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Ancien château des Moines à Mazille

10 octets supprimés, 18 février 2020 à 09:49
Historique
En 908, Hugues vicomte de Mâcon, et sa femme Lilia, achètent des terres à Jalogny, Château et Biérin. L’acte d’achat est souscrit par Guillaume le Pieux (duc d’Aquitaine et comte de Mâcon, fondateur de l’abbaye de Cluny). En 926, Lilia désormais veuve donne aux moines de Cluny les terres qu’elle avait acquises à Château, Rufey et Biérin. Cette donation est faite avec la bénédiction de Guillaume le Jeune (neveu et héritier de Guillaume le Pieux). Les moines de Cluny se rapprochent ainsi du domaine comtal de ''Mazirias''.
La même année, Guillaume le Jeune meurt. Il lègue le domaine de Mazille à Gislebert, comte de « Chalon », dont l’autorité s’étend sur toute la Bourgogne. Vers 950, ce dernier donne à son tour ces terres à son fidèle Aquin. Il s’agit là d’une manœuvre savamment orchestrée afin que l’abbaye de Cluny récupère le domaine de Mazille. En effet, Aquin prend au même moment l’habit monastique, et ses biens reviennent directement à l’abbaye. Cluny récupère donc un domaine immense composé de forêts et de terres cultivables. En 962, Adon, évêque de Mâcon, ajoute l’église de Mazille aux terres données à Cluny. Construite au Xe siècle, l’église est alors dédiée à Saint-Julien, et correspond en partie à l’église actuelle (sous le patronage de saint Blaise, le changement s’opérant vraisemblablement lors d’une deuxième phase de construction au XIIe siècle). L’édifice est vraisemblablement visiblement le centre d’un premier groupe d’habitat.
Par la suite, le domaine de Mazille est mentionné dans de nombreux actes et chartes<ref>Rigault, Jean, ''Dictionnaire topographique du département de la Saône-et-Loire'', 2008.</ref>, ce qui témoigne de l’importance du lieu. Les moines s’installent alors dans un ensemble de bâtiments construit sur un éperon, et qui domine la vallée de Cluny et le bourg primitif de Mazille. Au XIe siècle, l’abbé Hugues de Semur érige Mazille en doyenné. Le domaine fait à ce titre partie du système d’organisation et de ravitaillement de l’abbaye, qu’il fournit notamment en argent, vin et céréales : les revenus en argent sont estimés à quarante livres, en plus de 168 setiers de froment et d'avoine, 160 setiers de seigle, quatorze setiers d'avoine et une quantité indéterminée (mais sans doute élevée) de vin tirée des clos de Mazille<ref>« Doyennés et granges de l'abbaye de Cluny. Exploitations domaniales et résidences seigneuriales monastiques en Clunisois du XIe au XIVe siècles »</ref>. Si les revenus en argent sont assez faibles, l’approvisionnement en céréales est par contre assez considérable, et inégalé par les autres doyennés de l’abbaye. De la construction du XIe siècle, il ne reste aujourd’hui qu’un petit bâtiment aux fentes d’éclairage très étroites.
Au XIIe siècle, Cluny réorganise les terres de Mazille. L’abandon de l’habitat de la vallée est décidé<ref>Ce changement explique la position isolée de l’église romane de Mazille, seule au milieu de la vallée.</ref>, au profit du bourg actuel, en hauteur autour du doyenné, qui devait concentrer activité et population. Au-delà de la fonction pratique (ravitaillement en denrées de l’abbaye), le domaine de Mazille semble avoir à l’époque une grande importance politique, comme l’atteste le synode qui s’y tient en 1103, auquel participent plusieurs ecclésiastiques de haut rang. Sont présents : les évêques d’Autun, de Mâcon et de Belley, trois prélats anglais (les évêques de Thetford et de Chester, l’archevêque d’York), ainsi que le légat pontifical Milon de Préneste. En 1126, le doyenné est pris par Ponce de Melgueil lors de son schisme. Cet évènement vient renforcer l’idée d’un lieu stratégique au sein de l’organisation clunisienne. Pierre le Vénérable, abbé réformateur de Cluny, donne également un rôle bien spécifique à Mazille dans sa ''Dispositio Rei Familiaris'' : ce doyenné est plus particulièrement chargé de fournir toute l'avoine nécessaire aux équipages des hôtes et visiteurs. En 1173, les moines obtiennent l’autorisation de fortifier le doyenné, afin de se protéger des seigneurs locaux et de leurs velléités territoriales. Cette fortification vient raffermir et concrétiser l’idée des moines de déplacer le bourg originel autour de leur doyenné. Dès lors, un bourg est mentionné à côté du centre domanial.
