Eglise Saint-Amour à Saint-Amour-Bellevue

De Wiki Mâcon Sud Bourgogne

L’église paroissiale Saint-Amour est située à Saint-Amour-Bellevue, dans le département de la Saône-et-Loire, en Bourgogne-Franche-Comté. Dédiée à un soldat de la légion thébaine, elle se trouve à l’emplacement d’un premier édifice préroman, présent au Xe siècle. Il s’agit à l’origine d’une simple chapelle. L’église est probablement reconstruite en style roman au début du XIIe siècle, période à laquelle est sculpté le « Christ de Saint-Amour », Christ en Gloire qui devait orner une tombe seigneuriale. Sa composition, inhabituelle, est énigmatique. Il est inscrit au titre des Monuments Historiques depuis 1928. De l’édifice du XIIe siècle, seules l’abside et la travée sous clocher demeurent. La nef de l’église est agrandie à la fin du XVIIIe siècle. Au XIXe siècle, elle est rénovée dans un style néo-roman et prend son aspect actuel : une large nef avec bas-côtés, suivie d’un transept dont les bras sont formés par deux chapelles, et d’une abside. L’église est ornée d’une statuaire nombreuse et variée. Les décorations de l’édifice sont également remarquables. Dans le chœur et l’avant-chœur, l’abbé Braqui, curé de la paroisse de 1909 à 1939, a réalisé plusieurs peintures après la Première Guerre Mondiale. Celles-ci représentent dans le chœur un Christ en Majesté, et dans l’avant-chœur des personnages bibliques. Au-dessus de l’arc triomphal est représentée la scène du Jugement Dernier.

Eglise Saint-Amour (©CEP)

Beschreibung der Kirche (deutsch) 1, 2, 3, 4

Description of the church (english) 1, 2, 3, 4

Adresse Au Bourg, 71570 Saint-Amour-Bellevue
Coordonnées GPS 46°14'43.7"N 4°44'35.2"E
Paroisse de rattachement Paroisse Notre-Dame des Vignes en Sud Mâconnais
Protection Monuments Historiques Christ en gloire « Christ de Saint-Amour » - Inscrit en 1928

Historique

Le village de Saint-Amour-Bellevue est déjà mentionné dans une charte du chapitre de Saint-Vincent de Mâcon à la fin du IXe siècle ou au début du Xe, sous le nom de Sancti-Amoris[1]. Ce nom rend hommage à saint Amour[2] (aussi appelé Amor ou Amator), soldat chrétien de la légion thébaine, exécuté pour avoir refusé de prendre part au massacre des chrétiens de Gaule sous Dioclétien. Les reliques de Saint-Amour sont gardées dans le village du Jura qui porte son nom. Le village de Saint-Amour-Bellevue a peut-être accueilli un temps une relique du saint martyr, prenant son nom en cette occasion. Durant la Révolution, lorsque les toponymes rendant hommage à des saints sont supprimés, le village prend le nom de Bellevue (en référence aux paysages environnants). En 1908[3], les deux noms sont accolés, et la commune devient officiellement Saint-Amour-Bellevue.

Un premier lieu de culte est mentionné au village dans la charte 421 du cartulaire de Saint-Vincent de Mâcon, sous l’appellation Capella Sancti-Amoris in villa Abluciniaco, dans la première moitié du Xe siècle (937-954). Cette simple chapelle, dont il ne reste rien aujourd’hui, appartient au chapitre. Au XIIe siècle, l’édifice est vraisemblablement reconstruit. A cette époque, la localité déjà érigée en paroisse[4] est vraisemblablement redonnée au chapitre[5], ayant peut-être été accaparée quelques temps auparavant. Cela pourrait avoir motivé cette reconstruction, afin de rendre un édifice en bon état. De cet édifice du XIIe siècle, il ne reste aujourd’hui que la travée sous clocher et l’abside, et possiblement une partie du clocher.

L’église en elle-même est mentionnée pour la première fois dans un pouillé (registre ecclésiastique) du XIVe siècle, en tant qu’Ecclesia Sancti-Amoris[6]. La paroisse est, elle, mentionnée au siècle suivant, sous l’appellation Parrochia Sancti-Amoris prope Matisconem. Ce qu’il advient de l’église romane à cette époque est incertain. On ne la retrouve qu’au XVIIe siècle, lorsqu’une chapelle dédiée à saint Martin est fondée en 1652 par Martin Pollet, bourgeois de Mâcon[7].

