, et comme bêtes de trait, car la majorité du terrain était en culture et en bois. L’élevage et la mise en prés débutèrent après la Seconde Guerre Mondiale, pour faire face à la diminution de main d’œuvre. Dans les années 1960, il s’agissait essentiellement de production laitière. En 1984, les quotas laitiers incitèrent les exploitants à se spécialiser dans la production de viande. Le terrain moins fertile fit généralement préférer l’élevage allaitant (le veau est élevé sous la mère, dans les prés) à l’embouche (engraissement du bétail plus âgé, pratiqué dans le Brionnais où les prairies sont grasses). Le Charolais, demandant moins de travail et de main d’œuvre, s’imposa. Aujourd’hui, une exploitation peut avoir environ 120 têtes de bétail dans les prés. L’hiver, les mères et les jeunes d’élevage peuvent être 80 à l’étable. Quant aux exploitations laitières, elles peuvent compter 30 à 40 laitières. » in « L’élevage, le triomphe de la Charolaise», panneau d’exposition de la Maison du Patrimoine de Matour, de Gérard THELIER, 2000 « La vache et le bocage : L’aspect bocager actuel du canton (de Matour) résulte en grande partie de l’élevage. Les quelques champs cultivés y concourrent essentiellement à l’alimentation du bétail. Partout, la Charolaise blanche, au poil laineux, est reine du paysage. Cette race assez rustique, élevée pour sa viande, est présente pratiquement toute l’année dans les prés, sauf pendant les plus grands froids. Les veaux, élevés sous la mère, profitent également de cette liberté quasi totale. Les jeunes taueaux sont regroupés dans des prés séparés. On peut aussi rencontrer à la belle saison, dans certains prés proches des exploitations, des laitières de différentes races : Salers à la robe brune, Montbéliard blanches tâchetées de brun, Normandes à la robe noire et blanche. » in « L’élevage, le triomphe de la Charolaise», panneau d’exposition de la Maison du Patrimoine de Matour, de Gérard THELIER, 2000 Histoire chronologique : - Entre les 2 guerres : « Les jeunes commis étaient très bon marché. Le travail était là, mais on n’était pas payé… » in « modernité », synthèse Barbara MONTORIO, d’après K7 n°7, Francisque LAPALUS, Mme LAPALUS - Avant la Seconde Guerre Mondiale : « En règle générale, on possédait 3 ou 4 vaches, 3 ou 4 chèvres, 3 ou 4 cochons et une truie. Certains s’étaient spécialisés dans l’élevage des truies, sinon les gens achetaient 2-3 cochons au printemps pour les revendre ensuite au mois de mars de l’année suivante. Une modification en faveur de l’élevage s’est faite par la suite. » in « modernité », synthèse Barbara MONTORIO, d’après K7 n°1, Mme BACOT, Mme CROZET, Eugène VOUILLON - Après la Seconde Guerre Mondiale : « L’élevage a débuté après la Seconde Guerre Mondiale, même s’il faut noter que les vaches étaient présentes avant, pour un usage domestique, et comme animaux de trait. » in « élevage », synthèse Barbara MONTORIO, d’après K7 n°8, Francisque LAPALUS, Mme LAPALUS, Mme CROZET « Après la guerre, la situation change, les gens partent en ville, les bras manquent, on ne pouvait plus travailler de la même façon. » in « modernité », synthèse Barbara MONTORIO, d’après K7 n°7, Francisque LAPALUS, Mme LAPALUS - Jusqu’aux années 1960 : « Les Matourins ramassaient des fougères pour mettre sous les vaches. » in « modernité », synthèse Adrienne BLATTEL, d’après K7 n°12, Mme BACOT, François NESME, Eugène VOUILLON, Marius VOUILLON « Au début, les produits laitiers étaient plus nombreux dans les années 1960, pour faire face à la diminution de main d’œuvre… La solution pour beaucoup a été de mettre en prés et d’agrandir le cheptel. On a commencé à se spécialiser. Cela a été très vite, et le résultat est visible maintenant. » in « élevage », synthèse Barbara MONTORIO, d’après K7 n°7, Francisque LAPALUS, Mme LAPALUS - Années 1970 : « la vache charolaise est utilisée dans les débuts de la production laitière ; elle est supplantée peu à peu par des vaches laitières, des pis noirs… » in « élevage », synthèse Barbara MONTORIO, d’après K7 n°7, Francisque LAPALUS, Mme LAPALUS - A partir de 1984 : L’élevage allaitant s’est surtout développé à partir des quotas laitiers de 1984. « Spécialisation sur l’élevage de bovins ( ) laitier au début, mais les quotas et les soins nécessaires ont abouti à privilégier l’élevage allaitant, et l’élevage de charolais demandant moins de travail et de main d’œuvre. … en général 120 têtes de bétail dans les prés. L’Hiver, les mères et les jeunes d’élevage sont environ 