Eglise Saint-Vital à Leynes
L’église Saint-Vital à Leynes est une église d’origine romane située dans le département de la Saône-et-Loire, en Bourgogne-Franche-Comté. Elle doit son origine aux moines de l’abbaye de Tournus. Le village de Leynes s’est en effet développé sur des terres qui leur avaient été données dès 875 par Charles le Chauve, et l’église paroissiale est dédiée à saint Vital ou Viaud, un ermite du pays de Retz. Il devait exister un premier édifice dès le XIe siècle, mais l’actuel date probablement du début du XIIe. Il a un plan particulier, hérité des remaniements subis au fil des siècles. De l’époque romane, il conserve une partie de la nef unique ainsi que la travée sous clocher et ses croisillons. Au XVe siècle, l’église est rénovée pour réparer les dommages causés par la Guerre de Cent Ans. A la fin du XVIIe siècle, elle est agrandie vers l’est. Une travée flanquée de deux chapelles latérales est ajoutée et fait dès lors office de transept. Celle-ci est suivie d’un chœur à chevet plat. De l’extérieur, ces ajouts donnent l’impression de deux transepts parallèles. A gauche de la façade principale, une tourelle d’escalier de date inconnue donne accès aux combles. A la fin du XIXe siècle, l’église est entièrement restaurée et remaniée. Les murs de la nef et de cette tour sont surélevés afin de permettre le remplacement de la charpente usagée par une voûte. C’est peut-être à ce moment-là que le clocher est remanié : seule sa souche est romane, et son niveau inférieur a été muré. Le dallage intérieur est également réhaussé afin d’égaliser le niveau de tout l’édifice.
Beschreibung der Kirche (deutsch) 1, 2, 3, 4
Description of the church (english) 1, 2, 3, 4
Adresse | Au Bourg, 71570 Leynes |
Coordonnées GPS | 46°16'09.5"N 4°43'39.7"E |
Paroisse de rattachement | Paroisse Notre Dame des Vignes en Sud Mâconnais |
Protection Monuments Historiques |
Sommaire
- 1 Historique
- 2 Description architecturale
- 3 Inventaire décor et mobilier[13]
- 4 Rénovations / Etat
- 5 Actualités
- 6 Visite
- 7 Association engagée
- 8 Iconographie ancienne et récente
- 9 Plans cadastraux
- 10 Bibliographie
- 11 Sources
- 12 Propriétaire / Contact
- 13 Patrimoine local et/ou folklore
- 14 Notes et références
Historique
Leynes est un village viticole situé sur un versant de la butte dominant la vallée de l’Arlois. Il est situé sur des terres données par Charles le Chauve aux moines fondateurs de l’abbaye de Tournus lors de leur arrivée en 875. Le village est mentionné pour la première fois en 1059 sous le nom de Lenna[1], lorsque les terres de Leynes sont une nouvelle fois données aux moines[2]. Ces-derniers s’y installent alors durablement et construisent un château (dit « Vieux Château ») dépendant de l’abbaye de Tournus. C’est sûrement de cette époque que date l’église du village, de la fin du XIe siècle ou du début du XIIe.
L’église Saint-Vital[3] est mentionnée pour la première fois au XIIe siècle (vers 1120), dans une charte, sous l’appellation Ecclesia Sancti-Vitalis de Lenna[4]. C’est alors l’église paroissiale, et les moines venus de Tournus se chargent d’assurer le service religieux. De cette construction romane, il ne reste aujourd’hui que la travée sous clocher et ses croisillons, ainsi qu’une partie de la nef.
En effet, le Moyen Age est une période de grande instabilité à Leynes. En 1230, le juif Jocenius[5] s’empare ainsi du château des moines (ainsi que du prieuré de Saint-Romain-des-Iles), afin d’y établir son quartier général. De là, il lance des pillages dans toute la région. Cependant, Louis IX devient peu après le comte de Mâcon. Il rétablit alors l’ordre dans ces territoires. Peu après cet épisode, le château des moines est fortifié, afin de servir de refuge aux habitants[6].
Par la suite, Leynes devient une place forte du duché de Bourgogne, car sa position permet le contrôle de la plaine de la Saône. Le territoire devient un enjeu important dans le contexte de la Guerre de Cent ans, et dans le conflit entre Armagnacs (derrière le roi) et Bourguignons (fidèles au duc de Bourgogne) qui s’y superpose. Le château des moines, édifié sur une éminence, et cité en 1423 lorsqu'il est pris par les troupes anglaises, alliées des Bourguignons. En 1433, les Armagnacs reprennent le château après l’occupation des Bourguignons[7].
