Eglise Saint-Loup à Bergesserin

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L’église Saint-Loup est une église paroissiale romane située dans la commune de Bergesserin, dans le département de la Saône-et-Loire, en Bourgogne-Franche-Comté. Elle présente deux phases principales de construction. Les parties les plus anciennes de l’édifice sont les murs de la nef, les montants des deux grands arcs, ainsi que l’abside et ses baies, à l’exception de la voûte. Elles pourraient dater de la seconde moitié du Xe siècle ou du tout début du XIe siècle, à en juger par la grande épaisseur des murs. La deuxième phase de construction pourrait remonter à la fin du XIIe siècle et concerne les murs sud et nord de la travée sous clocher, les arcs de la voûte et le clocher. Les chapelles latérales qui forment transept sont modernes. Au XIXe siècle, plusieurs vagues de travaux ont lieu. Ainsi, l’étage supérieur est ajouté au clocher, tout comme les voûtes et les ouvertures de la nef, les enduits sont refaits, la toiture est réparée et la sacristie rénovée. L’intérieur de l’église est d’aspect moderne. Des vitraux de belle facture éclairent la nef. On y trouve par ailleurs une chaire à prêcher sculptée remarquable de style Louis XV (XVIIIe siècle). Le chœur, l’abside et le clocher de l’église sont classés aux Monuments Historiques depuis 1945.

Eglise Saint-Loup (©CEP)
Adresse Balland, 71250 Bergesserin
Coordonnées GPS 46°24'04.9"N 4°33'43.8"E
Paroisse de rattachement Paroisse de Cluny Saint Benoît
Protection Monuments Historiques Classée en 1945 (chœur, abside, clocher)

Historique

Le village de Bergesserin est mentionné pour la première fois vers 996 dans le cartulaire de Cluny : In comitatu…Matisconensi… Bargeserenam villam[1]. Une villa romaine devait à l’origine correspondre au territoire de la commune actuelle, comme le suggèrent les monnaies romaines retrouvées au village. La commune est en partie couverte d’une forêt domaniale, en majorité composée de feuillus. Pendant la Seconde Guerre Mondiale, un maquis se constitue dans ces forêts[2], dites de la Châtelaine. Les résistants prennent part à la bataille de Cluny. Un ancien sanatorium se trouve également sur la commune. Construit dans les années 1930 pour accueillir les tuberculeux, puis des patients dépendant de l’hôpital de Mâcon, il est désaffecté depuis 2008 et vient d’être reconverti en site d’airsoft gun.

L’église du village n’est mentionnée pour la première fois que dans un pouillé du XVe siècle : Ecclesia de Berga Serena[3]. C’est un édifice roman dont l’origine remonte vraisemblablement à la fin du Xe siècle ou au début du XIe. L’église est alors à la collation de l’abbé de Cluny et le centre de la paroisse de Bergesserin. Elle est dédiée à saint Loup, évêque de Troyes[4], mort en 478. Certaines parties de l’édifice actuel - composé d’une nef unique, d’un transept formé par deux larges chapelles, d’une travée sous clocher et d’une abside - semblent appartenir à cette construction primitive : les murs de la nef, les montants des deux grands arcs, ainsi que l’abside et ses baies, à l’exception de la voûte. Dans la seconde moitié du XIIe siècle, l’église connaît visiblement une reprise assez importante. Les murs sud et nord de la travée sous clocher, les arcs de la voûte et le clocher lui-même semblent dater de cette époque.

Ce qu’il advient de l’église dans les siècles qui suivent est incertain. En 1675, une visite pastorale mentionne une nef sans vitres, et la présence de deux cloches[5]. Au XIXe siècle, l’église Saint-Loup est régulièrement entretenue et fait l’objet de travaux à plusieurs reprises. En 1837, un devis dressé par Joseph Bonnetain établi les travaux à réaliser : toiture à réparer, portail à refaire, sacristie à restaurer (plancher, toiture), crépis à reprendre[6]. En 1849, un projet d’agrandissement de l’église est avancé. Il pourrait concerner les chapelles formant transept, qui n’apparaissent pas sur le plan cadastral de 1841, ou encore l’étage supérieur du clocher (semblable à un étage de guet, en nette rupture avec les étages romans inférieurs).