80 à l’écurie (de vaches, on ne parle pas d’étable dans la région, NDLR)) cette année. Les exploitations laitières ont quant-à-elles 30 à 40 laitières, ce qui n’est ‘pas mal’. » in « élevage », synthèse Barbara MONTORIO, d’après K7 n°7, Francisque LAPALUS, Mme LAPALUS « Matour est sur le granit, et sur le sol siliceux, donc moins fertile (au niveau des prés, NDLR). Ce qui explique une préférence pour l’élevage allaitant par rapport à l’embouche. » in « élevage », synthèse Barbara MONTORIO, d’après K7 n°14, Gérard DUCERF « Les exploitations sur Matour préféraient (comme le père de Francisque LAPALUS) avoir élevage allaitant et embouche à la fois, pour mieux faire face aux aléas de l’économie. Plus d’allaitage que d’engraissement (embouche), contre l’avis des techniciens qui encourageaient à se spécialiser. » in « élevage », synthèse Barbara MONTORIO, d’après K7 n°7, Francisque LAPALUS, Mme LAPALUS La race charolaise : « Les origines de la Charolaise : le Charolais était à l’origine un bovin mixte, à la fois animal de trait et producteur de viande. La demande en bœufs de labour, et en bœufs gras pour le Lyonnais, démarra dès la fin du XVIIIe siècle dans le Brionnais. Les foires à bestiaux s’épanouirent, le commerce s’orientant vers Paris. La race se développa. Les premiers soins vétérinaires lui furent donnés à partir de 1777. Les régions limitrophes, comme le Morvan ou la région de Matour, l’adoptèrent. Dans les années 1950, l’abandon de la traction animale incita certains producteurs à faire évoluer la race vers des qualités exclusivement bouchères. Dans les années 1970, elle fut même utilisée à Matour pour la production laitière, mais se trouva rapidement supplantée par des laitières à ‘pis noirs’. L’ancienne race, qui se caractérisait par un torse puissant et un arrière train étroit, a fait place aujourd’hui à un animal à forte ossature, et croupe large et musclée. » in « L’élevage, le triomphe de la Charolaise», panneau d’exposition de la Maison du Patrimoine de Matour, de Gérard THELIER, 2000

En Brionnais : « A la fin du XVIIIe siècle, l’élevage bovin se développe, en rapport avec les besoins en bœufs de labour, et la demande de bœufs gras pour le Lyonnais, en plein essor démographique. Développement des premières vacheries dans le Brionnais, et épanouissement des foires aux bestiaux (comme celle de St Christophe en Brionnais), le commerce se développant en direction de Paris. La race blanche charolaise se développe. Les premiers soins vétérinaires sont donnés à partir de 1777. » in « La Saône & Loire de la Préhistoire à nos jours », de P. GOUJON, balisage Barbara MONTORIO A Matour : « L’élevage de vaches charolaises a permis de vendre beurre et fromage. » in « élevage », synthèse Barbara MONTORIO, d’après K7 n°1, Mme BACOT, Mme CROZET, Eugène VOUILLON « La vache charolaise est utilisée dans les débuts de la production laitière (années 1970) ; elle est supplantée peu à peu par des vaches laitières, des pis noirs… » in « élevage », synthèse Barbara MONTORIO, d’après K7 n°7, Francisque LAPALUS, Mme LAPALUS …En fait des pie-noire, une race. Note Michel LAPALUS, 01.2004 « Contrairement aux laitières, pour lesquelles la nécessité de traite quotidienne oblige à choisir des prés proches de l’exploitation, les Charolaises peuvent être placées dans des prés parfois très éloignés. Leur résistance au froid permet de les garder à l’extérieur jusqu’à ce que la température descende de plusieurs degrés en dessous de 0 (-3, -4°, et plus selon Michel LAPALUS). L’alimentation en extérieur repose essentiellement sur le broutage des prés. Un appoint ponctuel est apporté sous forme de fourrage ou de foin ensillé. On voit fréquemment dans les prés le bloc de sel nécessaire à l’équilibre des bêtes. Pour la reproduction, le taureau est laissé dans le pré avec les vaches. » Note G.THELIER, 21.05.2003 … et l’insémination artificielle se développe lentement. Note Michel LAPALUS, 01.2004 Les animaux de trait : Le bœuf : - Environ 1948 et immédiate après-guerre : « il était courant de voir un laboureur avec une charrue tirée par 2 bœufs, ou bien une charrette. » p. 47, in « Matour… », manuscrit de Mme CROZET - 1958 : « les bœufs sont de moins en moins nombreux, car ils ne sont pratiquement plus utilisés pour le travail. Il y a une dizaine de taureaux pour la reproduction. p. 47, in « Matour… », manuscrit de Mme CROZET … et les petits éleveurs conduisent leur vache en chaleur chez un voisin qui possède un taureau, et le payent. Note Michel