Eglise Sainte-Marie-Madeleine à Taizé

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L’église Sainte-Marie-Madeleine se trouve dans la commune de Taizé, dans le département de la Saône-et-Loire, en Bourgogne-Franche-Comté. C'est une église paroissiale romane située à l’emplacement d’une chapelle primitive dédiée à saint Martin. Elle laisse paraître deux phases de construction. De la première, qui correspond à la chapelle d’origine, il resterait aujourd’hui la travée sous clocher et le grand arc, ainsi que les soubassements de la nef. Ces vestiges remonteraient à la fin du Xe ou au début du XIe siècle. La deuxième phase daterait du XIIe siècle et concerne le reste de l’édifice, de fait entièrement roman. Par ses dimensions et sa sobriété, l’église est un exemple typique de petite église romane de la région. Elle est rénovée plusieurs fois au cours des XIXe et XXe siècles. La dernière restauration générale est réalisée par la communauté œcuménique en 1984. L’église est en effet ouverte au culte catholique et au culte protestant. Elle s’inscrit pleinement dans la dynamique de la communauté monastique fondée à Taizé par le Frère Roger en 1940. Ce dernier est par ailleurs enterré dans le cimetière entourant l’édifice. L’église est régulièrement entretenue et visitée. Elle est classée Monument Historique depuis 1913.

Eglise Sainte-Marie-Madeleine(©CEP)

Beschreibung der Kirche (deutsch) 1, 2, 3, 4

Description of the church (english) 1, 2, 3, 4

Adresse Au Bourg, 71250 Taizé
Coordonnées GPS 46°30'47.3"N 4°40'39.8"E
Paroisse de rattachement Paroisse Saint Augustin en Nord Clunisois
Protection Monuments Historiques Classée en 1913

Historique

Taizé est un petit village situé sur une colline dominant la vallée de la Grosne. Il est cité pour la première fois à la fin du IXe siècle : In Thaiacensi[1]. Il est ensuite mentionné de nombreuses fois au Xe siècle, dans différentes chartes de l’abbaye de Cluny : In villa Tesiaco, In villa Taxiaco, In pago Matisconensi, in villa Tasiaco. Vers 1120, les terres de Taizé deviennent la propriété de l’abbaye de Cluny et constituent dès lors une des paroisses rattachées au château de Lourdon[2]. A cette époque, Taizé est déjà cité comme étape du chemin vers Compostelle. Le village a donc une importance religieuse et spirituelle marquée[3].

Un premier édifice cultuel est mentionné au village dès la fin du IXe siècle : In pago Matisconensi…ecclesiam Sancti-Martini in Thaiacensi[4]. Il s’agit alors vraisemblablement d’une chapelle, dédiée à saint Martin. A la fin du Xe siècle, on retrouve cet édifice dans une charte du chapitre de Saint-Vincent de Mâcon : Capellam… in honore Sancti-Martini in villa Taisiaco. L’église de Taizé pourrait avoir été reconstruite à ce moment-là, ou au tout début du XIe siècle. Le grand arc, la croisée et le soubassement de la nef de l’église actuelle semblent appartenir à cette reconstruction.

L’édifice que l’on admire aujourd’hui est certes entièrement roman, mais l’abside, le clocher et la partie supérieure de la nef[5] semblent avoir été construits dans la première moitié du XIIe siècle. Cela expliquerait également le changement de vocable qui s’opère à cette époque. En 1156, l’église apparaît en effet sous le vocable de Sainte-Marie-Madeleine[6] : Ecclesia de Taisi, sub invocatione Sancte-Marie et Sancte-Marie Magdalene[7]. L’église de Taizé est alors le centre de la paroisse et à la collation de l’abbaye de Cluny.

L’église de Taizé est par la suite peu remaniée, ce qui a permis de conserver son caractère roman. C’est un bel exemple de la sobriété de ce style architectural et de son évolution, grâce aux deux phases romanes de construction. Au XVIIIe siècle, le porche plaqué sur la façade ouest est ajouté afin d’abriter l’entrée de l’édifice. Il est probablement bâti lors d’une rénovation plus globale de l’édifice. L’élargissement des baies latérales de l’abside, ainsi que les deux ouvertures modernes de la nef et celle de la façade pourraient dater de cette époque.

Aux XIXe et XXe siècles, l’église de Taizé est régulièrement entretenue, sans pour autant que son plan d’origine ne soit modifié (à l’exception de l’ajout d’une sacristie au nord, à une date inconnue). En 1913, elle est classée Monument Historique. En 1940, le Frère Roger fonde une communauté monastique œcuménique , inspirée de la Réforme protestante, qu’il installe à Taizé. Il souhaite ainsi créer un lieu d’échange et d’union entre les principales branches du christianisme, un lieu où la jeunesse chrétienne pourrait se rencontrer et prier. En 1962, des volontaires de toutes nationalités construisent l’église de la Réconciliation.