En 1880, l’architecte Sire, de Saint-Gengoux-le-National, dresse les plans de l'édifice et la liste de travaux à réaliser : « percement de fenêtres, d’une porte d’entrée, construction d’une voûte en briques composée d’arcs doubleaux moulurés. Les retombées des arcs portent sur des culs-de-lampe en pierre du Midi moulurés et sculptés, pour la porte d’entrée, la pierre de Lys ou de Colombier sera employée »[7]. En 1885, la commune effectue une demande de recours auprès de l’Etat afin de financer les travaux. La réponse officielle prévoit la modification des plans de Sire (la voûte devrait être remplacée par un plafond). Finalement, une souscription lancée par le Père Carré auprès de la population récolte 5000 francs, l’aide de l’état n’est plus nécessaire. En 1890, Joseph Premier, entrepreneur à Buxy, est choisi pour faire les travaux, dont le montant s’élève au final à 5629.15 francs.

En 1911, une réfection de la toiture est engagée conformément au devis établi par Mr Michel, géomètre-architecte. Les travaux sont réalisés par Jean-René Dumont, charpentier à La-Chapelle-du-Mont-de-France, pour 696.92 francs. En 1938, des réparations d’urgence[8] sont menées sur le clocher, en attendant sa classification aux Monuments Historiques. L’objectif est de stabiliser la structure, au niveau de la toiture et des planchers en bois, avant d’autres travaux plus pérennes. En 1945, le chœur, l’abside et le clocher sont finalement classés.

Dans les années 1950 et 1960, des travaux sont engagés sur l’édifice, notamment au niveau du clocher, endommagé par la foudre. Dans les années 1970, un coq et une croix en fer forgé sont installés au sommet de la pyramide du clocher. De 1987 à 1991, une restauration intérieure et extérieure de l’édifice est menée. L’église est depuis régulièrement entretenue. En 2012, une équipe d’étudiants japonais du Kyoto Institute of Technology a entièrement mesuré l’édifice et dressé ses plans.

Description architecturale

GLOSSAIRE : Bourgogne Romane

L’église Saint-Loup, dont le chœur est bien orienté à l’est, est un exemple typique des petites églises paroissiales romanes de la région. Elle se compose d’une nef unique rectangulaire dont la dernière travée est flanquée de deux chapelles latérales formant transept, puis d’une travée sous clocher et d’une abside semi-circulaire. Deux constructions flanquent la travée sous clocher, de chaque côté. Outre ces structures, les chapelles latérales, et l’étage supérieur du clocher, l’édifice est entièrement roman, bâtis en deux phases. Les murs de la nef, les montants des deux grands arcs, ainsi que l’abside et ses baies, à l’exception de la voûte, remonteraient à la fin du Xe siècle ou au début du XIe : les murs sont très épais (90cm et plus) et grossièrement appareillés. Les murs sud et nord de la travée sous clocher, les arcs de la voûte et le clocher semblent dater de la seconde moitié du XIIe siècle : les murs sont moins épais (50 à 70cm) et bien appareillés, le décor est plus fin.

Plans ©CEP

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La façade de l’édifice, remaniée à l’époque moderne, est percée d’un portail en tiers-point dont la double voussure moulurée retombe sur des colonnes avec chapiteaux sculptés de de feuillages. Le tympan du portail est également sculpté et figure le Christ en Gloire entouré de saint Loup et d’un ange s’apprêtant à le couronner. Un oculus muni d’une rosace s’ouvre au-dessus du portail tandis qu’une petite croix de pierre coiffe le pignon.

La nef est quant à elle ouverte de trois baies en cintre légèrement brisé sur chaque gouttereau, encadrées par des contreforts. La dernière travée est flanquée de deux chapelles latérales formant transept. Celles-ci sont éclairées par une baie doublée sur chaque mur de fond, et par une baie à l’ouest, toutes du même profil que celles de la nef mais plus petites. La chapelle nord est également ouverte d’une petite baie plein cintre en haut du pignon, juste en-dessous d’une toiture à deux pans.

La travée sous clocher suit le transept et est flanquée de deux constructions (dont la sacristie au sud). Elle supporte le clocher élancé, de plan carré. Il comporte quatre niveaux, dont les trois premiers sont d’origine. La face ouest du premier étage est masquée par la toiture moderne de la nef, et se termine par une simple corniche avec quelques modillons. Les faces est et sud comportent deux demi-colonnes engagées chacune, tandis que les faces ouest et nord sont munies de pilastres cannelés, tous ces éléments ayant une base sculptée. Le deuxième étage est aveugle, simplement décoré d’une bande lombarde par face avec des arcatures retombant sur des modillons, dont un au nord est sculpté d’une tête. Le troisième étage, délimité par un cordon de pierre, est muni de baies géminées plein cintre retombant sur des paires de colonnettes avec chapiteaux sculptés, inscrites dans des bandes lombardes dont les arcatures retombent sur des modillons nus. Le dernier étage roman se termine par une corniche en encorbellement qui devait soutenir la toiture d’origine, et qui comporte quatre masques sculptés aux angles (possiblement les quatre vents ou les quatre évangélistes ). Les chaînages d’angle de la structure romane sont en blocs de grès. L’étage supérieur, moderne, ressemble à un étage de guet et comporte une baie rectangulaire par face. Il est coiffé d’une courte pyramide à quatre pans.

