Eglise Saint-Mayeul à Cluny

De Wiki Mâcon Sud Bourgogne

L’ancienne église paroissiale Saint-Mayeul est située à Cluny, dans le département de la Saône-et-Loire, en Bourgogne-Franche-Comté. De cet édifice, le principal vestige est le mur gouttereau sud de la nef, dont la face originellement intérieure est aujourd’hui visible à l’extérieur. Il date probablement du Xe siècle, au plus tard du début du XIe. Derrière ce mur subsiste une chapelle gothique dédiée à Notre-Dame-du-Mont-Carmel, construite en 1442 (propriété privée). Il s’agit des restes d’une église qui fut pendant des siècles la plus ancienne de Cluny. Fondée sous le vocable de saint Jean-Baptiste, elle fut ensuite dédiée à l’abbé Mayeul par l’abbé Hugues de Semur. Autour d’elle, le plus ancien quartier de la ville restait essentiellement résidentiel, loin des marchés. A partir du XIIIe siècle se développe une vie paroissiale structurée. L’église, entourée du cimetière de la paroisse, est un édifice simple, à nef unique comme l’immense majorité des églises paroissiales romanes. Deux chapelles gothiques ajoutées du côté sud au XVe siècle, dont une seule subsiste, en constituent les principales modifications. En 1793, les ornements et le mobilier de l’église sont détruits par une bande révolutionnaire. En 1798, la nef, le clocher et le chevet sont démolis et remplacés par un atelier de potier. A la fin du XIXe siècle, un couvent bénédictin est construit autour des vestiges de l’ancienne église. La communauté ne durera pas, mais l’édifice garde toujours le nom de « prieuré Saint-Mayeul ». Le mur roman de l’église d’origine ainsi que la chapelle du XVe siècle sont inscrits au titre des Monuments Historiques depuis 1946.

"Prieuré Saint-Mayeul" (©CEP)
Adresse 20 Rue Saint Mayeul, 71250 Cluny
Coordonnées GPS 46°26'16.5"N 4°39'18.8"E
Paroisse de rattachement /
Protection Monuments Historiques Mur roman et chapelle gothique inscrits en 1946

Historique

La ville de Cluny est mentionnée dès le début du IXe siècle dans une charte du chapitre de Saint-Vincent de Mâcon : In pago Matiscensi… Cluniacum[1]. La ville se développe considérablement à partir de la fondation de l’abbaye Saint-Pierre et Saint-Paul, en 910. La colline Saint-Mayeul semble être le quartier le plus ancien de la ville[2], le lieu de peuplement originel. Un bourg est mentionné pour la première fois en ce lieu en 994. Il s’agit d’un quartier majoritairement résidentiel, loin des marchés et centres d’activité de la ville.

Les habitants de ce bourg se rassemblent vraisemblablement autour d’un édifice religieux primitif. Cette église est citée pour la première fois en 1002. Elle est alors dédiée à saint Jean-Baptiste et à la collation de l’abbé de Cluny. Le changement de patronage est le fait de l’abbé Hugues de Semur, qui à la fin du XIe siècle place l’édifice sous la protection de l’abbé Mayeul. L’église est le centre d’une des trois paroisses de Cluny.

L’ancienne église Saint-Mayeul est donc un édifice datant du Xe siècle. Elle est visiblement peu remaniée au cours des siècles. Elle se compose à l’origine d’une nef unique, d’une travée sous un clocher carré et d’une abside. C’est à l’époque un édifice important, puisqu’il est en 1063[3] le théâtre d’une lutte de pouvoir entre l’abbaye de Cluny et l’évêque de Mâcon. Drogon, dont l’épiscopat débute tout juste, entend y tenir un synode et ainsi s’opposer aux privilèges attribués à Cluny par les papes. Lorsqu’il se présente à l’église avec ses hommes armés, l’abbé Hugues fait fermer les portes. L’évêque ne peut procéder. Il est finalement condamné par un concile provincial rassemblé pour juger de cette affaire.

Au XIIIe siècle, une vie paroissiale structurée se développe autour de l’édifice, qui est à l’époque bordé par le cimetière. Au XVe siècle, deux chapelles gothiques sont construites et ajoutées contre le mur gouttereau sud de l’église[4]. La plus à l’ouest est consacrée à saint Mayeul. L’autre, la plus grande des deux, est financée en 1442 par Philippe le Bon, duc de Bourgogne. Elle est dédiée à Notre-Dame-du-Scapulaire (Notre-Dame-du-Mont-Carmel). Plusieurs messes y sont fondées. Cette chapelle existe encore aujourd'hui.