Au XIIIe siècle, les sources concernant le doyenné se font rares. On sait cependant qu’en 1217, Josserand<ref>Défontaine, Patrick.</ref> est le prieur des lieux, et que ce siècle est une période d’expansion et de prospérité pour le doyenné. C’est à ce moment-là que sont ajoutées la chapelle gothique à deux niveaux et les deux grandes pièces qui lui sont accolées, autour de 1240-1250. L’aile perpendiculaire à ce bâtiment daterait plutôt de la fin du XIIIe siècle. Elle est à l’époque flanquée d’un corps de logis surmonté d’un chemin de ronde. C’est en effet à ce moment-là qu’est réalisée la première fortification importante des lieux<ref>Salvèque, Jean-Denis.</ref>. Cependant, le doyenné n’est jamais nommé ''castrum'', mais bien ''domus''. On pourrait donc penser que la fortification est moins la volonté d’établir un domaine défensif et militaire, que le fait d’une expansion considérable des bâtiments en conséquence de la prospérité du doyenné. Cette prospérité se poursuit au XIVe siècle : le doyen dispose alors de moyens considérables.
Vers 1411, le doyenné est de nouveau fortifié par Raymond de Cadoëne (abbé de Cluny), pour faire face aux troubles de la Guerre de Cent Ans<ref>« Doyennés et granges de l'abbaye de Cluny. Exploitations domaniales et résidences seigneuriales monastiques en Clunisois du XIe au XIVe siècles »</ref>. Le domaine est néanmoins pris par les Armagnacs en 1430. Ils s’en servent alors pour raider les environs. En 1431, Louis de Chalon, Prince d’Orange, s’empare des lieux. En 1443, il y fait loger une partie de ses troupes, qui se dirigent vers Marcigny. En 1570, Gaspard de Coligny et Louis de Condé logent à Mazille lorsqu’ils tentent de prendre Cluny. Ils échouent mais leurs troupes ravagent les alentours. A partir du XVe siècle, le doyenné de Mazille adopte le système de l’affermage, comme beaucoup d’autres à cette époque. L’exploitation et la gestion du domaine est laissée à un tiers. Cette organisation perdure jusqu’à la Révolution française. A cette époque, Emiliand Bruys est alors l’exploitant des terres.
En 1791, le domaine de Mazille est vendu comme bien national. Etienne Commerçon, de [[Lournand]], s’en rend acquéreur pour 62 000 livres. Le doyenné est depuis cette époque une propriété privée et devient alors une simple exploitation agricole. La chapelle est désaffectée et transformée en cellier et en grenier, grâce à la pose d’un plancher intermédiaire (détruit au XXe siècle). De 1864 à 1903, le domaine de Mazille appartient à Mr Perousset<ref>Oursel.</ref>. Il entreprend d’agrandir les lieux, avec l’ajout d’un bâtiment qui jouxte l’entrée actuelle. En 1903, Jean-Antoine Margue, de Charnay-lès-Mâcon, rachète le domaine. Sa veuve le conserve au moins jusque dans les années 1930<ref>Ibidem</ref>.
En 1964, les corps de logis et la chapelle gothique sont inscrits au titre des Monuments Historiques. Le doyenné est aujourd’hui la propriété de Messieurs Traclet et Gauthier, et de Madame Desbrosse. Ils se chargent de son entretien et de sa mise en valeur, notamment en l’ouvrant aux visites pendant la saison estivale (et sur rendez-vous le reste de l’année). Les propriétaires réalisent régulièrement des travaux d’entretien et d’embellissement des lieux. En 2009, ils ont par exemple restauré la toiture de la chapelle<ref>La Sauvegarde de l’Art français a participé au financement de ces travaux à hauteur de 10 000 euros. </ref>.
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