Elevage région Matour

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Généralités :

L’évolution de l’Elevage :

« Jusqu’à la première moitié du XXe siècle, les paysans ne possédaient que 3 ou 4 vaches. Elles étaient utilisées essentiellement à des fins domestiques, et comme bêtes de trait, car la majorité du terrain était en culture et en bois. L’élevage et la mise en prés débutèrent après la Seconde Guerre Mondiale, pour faire face à la diminution de main d’œuvre. Dans les années 1960, il s’agissait essentiellement de production laitière. En 1984, les quotas laitiers incitèrent les exploitants à se spécialiser dans la production de viande. Le terrain moins fertile fit généralement préférer l’élevage allaitant (le veau est élevé sous la mère, dans les prés) à l’embouche (engraissement du bétail plus âgé, pratiqué dans le Brionnais où les prairies sont grasses). Le Charolais, demandant moins de travail et de main d’œuvre, s’imposa. Aujourd’hui, une exploitation peut avoir environ 120 têtes de bétail dans les prés. L’hiver, les mères et les jeunes d’élevage peuvent être 80 à l’étable. Quant aux exploitations laitières, elles peuvent compter 30 à 40 laitières. »[1]

Les pratiques

Les rapports avec les animaux :

« La plupart des paysans s’honoraient de bien traiter leurs animaux. Je me souviens que mon grand-père Sivignon traitait ses animaux avec un certain respect. Il n’aurait pas accepté que quelqu’un se mêle de donner un coup de bâton à l’une de ses vaches. D’autres, moins sentimentaux, avaient des comportements à la limite de l’acceptable. … En quelque sorte, ces animaux ne vivaient que pour les services qu’ils pouvaient rendre, tous sentiments affectifs étant exclus. Cette attitude était heureusement peu répandue. »Erreur de référence : Balise fermante </ref> manquante pour la balise <ref>.

« La vache et le bocage :

L’aspect bocager actuel du canton (de Matour) résulte en grande partie de l’élevage. Les quelques champs cultivés y concourrent essentiellement à l’alimentation du bétail. Partout, la Charolaise blanche, au poil laineux, est reine du paysage. Cette race assez rustique, élevée pour sa viande, est présente pratiquement toute l’année dans les prés, sauf pendant les plus grands froids. Les veaux, élevés sous la mère, profitent également de cette liberté quasi totale. Les jeunes taueaux sont regroupés dans des prés séparés. On peut aussi rencontrer à la belle saison, dans certains prés proches des exploitations, des laitières de différentes races : Salers à la robe brune, Montbéliard blanches tâchetées de brun, Normandes à la robe noire et blanche. » in « L’élevage, le triomphe de la Charolaise», panneau d’exposition de la Maison du Patrimoine de Matour, de Gérard THELIER, 2000

Histoire chronologique :

- Entre les 2 guerres :
« Les jeunes commis étaient très bon marché. Le travail était là, mais on n’était pas payé… »[2]
- Avant la Seconde Guerre Mondiale :
« En règle générale, on possédait 3 ou 4 vaches, 3 ou 4 chèvres, 3 ou 4 cochons et une truie. Certains s’étaient spécialisés dans l’élevage des truies, sinon les gens achetaient 2-3 cochons au printemps pour les revendre ensuite au mois de mars de l’année suivante. Une modification en faveur de l’élevage s’est faite par la suite. »[3]

- Après la Seconde Guerre Mondiale :
« L’élevage a débuté après la Seconde Guerre Mondiale, même s’il faut noter que les vaches étaient présentes avant, pour un usage domestique, et comme animaux de trait. »[4]
« Après la guerre, la situation change, les gens partent en ville, les bras manquent, on ne pouvait plus travailler de la même façon. »[5]

