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Eglise Saint-Quentin à Bray

10 626 octets ajoutés, 18 novembre 2020 à 23:02
Historique
[[Fichier:BrayEglisePlanVirey.jpg|thumb|center|250px|Plan de l'église à la fin du XIXe siècle / au début du XXe siècle ©Jean Virey]]
 
Le village de Bray est une zone de peuplement très ancienne. Plusieurs sites gallo-romains ont ainsi été découverts sur le territoire de la commune, au bourg et aux différents lieux-dits. Cette pluralité semble indiquer l’existence de plusieurs habitats-domaines gallo-romains<ref>Guerreau, Alain, Notes d’observation, 2016.</ref> dans lesquels se serait rassemblée la population, et qui auraient fini par former un village à proprement parler. Plusieurs zones d’inhumations<ref>Fragments de sarcophage, restes humains, objets…</ref> remontant au Haut Moyen-Age ont également été mises au jour et supportent cette hypothèse. Bray est cité dès le Xe siècle dans des chartes de l’abbaye de Cluny : ''Breia'', puis ''In pago Matisconensi…, in villa Breia''<ref>Rigault, Jean, ''Dictionnaire topographique du département de la Saône-et-Loire'', 2008.</ref>. Le nom ''Breia'' viendrait du celtique ''briga'', « hauteur »<ref>Guerreau</ref>, faisant référence au petit ressaut sur lequel se trouve le village. Le village est successivement un des fiefs des Guichard de Chazelle, puis des Gros de Brancion<ref>Fiche de l’Académie de Mâcon</ref>. Ces derniers le cèdent au moines de Cluny au XIe siècle. A cette époque, l’abbaye installe un doyenné-ermitage au hameau de Coureau, dont il reste la [https://wiki-macon-sud-bourgogne.fr/index.php?title=Chapelle_Coureau_%C3%A0_Bray chapelle], construite au XIIe siècle, à l’origine sous le vocable de Saint-Jean-du-Bois, ou ''Sancti Johannis''. Le village est mentionné plusieurs fois au fil des siècles, tantôt ''Bray'' ou ''Saint-Quentin-de-Bray''. En 1789, il dépend des baillages et recette de Mâcon. Le village rassemble de nos jours environ 120 habitants et mêle activité agricole, commerces et services. Bray est entouré de vignobles et offre de son promontoire une belle vue sur la vallée de la Grosne et le château de Cormatin. En plus de la chapelle du doyenné, le village concentre un patrimoine architectural (lavoirs, habitat rural de caractère…), naturel et culturel remarquable.
 
L’église du village en est le plus bel exemple. Il s’agit d’une des églises les plus anciennes de la région, avec la [[Chapelle Saint-Laurent à Tournus]]. Elle est néanmoins formée de parties très hétéroclites dont la datation est malaisée. Selon Alain Guerreau, « il s'agit probablement de l'unique cas dans la région où l'on trouve en place et en élévation des éléments appartenant à toutes les époques depuis la fondation à l'époque mérovingienne. Mais les difficultés de l'examen et la rareté des indices précis disponibles ne permettent d'aboutir qu'à une esquisse largement hypothétique. Seule une enquête archéologique approfondie permettrait d'améliorer vraiment nos connaissances. ».
 
Le premier témoin de l’ancienneté de l’édifice est son vocable, Saint-Quentin. Il est assez rare dans la région, mais en usage dès le VIe siècle. La partie la plus ancienne de l’édifice semble être le chœur, plus précisément les murs de l’ensemble oriental en forme de croix grecque. Ce bloc est délimité par quatre arcs en plein cintre, dont celui à l’ouest repose sur des colonnes avec chapiteaux sculptés de feuillages, inscrits au titre des Monuments Historiques depuis 1932. Ce chœur pourrait remonter à la fondation mérovingienne de l’édifice, au VIe ou VIIe siècle. A cette époque, l’édifice en place semble avoir été soit un lieu de culte bâti près d’une zone cimétériale, soit un édifice funéraire situé sur un tombeau important<ref>Guerreau</ref>.
 
L’édifice est vraisemblablement remanié une première fois au Xe siècle. A cette époque, l’édifice cruciforme est agrandi et prend la forme d’une petite église romane typique de celles de la région. Le chœur est muni d’une nouvelle voûte formée par une coupole sur trompes. Le poids de cette dernière semble avoir entraîné le renfort des murs du chœur, comme le suggère la présence d’''opus spicatum'' dans la maçonnerie. Une travée étroite est ajoutée en avant du chœur. Elle est voûtée d’un berceau brisé et est encore en place aujourd’hui. Au Xe siècle, une petite nef est visiblement aussi ajoutée. Il ne semble en rester que le bas des murs, très épais.
 
L’église Saint-Quentin est citée pour la première fois au début du XIe siècle dans une charte du chapitre Saint-Vincent de Mâcon : ''Ecclesia beati Quintini… in villa Brigia''<ref>Rigault</ref>. Elle est alors paroissiale, et à la collation de l’évêque de Mâcon. Cette charte rend compte de la donation de l’édifice en précaire à une certaine dame Ragemodis, par l’évêque Gauzlin. Il semble donc probable qu’à cette époque l’église dispose de biens en quantité répartis dans les terres environnantes (la ''terra sancti quintini''), tout du moins des biens assez conséquents pour que leur exploitation soit intéressante. Au XIIe siècle, l’église est visiblement remaniée une nouvelle fois. Les parties hautes de la nef semblent dater de cette époque. En 1238, la ''Parrochia de Brey'' est mentionnée.
 
