Eglise Saint-Paul à Saint-Marcelin-de-Cray

De Wiki Mâcon Sud Bourgogne

L’église Saint-Paul est située au hameau de Cray, dans la commune de Saint-Marcelin-de-Cray, dans le département de la Saône-et-Loire en Bourgogne-Franche-Comté. C'est un édifice roman dont la construction pourrait remonter au milieu ou à la fin du XIIe siècle. Elle est dès sa fondation à la collation de l’évêque et est alors une simple annexe de Saint-Marcelin. L’église est entièrement romane et présente un plan simple : une nef unique, suivie d’une travée sous clocher voûtée en berceau brisé, et une abside. Elle est peu remaniée au fil du temps, mais assez largement restaurée au XVIIIe siècle. Le décor du clocher et de la façade est un bel exemple d’art roman tardif, avec notamment des arcatures lombardes bien régulières et des chapiteaux finement sculptés. Au XIXe siècle, un projet d’agrandissement de l’édifice avait été avancé, mais n’est finalement pas concrétisé. En 1861, une nouvelle église est effectivement construite à équidistance de Cray et de Saint-Marcelin. Les deux communes sont rassemblées peu de temps après. La volonté d’indépendance des habitants de Cray, qui souhaitent voir leur église devenir chapelle vicariale, n’est pas suivie d’effet. L’église de Cray est classée Monument Historique depuis 1931. Les peintures murales gothiques de l’abside ont été restaurées en 1990. Elles pourraient dater du XIVe siècle et représentent neuf personnages, des évangélistes et des apôtres. Un bénitier roman du XIIe siècle est également visible à l’entrée de l’édifice.

Eglise Saint-Paul (©CEP)

Beschreibung der Kirche (deutsch) 1, 2, 3, 4

Description of the church (english) 1, 2, 3, 4

Adresse Cray, 71460 Saint-Marcelin-de-Cray
Coordonnées GPS 46°34'07.3"N 4°31'12.8"E
Paroisse de rattachement Paroisse des Monts du Charolais
Protection Monuments Historiques Classée en 1931

Historique

Le hameau de Cray fait partie de la commune de Saint-Marcelin-de-Cray. C’est une zone de peuplement très ancienne, comme le suggère la sépulture mérovingienne mise au jour en 1914 au lieu-dit Maulny[1]. Le village est cité pour la première fois à la fin du IXe siècle : In Matisconensi pago… in villa Crasiam[2]. Il est par la suite mentionné de nombreuses fois dans différents actes et chartes. Vers 1030, un certain Gauthier de Crai remet les dîmes du lieu au chapitre Saint-Vincent de Mâcon[3]. A la Révolution, Cray dépend pour partie (dont l’église) des bailliage et recette de Mâcon, et pour l’autre partie des bailliage et recette de Chalon-sur-Saône. En 1861, les communes de Cray et de Saint-Marcelin[4] sont réunies par décret (le 12 juin), formant le village actuel. Il se situe au creux de la vallée de la « petite Guye ».

Une église est mentionnée à Cray dès la fin du IXe siècle, sous le vocable de Saint-Paul : In Matisconensi pago… in villa Crasiam… ecclesiam Sancti-Pauli[5]. L’édifice actuel est cependant vraisemblablement une reconstruction de la fin du XIIe siècle. C’est déjà à l’époque une simple annexe de Saint-Marcelin, à la collation de l’évêque de Mâcon. Si l’église est citée de nombreuses fois au fil des siècles (Ecclesia Sancti-Pauli de Cray, L’église de Crey, Ecclesia de Crayo, Saint-Paul de Cray…[6]), elle est cependant peu remaniée. L’édifice actuel est ainsi entièrement roman, outre quelques rénovations. L’usage de l’arc brisé et la finesse du style sculptural indiquent une construction romane tardive, dans la seconde moitié du XIIe siècle.

A la fin du XIIIe ou au début du XIVe siècle, le chœur et l’abside sont ornés de peintures murales. Celles-ci sont cependant déjà masquées au XVIIIe siècle. En effet, l’évêque de Mâcon visite l’édifice en 1746, et offre une description détaillée[7] de son architecture, de son état et de son mobilier. Il décrit un édifice dont le plan est le même qu’aujourd’hui, mais qui est très délabré : la voûte de la nef est en proie aux infiltrations d’eau (il « pleut » dans l’église), le pavage est à reprendre, les vitraux sont fragiles, les portes abimées (la grande est à changer, la petite à réparer), l’échelle du clocher doit être changée, le sanctuaire enduit et ses vitraux réparés, les murs et les toitures sont à restaurer. L’évêque demande également à ce que la clôture du cimetière soit réparée, et que la commune achète une croix de cimetière et un nouveau crucifix (sûrement l’actuel). A l’époque, toutes les cérémonies ont lieu dans l’église de Cray, mais sont menées par le curé de Saint-Marcelin, y compris les offices de Saint-Quentin et de Saint-Marcelin (dont l’église a longtemps été interdite et vient alors juste d’être remise en état). Suite à cette visite, une restauration générale de l’édifice et engagée. Les remarques et demandes de l’évêque sont prises en compte. L’église est remise en état et son mobilier est complété.

