Brèche de Château

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Découvert en 1863 à l'occasion de la construction de la route D165 à Château (Saône-et-Loire), le site paléontologique de la Brèche de Château livre alors "une prodigieuse quantité d'ossements d'ours et de lion des cavernes" (Monnier 1869). Le site est redécouvert en 1968 et des fouilles sont programmées de 1997 à 2008.
Les carrières liées à la construction de la route ont mis au jour un réseau de cavités remplies de sédiments le plus souvent pris en brèche et emprisonnant les vestiges osseux. Les phases de formation des brèches, à partir de matériaux issus des calcaires et parfois du grès ou du granite, alternent avec des épisodes érosifs (coulées de solifluxion). Le gisement comprend deux ensembles distincts (Nord et Sud), séparés d'une vingtaine de mètres et non contemporains, allant du Pléistocène moyen ancien au Pléistocène moyen récent.
Considéré dans sa globalité, ce site, particulièrement riche en Carnivores, couvre une longue séquence chronologique du Pléistocène moyen, permettant de suivre l’évolution des faunes sur un temps très long, ce qui n’est pas si fréquent. L'ours domine largement les assemblages de faune mais la particularité du gisement est l'abondance des grands félins.
- L'Ensemble Nord (EN), le plus ancien, comprend trois unités fossilifères datables par la biochronologie (Ursidés, Félidés et surtout Arvicola cantianus) du Pléistocène moyen ancien (Brèche 4) et surtout médian (Brèches 3 et 2, il y a 600 000 ans environ). - L'Ensemble Sud (ES) présente une stratigraphie de 7 m de puissance, avec, au milieu, une datation U/Th-TIMS de 176 795 + 9337 – 8540 ans (GEOTOP-Montréal, Canada) pour le sommet d'un important plancher stalagmitique inclus entre deux unités de brèche et couvre une large tranche chronologique allant du Pléistocène moyen médian au moins (stade isotopique 8) au Pléistocène moyen récent (stade isotopique 6) au sommet.

L'analyse pollinique d’échantillons de brèche et de plancher stalagmitique dans les deux ensembles montre que ces animaux évoluaient dans un paysage en mosaïque, avec étendues herbeuses et conifères sur le plateau et boisements épars de feuillus dans la vallée plus abritée. Le climat apparaît plutôt tempéré mais plus frais qu’aujourd’hui, avec même certains épisodes froids soulignés également par la microfaune.
L’intérêt de la Brèche de Château est de livrer un abondant matériel paléontologique particulièrement riche en grands félins, ancêtre des jaguars (Panthera gombaszoegensis) puis forme ancienne du lion des cavernes (Panthera spelaea fossilis). Malgré les épisodes érosifs il est possible de suivre sur un temps très long l’évolution de leur association avec le loup (Canis lupus mosbachensis) et surtout l’ours (Ursus deningeri), toujours abondant, les uns en quête de nourriture, les autres d’un lieu d’hibernation. Si les variations climatiques ont nécessairement joué un rôle important, le fait que les associations à grands Carnivores restent identiques et ne se retrouvent liées à de grands herbivores que dans l’Ensemble Sud, prouve le rôle déterminant du piège karstique à l’origine des fossiles de cet ensemble. En effet, les lions et les jaguars de l’Ensemble Nord se nourrissaient forcément de grands herbivores, même si on ne retrouve pas trace de leurs proies. C’est bien l’ouverture sur l’extérieur du système karstique de l’Ensemble Sud qui a créé un piège de type aven lequel a joué pour les herbivores, entraînant ainsi les changements importants constatés dans les associations de faune les plus récentes.

[1].
  1. The big cats of the Château fossil Breccia (Burgundy, France) - Argant A., Argant J., Barriquand J., Barriquand L., Jeannet M. & Erbajeva M. - 16ème Symposium International de l'Ours et du Lion des Cavernes, à Azé, 22-26 septembre 2010