Au XIVe ou XVe siècle, le clocher de l’église est construit, ou au moins largement remanié. Il n’a pas de style architectural précis mais n’appartient pas à la construction romane, bien qu’il soit d’apparence assez homogène avec le reste de l’édifice. Une inscription sur le linteau<ref>Il s’agit d’une dalle funéraire partielle, en remploi – Alain Guerreau </ref> de la porte d’accès au clocher semble soutenir la datation du XIVe siècle. En 1452, les premiers desservants de la paroisse sont cités. En 1513, un pouillé révèle que l’église relève de plein droit de l’évêque. Elle appartient à l'archiprêtré de Vérizet, mais c'est l'abbaye de Cluny qui rend la justice et perçoit le produit des dîmes. Des pierres aux inscriptions gothiques<ref>Installées dans l’église </ref> rendent compte de la vie quotidienne de la paroisse à cette époque (XVe et XVIe siècle). Elles sont alors réalisées en l’honneur de la famille Desbois, grande famille du Mâconnais, dont les « descendants furent les derniers grands baillis d’épée du Mâconnais »<ref>Fiche de l’Académie de Mâcon </ref>, et dont au moins deux membres furent curé de Bray. Ces pierres retracent notamment l’arbre généalogique de la famille. Au même moment, l’église est vraisemblablement assez largement rénovée, comme le suggèrent les baies à ébrasement intérieur, alors reprises. La famille Desbois pourrait avoir participé au financement de ces travaux.
 
Au siècle suivant, l’édifice connaît de nouvelles reprises, notamment la baie nord de la nef, qui porte la date de 1607. Les contreforts de la nef pourrait aussi avoir été ajoutés à ce moment-là. En 1692, 1705 et 1728, des visites pastorales sont organisées à Bray, dont le curé est Charles Bernerd<ref>Oursel, Anne-Marie et Raymond, Fiche d’inventaire départemental. </ref>. Il est dit que ce dernier possède la moitié des dîmes, cédée par les moines de Cluny, ainsi que cinq prés donnés pour fondation de messes. En 1736, une nouvelle visite mentionne les statues encore en place, ainsi que des tableaux aujourd’hui disparus. En 1780, le curé Paul Martin obtient la réfection du presbytère. A la Révolution, l’église est toujours à la collation de l’évêque, et la seigneurie des terres à Cluny. En 1791, le curé prête serment à la constitution civile du clergé. En 1793, il est néanmoins arrêté et emprisonné aux Ursulines à Mâcon. Il est finalement libéré en 1795. En 1799, l’église est vendue comme bien national pour 26 400 francs<ref>Ibidem</ref>. Elle n’est rendue au culte qu’en 1803, avec pour curé le père Hugues Martin.
 
Au XIXe siècle, l’église est rénovée plusieurs fois. En 1827, la foudre endommage le clocher. Ce dernier est donc restauré l’année suivante, selon le devis établi par Gabriel Berlière, géomètre habitant Cortevaix. Les travaux sont réalisés sur les plans de l’architecte Jacquelot Cadet, de Cluny, pour 1604.80 francs. D’autres réparations sont vraisemblablement effectuées à la même époque. A cette occasion, quarante pièces d’or à l’effigie de Charles VIII, Louis XII et François 1er sont retrouvées sous le dallage de l’église. En 1841, il est décidé que le trésor serait partagé entre la commune (pour moitié) et les ouvriers l’ayant découvert, Vincent Dediane (maître-maçon à Toury) et Antoine Le Rouge. En 1873, la toiture de l’église est en partie emportée par une tempête. Elle est rénovée l’année suivante par Mr Vanot, maître-couvreur, pour 386.92 francs<ref>Ibidem</ref>. A une date inconnue, une petite sacristie est ajoutée au nord du chœur, ainsi que des contreforts contre le chœur et la façade.
 
Au XXe siècle, l’édifice est régulièrement entretenu. En 1909, le cimetière qui entourait jusqu’alors l’édifice est déplacé en dehors du bourg. Les abords de l’église sont ainsi assainis. Les travaux de clôture et d’aménagement du nouveau cimetière sont confiés à François Morin. En 1956, la toiture de l’édifice est restaurée : la couverture de laves est alors remplacée par de simples tuiles. En 1989 et 1990, l’église est finalement entièrement rénovée. Ces travaux prévoient notamment : la réfection de la toiture (retour des laves), la reprise des enduits intérieurs et extérieurs, le dégagement de la charpente de la nef etc. La commune obtient une subvention de 30 000 francs de la part de la Sauvegarde de l’Art Français<ref>Voir la fiche édifice de la Sauvegarde de l’Art Français.</ref> afin de réaliser ces travaux. En 2005, le maire doit néanmoins prendre un arrêté de péril concernant l’église, la toiture étant déjà très délabrée. Des réparations sont réalisées par la suite.
 
*'''Saint Quentin'''<ref>[https://nominis.cef.fr/contenus/saint/2110/Saint-Quentin.html Fiche Nominis]</ref> :
 
''« Martyr romain mort dans le Vermandois au IIIe siècle. Parti pour la Gaule avec saint Lucien de Beauvais et plusieurs compagnons, ils entendent évangéliser cette région du Beauvaisis et de la Picardie. Selon les 'Actes' de sa vie, son succès provoqua la colère du préfet romain Rictiovare qui l'arrêta à Soissons, lui fit subir interrogatoires et supplices, le fit enfin décapiter, le 31 octobre. Sur le lieu de son martyre, s'éleva une ville qui prendra son nom: Saint-Quentin. »
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=== Description architecturale ===
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