Au XIXe siècle, Cray et Saint-Marcelin sont deux communes distinctes mais sont toujours unies pour le culte. Depuis 1851 au moins, les habitants de Cray veulent que leur église soit érigée en chapelle vicariale. Cela leur est systématiquement refusé. En 1861, la construction d’une nouvelle église à équidistance des communes de Saint-Marcelin et de Cray, au lieu-dit les Taupières, est décidée. Cray et ses habitants refusent de participer au financement. Ils ont en effet engagé un projet d’agrandissement de leur église, pour lequel une souscription a été lancée et de nombreux dons récoltés. La commune est alors sur le point d’acheter un nouveau presbytère et de le faire rénover. Elle entend par la même occasion agrandir[8] l’église romane et la restaurer. Heureusement, ce projet n’est pas concrétisé, et l’édifice roman est préservé. Les communes de Saint-Marcelin et de Cray sont définitivement réunies peu après, le 12 juin 1861, alors que la nouvelle église en commun vient d’être construite.

Au cours du XXe siècle, l’église de Cray est régulièrement entretenue. En 1931, elle est protégée et classée Monument Historique. En 1981, l’Association de Sauvegarde de l’Eglise de Cray (ASEC) est fondée afin d’organiser la restauration et la mise en valeur de l’édifice[9]. En 1982, des peintures sont découvertes dans l’abside lors d’une restauration sous la direction de l’architecte en chef des Monuments Historiques Mr Jantzen. En 1983 C. Di Matteo, inspecteur des Monuments Historiques, demande leur restauration. En 1989, un devis est établi dans ce but par Mr Hisao Takahashi, conservateur-restaurateur. En 1990 et 1991, deux campagnes de restauration se succèdent et permettent de redonner vie aux peintures médiévales. Des panneaux informatifs installés dans la nef présentent le processus de restauration des peintures murales. Ils sont l’œuvre de l’association P.A.C.O.B (Patrimoines, Ambiances et Couleurs de Bourgogne). Plusieurs motifs apparaissent dans le chœur et l’abside : faux-appareil dans l’ébrasement des fenêtres, avec fleurettes, joint jaune et liseret rouge ; damier garni de croix rouges et noires dans la voûte de l’abside, avec frise de motifs triangulaires rouges sur fond ocre jaune à la base ; faux-appareil avec joints blancs sur fond rosé sur les pilastres ; scènes figurées dans l’abside, neuf personnages (apôtres).

L’église de Cray est aujourd’hui régulièrement entretenue. En 2020, un projet de rénovation de la toiture est avancé, pour contrer les infiltrations d’eau. Une petite cloche a été déposée et sécurisée dans la nef. Il s'agit d'une des plus anciennes cloches de Bourgogne.

Description architecturale

GLOSSAIRE : Bourgogne Romane

La petite église de Cray suit un plan simple, typique des églises romanes rurales de la région : une nef unique, suivie d’une travée sous un clocher carré, et une abside. Son chœur est orienté à l’est, et l’édifice est encore entouré de son cimetière, à l’écart du bourg. C’est un bel exemple d’architecture et de décor roman tardifs : chapiteaux finement sculptés, arcatures lombardes régulières, baies fines et ébrasées…

Plan dressé en 2000 par une équipe d'étudiants en architecture de la Bauhaus-Universität de Weimar, sous la direction du professeur Hermann Wirth
Plan dressé en 2000 par une équipe d'étudiants en architecture de la Bauhaus-Universität de Weimar, sous la direction du professeur Hermann Wirth
Plan dressé en 2000 par une équipe d'étudiants en architecture de la Bauhaus-Universität de Weimar, sous la direction du professeur Hermann Wirth

Plans ©CEP

Toute utilisation des plans à titre de documentation ou de restauration de l'édifice est autorisée. Toute autre utilisation à titre commercial ou à titre de publication est soumise à l'autorisation stricte du CEP, agissant comme maître d'ouvrage et propriétaire des droits.


