Eglise Saint-Blaise à Germolles-sur-Grosne

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L’église Saint-Blaise est située à Germolles-sur-Grosne, dans le département de la Saône-et-Loire, en Bourgogne-Franche-Comté. Au moment de sa fondation, dans la seconde moitié du XIIe siècle, c'est une simple église annexe de Tramayes. Elle n’est établie en tant qu’église paroissiale de Germolles-sur-Grosne qu’en 1653. Il s’agit d’une église romane modeste, trapue et sobre. De la construction d’origine, l’église actuelle conserve sa nef, son abside et sa travée sous clocher, voûtée d’une coupole sur trompes. Dans l’abside, les baies sont encadrées par des chapiteaux sculptés romans. L’édifice a également conservé quelques éléments de façade, toutefois vraisemblablement remaniée au XVIIe siècle lors d’une rénovation globale. C’est peut-être de cette époque que date la chapelle située au sud de la travée sous clocher, tout comme les grandes baies éclairant la nef. Au XIXe siècle, l’édifice est restauré plusieurs fois. On sait ainsi qu’une chapelle attenante à l’édifice est détruite en 1839, révélant la tombe du marquis de Gorze, mort en 1740. En 1843, après plusieurs années d’inquiétude quant à son état, le clocher s’effondre. Il est rebâti par l’architecte André Berthier de Mâcon, qui répare en même temps les dommages causés à la nef et au chœur par l’incident. La sacristie, qui flanque la travée sous clocher au nord, a probablement été construite, elle aussi, au milieu du XIXe siècle.

Eglise Saint-Blaise (©CEP)

Beschreibung der Kirche (deutsch) 1, 2, 3, 4

Description of the church (english) 1, 2, 3, 4

Adresse Germolles, 71520 Germolles-sur-Grosne
Coordonnées GPS 46°16'49.6"N 4°35'28.4"E
Paroisse de rattachement Paroisse des Saints Apôtres en Haut Clunisois
Protection Monuments Historiques /

Historique

Les premières mentions du village de Germolles-sur-Grosne datent du XIIe siècle[1], dans plusieurs chartes du chapitre de Saint-Vincent de Mâcon, sous l’appellation Germola[2]. Ces textes font tour à tour référence aux seigneurs des lieux, mais aussi au cimetière. Le toponyme de Germoles apparaît au XVe siècle. La commune prend finalement le nom de Germolles-sur-Grosne en 1913, sur demande du maire, afin d’éviter la confusion avec une autre localité du même nom se situant en Saône-et-Loire.

L’église de Germolles-sur-Grosne est un édifice roman fort modeste, qui date vraisemblablement du XIIe siècle. A l’origine, il s’agit d’une simple église annexe de la paroisse de Tramayes, à la collation de l’évêque de Mâcon. Bâtie à flanc de coteau, elle domine le bourg et fait face au château de Gorze, édifié sur la colline opposée. Le plan de la construction romane est typique des petites églises rurales de la région : une nef unique rectangulaire, suivie d’une travée sous un clocher carré et d’une abside. La configuration du terrain est visiblement à l’origine du fort désaxement de la nef par rapport au chœur.

Peu de documents concernant l’église Saint-Blaise nous sont parvenus. La première mention de l’église est faite dans un pouillé (registre ecclésiastique) de 1513, sous l’appellation Ecclesia de Germola. En 1653, les habitants demandent à ce que l’église de Germolles-sur-Grosne devienne paroissiale, par désunion de Tramayes[3]. Leur demande est portée à l’évêque de Lingendes, et soutenue par la veuve du seigneur de Gorze et de Germolles. Le 17 décembre de la même année, leur requête est acceptée, et l’église devient paroissiale.

Ce changement de statut engendre peut-être une première restauration de l’édifice. L’église semble en tout cas avoir été remaniée au XVIIe siècle, notamment au niveau de la façade[4], sans style particulier, et des baies de la nef, assez larges et d’aspect moderne. C’est peut-être de cette rénovation globale que date la construction de la chapelle au sud de la travée sous clocher. Toujours est-il que cette chapelle, tout comme la sacristie, sont déjà présentes en 1837, comme l’atteste le plan cadastral dressé cette année-là.

