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Eglise Saint-Eusèbe à Saint-Huruge

10 810 octets ajoutés, 26 juin 2020 à 00:49
Historique
=== Historique ===
Le village de [[Saint-Huruge]] est un des moins peuplés de la région et ne compte qu’une cinquantaine d’habitants. Il a néanmoins des origines très anciennes et une histoire riche. On a notamment retrouvé de nombreux vestiges antiques sur le territoire de la commune, appartenant à deux ''villa'' gallo-romaines<ref>Guerreau, Alain, Notes d’observations, 2016</ref>. Plusieurs sépultures mérovingiennes ont également été mises au jour aux lieux-dits "La Chaume" et "La Verchère". La première mention du lieu apparait en 910 dans la charte 110 de l’abbaye de Cluny : ''In pago Matisconensi, in agro Aenacensi, in villa Bussiago''<ref>Rigault, Jean, Dictionnaire topographique du département de la Saône-et-Loire, 2008.</ref>. Au XIIIe siècle, on trouve la ''Domus de Sancto-Eusebio super Guiam'' dans une nouvelle charte, puis finalement Saint-Huruge au XVe siècle. Pendant la période révolutionnaire, le village s’appelle ''La Rochette-sur-Guye''<ref>Ibidem</ref>.
 
Un lieu de culte est déjà mentionné à Saint-Huruge autour de l’an 1000 : ''Ecclesia in comitatu Matisconensi, in villa Bisiaco (alias Busciaco), in honore Sancti-Eusebii dicata''<ref>Ibidem</ref>, dans les chartes 394 et 499 du chapitre de Saint-Vincent de Mâcon. En réalité, la lente évolution phonétique ayant déformé Saint-Eusèbe en Saint-Huruge pourrait laisser supposer l’existence d’un édifice de culte chrétien dès les Ve-VIe siècles<ref>Guerreau</ref>. Les fondations du mur nord de la nef de l’église actuelle pourraient être des vestiges d’un des premiers édifices du village.
 
L’église que l’on voit aujourd’hui est remarquable notamment pour la grande variété des matériaux qui la composent : différentes roches ont été utilisées, le grès étant fréquent, surtout pour les éléments structuraux, et plusieurs genres de calcaire fournissant le gros des murs. L’église actuelle pourrait ainsi en partie correspondre à celle mentionnée à la fin du Xe siècle. Elle serait une des plus anciennes de la région : l’omniprésence de l’''opus spicatum'' dans les murs de la nef, la finesse de ces derniers et l’appareillage désordonné suggèrent une construction du début du Xe siècle.
 
A la fin de ce siècle, la travée sous clocher et l’abside sont vraisemblablement reconstruites, telles qu’elles sont aujourd’hui. Les murs de ces parties sont en effet bien plus épais, et le décor de bandes et arcatures lombardes de l’abside tend à confirmer cette idée. L’édifice roman d’origine a donc un plan assez simple et typique des petites églises rurales de la région : nef unique rectangulaire, travée sous clocher légèrement saillante, et abside semi-circulaire. Au début du XIIIe siècle, le clocher est reconstruit, légèrement désaxé vers sud par rapport à travée qui le soutient.
 
L’église Saint-Eusèbe est donc un édifice entièrement roman qui permet d’observer les différentes phases de cet art. Les constructions et ajouts successifs pourraient s’expliquer par un manque de moyen. Au Xe siècle, une reconstruction est vraisemblablement jugée nécessaire. Par manque de moyens, la nef ancienne est cependant conservée, et seul le chevet est repris. Au début du XIIIe siècle, alors que l’église est le centre de paroisse et à la collation de l’évêque de Mâcon, le clocher est reconstruit. Cette reconstruction fait peut-être suite à une dégradation de l’édifice, ou répond tout simplement à une nécessité de visibilité. L’église fait en effet partie d’une seigneurie forte.
 
Au XIVe siècle, une chapelle<ref>Elle sert aujourd’hui de sacristie/débarras.</ref> est ajoutée au sud-ouest de la nef. Un acte relate ainsi la fondation par Guillaume Guilloud, curé de Saint-Huruge, d'une chapellenie en la chapelle Saint-Blaise et Saint-Antoine qu'il venait d'édifier<ref>Guerreau</ref>. Au XVe ou XVIe siècle, la chapelle au sud-est de la nef est construite. Longue de deux travées, il s’agit d’une chapelle seigneuriale de style gothique flamboyant. Elle est peut-être bâtie à l’occasion d’une restauration plus globale. La cloche de l’église, fondue en 1536, est une des plus anciennes ayant été conservées dans la région<ref>Elle est classée depuis 1903.</ref>. Elle pourrait avoir été installée à cette occasion.
 
Au début du XVIIe siècle, une nouvelle restauration est engagée sur l’édifice. Elle comprend notamment la réfection de la façade, et la construction du portail néo-classique toujours en place. Du mobilier est également ajouté, comme le retable de style Louis XIII dans la chapelle seigneuriale. En 1746, une visite pastorale est réalisée par l’évêque de Mâcon Monseigneur de Lort de Sérignan de Valras. Son rapport<ref>Oursel, Anne-Marie et Raymond, Fiche d’inventaire départemental.</ref> constitue un état des lieux précieux, à la fois sur l’état de l’édifice et sur son mobilier. Ainsi, le rapport précise qu’à cette époque, Saint-Martin-la-Patrouille est une annexe de Saint-Huruge, et doit à ce titre participer à l’entretien de l’église Saint-Eusèbe. Selon le rapport de l’évêque, l’église Saint-Eusèbe est en relativement bon état et est entourée de son cimetière. Le seigneur de Saint-Huruge, Monsieur de la Fage, a la justice sur les lieux. La chapelle flamboyante, sous le vocable de Notre-Dame de Pitié, lui appartient et est pavée de pierre. Elle abrite un caveau seigneurial. Ses deux grands vitraux sont en mauvais état. La plus petite chapelle est quant à elle dédiée à saint Antoine de Padoue et fermée par un simple balustre de menuiserie.
 
