Eglise Saint-Albain à Saint-Albain

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L’église paroissiale Saint-Albain est située dans la commune de Saint-Albain, dans le département de la Saône-et-Loire, en Bourgogne-Franche-Comté. C'est un exemple remarquable de transition entre le roman et le gothique. Edifiée au XIIIe siècle, il semblerait cependant que certaines parties d’un édifice précédent aient été conservées lors de la reconstruction. Ces vestiges pourraient dater du milieu du XIIe siècle. Le décor de la façade, les voûtes en berceau brisé ainsi que la coupole sur trompes qui supporte le clocher semblent témoigner de ce premier édifice. Le chœur, le clocher et certains éléments de la façade semblent bien appartenir à la construction du XIIIe siècle, et rendent compte d’une architecture gothique assez primitive. L’ensemble de l’édifice a été construit de sorte qu’il semble homogène et permette la liaison entre les différents styles architecturaux. L’église ne semble pas avoir été durement remaniée au cours des siècles suivants. Au XIXe siècle, une fois rachetée par la commune après avoir été vendue comme bien national, elle est entièrement rénovée. Elle est classée Monument Historique depuis 1929. Sa tour-porche avec son décor de bandes lombardes, faisant office de pigeonnier, est assez singulière pour un édifice de cette époque et mérite d’être mentionnée, tout comme le clocher octogonal dont la décoration mêle influence romane et facture gothique.

Eglise Saint-Albain (©CEP)
Adresse Rue de l’église, 71260 Saint-Albain
Coordonnées GPS 46°25'39.5"N 4°52'35.0"E
Paroisse de rattachement Notre-Dame des Coteaux en Mâconnais
Protection Monuments Historiques Classée en 1929

Historique

Description architecturale

GLOSSAIRE : Bourgogne Romane

L’église de Saint-Albain est un bel exemple de transition entre les styles architecturaux roman et gothique. C’est un édifice imposant comme les réalisations médiévales gothiques, mais qui garde l’austérité et la chaleur des édifices romans. Bien orientée à l’est, l’église est bâtie en pierres de taille assemblées en appareil régulier. Elle se compose d’une nef avec collatéraux, d’une travée sous clocher flanquée de chapelles latérales formant transept, et d’un chœur gothique polygonal. L’église est en tout point atypique, notamment par son pigeonnier-porche, qui fait face au clocher octogonal. L’édifice a également la chance d’avoir conservé vingt-six fenêtres d’origines, non-reprises et non-élargies au fil des siècles. L’église Saint-Albain présente quelques similitudes avec ses voisines : sa nef ressemble à l’église d’Uchizy, tandis que son clocher est clairement inspiré de celui de l’église de Clessé.

Plan de Jean Virey, 1935

La façade de l’église est divisée en trois parties. Sur les côtés, les murs sont nus et flanqués de deux petits contreforts aux extrémités. Au centre, un ensemble sur trois niveaux est encadré par deux contreforts massifs sur toute la hauteur. Le portail ogival, dont le tympan accueille une statue de la Vierge, est surmonté d’un corbeau de pierre[1] et d’une baie géminée trilobée avec un très petit oculus. En haut du pignon, un arc de décharge en cintre brisé, très épais, repose sur les deux gros contreforts. Il supporte une construction rectangulaire massive, servant de pigeonnier. Ce dernier est orné sur chaque face de bandes groupées par deux et trilobées (il s’agit d’un décor semblable à des bandes « lombardes »), et est ceint à sa base d’un cordon de pierre. A l’est, les ouvertures dédiées aux pigeons sont bien visibles[2]. Au sud, la tourelle d’escalier cylindrique se confond dans la construction. Le pigeonnier est coiffé d’une toiture à quatre pans.

La nef est constituée d’un vaisseau central et de collatéraux. Ces derniers sont épaulés par quatre contreforts massifs chacun, tandis que le haut du vaisseau central est muni de trois contreforts plats de chaque côté, coupés en leur milieu par un cordon de pierre. Les bas-côtés sont percés de quatre baies trilobées très étroites et allongées, tandis que le haut de la nef est ouvert de quatre baies similaires, mais coupées par la toiture des collatéraux. Le transept, de même largeur que la nef et ses collatéraux, est épaulé au nord et au sud par deux gros contreforts encadrant une baie trilobée allongée. Sur la face est, le transept est muni de contreforts aux angles et de baies similaires. Le toiture en pente longue monte directement jusqu'au clocher. A l’est, le chevet à cinq pans complète l’édifice. Une travée de chœur assez étroite est flanquée au sud de l’escalier d’accès au clocher et au nord de la sacristie. Deux contreforts délimitent cette travée. L’abside polygonale (à pans coupés) est épaulée par quatre contreforts qui viennent encadrer cinq baies trilobées : deux dans la partie droite du chœur, trois dans le polygone.