Par la suite, les moines reprennent visiblement le contrôle de leur château, et engagent sa restauration. En 1450, ils y construisent notamment leur propre chapelle. L’église du village est dès lors laissée aux mains d’un curé séculier nommé par l’abbé de Tournus et qui gère l’office. Le répit est de courte durée pour les moines, puisqu’en 1471, alors que Louis XI (roi de France) est en guerre avec Charles le Téméraire (duc de Bourgogne), ses troupes s’emparent de la forteresse et la font brûler.
En ce qui concerne l’église, elle ne sort pas indemne des affrontements qui ont lieu au village à cette période. Des remaniements sont donc engagés au XVe siècle, avec notamment la reprise des portails de la façade et du côté sud. Plusieurs autres signes de reprises sont visibles dans la maçonnerie de l’édifice. Le niveau supérieur du clocher pourrait dater de cette époque.
Les Guerres de Religion du XVIe siècle amènent de nouveaux troubles à Leynes. En 1563, le cardinal de Guise, abbé de Tounus, refuse de payer sa participation aux levées de fonds demandées par le roi Charles XI pour affronter les Calvinistes. Les biens de l’abbaye à Leynes sont donc confisqués et vendus en justice. Le château restera à l’état de ruine pendant plus d’un siècle.
L’église est également sévèrement touchée par ces troubles. Au XVIIe siècle, l’abbé Braissoud entreprend de restaurer et d'agrandir l’église. De 1670 à 1672, celle-ci est allongée de 7 mètres vers l’est. Deux chapelles sont également accolées aux croisillons de la travée romane. Les travaux sont réalisés avec les pierres du château, ramenées les dimanches après l’office par les habitants, accueillis par le curé qui, dit-on, leur payait à boire[8].
En 1708, l’abbaye de Tournus récupère le château, en bien mauvais état. Les travaux les plus urgents sont réalisés par la suite. A la Révolution française, les Marseillais en chemin vers Paris brûlent les ornements de l’église sur la place publique, brisent des vases sacrés et renversent la Croix des Batailles[9]. L’église est ensuite vendue comme bien national, tout comme la terre et la seigneurie.
Au XIXe siècle, l’église (récupérée par la commune) est vraisemblablement rénovée plusieurs fois. Cependant, seule la restauration de 1883-1884 est documentée. A cette occasion, les murs sont notamment rehaussés, les dallages repris et la nef déplafonnée. Cette dernière est munie de voûtes en arêtes et d’une tribune.
Au XXe siècle, l’église est assez bien entretenue, avec notamment une restauration complète au milieu du siècle. Des éléments de mobilier sont ajoutés, comme les vitraux modernes en 1989. L'édifice est depuis régulièrement entretenu.
Description architecturale
GLOSSAIRE : Bourgogne Romane
L’église Saint-Vital est orientée à l’est. Elle est bâtie en calcaire rouge de la région[10]. Elle suit un plan atypique, hérité des différents remaniements engendrés au fil des siècles par les troubles régionaux récurrents. L’édifice est donc composé d’une nef suivie d’une travée sous clocher romanes. Ce bloc ouest est prolongé à l’est par deux travées du XVIIe siècle. Cet ensemble oriental est formé d’une travée avec chapelles latérales (qui fait office de transept), et d’une travée de chœur à fond plat.
La façade ouest de l’église est assez simple. Elle comporte un portail en contrebas de la chaussée, accessible via une volée de marches. Celui-ci est couvert d’un auvent moderne et surmonté d’un oculus. Une petite baie plein cintre se trouve également en haut du pignon. Des corbeaux de pierre se trouvent de part et d’autre du portail. Ils devaient servir de support à un auvent ancien plus massif. A droite de la façade, on distingue des pierres en remploi[11]. Contre l’angle gauche se trouve la tourelle d’escalier, ronde, avec de petites ouvertures carrés et une porte en bois donnant sur la façade. Le mur gouttereau sud est ouvert de deux grandes baies modernes en plein cintre. A son extrémité est se trouve un portail surmonté d’un auvent, au-dessus duquel est percée une très petite baie plein cintre. Le gouttereau nord est ouvert à l’ouest d’une large baie plein cintre, au-dessus de laquelle se trouve une petite fente rectangulaire. A gauche de cette baie se trouve une petite construction rectangulaire ouverte d’une baie plein cintre.