En 1839, la démolition d’une ancienne chapelle permet la découverte de la tombe du marquis de Gorze, mort en 1740[5]. Elle avait vraisemblablement été bâtie afin de servir de chapelle funéraire pour les seigneurs du lieu, mais sa localisation exacte est inconnue. En 1840, la municipalité fait état d’un besoin urgent de restaurer et d’étayer le clocher, en très mauvais état et qui menace de s’effondrer. Aucune suite n’est donnée à cet avertissement, si bien que dans la nuit du 9 juillet 1843, le clocher s’effondre en endommageant la toiture de la nef et du chœur.

Des travaux assez importants sont donc engagés la même année, afin de réparer les dommages. L’architecte André Berthier, de Mâcon, est chargé de dressé les plans de la reconstruction du clocher. Il prend en compte l'avis des habitants de Germolles-sur-Grosne, qui offrent de participer au transport des matériaux et font preuve d’un engagement et d’un intérêt certain pour le devenir de leur église. Le nouveau clocher est de style néo-roman, en homogénéité avec le reste de l’édifice. Les dommages sont réparés, et la nef est vraisemblablement plafonnée à cette occasion. Depuis, l’église a été régulièrement entretenue et restaurée.


Anecdotes :

  • La couverture de la flèche du clocher soulève quelques interrogations de par les motifs dessinés par les tuiles vernissées. En effet, on y distingue une étoile juive (au nord, au sud et à l’est), ainsi qu’un ostensoir[6] (à l’ouest). Ce sont là des motifs fort inhabituels pour l’ornement de la toiture d’une église. Un décor semblable est visible sur la flèche de l’église Saint-Antoine à Ouroux, située à environ 6km de Germolles-sur-Grosne. La raison exacte de ce décor est inconnue (ce n’est à priori pas un signe compagnonnique), mais il pourrait s’agir d’une marque cherchant à allier l’Ancien et le Nouveau Testament[7].
  • Jusqu'au siècle dernier, un pèlerinage avait lieu en l’église de Germolles-sur-Grosne chaque année, à l’occasion de la saint Blaise (le 3 Février). Saint Blaise de Sébaste[8], originaire d’Arménie, était évêque de la ville de Sébaste, acclamé par le peuple lors de la mort de son prédécesseur. Vers 316, Agricola (gouverneur de Cappadoce et de Petite Arménie), vint à Sébaste sur ordre de l’empereur Licinius pour mettre à mort les chrétiens. L’évêque fut donc arrêté, torturé, et ne voulant pas renoncer à sa foi, il mourut en martyr, décapité. A l’origine médecin, on lui attribue la guérison des maux et maladies de gorge, et plus généralement de nombreux miracles.

Description architecturale

GLOSSAIRE : Bourgogne Romane

Plan de la construction romane, par Alain Guerreau

L’église Saint-Blaise est un édifice modeste, court et massif. Orientée à l’est, bâtie à flanc de coteau en appareil de granit[9], sa nef épouse la configuration du terrain. L'église est composée d’une nef unique, suivie d’une travée sous clocher flanquée d’une chapelle (au sud) et d’une sacristie (au nord) modernes, et d’une abside. Le clocher a été refait au XIXe siècle.