Le clocher octogonal s’élève au-dessus de la croisée du transept. Des cordons de pierre délimitent son soubassement et ses deux étages. Le premier niveau est aveugle, simplement orné de bandes verticales de même type que le pigeonnier, groupées par deux et trilobées (sur le modèle des bandes et arcatures lombardes). Le second niveau est légèrement en retrait et ouvert d’une baie géminée trilobée sur chaque face, qui retombent en leur milieu sur des colonnettes dont la largeur est étirée pour correspondre à la largeur du mur. Ces baies sont sous des archivoltes en cintre légèrement brisé. Le clocher est coiffé d’une pyramide à huit pans très surbaissée. Une corniche à modillons court sur tout l’édifice et supporte une couverture de laves.


A l’intérieur, l’église est vaste mais sombre, rappelant son origine romane. Elle est entièrement dallée. La nef de quatre travées est voûtée en berceau brisé avec arcs doubleaux. Ces derniers retombent sur les impostes de pilastres courts en hauteur des murs, qui s’arrêtent par des consoles à encorbellement, au niveau des baies supérieures. Un cordon mouluré joint les impostes. De gros piliers avec tailloirs soutiennent la voûte et communiquent avec les bas-côtés via des arcades épaisses en cintre brisé. Les collatéraux sont voûtés d’arêtes séparées par de petits arcs doubleaux très brisés reposant sur des tailloirs sortis du mur. L’accès au pigeonnier se trouve en hauteur à droite en entrant dans la nef.

La travée sous clocher est voûtée d’une coupole sur trompes et encadrée par quatre arcs brisés très épais, qui communiquent avec la nef (ouest), le chœur (est), et les chapelles latérales (nord et sud). Celles-ci sont voûtées de croisées d’ogives reposant sur des culots simples et accueillent les autels latéraux. La chapelle sud est dédiée à la Vierge, et la chapelle nord au Sacré-Cœur. La croisée est suivie à l’est de la travée droite du chœur, voûtée d’une croisée d’ogives, ouverte au nord sur la sacristie. Cette travée précède l’abside polygonale qui accueille le maître-autel. L’abside est voûtée d’une croisée d’ogives à six branches, dont les épaisses nervures reposent sur des culots identiques et se rejoignent en une clef de voûte sculptée de l’agneau crucifère. Des stalles en bois sont installées sur tout le pourtour du chœur.

Inventaire décor et mobilier

  • Portail : arc fortement brisé qui repose sur des impostes saillantes. Le tympan en retrait est gravé d’une épée, et accueille une statue de la Vierge à l’Enfant.
  • Peintures murales du chœur, décor moderne.
  • Peintures modernes de la croisée : sur les trompes, symboles des quatre évangélistes.
  • Décor moderne des chapelles latérales
  • Troisième pilier nord de la nef : vestiges d’une croix de consécration peinte
  • Statues :

Vierge à l’Enfant (portail d’entrée)

Christ en Croix en bois polychrome (au-dessus de l’arc triomphal)

Vierge à l’Enfant en bois doré et peint, baroque, XVIIIe siècle (chapelle sud) : l’Enfant tient le globe d’une main et donne l’autre à sa mère.

Saint Albain (du moins un personnage en habit d’évêque) en bois polychrome, XVIIe siècle (chapelle sud). Il manque les bras du personnage, qui est coiffé de la mitre.

Sainte Marguerite d’Antioche (chapelle sud)

Saint Jean (chapelle sud)

Saint Joseph, âgé (chapelle sud)

Saint Joseph, jeune (Chapelle sud)

Jeanne d’Arc (chapelle nord)

Curé d’Ars (chapelle nord)

Le Sacré-Cœur (chapelle nord) : Christ représenté avec la croix de son martyr

Sainte Thérèse de Lisieux (chapelle nord)

Saint Antoine de Padoue (chapelle nord)

Statuette de l’Enfant Jésus (chœur)

Saint Albain (droite du grand arc oriental)

  • Plaque commémorative des soldats morts au combat (nef)
  • Bénitiers :

Un daté de 1665, à gauche en entrant dans la nef : vasque côtelée portée par un pied surmonté de moulures toriques[3]