- Jusqu’aux années 1960 :
« Les Matourins ramassaient des fougères pour mettre sous les vaches. »[6]
- Années 1970 : « la vache charolaise est utilisée dans les débuts de la production laitière ; elle est supplantée peu à peu par des vaches laitières, des "Pies noires"… »[7]
- A partir de 1984 : L’élevage allaitant s’est surtout développé à partir des quotas laitiers de 1984. « Spécialisation sur l’élevage de bovins ( ) laitier au début, mais les quotas et les soins nécessaires ont abouti à privilégier l’élevage allaitant, et l’élevage de charolais demandant moins de travail et de main d’œuvre. … en général 120 têtes de bétail dans les prés. L’Hiver, les mères et les jeunes d’élevage sont environ 80 à l’écurie (de vaches, on ne parle pas d’étable dans la région, NDLR)) cette année.
Les exploitations laitières ont quant-à-elles 30 à 40 laitières, ce qui n’est ‘pas mal. »[8]
« Matour est sur le granit, et sur le sol siliceux, donc moins fertile (au niveau des prés, NDLR). Ce qui explique une préférence pour l’élevage allaitant par rapport à l’embouche. »[9]
« Les exploitations sur Matour préféraient (comme le père de Francisque LAPALUS) avoir élevage allaitant et embouche à la fois, pour mieux faire face aux aléas de l’économie.</ref>
Plus d’allaitage que d’engraissement (embouche), contre l’avis des techniciens qui encourageaient à se spécialiser. »[10]

La race charolaise :

« Les origines de la Charolaise :
le Charolais était à l’origine un bovin mixte, à la fois animal de trait et producteur de viande. La demande en bœufs de labour, et en bœufs gras pour le Lyonnais, démarra dès la fin du XVIIIe siècle dans le Brionnais. Les foires à bestiaux s’épanouirent, le commerce s’orientant vers Paris. La race se développa. Les premiers soins vétérinaires lui furent donnés à partir de 1777. Les régions limitrophes, comme le Morvan ou la région de Matour, l’adoptèrent. Dans les années 1950, l’abandon de la traction animale incita certains producteurs à faire évoluer la race vers des qualités exclusivement bouchères. Dans les années 1970, elle fut même utilisée à Matour pour la production laitière, mais se trouva rapidement supplantée par des laitières à ‘pis noirs’. L’ancienne race, qui se caractérisait par un torse puissant et un arrière train étroit, a fait place aujourd’hui à un animal à forte ossature, et croupe large et musclée. »[11]

En Brionnais :
« A la fin du XVIIIe siècle, l’élevage bovin se développe, en rapport avec les besoins en bœufs de labour, et la demande de bœufs gras pour le Lyonnais, en plein essor démographique. Développement des premières vacheries dans le Brionnais, et épanouissement des foires aux bestiaux (comme celle de St Christophe en Brionnais), le commerce se développant en direction de Paris. La race blanche charolaise se développe. Les premiers soins vétérinaires sont donnés à partir de 1777. »[12]

A Matour :
« L’élevage de vaches charolaises a permis de vendre beurre et fromage. »[13] « La vache charolaise est utilisée dans les débuts de la production laitière (années 1970) ; elle est supplantée peu à peu par des vaches laitières[14], des "Pies noires"[15]… »
« Contrairement aux laitières, pour lesquelles la nécessité de traite quotidienne oblige à choisir des prés proches de l’exploitation, les Charolaises peuvent être placées dans des prés parfois très éloignés. Leur résistance au froid permet de les garder à l’extérieur jusqu’à ce que la température descende de plusieurs degrés en dessous de 0 (-3, -4°, et plus selon Michel LAPALUS). L’alimentation en extérieur repose essentiellement sur le broutage des prés. Un appoint ponctuel est apporté sous forme de fourrage ou d'herbe ensilée. On voit fréquemment dans les prés le bloc de sel nécessaire à l’équilibre des bêtes. Pour la reproduction, le taureau est laissé dans le pré avec les vaches. »[16]
… et l’insémination artificielle se développe lentement.[17]