A l’est l’abside semi-circulaire complète l’édifice. Elle est éclairée par trois baies plein cintre à double ébrasement. A la pointe de la toiture, une ancienne baie ébrasée est murée mais toujours en partie visible. Elle devait éclairer la travée sous clocher. Une corniche en pierre plate fait le tour de l’abside et supporte une toiture en lauzes, que l’on retrouve sur la pyramide du clocher et sur les faux croisillons de sa travée (la toiture y est supportée par des modillons nus). Le reste de l’édifice est couvert de tuiles plates.


La nef de trois travées et le transept sont voûtés de croisées d’ogives qui reposent sur des culots sculptés, et qui dans la nef sont séparées par des arcs doubleaux brisés. La nef est entièrement dallée. La croisée du transept communique avec les chapelles latérales via d’épais arcs brisés, qui témoignent de l’épaisseur des murs de la nef. Cette épaisseur et l’inclinaison des murs supportent l’idée d’une voûte en pierre originelle.

Le chœur est surélevé et séparé de la nef par une grille de communion en fer forgé. La travée sous clocher est voûtée d’un berceau brisé et encadrée par quatre arcs brisés de forte profondeur (90cm pour les arcs est et ouest) reposant sur des consoles chanfreinées. Des stalles en bois sont plaquées contre les murs nord et sud, communiquant avec les constructions attenantes. Des baies à demi-murées éclairent la travée et ne sont pas visibles de l’extérieur. L’abside, dont les murs font plus d’un mètre d’épaisseur, est voûtée en cul-de-four brisé et abrite le maître-autel. Des traces de peintures médiévales sont visibles sous l’enduit moderne.

Inventaire décor et mobilier

  • Décor du clocher : bandes et arcatures lombardes, baies géminées sur colonnettes aux chapiteaux sculptés, pilastres cannelés et colonnettes engagées avec bases décorées de motifs circulaires sculptés (1er étage).
  • Tympan moderne du portail de la façade : « Christ en Gloire porté par une nuée ornée de trois putti, [d’un] saint évêque ([probablement] saint Loup) et d’un ange qui va le couronner.[9]»
  • Chaire à prêcher en bois sculpté style Louis XV (XVIIIe siècle), classée au titre des Monuments Historiques (objet) depuis 1928 [10]:

Pieds en volute sur socle mouluré ; trois panneaux principaux chargés de trophées : calice-patène-grappe, croix et livre, aumônière accompagnée de roses ; dorsal délimité par deux troncs enrubannés terminés en feuillages de palmier qui soutiennent le dais sculpté d’une colombe au milieu de nuages irradiés ; rampe chargée de huit balustres dessinées en S.

  • Maître-autel [11]: dalle de pierre gothique bretturée (avec des traces de peinture) et enveloppée dans un bâti de bois à l’époque moderne (fin XVIIIe- début XIXe siècle). Ce bâti est sculpté d’un cœur sommé d’une croix et entouré de feuillages.
  • Autels latéraux en bois, fin XVIIIe siècle
  • Bannière de procession figurant saint Loup
  • Statuaire :

Sainte Thérèse de Lisieux (nef)

Christ en croix (au-dessus de l’arc triomphal)

Saint Joseph (droite de l’arc triomphal)

Saint Loup (gauche de l’arc triomphal)

Vierge à l’Enfant (entrée de la chapelle sud)

Vierge à l’Enfant (colorée, sur l’autel de la chapelle sud)

Le Sacré-Cœur (chapelle nord, sur l’autel)

Statuette de sainte Philomène (chapelle nord)

Statuette d’un moine en habit (chapelle nord)

  • Vitraux :

Dans la nef, série présentant des scènes de la vie de saint Loup (financés par le Père Carré, l’abbé Janin, l’abbé Moreau, la famille Coperet-Janin, des dons anonymes), réalisée par les ateliers Besnard de Chalon-sur-Saône.