A la fin du XVIIIe siècle, les paroissiens se plaignent de l’état précaire dans lequel se trouve leur église, ainsi que de la taille restreinte de l’église romane, qui ne permet plus d’accueillir tous les fidèles. De 1783 à 1786, l’édifice est donc entièrement restauré et agrandi vers l’ouest[8], suivant le devis réalisé par l’entrepreneur Antoine Zolla (aînée) de Mâcon[9]. A la Révolution française, le curé de la paroisse, Mr Bertrand, fait partie des curés jureurs. Il reconnaît donc la constitution civile du clergé, au contraire des prêtres réfractaires. Cependant, il disparait en 1792, les registres paroissiaux s’arrêtant l’année suivante. Les biens du clergé (dont l’église) sont alors vendus en tant que biens nationaux.

En 1820, la commune rachète la cure. Tout au long du XIXe siècle, l’église va être régulièrement restaurée. Les premiers travaux sont engagés dès 1823, afin de remettre en état l’église non-entretenue les décennies précédentes. Ils concernent alors notamment les toitures et enduits, et prévoient également l’ajout d’une chapelle au nord. De 1828 à 1831, c’est le chœur qui est entièrement restauré et réaménagé. En 1881, un projet d’agrandissement et de rénovation de l’église est une nouvelle fois avancé. Sur les plans de l’architecte Pinchard, de Mâcon, il est prévu une reprise de la nef ainsi que la construction de ses bas-côtés et d’une sacristie (au sud de l’abside). Ces travaux sont financés en partie grâce à des dons anonymes, qui viennent compléter l’investissement de la fabrique[10]. La commune doit cependant faire une demande de secours pour achever les travaux et remplacer le mobilier. Le devis initial de 20 000 francs est par ailleurs ramené à 16 190,48 francs[11].

En 1909, l’abbé Braqui est nommé curé de Saint-Amour, charge qu’il assumera jusqu’en 1939. Homme érudit, de bonne fortune, il achète la cure en 1913 et forme une société civile immobilière[12]. Celle-ci comprend la cure de Chaintré, son école libre et la cure de Saint-Amour. Cette société deviendra en 1973 l’Association d’entraide de Chaintré et Saint-Amour (statut régi par la loi de 1901), qui fonctionne encore aujourd’hui.

Peu avant que la vente de la cure soit actée, un inventaire de ses biens est organisé par la commune. C’est à cette occasion qu’est découverte dans le jardin une dalle sculptée. Celle-ci comporte un christ byzantin entouré de visages d’anges (putti). La commune prévoit dès lors sa classification aux Monuments Historiques, qui est actée en 1928. Le « Christ de Saint-Amour » est alors daté du XIIe siècle, et transféré dans l’église.

Après la Première Guerre Mondiale, le Père Braqui, qui est un grand admirateur de peintures et fresques anciennes, réalise le décor du chœur et de l’arc triomphal de l’église Saint-Amour.

Description architecturale

GLOSSAIRE : Bourgogne Romane

Le plan de l’église Saint-Amour a donc été remanié à plusieurs occasions. Orientée à l’est, elle se compose aujourd’hui d’une nef rectangulaire avec bas-côtés, suivie d’une travée sous clocher et d’une abside, flanquée au sud par la sacristie moderne.

A l’extérieur, l’édifice a un profil moderne et imposant. Sa façade est relativement simple. Elle est ouverte d’un petit portail plein cintre à clé et impostes saillantes. Celui-ci est surmonté d’une rosace à six lobes, elle-même surmontée d’une petite baie rectangulaire. Deux baies identiques sont présentes sur chaque côté de la façade, éclairant les bas-côtés. Le pignon est par ailleurs surmonté d’une petite croix de pierre. Les murs des bas-côtés sont ouverts de cinq baies plein cintre chacun, tandis que cinq oculi percent les murs gouttereaux de la nef, en hauteur. La travée sous clocher est flanquée de la sacristie au sud, et au nord d’une construction rectangulaire menant à la tour d’escalier qui permet l’accès au clocher. L’église se termine par un chevet à mur droit, ouvert d’une baie à l’est et au nord, celle au sud rendue aveugle par la sacristie. Le clocher est quant à lui de plan carré et ne comporte qu’un seul niveau, ouvert d’une baie géminée avec abat-son sur chaque face. Sa très faible hauteur par rapport au reste de l’édifice reconstruit semble attester de son ancienneté, sans toutefois permettre une datation certaine. Il est surmonté d’une courte pyramide à quatre pans.