Les animaux de trait :

Le bœuf :
- Environ 1948 et immédiate après-guerre : « il était courant de voir un laboureur avec une charrue tirée par 2 bœufs, ou bien une charrette. »Erreur de référence : Balise fermante </ref> manquante pour la balise <ref>.
… et les petits éleveurs conduisent leur vache en chaleur chez un voisin qui possède un taureau, et le payent.[18]

Coopérative d'insémination artificielle

Installation en 1958 d’un centre d’insémination artificielle à Matour. »[19] En fait, il s’agit d’une coopérative, regroupant 300 adhérents et 16 communes rattachées.
Président fondateur : André VOUILLON, de la Croix Mission, à Matour. Parmi les dirigeants se trouvent également Francis GUERIN, de Trécourt, et Michel LAPALUS, Les Bots.[20]

Le cheval :

- 1958 : Matour compte 120 chevaux, qui ont remplacé les bœufs ou les vaches comme animaux de trait. « Ce sont des Percherons ou des Ardennais, ils ne sont pas encore remplacés par le tracteur, et sans doute celui-ci ne sera guère utilisé dans les années à venir, (opinion répandue à l’époque, NDLR) … le sol, bosselé… présentant de fortes pentes, … la petitesse des parcelles, très nombreuses. »[21]
Note : Il faut dire que les tracteurs de l’époque, dotés de 2 petites roues uniquement directionnelles à l’avant, ne sont pas très adaptés au terrain du canton, et se résume l’utilisation à la pratique des routes et chemins carrossables. L’apparition des 4 roues motrices résoudra le problème.[22]

Documents :

Histoires de charrois et de labours, p. 36, 37, in « L’épopée du cheval en Bourgogne »
L’épicier ambulant et le départ du courrier, Cartes postales 1900, in p. 42, 43, in « L’épopée du cheval en Bourgogne »

Les chèvres :

Les paysans possédaient quelques chèvres pour le fromage. « Le cheptel de chèvres ne dépassait pas 400 au début du siècle, soit à peine une par famille. Dans les années 1960, on en compte près de 3 en moyenne par exploitation, soit environ 500. Présentes dans toutes les fermes, les chèvres étaient envoyées paître dans les terrains broussailleux et les bois. Certaines familles produisaient suffisamment de fromage pour en vendre aux coquetiers sur le marché hebdomadaire, qui les écoulaient sur les marchés de Lyon. »[23]
« Au printemps, les chevreaux naissent. Certains sont élevés, pour remplacer une vieille chèvre par exemple. Les autres sont vendus au marché pour la boucherie. »[24]
« On faisait environ 5 fromages par jour, on en vendait une quarantaine, et cela durait une saison, en raison de la diminution de la quantité de lait des chèvres. On en gardait aussi pour la maison. On était nombreux à la maison, les grands-parents, les enfants vivaient tous ensemble. (Chez nous) il y avait 8 personnes. »
« Les chèvres ont disparu petit à petit, mais certains retraités gardent leurs chèvres. Par contre, certains se sont spécialisés dans la chèvre, et font du fromage chèvre-vache. Les grands exploitants vendent le lait, par exemple à la Nouvelle Fromagerie à Ouroux. »[25]
Les chèvres mises à paître dans les prés portent autour du cou un triangle rudimentaire en bois servant à les empêcher de sortir des enclos ou de passer à travers les haies.[26] Le triangle de bois au cou des chèvres est appelé en patois : palegot ou trachiou.[27]

Fromagerie SCOFF

Les moutons :