La travée sous clocher romane fait suite à la nef. Elle est flanquée de deux croisillons bas, chacun ouvert d’une large baie plein cintre. Le clocher qu’elle supporte est de plan carré, assez élancé. Seul son niveau supérieur est ouvert, avec une baie plein cintre munie d’un abat-son sur chaque face. On distingue les vestiges de baies anciennes sur les niveaux inférieurs, aujourd'hui murées. Le clocher est couvert d’une courte pyramide à quatre pans.
Le chœur long de deux travées est directement accolé à la croisée romane et ses croisillons. La première travée forme le transept de l’église, avec deux grosses chapelles latérales rectangulaires, ouvertes d’une baie plein cintre. La deuxième travée forme le chœur. Le chevet est flanqué de deux larges contreforts aux angles. Un contrefort encore plus imposant soutient le mur sud du chœur, juste à côté d’une petite porte accessible via une volée de marches. Contre le mur nord, ce système de support est remplacé par une sacristie directement accolée à la chapelle du transept.
Les murs gouttereaux de la nef sont surmontés d’une corniche à modillons nus, qui se poursuit tout autour du transept et du chœur. Elle supporte la toiture en lauzes de la nef et du bloc oriental.
En entrant par le portail occidental, on accède à la nef en contrebas par quelques marches, qui permettent de rattraper la pente naturelle du terrain. La nef de deux travées est très haute, voûtée d’arêtes. A gauche de l’entrée se trouve la porte d’accès à la tourelle d’escalier menant au clocher. Une tribune moderne en bois couvre la première travée de la nef. La deuxième travée est ouverte vers l’extérieur au sud, et au nord vers une ancienne chapelle, via un arc plein cintre.
La travée sous clocher est, elle, voûtée d’une coupole octogonale sur trompes, dont le pourtour est marqué par un bandeau. Elle est encadrée par quatre arcs brisés, dont ceux au nord et au sud donnent sur les croisillons. Ceux-ci sont voûtés de berceaux transversaux.
Le bloc oriental est entièrement voûté d’arêtes, qui sont allongées dans les chapelles latérales rectangulaires. Le transept et la travée de chœur sont séparés par un arc doubleau sur pilastres à impostes chanfreinées[12]. A gauche de cet arc, une petite porte mène à la sacristie. Le chœur est également légèrement surélevé, avec deux petites marches menant au maître-autel, encadré par des stalles en bois accolées aux murs nord et sud.
Inventaire décor et mobilier[13]
- Portail latéral :
Le portail latéral, probablement réalisé au XVe siècle, est un bel exemple d’architecture ornementale gothique. Couvert d’un auvent moderne, il est surmonté d’un fronton triangulaire au centre duquel se trouve une coquille. Ce fronton repose sur un linteau supporté par des pilastres aux chapiteaux sculptés. Le portail s’ouvre par un arc en anse de panier. Un gisant avec un crâne posé à ses côtés est visible sur la corniche droite du tympan.
- Portail principal :
Surmonté d’un auvent moderne, il se trouve en contrebas de la chaussée. On y accède via quatre marches. Il est d’aspect relativement épuré, en cintre très légèrement brisé, simplement entouré d’une mince mouluration torique[14].
- Statuaire :
Piéta (à gauche de la porte principale)
Saint Vincent (saint patron des vignerons), en tenue de diacre, qui tient à la main une grappe de raisin (chapelle latérale gauche)
Vierge Marie (chapelle latérale droite)
Christ en Croix, avec l’inscription INRI, Jésus de Nazareth Roi des Juifs (dans le chœur)
- Maître-autel en chêne massif, réalisé à partir du bois d’un vieux pressoir, offert par un viticulteur.
- Tabernacle en chêne massif, réalisé à partir du bois d’un vieux pressoir, offert par un viticulteur.
- Deux cloches : la grosse cloche de la fin du XIXe siècle, et la seconde datée de 1666 mais mise en place en 1673.
- Cadran solaire sur la façade est, avec pour inscription : « Sans toi, soleil divin, ni jour ni bon vin »
- Ancienne piscine liturgique : près de l’entrée latérale au ras du sol
- Bénitier fixé au mur, orné de poissons (au-dessus de la piscine liturgique)
- Fonts baptismaux encastrés dans le mur, à droite de la porte principale, derrière deux petites portes métalliques. Elles sont encadrées par une architecture gothique, dont le fronton sculpté a été mutilé.