La façade de l’église Saint-Blaise est relativement simple, remaniée à l’époque moderne. Elle est ouverte d’une porte rectangulaire, accessible via un escalier de pierre. Son linteau est saillant et surmonté d’un large oculus moderne. La nef de taille modeste est ouverte de deux larges baies plein cintre modernes sur chaque mur gouttereau. Au sud, une baie médiane ancienne est toujours ouverte, entre les deux autres. Elle est étroite et doublement ébrasée, amortie en tiers-point. Sur le gouttereau sud, les vestiges d’un ancien accès latéral sont encore visibles. On en discerne le contour et le linteau non-saillant. La travée sous clocher est à l’extérieur quasi-entièrement masquée par les constructions modernes. Au sud, une chapelle rectangulaire englobe les contreforts épais de la travée, simplement ouverte d’une fenêtre rectangulaire. Au nord, la petite sacristie de plan carré est assez basse. Sa toiture pentue arrive juste en-dessous de la baie moderne en plein cintre de la travée. Celle-ci est encadrée par deux gros contreforts, afin de contrebalancer la pente du terrain. L’abside semi-circulaire complète l’édifice à l’est. Elle est ouverte de cinq petites baies romanes étroites et allongées, encadrées par trois contreforts peu-saillants. Leur appareil étant différent du reste de l’édifice, ils ont vraisemblablement été rajoutés à la construction. Au-dessus de la toiture de l’abside, un petit oculus bouché est visible au niveau de la coupole sous le clocher (comme à l’Eglise Saint-Paul à Sancé). Le clocher moderne de style néo-roman est de plan carré, à un seul niveau de baies géminées délimité par un cordon de pierre. Il en comporte deux paires sur chaque face, séparées par un massif de maçonnerie, avec retombée médiane sur des colonnettes aux chapiteaux nus. Ces baies sont surmontées par des arcatures plein cintre non-saillantes. L’accès au clocher se trouve juste au-dessus de la toiture de la chapelle. Tout l’édifice est couvert de tuiles, dont celles de la flèche du clocher sont vernissées et forment des motifs.


On entre dans la petite église Saint-Blaise par le portail occidental. La nef est dallée, solide grâce à la forte épaisseur de ses murs, mais relativement basse à cause du plafond. Celui-ci est clairement moderne et vient d’ailleurs couper et masquer l’arc triomphal, faisant perdre à l’édifice son harmonie architecturale d’origine. La travée sous clocher est surélevée de deux marches par rapport à la nef et voûtée d’une coupole sur trompes. La travée est encadrée par quatre arcs : plein cintre à l’est (vers l’abside), et brisés à l’ouest, au nord et au sud. Ses arcs retombent sur des impostes décorées d’une gorge[10]. Au nord de la travée, une petite porte mène à la sacristie. Le mur sud de la travée est quant à lui entièrement ouvert et communique avec la chapelle latérale, plafonnée. A l’est, l’abside en hémicycle est surélevée d’une marche par rapport à la travée qui la précède et abrite un ancien autel imposant. Elle est voûtée en cul-de-four et comporte un décor d’arcatures en plein cintre dont les arcs relativement surbaissés viennent encadrer les baies romanes. Ces arcatures retombent sur des chapiteaux romans assez simplement sculptés de feuilles d’eau.

Inventaire décor et mobilier [11]

  • Abside : arcatures à colonnettes et chapiteaux sculptés de feuilles d’eau, de l’époque romane.
  • Statuaire :

Curé d’Ars (gauche de la nef)

Saint Antoine de Padoue (droite de la nef)

Sainte Thérèse de Lisieux (droite de l’arc triomphal)

Vierge à l’Enfant (dans la chapelle latérale), bois peint (vers 1830)

Saint Blaise (gauche de l’arc triomphal), bois polychrome (vers 1830)

Saint Joseph

Vierge Marie (dans une représentation peu courante)

Christ en Croix en bois polychrome (dans la coupole sous le clocher, à l’emplacement de l’oculus bouché), du XVIIe siècle.

  • Autel en pierre blanche sculptée, XIXe siècle, surmontée du tabernacle (dans l’abside)
  • Autel moderne en bois (sous la coupole du clocher)
  • Autel de la chapelle
  • Plaque de commémoration pour les soldats morts au combat (gauche de l’arc triomphal)
  • Chaire à prêcher (mur gauche de la nef)
  • Vestiges d’un confessionnal
  • Chemin de croix
  • Fonts baptismaux néo-gothiques avec pinacle (XIXe), avec une représentation du baptême du Christ par Saint Jean-Baptiste (à gauche de l’entrée). Son origine est incertaine, mais certains le disent provenir de la chapelle du château de Gorze[12].
  • Bénitier encastré
  • Vitraux modernes

Rénovations / Etat

Rénovations :

XIXe :

1843 : reconstruction du clocher et réparation des dommages engendrés par son effondrement (toiture de la nef et du chœur)

XXe :

Réfection de la toiture du clocher (date inconnue)

XXIe :

Restauration intérieure générale

Etat :

L’église de Germolles-sur-Grosne est en relativement bon état. Si l’intérieur a fait l’objet d’une restauration globale assez récemment, l’extérieur est d’aspect plus frustre et mériterait d’être rénové. Certaines pièces de mobilier nécessiteraient également une restauration appliquée (fonts baptismaux dont la cuve est brisée, statue de saint Joseph…).