Scènes de la vie de Jésus (abside), vitraux en grisaille

Représentation de la vision de sainte Marguerite-Marie Alacoque, financée par Joanny Martin et réalisée par les ateliers Besnard de Chalon-sur-Saône (chapelle nord)

Scène de l’Annonciation, donnée par Madame Clotilde Martin en 1885 et réalisée par les ateliers Besnard de Chalon-sur-Saône (chapelle sud)

Vitrail de l’oculus figurant le Christ

  • Confessionnal en bois (chapelle sud)
  • Chemin de croix en relief et en couleur
  • Cloche de 1722

Rénovations / Etat

  • Rénovations :

XIXe :

1837 : travaux d’entretien divers

1849 : projet d’agrandissement

1880-1890 : travaux divers (voûte, baies, sacristie, portail etc)

XXe :

1911 : réfection de la toiture

1938 : réparations d’urgence sur le clocher

1958-1968 : réparation de dommages causés au clocher par la foudre

1970s : installation du coq et de la croix en fer forgé qui coiffent le clocher

1987-1991 : restauration intérieure et extérieure complète

XXIe :

Travaux d’entretien

2012 : plans dressés par des étudiants japonais du Kyoto Institute of Technology, sous la direction du professeur Masatsugu Nishida.

  • Etat :

L’église est en bon état général mais nécessiterait quelques travaux afin d’éviter les infiltrations d’eau (chœur notamment).

  • Classement :

L’église est partiellement classée Monument Historique depuis 1945 : chœur, abside, clocher.

Actualités

Pour suivre l’actualité de l’édifice, contacter directement la mairie.

Visite

L’église Saint-Loup est d’ordinaire ouverte tous les jours, de 8h à 14h.

Pour prévoir une visite, contacter directement la mairie.


L’accès à l’édifice semble compliqué pour les personnes à mobilité réduite (un chemin de graviers mène à l’entrée principale, qui accuse une légère marche).

Association engagée

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Iconographie ancienne et récente


Crédit Photos: CEP

Plans cadastraux

Cadastre actuel, cadastre.gouv

Bibliographie

  • GUERREAU, Alain, Notes d’observation, 2012.
  • RIGAULT, Jean, Dictionnaire topographique du département de la Saône-et-Loire, 2008.
  • VIREY, Jean, Les églises romanes de l’ancien diocèse de Mâcon, Mâcon, Protat, 1935, 474p.

Sources

  • Oursel, Anne-Marie et Raymond, Fiche d’inventaire départemental, 1970 et 1985 :

Archives départementales de la Saône-et-Loire

  • Fiche édifice de la Bourgogne Romane :

Bergesserin

  • Fiche édifice de la Bourgogne Médiévale :

Bergesserin

  • Fiche édifice de la Pastorale du tourisme 71 :

Bergesserin

  • Plans dressés en 2012 par une équipe d’étudiants japonais du Kyoto Institute of Technology, sous la direction du professeur Masatsugu Nishida.

Propriétaire / Contact

Commune de Bergesserin

03 85 50 80 46

mairie.bergesserin@hotmail.com

Patrimoine local et/ou folklore

  • Ancien sanatorium de Bergesserin :

Ancien hôpital de Bergesserin construit à partir de 1932, laissé vacant à cause de la guerre, et restructuré en 1946/1947. Il est composé d’une façade de 350 mètres de long et de plusieurs bâtiments annexes dont une chaufferie reliée par une galerie souterraine, et accueillait à l’origine des patients tuberculeux. Il est fermé depuis 2008 et a récemment été reconverti en site d’airsoft gun par la société Wild Trigger.

Article du JSL :

Sanatorium abandonné de Bergesserin

Sanatorium de Bergesserin – Architecture de Bourgogne

Eglise romane construite aux Xe et XIIe siècles. Récemment restaurée, elle est classée Monument Historique depuis 1913.

Eglise romane construite aux Xe et XIIe siècles. Des peintures gothiques sont visibles sur la voûte de l’abside.

Notes et références

  1. Rigault, Jean, Dictionnaire topographique du département de la Saône-et-Loire, 2008.
  2. Elles ont depuis été partiellement aménagées en circuit d’acrobranche, dès 2002, l’Acro'Bath.
  3. Rigault
  4. « D'abord moine à Lérins, puis évêque de Troyes pendant près de cinquante ans, il accompagna saint Germain d'Auxerre en Angleterre pour combattre l'hérésie du pélagianisme. Retenu quelque temps comme otage par Attila, il exerça sur lui une heureuse influence, ce qui fit que la Champagne fut épargnée par l'envahisseur. » Nominis
  5. Oursel, Anne-Marie et Raymond, Fiche d’inventaire départemental. Raymond Oursel cite Mgr Rameau.
  6. Oursel
  7. Projet cité par Oursel.
  8. Oursel
  9. Fiche de la pastorale du tourisme
  10. Description de Raymond Oursel
  11. Ibidem