LAPALUS, 01.2004 Installation en 1958 d’un centre d’insémination artificielle à Matour. » p. 47, in « Matour… », manuscrit de Mme CROZET En fait, il s’agit d’une coopérative, regroupant 300 adhérents, et 16 communes rattachées. Président fondateur : André VOUILLON, Croix Mission, Matour. Egalement Francis GUERIN, Trécourt, et Michel LAPALUS, Les Bots. Note Michel LAPALUS, 01.2004 Le cheval : - 1958 : Matour compte 120 chevaux, qui ont remplacé les bœufs ou les vaches comme animaux de trait. « Ce sont des Percherons ou des Ardennais, ils ne sont pas encore remplacés par le tracteur, et sans doute celui-ci ne sera guère utilisé dans les années à venir, (opinion répandue à l’époque, NDLR) … le sol, bosselé… présentant de fortes pentes, … la petitesse des parcelles, très nombreuses. » p. 47, in « Matour… », manuscrit de Mme CROZET Note : Il faut dire que les tracteurs de l’époque, dotés de 2 petites roues uniquement directionnelles à l’avant, ne sont pas très adaptés au terrain du canton, et résume l’utilisation à la pratique des routes et chemins carrossables. L’apparition des 4 roues motrices résoudra le problème. Note G.THELIER, 27.05.2003

Documents : Histoires de charrois et de labours, p. 36, 37, in « L’épopée du cheval en Bourgogne » L’épicier ambulant et le départ du courrier, Cartes postales 1900, in p. 42, 43, in « L’épopée du cheval en Bourgogne » Les chèvres : Les paysans possédaient quelques chèvres pour le fromage. « Le cheptel de chèvres ne dépassait pas 400 au début du siècle, soit à peine une par famille. Dans les années 1960, on en compte près de 3 en moyenne par exploitation, soit environ 500. Présentes dans toutes les fermes, les chèvres étaient envoyées paître dans les terrains brousailleux et les bois. Certaines familles produisaient suffisamment de fromage pour en vendre aux coquetiers sur le marché hebdomadaire, qui les écoulaient sur les marchés de Lyon. » p. 40, in rapport d’isabelle CHAVANON « Au printemps, les chevreaux naissent. Certains sont élevés, pour remplacer une vieille chèvre par exemple. Les autres sont vendus au marché pour la boucherie. » p. 50, in « Matour… », manuscrit de Mme CROZET « On faisait environ 5 fromages par jour, on en vendait une quarantaine, et cela durait une saison, en raison de la diminution de la quantité de lait des chèvres. On en gardait aussi pour la maison. On était nombreux à la maison, les grands-parents, les enfants vivaient tous ensemble. (Chez nous) il y avait 8 personnes. » in « élevage », synthèse Barbara MONTORIO, d’après K7 n°7, Francisque LAPALUS, Mme LAPALUS « Les chèvres ont disparu petit à petit, mais certains retraités gardent leurs chèvres. Par contre, certains se sont spécialisés dans la chèvre, et font du fromage chèvre-vache. Les grands exploitants vendent le lait, par exemple à la Nouvelle Fromagerie à Ouroux. » in « élevage », synthèse Barbara MONTORIO, d’après K7 n°7, Francisque LAPALUS, Mme LAPALUS Fromagerie ECOFF Note Michel LAPALUS, 01.2004 Les chèvres mises à paître dans les prés portent autour du cou un triangle rudimentaire en bois servant à les empêcher de sortir des enclos ou de passer à travers les haies. Note G.THELIER, 20.05.2003 Le triangle de bois au cou des chèvres est en patois : palegot ou trachiou. Note Michel LAPALUS, 01.2004 Les moutons : - Vers 1900 : « Les moutons, c’était en 1900 à peu près. Des moutons étaient achetés, et on leur faisait manger du trèfle après la moisson. Les gens avaient besoin de la laine, et du gain représenté aussi par la vente au boucher. Ils engraissaient les moutons. » in « élevage », synthèse Barbara MONTORIO, d’après K7 n°6, François NESME, Mme NESME - 1939-1945 : durant cette période de pénurie, les anciennes de Matour se souviennent avoir à nouveau filé la laine, entre autres pour tricoter ensuite des chaussettes. Ce qui suppose d’avoir quelques moutons. Note G.THELIER, 03.06.2003 - 1958 : « les moutons sont très peu nombreux, réclamant une herbe courte et sèche. On en compte une quarantaine, répartie entre 2 agriculteurs. Les agneaux sont vendus au marché ou à la foire, pour la boucherie. Les moutons sont tondus régulièrement. La laine est utilisée pour la fabrication de matelas par une vieille matelassière du pays. » p. 50, in « Matour… », manuscrit de Mme CROZET - 1985-1990 : un tondeur de moutons professionnel est encore installé au hameau de La Forêt, à Dompierre-les-Ormes. Sa présence et son activité sur site répondaient certazinement à un besoin local. Note G.THELIER, 03.06.2003