Bénitier encastré

  • Fonts baptismaux
  • Maître-autel, XIXe siècle, en bois sculpté et peint.
  • Autels latéraux, XIXe siècle, en bois sculpté et peint.
  • Grille de communion
  • Tableau représentant l’Assomption, daté de 1742, artiste inconnu (collatéral nord, en mauvais état).
  • Chemin de croix
  • Chaire à prêcher en bois (nef) : style Louis XV, chaire cylindrique dont les panneaux sont séparés par des pilastres cannelés à chapiteaux corinthiens[4]
  • Confessionnal
  • Stalles en bois du XVIIIe siècle, autour du chœur, à accoudoirs supportés par des balustres.
  • Vitraux :

Motifs floraux et géométriques

Représentation de Saint Albain, par Camille-Auguste Gastine, peintre-vitrailliste parisien de la première moitié du XIXe siècle.

Scène de l’Annonciation (chapelle sud)

  • Dalles funéraires servant de pierres de seuil : celle de Christine Grobon, morte en 1831 ; celle de Pierre Charmon, mort en 1784 ; une troisième, indéchiffrable, de 1825.
  • Croix à la pointe du clocher
  • Ancienne croix de cimetière avec inscription, dans l’enclos de l’église, datée de 1878.
  • Cloche refondue vers 1890 par Monsieur Gédéon MOREL de Lyon. Son poids est de 609 kilos.

Rénovations / Etat

  • Rénovations :

XIXe :

1857 : restauration globale et construction de la sacristie

1860 : travaux de peinture / décors

1861 : restauration des vitraux et des piliers de la nef

Vers 1890 : refonte de la cloche, fendue lors d’un baptême

XXe :

Travaux d’entretien (toiture, abords…).

Suppression de l’auvent à l’entrée de l’édifice.

XXIe :

Travaux d’entretien et d’assainissement.

  • Etat :

L’église de Saint-Albain est dans un état convenable. L’intérieur de l’édifice aurait besoin d’une rénovation globale (fissures, infiltrations d’eau, enduits…). Le mobilier aurait également besoin d’être restauré (tableau, statues).

  • Classement :

L’église de Saint-Albain est classée Monument Historique depuis 1929.

Actualités

Pour suivre l’actualité de l’église, consulter le site internet de la mairie/commune :

Saint-Albain

La LISA (Lettre d’informations de Saint-Albain) est régulièrement publiée en ligne, tout comme le bulletin municipal.

Visite

L’église Saint-Albain est d’ordinaire fermée. Pour la visiter, contacter directement la mairie.

L’église n’est pas accessible aux personnes à mobilité réduite : deux grosses marches permettent de descendre dans la nef, et aucune rampe d’accès n’a pour le moment été installée. Néanmoins, une place de parking réservée aux personnes handicapées a été aménagée juste à côté de l’édifice.

Association engagée

Il n’y a pas d’association dédiée à la sauvegarde de l’édifice.

La commission patrimoine de la commune se charge de son entretien.

Iconographie ancienne et récente

Collection privée de Monsieur Luc Denis
Collection privée
Collection privée
Collection privée de Monsieur Luc Denis


Crédit Photos: CEP

Plans cadastraux

Bibliographie

  • DESHOULIERES, François, « L'église de Saint-Albain (Saône-et-Loire). », In : Bulletin Monumental, tome 92, n°2, année 1933. p. 236.
  • DUMONT, Marc, Saint-Albain ou l’immortalité.
  • RIGAULT, Jean, Dictionnaire topographique du département de la Saône-et-Loire, 2008.
  • VIREY, Jean, Les églises romanes de l’ancien diocèse de Mâcon, Mâcon, Protat, 1935, 474p.

Sources

  • Oursel, Anne-Marie et Raymond, Fiche d’inventaire départemental, 1969 :

Archives départementales de Saône-et-Loire

  • Fiche édifice de la Bourgogne Romane :

Saint-Albain

  • Fiche édifice de l’académie de Mâcon :

Saint-Albain

  • Informations sur le site de la mairie

Propriétaire / Contact

Commune de Saint-Albain

03 85 27 90 80

mairie.st-albain@orange.fr

Patrimoine local et/ou folklore

  • Pour plus d’informations sur le patrimoine local (châteaux, lavoirs…), voir l’onglet « culture et patrimoine » du site de la commune :

Culture et patrimoine à Saint-Albain

Notes et références

  1. Il y avait autrefois un auvent qui protégeait le portail, comme le montrent les photos anciennes.
  2. Il comporte à l’intérieur plus de 300 boulins-nichoirs répartis sur plusieurs niveaux
  3. Oursel
  4. Ibidem