La façade occidentale est encadrée par des contreforts aux extrémités. Au centre, un portail en plein cintre est inscrit dans un encadrement mouluré, et a une archivolte extérieure qui retombe sur des colonnettes aux chapiteaux sculptés de fruits et de volutes. Ce portail est au centre d’un avant-corps rectangulaire en légère saillie, qui se termine par une frise d’arcatures lombardes. Le haut du pignon est percé d’une baie plein cintre très étroite et ébrasée. Les gouttereaux de la nef sont épaulés de contreforts. Au sud, trois baies identiques à celles de la façade éclairent la nef. Une petite porte en cintre brisé est également ouverte et accessible via un escalier circulaire. Le gouttereau nord est nu. La travée sous clocher est flanquée de mini-croisillons encadrés par de longs contreforts. Seule la face sud est ouverte d’une petite baie plein cintre ébrasée.

Le clocher de plan carré s’élance au-dessus de cette travée. Il est composé d’une souche aveugle et de deux étages, séparés par des cordons de pierre. Le premier niveau est aveugle, simplement orné sur chaque face de deux petites baies plein cintre murées inscrites dans un décor de bandes et arcatures lombardes. Le deuxième étage est ouvert d’une baie géminée par face, avec retombée médiane sur des colonnettes accolées striées. Ces baies sont munies d’abat-sons. Le clocher est coiffé d’une pyramide à quatre pans. A l’est, une abside semi-circulaire complète l’édifice. Elle est éclairée par trois baies romanes, étroites et ébrasées, dont celle au centre a été dégagée à la fin du XXe siècle. Des contreforts plats entourent ces baies. Une corniche à modillons (dont certains sont sculptés) court sur tout l’édifice et supporte la lourde toiture de laves. Seule la pyramide du clocher est en pierre.

Une atmosphère chaleureuse et intime se dégage de l’intérieur de l’église. La nef est longue de trois travées et voûtée d’un berceau brisé rythmé par des arcs doubleaux de même profil, qui retombent sur de simples pilastres rectangulaires avec tailloirs. La dernière travée de la nef accueille les autels latéraux avec retable, un dédié à Saint-Paul, l’autre à la Vierge. Ils entourent un arc triomphal en cintre brisé, complété par une poutre de gloire surmontée d’un Christ en Croix. La travée sous clocher, surélevée par rapport à la nef, est également plus basse. Elle est voûtée d’un berceau brisé et accueille l’autel moderne. Ses faces nord et sud sont munies d’arc de décharges en plein cintre qui contribuent à supporter le poids du clocher. L’’abside complète l’édifice. Elle est voutée d’un cul-de-four brisé et abrite le maître-autel. Tout le chœur est orné de peintures murales qui pourraient dater du XIVe siècle.

Inventaire décor et mobilier

  • Bandes et arcatures lombarde, colonnettes striées, pierres sculptées (clocher)
  • Modillons sculptés (corniche)
  • Arcatures lombardes et chapiteaux sculptés de fruits (pommes de pin) et volutes (façade)
  • Peintures monumentales de l’abside et du chœur :

Neuf personnages (évangélistes et apôtres, dont Philippe, Luc, Thomas et Jean-Baptiste), décor de quintefeuilles rouges[10], décor de faux appareil et de fleurettes, motif en damier.

Des panneaux informatifs installés dans la nef présentent le processus de restauration des peintures murales. Ils sont l’œuvre de l’association P.A.C.O.B (Patrimoines, Ambiances et Couleurs de Bourgogne).

  • Corbeaux sculptés (nef)
  • Maître-autel en pierre
  • Autel moderne en bois
  • Autels latéraux, XVIIIe siècle : tables en pierre et retable corinthien stuqué au milieu duquel se trouve le contour mouluré d’une niche en plein cintre.
  • Bénitier roman en pierre, XIIe siècle :

Cuve carrée sur large pied cylindrique dont le chapiteau est orné de palmes sculptées

  • Poutre de gloire de forme ondée, terminée par un pendentif en forme de cœur, surmontée par un Christ en croix (XVIIIe siècle)
  • Statuaire :

Christ en croix (XVIIIe siècle)

Notre-Dame de Lourdes (autel latéral droit)

Saint Paul, bois polychrome, XVIIIe siècle (autel latéral gauche). Le saint tient un livre de la main gauche et l’épée de la main droite.