Actualités

Pour suivre l’actualité de l’église et de la commune, contacter directement la mairie.

Visite

L’église est habituellement ouverte tous les jours. Pour visiter l’édifice, se renseigner auprès de la mairie.

L’église de Germolles-sur-Grosne n’est pas adaptée aux personnes à mobilité réduite. Le terrain est en pente assez raide, et l’entrée de l’édifice n’est accessible que via plusieurs marches.

Association engagée

/

Iconographie ancienne et récente

Collection privée.
Collection privée.
Collection privée de Monsieur Luc Denis


Crédit Photos: CEP

Plans cadastraux

Cadastre actuel, cadastre.gouv

Bibliographie

  • BURNOT, Jean-Louis, Le château de Gorze à Germolles-sur-Grosne, revue « Images de Saône-et-Loire » n° 117 (avril 1999), pp. 16-20 et n° 118 (juillet 1999), pp. 18-20 (numérisé sur le site des archives départementales).
  • RIGAULT, Jean, Dictionnaire topographique du département de la Saône-et-Loire, 2008.
  • VIREY, Jean, Les églises romanes de l’ancien diocèse de Mâcon, Mâcon, Protat, 1935, 474p.

Sources

  • Oursel, Anne-Marie et Raymond, Fiche d’inventaire départemental, 1969 :

Archives départementales

  • Fiche édifice de la Bourgogne Romane :

Germolles-sur-Grosne

  • Site internet dédié au patrimoine du Haut-Beaujolais et du Haut-Clunysois :

R.Sangouard

Propriétaire / Contact

Commune de Germolles-sur-Grosne

03 85 50 56 29

mairie.germolles_sur_grosne@laposte.net

Patrimoine local et/ou folklore

Château de Gorze vu de l'église
  • Château de Gorze :

Ancien château seigneurial (la première mention d’un seigneur date du XIIe siècle), dont la construction commence en 1671. Au cours des siècles, il change de propriétaire de nombreuses fois, et est fortement remanié. Il s’agit aujourd'hui d’une propriété privée qui sert d’exploitation agricole. Pour un historique et une description détaillée du château et de la seigneurie, voir l’article de Jean-Louis Burnot. (Photo du château vu de l’église)


Eglise partiellement romane dont le clocher-porche date du XIIe siècle. L’église de Germolles a longtemps été une annexe de la paroisse de Tramayes.

Notes et références

  1. L’histoire de la localité est cependant bien plus riche, comme en témoignent les vestiges de la voir romaine reliant Lyon et Autun, retrouvés sur le territoire de la commune.
  2. Rigault, Jean, Dictionnaire topographique du département de la Saône-et-Loire, 2008.
  3. Oursel, Anne-Marie et Raymond, Fiche d’inventaire départemental, 1969.
  4. Virey, Jean, Les églises romanes de l’ancien diocèse de Mâcon.
  5. Oursel
  6. Pièce d’orfèvrerie destinée à abriter l’hostie consacrée.
  7. Voir à ce sujet l’article du progrès sur l’église d’Ouroux : La mystérieuse étoile juive du clocher d'Ouroux
  8. Voir la fiche nominis
  9. Oursel
  10. Virey
  11. Inventaire en partie réalisé avec les information de la fiche Oursel.
  12. BURNOT, Jean-Louis, Le château de Gorze à Germolles-sur-Grosne, revue « Images de Saône-et-Loire » n° 117 (avril 1999), pp. 16-20 et n° 118 (juillet 1999), pp. 18-20 (numérisé sur le site des archives départementales).