Chronologie générale liant Mâcon, Cluny, Tournus
Comment l’occupation humaine du Clunisois s’est-elle développée ?
La région est occupée depuis la Préhistoire. De nombreuses stations d’outils en silex témoignent des civilisations paléolithiques qui s’y sont succédées, comme à Vitry-les-Cluny. Des sites célèbres comme Solutré, ou les grottes d’Azé, sont tout proches. Cette présence se poursuivit à l’âge du bronze, comme à Château ou Donzy-le-National. Des monuments mégalithiques surgirent, comme le dolmen de l’Ecorcherie, entre Cluny et Igé, ou la Pierre Folle de Cluny, dont seul le plan cadastral révèle encore la présence. A l’époque gauloise, le Clunisois était situé sur la frontière Est du territoire de la cité des Eduens. Le pays était jalonné de forteresses disposées en plusieurs lignes de profondeur, comme nous le suggèrent tous les noms d’origine celtique en dunum. Lurodunum, le futur Lourdon, jouait déjà le rôle de place fortifiée que les moines de Cluny lui assigneront à nouveau. Le Clunisois se couvrit de villas gallo-romaines, les voies se tracèrent, reprenant souvent les anciens tracés des voies gauloises. Lorsque le monastère de Cluny s’installa, il s’inséra dans une région, certes un peu sauvage et marécageuse, mais habitée depuis très longtemps.
Vers l’Empire carolingien
Le nouveau royaume burgonde, rapidement convoité par ses voisins Francs de la dynastie mérovingienne, finit par tomber en 534 entre les mains des rois Francs, après 2 ans d’une âpre lutte. En 561, Gontran héritait de son père Clotaire 1er les royaumes de Burgondie et d’Orléans ; Chalon devenait capitale de la Burgondie. La ville prit un nouvel essor, dont témoigne la frappe de monnaies d’or. Malgré la division des royaumes francs, le commerce avec la Méditerranée orientale n’avait jamais cessé. A Chalon étaient installés des bureaux de perception des droits de tonlieu pour les marchandises précieuses, soiries, épices, huiles. Cette époque a laissé sur la Saône de nombreuses armes, scramasaxes à lame parfois damassée, épées longues, haches de combat et pointes de lance, ainsi que des céramiques ornées. En 751, Pépin le Bref, évinçant le dernier des Mérovingiens, fondait la dynastie carolingienne. Son fils Charlemagne, sacré en 800 empereur romain d’Occident, ouvrait une nouvelle ère d’organisation politique et sociale.
===L’administration à l’époque carolingienne :===[1] Le comte est un rouage essentiel. Il est choisi avec soin par l’empereur dans une grande famille franque ou austrasienne. * le comté est appelé dans les actes officiels du nom latin pagus. Le pagus matisconensis (de Mâcon) est calqué sur le diocèse, issu lui-même de la juxtaposition de très vieilles circonscriptions préromaines. Le vicomte (les Le Blanc, NDLR) est choisi par le comte et présenté à la nomination de l’empereur. * Le vicomte a sous ses ordres des vicaires qui vont devenir les viguiers. Le viguier administre une portion du comté, la vicaria, qui deviendra la viguerie. * Le siège en est une localité chef-lieu, comparable à nos chefs-lieux de canton : le vicus, qui tient le rôle administratif et commercial (marché).
Au Xe siècle, la viguerie semble avoir perdu son sens de siège d’un viguier, et désigne une circonscription géographique rurale plus ou moins étendue. Plus généralement, les termes désignant les circonscriptions carolingiennes de l’époque impériale tendent à prendre le sens plus vague de finage. Il y a division des vigueries, peut-être en petites unités confiées par le comte à un fidèle chargé de les représenter (les Le Blanc ?). Ces petites unités sont appelées des agri et regroupent des villae. L’ager est donc une subdivision territoriale qui désigne d’abord la campagne d’une façon générale, puis la portion cultivée des terres, puis le domaine étendu autour d’un chef-lieu déterminé. Il prend alors le sens de territoire. Ces territoires sont en général le siège d’une paroisse ; ce sont des vici établis à des carrefours locaux et pourvus de marché, ou des villae protégées.
* Les doyennés (domaines temporels de l’abbaye) sont des exploitations plus ou moins vastes autour d’une église desservie par les moines, ou par un prêtre nommé par l’abbé, travaillées par des serfs liés à la terre. Ces domaines proviennent de donations des clercs (évêques nobles, hommes entrant en religion), mais aussi des laïcs (rois, grands seigneurs, chevaliers et beaucoup de particuliers), donations faites pour consolider la situation matérielle des clercs, moines et desservants de paroisse.- ↑ in « Le Mâconnais occidental à l’époque carolingienne », de Emile MAGNIEN, synthèse de Barbara MONTORIO, AAM, 3e série, T.LVII, 1980-81