A l’intérieur de l’église, la nef impressionne par ses dimensions et sa clarté. L’œil est directement attiré par les couleurs vives des peintures du chœur. La nef de cinq travées est voûtée d’arêtes, délimitées par des arcs doubleaux à retombées sur consoles[13]. Le vaisseau central communique avec les bas-côtés via de grands arcs plein cintre, qui retombent sur des piles rondes avec chapiteaux sculptés de feuillages, et édifiés sur des bases carrées[14]. Les bas-côtés sont également voûtés d’arêtes. Ils se terminent par des chapelles droites, dont celle au sud est dédiée à la sainte Vierge, et celle au nord à saint Joseph[15]. La travée sous clocher est également voûtée d’arêtes. On y distingue deux petites baies anciennes murées, de part et d’autre. Elle est suivie d’une abside semi-circulaire (enclavée dans le chevet plat), plus étroite que la travée qui la précède.

Inventaire décor et mobilier[16]

  • Christ en Gloire[17] :

« Christ de Saint-Amour », en pierre. Il devait orner une tombe seigneuriale. Sa composition est assez énigmatique et inhabituelle. Il s’agit d’une pierre de 1.40m par 1.20m. On y distingue un Christ byzantin vêtu d’une tunique et assis dans une mandorle irrégulière. Sa tête repose sur une croix non-inscrite dans une auréole, et il fait le geste de l’enseignant (trois doigts levés, deux repliés). Il est entouré de quatre têtes d’anges (putti). La pierre est entourée de deux colonnes torsadées sur les côtés, et de rinceaux.

Son origine demeure inconnue, tout comme l’identité du seigneur dont la tombe était ornée de cette pierre. Lors de son classement comme objet historique en 1928, il fut daté du XIIe siècle. Cependant, d’autres hypothèses ne le feraient remonter qu’au XVIIe siècle. Il s’agirait en fait d’un pastiche roman, ce que tendrait à prouver les manches disproportionnées du Christ, ainsi que la facture des têtes des putti[18].

  • Peintures au-dessus de l’arc triomphal et dans le chœur :

Réalisées par l’abbé Braqui après la Première Guerre Mondiale

Sur la voûte de l’abside :

Christ en Majesté assis sur un arc en ciel et tenant dans la main le livre avec l’alpha et l’oméga, et faisant le signe de l’enseignement de l’autre main.

Travée sous clocher :

Sur les arcs, quatre personnages vêtus d’une dalmatique de diacre. On reconnaît saint Etienne qui fut lapidé (il tient une pierre), et saint Laurent tenant un grill (martyrisé de cette façon).

Sur la voûte : « quatre Séraphins (à 3 paires d’ailes, cf. Isaïe 6/2), portant un ciboire et un calice (symbolisant la foi), une ancre (l’espérance) et un coeur (la charité) entourent le nom de Jésus et le chrisme (lettres Khi-Rho) désignant le Christ.[19]»

Au-dessus de l’arc triomphal :

Scènes du Jugement Dernier, avec le Christ crucifié en dessous de Dieu le Père, et entouré par Marie et Jean.

  • Voûtes des bas-côtés peintes : décor moderne de fleurs et torsades
  • Chapiteaux sculptés de la nef
  • Vitraux géométriques modernes de la nef
  • Fonts baptismaux : sur le pied de la cuve baptismale, on lit les trois vertus théologales : Fides (foi) Spes (espérance) et Caritas (charité)[20].
  • Chaire à prêcher, XIXe siècle
  • Maître-autel : orné d’un Chrisme
  • Autels des chapelles latérales
  • Statuaire :

Les douze Apôtres, en bois, au-dessus des piliers de la nef.

Jeanne d’Arc (droite de la porte principale)

Sainte Thérèse de l’Enfant Jésus (gauche de la porte principale)

Diacre tenant un livre et la palme du martyre (au-dessus de la porte principale)

Notre-Dame de Lourdes (chapelle nord)

Saint Joseph (chapelle nord)

Curé d’Ars (blanc, chapelle nord)

Vierge Marie (chapelle sud)

Vierge à l’enfant (chapelle sud)

Curé d’Ars (coloré, chapelle sud)

  • Plaque sculptée montrant le Christ entouré de la Vierge Marie et de saint Jean (abside)
  • Monument aux Morts, plaque contre le mur
  • Bénitier encastré

Rénovations / Etat

Rénovations :

  • 1783 : église restaurée et agrandie vers l’ouest.
  • 1823 : réfections des toitures et enduits, ajout d’une chapelle au nord.
  • 1828-1831 : restauration et réaménagement du chœur.
  • 1881 : restauration et agrandissement de l’église.
  • Après 1918 : réalisation du décor du chœur.


Etat :

L’église Saint-Amour est en bon état et est régulièrement entretenue.