A la fin du XVIIIe et au XIXe siècle, l’édifice est visiblement peu entretenu<ref>Ibidem</ref>. Saint-Huruge devient une simple annexe de Burzy. A la fin du XIXe siècle, elle a donc grand besoin d’être rénovée. En 1872, une restauration intérieure globale est engagée grâce au financement de de la veuve Genet, née Adenot<ref>Ibidem</ref>. Ces travaux prévoient notamment : la construction de la chapelle nord avec voûte en brique, le remplacement de la voûte de la nef et l’ajout de la corniche moulurée moderne, la fermeture de l’accès à la chapelle Saint-Antoine (sud-ouest de la nef), la réfection générale des fenêtres (dont la reprise de l’oculus, de la baie médiane de l’abside et la fermeture de ses baies latérales), le transfert d'une fenêtre gothique de la chapelle Notre-Dame dans celle au nord, et la pose d’un enduit en plâtre blanc sur tout l’édifice<ref>Guerreau.</ref>. La même année, la commune complète ces rénovations en remplaçant la toiture de laves de l’édifice par une couverture en tuiles plates. Ces travaux sont réalisés sous la direction de l’architecte Narjoux de Chalon-sur-Saône, sur un budget voté de 500 francs. En 1875, un conflit oppose la commune au propriétaire au presbytère attenant à l’église (côté nord), duquel viennent des infiltrations d’eau importantes qui menacent l’édifice.
 
En 1950, l’église Saint-Eusèbe est inscrite au titre des Monuments Historiques. Dans les années 1960, le cimetière qui entourait jusqu’alors l’édifice est déplacé en dehors du bourg, afin d’assainir le centre du village et les alentours de l’église. A partir des années 1970, la commune engage des travaux de restauration sur le long terme, aidée de l’association locale de sauvegarde du patrimoine. Ces travaux commencent par la destruction du presbytère<ref>Ibidem</ref>. Ils comprennent : l’installation d’une toiture de laves sur l’abside et le clocher<ref>La commune obtient les travaux une subvention de 50 000 francs de la part de la Sauvegarde de l’Art français, suivie d’une autre subvention de 30 000 francs un an plus tard pour la réfection de la toiture de l’abside. </ref>, la démolition de la sacristie accolée à l’église, la restauration complète du clocher (dont la réouverture des baies du premier niveau, jusqu’alors comblées), la réfection des toitures de la nef et des chapelles.
 
Le mobilier fait également l’objet d’un soin attentif. En 1975, des statues sont volées (statuettes de l’autel baroque, un saint évêque assis…). Cet événement pousse à la protection de certaines pièces au titre d’objets historiques, dynamique qui se poursuit dans les années 1990. En 1999-2000, les statues anciennes sont restaurées, puis le chemin de croix en 2001, grâce au mécénat de Louis et Majo Ferrand, deux habitants de Saint-Huruge. Cette restauration a obtenu le deuxième prix au concours départemental du Patrimoine de Saône-et-Loire dans la catégorie « restauration d’œuvres et d’objets d’art ». En 2006, les vitraux sont restaurés à leur tour par la société Combex-Lumière (à l’exception de la rosace de l’oculus). Ces travaux ont été financés en partie par la Direction régionale des affaires culturelles (Drac) et le conseil départemental.
 
En 2014, la pyramide du clocher est rénovée à l’initiative de la mairie et de l’association de sauvegarde, pour environ 10 000 euros. En 2016 et 2017<ref>[https://www.fondation-patrimoine.org/uploads/medias/pdf/58c7cd459d038_bs-st-huruge-2016-web-pdf.pdf Collecte de fonds (2016) pour travaux de drainage]</ref>, des travaux d’assainissement sont réalisés sur l’édifice par drainage. Les façades nord et ouest sont également restaurées. Suite à ces travaux, des fouilles archéologiques sont préconisées. Ces fouilles sont menées en 2017 et 2018 par des archéologues de l’INRAP. Elles permettent de mettre au jour neuf squelettes<ref>[https://www.lejsl.com/edition-de-chalon/2018/01/13/decouverte-de-9-squelettes-autour-de-l-eglise Article du JSL sur les découvertes à Saint-Huruge] </ref> dans des coffrages en pierre, dont sept adultes et deux enfants. Ces squelettes pourraient dater du IXe au XIIe siècle. Les vestiges de murs anciens sont également découverts. L’église est régulièrement entretenue et fait l’objet d’un soin constant de la part de la commune et de l’association de sauvegarde du patrimoine.
 
*Saint-Eusèbe, présentation de la Pastorale du tourisme 71 :
 
''« Né en Sardaigne au IIIème siècle, Eusèbe (Huruge est une déformation de son nom) étudia à Rome. Elu évêque de Verceil en Italie vers 345, il lutta contre les hérésies : « solidement formé dans la foi nicéenne, Eusèbe défendit de toutes ses forces la pleine divinité de Jésus-Christ, défini par le Credo de Nicée » écrit Benoît XVI. Contraint à l’exil en Orient, il retrouva Verceil et y mourut en 371. Il est considéré comme martyr à cause de ses épreuves endurées pour la vraie foi. »''
 
=== Description architecturale ===
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