=== Historique ===
'''Le « Vieux Saint-Vincent »''' est la cathédrale primitive de [[Mâcon]]. Son histoire est émaillée de péripéties en tous genres, en parallèle de l’évolution de la ville. Mâcon est citée par Jules César dès le Ier siècle av. J.C., sous le nom de ''Matisco/Matiscone''<ref>Sur l’histoire de la ville de Mâcon en elle-même, se rapporter à la bibliographie en fin d’article.</ref>. Elle se développe rapidement et est fortifiée au IVe siècle. Mâcon devient cité en 534, lorsque le royaume Burgonde est annexé par les Francs et partagée entre les successeurs de Clovis<ref>GUERREAU, Alain, ''Notice sur l’ancienne cathédrale Saint-Vincent'', 2014.</ref. Un premier évêque, Placide, est désigné en 538. Un premier édifice est donc probablement construit sous son impulsion au VIe siècle. Il s’agit vraisemblablement d’une construction plus globale d’un « groupe cathédral ». Il est à l’époque en effet d’usage pour chaque cité épiscopale de comporter au moins deux cathédrales et un baptistère<ref>Ibidem</ref>. Plusieurs patrons sont supposés pour ces édifices : saint Gervais et saint Protais, saint Barthélémy, saint Jean, saint Vincent. En 543, le roi Childebert fait don au sanctuaire d’une partie de la tunique du martyr Vincent de Saragosse, auquel l’édifice est visiblement dès lors dédié.
En 742, un incendie accidentel détruit vraisemblablement la cathédrale. En conséquence, et dans le cadre de la restructuration générale de l’époque carolingienne, une nouvelle cathédrale est vraisemblablement construite. Cette édification pose alors les bases des différents remaniements postérieurs, et constitue encore aujourd’hui les fondations en place. Des pillages successifs au IXe (par Lothaire) et au Xe siècles (par les Hongrois) et un autre incendie par la suite entrainent visiblement de nombreux dommages. Vers 950, l’évêque Maimbaud commence une vaste reconstruction de l’édifice, qui se poursuit vraisemblablement pendant l’épiscopat de ses successeurs Adon et Jean. Ce chantier est favorisé par le développement agraire que connaît le Mâconnais à cette époque.
Du XIe au XIIIe siècle, la région mâconnaise connaît une forte instabilité, notamment à cause de rivalités territoriales entre autorités ecclésiastiques et seigneurs locaux. La cathédrale subit à cette époque de nombreuses reconstructions et additions architecturales successives. Elle mélange dès lors les styles romans et gothiques. En 1180, le roi Philippe-Auguste autorise la fortification du bourg épiscopal<ref>SAPIN, Christian, ''Bourgogne romane'', Dijon, 2006.</ref>. La cathédrale se voit entourée d’un enclos qui fait d’elle et du quartier environnant une petite cité ecclésiastique. Le reste du Moyen-Age est relativement calme en ce qui concerne la cathédrale, qui est régulièrement complétée et vraisemblablement entretenue.
Au XVIe siècle, les troubles engendrés par les Guerres de Religion sont particulièrement intenses à Mâcon et ses alentours. La cathédrale est mise à sac en 1567 par les troupes protestantes, comme beaucoup d’autres édifices religieux. Les objets du culte disparaissent, les cloches sont enlevées, les vitraux brisés, l’édifice saccagé. C’est probablement à ce moment-là qu’est martelé le tympan de la cathédrale. Plus que les dommages directs assenés à la cathédrale, ce sont les répercussions de cette période désœuvrée qui seront les plus dramatiques, tant du point de vue matériel que de celui de la pratique religieuse<ref>GARMIER, Jean-François, ''Les Monuments de Mâcon, Le Vieux Saint-Vincent'', Mâcon, 1988. </ref>. Au début du XVIIe siècle, l’évêque Gaspard Dinet entreprend une première restauration de l’édifice, afin qu’il puisse de nouveau accueillir le culte de manière convenable. Ce n’est visiblement pas suffisant, puisqu’en 1725, la cathédrale est toujours dans un état précaire.
C’est donc un édifice déjà instable qui voit arriver la Révolution française. La cathédrale, comme toute propriété ecclésiastique, devient à l’époque un bien national. Le culte continue cependant d’y être célébré jusqu’en 1791. En 1793, et après avoir servi de lieu de réunion, la cathédrale est transformée en Temple de la Raison<ref>Ibidem. Les Temples de la Raison sont des monuments chrétiens reconvertis au moment de la Révolution en temples athées voués à organiser le « culte de la Raison ». Il s’agissait pour les révolutionnaires de contrer l’omniprésence et l’ingérence de la religion catholique au sein de la population. Ces temples visaient à unir les français autour des valeurs de la République et des idées des philosophes des Lumières.</ref> puis en temple de l’Etre Suprême, et ce jusqu’à la chute de Robespierre. A partir de 1794, plusieurs rapports sont faits sur l’été préoccupant de la cathédrale. En 1797, l’ingénieur du département Guillemot<ref>Les plans de l’ingénieur sont conservés aux Archives Départementales de la Saône-et-Loire.</ref> est envoyé sur place pour évaluer ce qu’il reste de la cathédrale. En parallèle des volontés de restructuration et d’aménagement du quartier, la destruction partielle de l’édifice est décidée. Il préconise cependant de conserver les parties les plus anciennes de la cathédrale, à savoir massif occidental et le narthex.
Commencées en 1799, les destructions s’étalent jusqu’aux années 1850. Les vestiges sont alors restaurés et classés Monument Historique en 1862. Le Vieux Saint-Vincent devient en 1855 une chapelle, et ce jusqu’en 1904. Quelques travaux d’entretien sont entrepris au XXe siècle, jusqu’à ce que l’édifice face à partir des années 70 l’objet d’une rénovation complète et de recherches archéologiques, dans l’optique d’une mise en valeur patrimoniale et touristique. L’ancienne cathédrale devient alors un petit musée lapidaire.
=== Description architecturale ===