Dès sa fondation, la communauté s’engage pour la sauvegarde et l’entretien de l’église romane de Taizé. Après la seconde Guerre Mondiale, une première restauration redonne à l’édifice son apparence d’origine[8]. En 1984, une nouvelle restauration est menée par la communauté et comprend une réfection intérieure toute en sobriété afin d’accueillir les cultes catholiques et protestants. L’extérieur de l’édifice est également repris (réouverture des baies de l’abside notamment). En 2006-2007, le professeur Masatsugu Nishida du Kyoto Institute of Technology (Japon) dresse le plan de l’édifice, afin d’étayer son étude des édifices romans de la région. Vers 2015, l’église Sainte-Marie-Madeleine est une nouvelle fois restaurée.

Le Frère Roger, fondateur de la communauté mort en 2005, est enterré dans le petit cimetière de l’église.

Description architecturale

GLOSSAIRE : Bourgogne Romane

L’église de Taizé est un édifice roman de taille modeste, de style clunisien, en petit appareil en calcaire ocre. Son plan est typique des petites églises romanes de la région : nef unique rectangulaire, travée sous un clocher carré, et abside semi-circulaire à l’est. Seul un petit porche a été ajouté à l’entrée au XVIIIe siècle, ainsi qu’une sacristie au nord de la travée sous clocher, à une date inconnue.

Plan dressé par le professeur Masatsugu Nishida du Kyoto Institute of Technology, en 2006-2007.

La façade de l’église est en forme de fronton triangulaire. Elle est ouverte d’un petit portail en plein cintre dont le tympan est vitré. Le petit porche du XVIIIe siècle abrite l’entrée. Il est composé d’une toiture à trois pans reposant sur deux pilastres terminés par de grosses consoles. La partie supérieure du pignon est délimitée par un cordon de pierre et simplement ouverte d’une baie plein cintre moderne. La nef est quant à elle percée par deux petites baies plein cintre doublement ébrasées en hauteur de chaque gouttereau. En dessous de ces baies romanes, on distingue encore les baies de l’édifice primitif. Au nord, une petite fenêtre carrée se trouve en bas du mur, du côté est. Au sud, une baie plein cintre plus large et également basse éclaire la nef.

La travée sous clocher comporte une fine baie plein cintre allongée sur chaque face des mini-croisillons. Elle est flanquée au nord d’une sacristie moderne. Cette travée supporte le clocher[9] élancé de l’édifice, de plan carré. Il est composé d’un soubassement aveugle et de deux étages de taille inégale séparés par un cordon de pierre avec modillons nus. Des dosserets d’angle[10] s’étendent sur toute la hauteur du clocher. Le premier étage est muni d’une baie plein cintre par face dont la base repose sur un cordon de pierre, et dont seule celle à l’ouest est ouverte. Le deuxième étage est percé d’une baie géminée par face, avec retombée médiane sur double colonnette aux chapiteaux vaguement sculptés. Ces baies sont inscrites dans des bandes lombardes terminées par des arcatures. Une frise en dents d’engrenage forme la corniche qui soutient la pyramide en pierre à quatre pans qui coiffe le clocher.

L’abside semi-circulaire complète l’édifice à l’est et se trouve dans un terrain privé. Elle comporte cinq baies plein cintre. Les trois centrales sont romanes, fines et ébrasées, tandis que les deux latérales sont modernes et bien plus larges. Un petit oculus est percé au-dessus de la toiture de l’abside et éclaire la travée sous clocher. Tout l’édifice est couvert d’une toiture en laves, à l’exception du clocher. Cette toiture est supportée par une corniche à modillons nus qui court sur tout l’édifice.


A l’intérieur, l’édifice est assez sombre, tout en modestie et simplicité. Les restaurations récentes ont donné une apparence extrêmement épurée à l’édifice, qui est entièrement recouvert d’un enduit blanc et quasi-dénué de mobilier. L’église est entièrement dallée, et seule une marche marque la jonction entre le chœur et la nef. Cette dernière est voûtée en berceau brisé, sans arcs doubleaux. Des arcades brisées plaquées sur les murs gouttereaux viennent supporter la voûte. Ces arcades retombent sur de simples pilastres munis de tailloirs (juste en-dessous des baies) et divisent la nef en trois travées. La nef communique avec le chœur via un grand arc légèrement brisé. La travée sous clocher, plus étroite que la nef, est voûtée d’une couple sur trompes de plan barlong. Au nord, elle s’ouvre sur la sacristie. L’abside est quant à elle voûtée d’un cul-de-four brisé et s’ouvre par un arc de même profil.