- Vers 1900 : « Les moutons, c’était en 1900 à peu près. Des moutons étaient achetés, et on leur faisait manger du trèfle après la moisson. Les gens avaient besoin de la laine, et du gain représenté aussi par la vente au boucher. Ils engraissaient les moutons. »[28]
- 1939-1945 : durant cette période de pénurie, les anciennes de Matour se souviennent avoir à nouveau filé la laine, entre autres pour tricoter ensuite des chaussettes. Ce qui suppose d’avoir quelques moutons.[29]
- 1958 : « les moutons sont très peu nombreux, réclamant une herbe courte et sèche. On en compte une quarantaine, répartie entre 2 agriculteurs. Les agneaux sont vendus au marché ou à la foire, pour la boucherie. Les moutons sont tondus régulièrement. La laine est utilisée pour la fabrication de matelas par une vieille matelassière du pays. » [30]

- 1985-1990 : un tondeur de moutons professionnel est encore installé au hameau de La Forêt, à Dompierre-les-Ormes. Sa présence et son activité sur site répondaient certainement à un besoin local.[31]
  1. in « L’élevage, le triomphe de la Charolaise», panneau d’exposition de la Maison du Patrimoine de Matour, de Gérard THELIER, 2000
  2. in « modernité », synthèse Barbara MONTORIO, d’après K7 n°7, Francisque LAPALUS, Mme LAPALUS
  3. in « modernité », synthèse Barbara MONTORIO, d’après K7 n°1, Mme BACOT, Mme CROZET, Eugène VOUILLON
  4. in « élevage », synthèse Barbara MONTORIO, d’après K7 n°8, Francisque LAPALUS, Mme LAPALUS, Mme CROZET
  5. in « modernité », synthèse Barbara MONTORIO, d’après K7 n°7, Francisque LAPALUS, Mme LAPALUS
  6. in « modernité », synthèse Adrienne BLATTEL, d’après K7 n°12, Mme BACOT, François NESME, Eugène VOUILLON, Marius VOUILLON
  7. in « élevage », synthèse Barbara MONTORIO, d’après K7 n°7, Francisque LAPALUS, Mme LAPALUS
  8. in « élevage », synthèse Barbara MONTORIO, d’après K7 n°7, Francisque LAPALUS, Mme LAPALUS
  9. in « élevage », synthèse Barbara MONTORIO, d’après K7 n°14, Gérard DUCERF
  10. in « élevage », synthèse Barbara MONTORIO, d’après K7 n°7, Francisque LAPALUS, Mme LAPALUS
  11. in « L’élevage, le triomphe de la Charolaise», panneau d’exposition de la Maison du Patrimoine de Matour, de Gérard THELIER, 2000
  12. in « La Saône & Loire de la Préhistoire à nos jours », de P. GOUJON, balisage Barbara MONTORIO
  13. in « élevage », synthèse Barbara MONTORIO, d’après K7 n°1, Mme BACOT, Mme CROZET, Eugène VOUILLON
  14. in « élevage », synthèse Barbara MONTORIO, d’après K7 n°7, Francisque LAPALUS, Mme LAPALUS
  15. en fait, la race Holstein

  16. Note G.THELIER, 21.05.2003
  17. Note Michel LAPALUS, 01.2004
  18. Note Michel LAPALUS, 01.2004
  19. p. 47, in « Matour… », manuscrit de Mme CROZET
  20. Note Michel LAPALUS, 01.2004
  21. p. 47, in « Matour… », manuscrit de Mme CROZET
  22. Note G.THELIER, 27.05.2003
  23. p. 40, in rapport d’isabelle CHAVANON
  24. p. 50, in « Matour… », manuscrit de Mme CROZET
  25. in « élevage », synthèse Barbara MONTORIO, d’après K7 n°7, Francisque LAPALUS, Mme LAPALUS
  26. Note G.THELIER, 20.05.2003
  27. Note Michel LAPALUS, 01.2004
  28. in « élevage », synthèse Barbara MONTORIO, d’après K7 n°6, François NESME, Mme NESME
  29. Note G.THELIER, 03.06.2003
  30. p. 50, in « Matour… », manuscrit de Mme CROZET
  31. Note G.THELIER, 03.06.2003