Classement :

L’église Saint-Amour abrite un Christ en Gloire de pierre, inscrit comme objet historique en 1928.

Actualités

Pour suivre l’actualité de l’église et de la commune, voir le site internet officiel du village : Saint-Amour-Bellevue

Ou suivre les réseaux sociaux :

TWITTER

FACEBOOK (Animations)

FACEBOOK (Tourisme)

INSTAGRAM

Visite

L’église est ouverte au public en journée pendant la période estivale, de mai à octobre.

Pour une visite le reste de l’année, se renseigner auprès de la mairie.

L’accès aux personnes à mobilité réduite est compliqué. La porte latérale, par laquelle on entre dans l’édifice, est assez étroite.

L’église ne possède pas de rampe d’accès à son entrée principale.

Association engagée

L’église Saint-Amour fait l’objet d’une attention constante de la part de la commune et de ses habitants.

Mesdames Chomienne et Gélain sont particulièrement investies dans sa sauvegarde et sa mise en valeur.

Iconographie ancienne et récente

Collection privée
Collection privée


Crédit Photos: CEP

Plans cadastraux

Cadastre actuel, cadastre.gouv

Bibliographie

  • Lex, Léonce, « Le Christ en gloire de Saint-Amour-Bellevue », In : Millénaire de Cluny, Tome II, pages 33-39.
  • Rigault, Jean, Dictionnaire topographique du département de la Saône-et-Loire, 2008.
  • Virey, Jean, Les églises romanes de l’ancien diocèse de Mâcon, Dijon, Protat, 1935.

Sources

  • Document/Historique fourni par la mairie de Saint-Amour-Bellevue, rédigé en 2015 par Agnès Gélain.
  • Fiche édifice de la Pastorale du Tourisme 71 :

Eglise Saint-Amour

  • Oursel, Anne-Marie et Raymond, Fiche d’inventaire départemental, 1970, Archives départementales de la Saône-et-Loire :

Archives départementales

  • Fiche édifice de la Bourgogne Romane :

Saint-Amour

Propriétaire / Contact

Commune de Saint-Amour-Bellevue

03 85 37 11 48

mairie@saint-amour-bellevue.fr

Patrimoine local et/ou folklore

  • Calvaire au piédestal gravé :

Place du plâtre, érigé en 1808.

  • Fête de la Saint-Valentin :

Saint-Amour-Bellevue est le village des amoureux. A ce titre, diverses célébrations sont organisées chaque année pour la Saint Valentin (confirmation de mariage, dîner aux chandelles, concerts…).

  • Fête des crus :

Saint-Amour-Bellevue est l'une des étapes sur la Route des vins Mâconnais-Beaujolais créée en 1986. Le cru Saint-Amour (AOC) y trouve son origine. La commune prend donc part à la Fête des crus, qui rassemble les grands crus du Beaujolais (et permet leur dégustation) lors d’une célébration commune de l’arrivée du printemps.

Notes et références

  1. Rigault, Jean, Dictionnaire topographique du département de la Saône-et-Loire.
  2. Selon Agnès Gelain, à propos de saint Amour : « […] l'empereur Dioclétien [aurait appelé l’armée thébaine] pour renforcer la défense de ses frontières à l'est du Rhin. Dans le Valais suisse, son chef Maurice reçoit l'ordre de massacrer les chrétiens qui n'honorent pas les dieux romains ; chrétien lui-même, ainsi que ses compagnons, ils refusent d'obéir, et sont alors tués à Agaune [(aujourd’hui Saint-Maurice-en-Valais)] en 286. Leurs corps sont recueillis et sous l'empereur Constantin (converti au christianisme) une abbaye est créée en 313 pour rendre un culte à St. Maurice au lieu du massacre. En 585 l'évêque de Mâcon administre le pèlerinage aux reliques d'Amor et de Viator qui s'est créé dans la future ville de St. Amour (Jura). »
  3. Rigault.
  4. Virey, Jean, Les églises romanes de l’ancien diocèse de Mâcon.
  5. Pastorale du tourisme 71.
  6. Rigault
  7. Oursel
  8. Virey
  9. Oursel
  10. Oursel
  11. Document élaboré par Agnès Gélain.
  12. Ibidem
  13. Oursel
  14. Ibidem
  15. A. Gélain
  16. En partie établi grâce aux informations de la Pastorale du tourisme 71
  17. Léonce Lex en a fait une description précise dans l’ouvrage référencé en fin d’article.
  18. Alain Guerreau
  19. Pastorale du tourisme
  20. Ibidem