Inventaire décor et mobilier

  • Décor du clocher :

Bandes et arcatures lombardes, baies géminées reposant sur des colonnettes aux chapiteaux sculptés.

  • Arcades brisées soutenant la voûte de la nef
  • Maître-autel moderne
  • Autel latéral (gauche de l’arc triomphal) avec icône de la Vierge à l’Enfant
  • Petit crucifix en fer forgé (droite de l’arc triomphal)
  • Vitraux modernes colorés
  • Vitrail représentant saint François d’Assise
  • Bénitier encastré (nef)
  • Plaque commémorative des soldats morts au combat.
  • Bas-relief moderne représentant le baptême du Christ en présence des rois mages (accroché au mur du cimetière)

Rénovations / Etat

  • Rénovations :

XIXe :

Travaux d’entretien

XXe :

1913 : l’église est classée Monument Historique

Après la Seconde Guerre Mondiale : restauration générale de l’édifice

1984 : restauration intérieure et reprise extérieure

XXIe :

2006-2007 : plan réalisé par le professeur Masatsugu Nishida, du Kyoto Institute of Technology.

Vers 2015 : nouvelle restauration

  • Etat :

L’église est en bon état général et a récemment été restaurée. Elle fait l’objet d’un soin constant.

  • Classement :

L’église est classée Monument Historique depuis 1913.

Actualités

Pour suivre l’actualité de l’église, contacter directement la mairie.

Visite

L’église n’est ouverte que pendant la saison estivale.

Elle semble accessible aux personnes à mobilité réduite.

Association engagée

  • La communauté œcuménique assure l’entretien de l’église afin de pourvoir l’ouvrir aux fidèles.

Iconographie ancienne et récente

Carte postale ancienne, collection privée
Carte postale ancienne, collection privée
Carte postale ancienne, collection privée
Carte postale ancienne, collection privée


Crédit Photos: CEP

Plans cadastraux

Cadastre actuel, cadastre.gouv

Bibliographie

  • RIGAULT, Jean, Dictionnaire topographique du département de Saône-et-Loire, 2008.
  • SAPIN, Christian, Bourgogne Romane, Dijon, Faton, 2006, 311p.
  • VIREY, Jean, Les églises romanes de l’ancien diocèse de Mâcon, Mâcon, Protat, 1935, 474p.

Sources

  • Oursel, Anne-Marie et Raymond, Fiche d’inventaire départemental, 1969 :

Archives départementales de Saône-et-Loire

  • Plan réalisé en 2006-2007 par le professeur Masatsugu Nishida, du Kyoto Institute of Technology.
  • Fiche édifice de la Bourgogne Romane :

Taizé

  • Fiche édifice de la Pastorale du Tourisme71 :

Eglise de Taizé

  • Fiche édifice de l’Académie de Mâcon :

Eglise de Taizé

Propriétaire / Contact

Commune de Taizé

03 85 50 16 87

mairie-taize@laposte.net

Patrimoine local et/ou folklore

  • Communauté œcuménique de Taizé :

Communauté monastique chrétienne œcuménique fondée par le Frère Roger en 1940.

Elle rassemble une centaine de frères ayant choisi de vivre ensemble dans la simplicité, et a pour but d’unir les confessions chrétiennes et d’accueillir les jeunes chrétiens pour échanger et communiquer autour de la foi.

Site officiel  ; Wikipédia

Eglise romane construite aux XIe et XIIe siècles, dont le décor du clocher est particulièrement remarquable.

Elle est classée Monument Historique depuis 1913.

Edifice partiellement roman (Xe et XIIe siècle) constitué de styles architecturaux hétéroclites. L’église a été remaniée de nombreuses fois, ce qui rend sa datation difficile. Il s’agit vraisemblablement d’un des édifices les plus anciens de la région.

Les colonnes de la travée sont inscrites aux Monuments Historiques depuis 1932.

Notes et références

  1. Rigault, Jean, Dictionnaire topographique du département de la Saône-et-Loire, 2008.
  2. Fiche de l’Académie de Mâcon.
  3. De 1583 à la fin du XVIIIe siècle, la paroisse de Chazelle est par ailleurs annexée à celle de Taizé.
  4. Rigault
  5. Haut des murs, voûte, arcades latérales.
  6. Marie-Madeleine est la femme à laquelle est apparue le Christ après sa Résurrection.
  7. Rigault
  8. Fiche édifice de l'Académie de Mâcon
  9. Le clocher est assez similaire à ceux des églises de Chazelle, Mazille et Chissey-lès-Mâcon
  10. Christian Sapin, Bourgogne Romane.