Vierge miraculeuse (statuette en plâtre)

Saint Antoine de Padoue (statuette en plâtre)

Saint Paul (confessionnal)

Saint Jean (confessionnal)

Consoles moulurées (confessionnal)

  • Confessionnal en bois
  • Banc et siège curial (haut dossier et accoudoirs) en bois, XIXe siècle (chœur)
  • Cloche déposée dans la nef, une des plus anciennes de Bourgogne.
  • Grille de communion en fer forgé, XVIIIe siècle
  • Chemin de croix : petites croix en bois

Manquants (cités dans l’inventaire Oursel) : Christ en croix du XVIIe siècle, croix de procession du XIIIe siècle.

Rénovations / Etat

  • Rénovations :

XIXe :

Travaux d’entretien

Vers 1861 : restauration (et projet d’agrandissement, abandonné)

XXe :

1931 : Classement aux Monuments Historiques par arrêté

Travaux d’entretien

A partir de 1981 (grâce à la création de l’association de sauvegarde) [11]:

- Chaînage du mur nord qui s'écroulait

- Pavage et aménagement des abords ; installation de l’électricité

- Restauration des peintures murales (1990 et 1991)

- Restauration d'une baie fermée, avec des pierres de taille

- Réfection des crépis du portail ouest et du retable nord

- Réfection de la toiture du clocher de l'église

- Ravalement des façades

- Restauration du retable

- Remplacement des bancs

- Restauration de la statue de Saint Paul

- Rénovation de la porte principale

- Réfection de l'abside et des refends en laves

XXIe :

Travaux d’entretien et de mise en valeur

2020 : projet de rénovation de la toiture en laves (infiltrations d’eau)

  • Etat :

L’église est en bon état général et est régulièrement entretenue.

  • Classement :

L’église est classée Monument Historique depuis 1931.

Actualités

Pour suivre l’actualité de l’édifice, contacter directement la mairie.

Site internet de la commune

Visite

L’église Saint-Paul est ouverte tous les jours par une bénévole. Pour planifier une visite, contacter directement la mairie.

L’accès à l’édifice semble compliqué pour les personnes à mobilité réduite (présence de marches aux deux accès).

Association engagée

  • Association de Sauvegarde de l'église de Cray :

Association créée en 1981 afin de permettre la sauvegarde et la mise en valeur de l’église Saint-Paul. L’association organise différents événements et fêtes pour récolter l’argent nécessaire à la restauration et l’entretien de l’église, de son décor et de son mobilier.  

Iconographie ancienne et récente

Carte postale ancienne, collection privée
Carte postale ancienne, collection privée


Crédit Photos: CEP

Plans cadastraux

Cadastre actuel, cadastre.gouv

Bibliographie

  • RIGAULT, Jean, Dictionnaire topographique du département de la Saône-et-Loire, 2008.

Sources

  • Oursel, Anne-Marie et Raymond, Fiche d’inventaire départemental, 1969 et 1978 :

Archives départementales de Saône-et-Loire

  • Fiche édifice de la Bourgogne Romane :

Eglise de Cray

  • Fiche de la Bourgogne Médiévale :

Saint-Marcelin-de-Cray

  • Document informatif installé dans l’édifice

Propriétaire / Contact

Commune de Saint-Marcelin-de-Cray

03 85 24 64 23

saint.marcelin@wanadoo.fr

Site internet

Patrimoine local et/ou folklore

  • Nombreuses croix sur la commune (croix routières, croix de cimetière et de carrefour)

Eglise romane construite en deux phases, aux Xe et XIIe siècles.

En partie remaniée, elle abrite un mobilier assez important, dont un tabernacle du XVIIe siècle taillé dans un bloc de pierre noire.

Ancienne église du prieuré Saint-Nicolas installé au village au XIIe siècle.

Si la nef romane a été conservée, le chevet est une reconstruction du XIXe siècle.

Sur la commune se trouvent également les ruines d’un château fort du XIIe siècle, un des plus anciens du Mâconnais.

Eglise romane construite au XIIe siècle.

Peu remaniée au fil des siècles, elle abrite un beau bénitier roman du XIIe siècle dont la cuve est ornée de masques sculptés.

Notes et références

  1. Fiche Wikipays.
  2. Rigault, Jean, Dictionnaire topographique du département de la Saône-et-Loire, 2008.
  3. Oursel, Anne-Marie et Raymond, Fiche d’inventaire départemental.
  4. Saint-Marcelin est uni à Saint-Quentin dès le XVIIe siècle.
  5. Rigault
  6. Ibidem
  7. Oursel
  8. Des plans sont alors dressés par Jean Loron, architecte de Saint-André-le-Désert, et prévoient la construction d’une vaste nef et d’un clocher-porche. Ces plans sont conservés aux Archives Départementales et inclus dans la fiche Oursel.
  9. Voir plus bas la liste des rénovations effectuées.
  10. V
  11. Site de la mairie, onglet associations