- Vitraux modernes : réalisés en 1989 par Luc Barbier, artiste lyonnais (peintre, graveur, maître-verrier). Ils sont en dalles de verre et amènent de la couleur à l’édifice.
Rénovations / Etat
Rénovations
XIXe siècle :
- 1883-1884 : rénovations et remaniements importants. Les murs sont notamment rehaussés pour permettre la construction d’une tribune et l’installation de voûtes en arêtes dans la nef (qui est donc déplafonnée), le tout permettant à l’oculus de façade d’éclairer la nef. Les dallages sont repris. La tourelle d’escaliers servant d’accès au clocher est également rehaussée.
XXe siècle :
- Années 1960 : décapage de la pierre à l’intérieur, réaménagement du sanctuaire
- 1969 : réfection des toitures
Etat:
L'église est en bon état général
Actualités
Pour connaître l’actualité de l’église, rendez-vous sur le site de la mairie :
Visite
L’église n’est ouverte que lors des Journées du Patrimoine. Pour la visiter durant le reste de l’année, se renseigner auprès de la mairie.
L’accès pour les personnes à mobilité réduite semble possible par la porte latérale, mais il y a tout de même une marche à descendre à cet endroit. Il n’y a pas de rampe d’accès.
Association engagée
L’association Village en Vie s’occupe de la mise en valeur et de la sauvegarde du patrimoine de Leynes, ainsi que de celui de sept autres communes. Le but de l’association est de faire revivre le patrimoine de ces petites communes rurales, et de les mettre en réseau.
Adresse :
La Grange du Bois
71960 Solutré-Pouilly
Site officiel :
Iconographie ancienne et récente
Crédit Photos: CEP
Plans cadastraux
Bibliographie
- DEFONTAINE, Patrick, Recherches sur les prieurés réguliers, monastiques et canoniaux des anciens diocèses de Chalon et Mâcon : (Xe - XIVe siècles), thèse de doctorat, Dijon, 2013.
- RIGAULT, Jean, Dictionnaire topographique du département de la Saône-et-Loire, 2008.
Sources
- CHIFFLET, Pierre-François (Père), Histoire de l'abbaye Royale et de la ville de Tournus, 1664, p. 401.
- Oursel, Anne-Maire et Raymond, Fiche d’inventaire départemental, 1972 :
- Fiche édifice de la pastorale du tourisme :
- Fiche édifice de la Bourgogne Romane :
Propriétaire / Contact
Commune de Leynes
03 85 35 11 85
leynes.mairie@wanadoo.fr
Patrimoine local et/ou folklore
- Terrain de pétanque communal : boules à disposition, terrain entretenu
Crédit Photos: CEP
- Château de Leynes :
En haut du village, constructions des XVe et XVIIIe siècles
- Château des Correaux : demeure de style Mâconnais du XVIIIe siècle, domaine viticole.
- Château de Lavernette : domaine viticole.
Notes et références
- ↑ Rigault, Jean, Dictionnaire topographique du département de la Saône-et-Loire, 2008.
- ↑ Les terres sont vraisemblablement accaparées par un seigneur local quelques temps avant cet acte de donation.
- ↑ Selon la Pastorale du Tourisme, l’église est dédiée à Saint Vital de Retz, ermite anglais retiré en France, dont les reliques ont été ramenées par les moines de Noirmoutiers installés à Tournus.
- ↑ Rigault. Il cite l’Histoire de l'abbaye Royale et de la ville de Tournus, par le père Pierre-François Chifflet, 1664, p. 401.
- ↑ Défontaine, Patrick, Recherches sur les prieurés réguliers, monastiques et canoniaux des anciens diocèses de Chalon et Mâcon : (Xe - XIVe siècles), thèse de doctorat, Dijon, 2013.
- ↑ Cette fortification est peut-être le fait du roi, comme à Saint-Romain-des-Iles.
- ↑ En 1435, la Paix d’Arras est conclue entre le roi de France et le duc de Bourgogne.
- ↑ Document de présentation de l’édifice disponible sur place.
- ↑ Carte postale ancienne.
- ↑ Oursel
- ↑ Oursel y distinguait un petit masque grossièrement sculpté
- ↑ Oursel
- ↑ Inventaire notamment réalisé grâce au document de la Pastorale du Tourisme.
- ↑ Oursel