La Révolution marque la disparition de l’église paroissiale Saint-Mayeul. En 1793, les ornements et le mobilier de l’église sont détruits par une bande révolutionnaire[5]. En 1798, la nef, le clocher et le chevet sont démolis et remplacés par un atelier de potier. A la fin du XIXe siècle, un couvent bénédictin est construit autour des vestiges de l’ancienne église. La communauté ne durera pas, mais l’édifice garde toujours le nom usuel de « prieuré Saint-Mayeul ».

De l’église d’origine, il ne reste qu’un morceau du gouttereau sud de la nef qui se trouvait à l’origine à l’intérieur (il est bâti en opus spicatum, témoin de son ancienneté), aujourd’hui englobé dans la construction moderne. C’est une propriété privée qui ne se visite pas.

Description architecturale

GLOSSAIRE : Bourgogne Romane

A l’origine, l’église Saint-Mayeul était constituée d'une nef lambrissée, d’une travée sous un clocher carré et d'une abside en cul de four avec deux absidioles. Elle avait la même structure que la chapelle de Cotte[6] (dans la commune de Cortambert), une des plus anciennes du mâconnais. De la construction romane, il ne reste aujourd’hui qu’un morceau du mur gouttereau sud de la nef. Il est entièrement bâti en opus spicatum (appareil en épi), ce qui atteste de son ancienneté. On distingue en haut du mur d’anciennes ouvertures en plein cintre désormais murées. En bas du mur, deux ouvertures ogivales indiquent l’emplacement des chapelles gothiques. Celle qui demeure est longue de deux travée. Elle est voûtée de croisées d’ogives avec clefs sculptées, et dont les nervures retombent sur des culots également sculptés. Des vestiges de peintures murales sont visibles dans la chapelle. Ce qu’il reste de l’église romane est inséré dans une construction du XIXe siècle.

Inventaire décor et mobilier

  • Quelques éléments d’enduit peint probablement d’origine (blanc avec faux appareil rouge).

Rénovations / Etat

  • Rénovations :

XIXe :

Construction d’un atelier de potier.

Construction d’un couvent bénédictin.

XXe et XXIe siècles :

Travaux d’entretien et de réhabilitation.

  • Etat :

L’ancienne église est bien entretenue par ses propriétaires, en tant qu’habitation privée.

  • Classement :

Le mur roman et la chapelle gothique sont inscrits au titre des Monuments Historiques depuis 1946.

Actualités

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Visite

L’ancienne église est une habitation privée et ne se visite pas.

Association engagée

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Iconographie ancienne et récente

Carte postale ancienne, collection privée
Carte postale ancienne, collection privée
Carte postale ancienne, collection privée
Carte postale ancienne, collection privée

Crédit Photos: CEP


D'autres photos sont visibles sur le site des Archives du département de la Saône-et-Loire.

Plans cadastraux

Cadastre actuel, cadastre.gouv

Bibliographie

  • RIGAULT, Jean, Dictionnaire topographique du département de la Saône-et-Loire, 2008.
  • ROLLIER, Gilles (collaboration de Nadine ROINE), Cluny - Document d'évaluation du patrimoine archéologique urbain, Centre national d'archéologie urbaine, 1994.
  • VIREY, Jean, Les églises romanes de l’ancien diocèse de Mâcon, Mâcon, Protat, 1935, 474p.

Sources

  • Fiche édifice de la Bourgogne Romane :

Cluny Saint-Mayeul et maisons romanes

Propriétaire / Contact

L’ancienne église Saint-Mayeul est une propriété privée.

Patrimoine local et/ou folklore

Vestiges de l’abbatiale romane (XIIe siècle) et des bâtiments abbatiaux (XIIe-XVIIIe siècles).

Musée d’Art et d’Archéologie (sculptures romanes).

Le site est classé Monument Historique depuis 1862 et est un pôle touristique important.

Eglise située à l’emplacement d’une chapelle romane dédiée à Saint Odon déjà présente au XIe siècle. L’édifice actuel mélange des vestiges de cette chapelle et des éléments reconstruits au XIIe siècle.

Classée Monument Historique en 2017.

Notes et références

  1. Rigault, Jean, Dictionnaire topographique du département de la Saône-et-Loire, 2008.
  2. Rollier, Dossier archéologique.
  3. Virey
  4. Ibidem
  5. A. Penjon, Cluny, la ville et l’abbaye, cité par J. Virey.
  6. Virey